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Citations sur Alors voilà : Les 1001 vies des Urgences (170)

Pourquoi se palper les seins ?
1 - Parce qu'une femme, nue sous la douche, qui se savonne, et se palpe la poitrine, c'est Bien. C'est Bon. C'est Beau. C'est une prescription médicale contre la morosité ambiante. Et c'est Sexy.
2 - Parce que tant qu'on ne se réveille pas un matin avec un Post-it marqué "CANCER" en rouge sur le téton, l'auto-palpation reste le moyen le plus facile/économique/rapide/efficace pour une femme d'éviter de chevaucher le poney multicolore trop tôt.
3 - Parce que des milliers d'hommes tueraient pour être à votre place.

(…) Palpez-vous les seins. On déteste quand les femmes meurent à quarante-cinq ans.
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L'odeur du cinquième colle à ma blouse. Je la nettoierais cent fois qu'elle garderait encore la trace de mes allers et retours incessants.
Là-haut, la femme-oiseau-de-feu s'accroche et ne lâche rien :
- Pas de morphine. Je serai là jusqu'au bout, sans avoir l'esprit embrouillé.
L'équipe et moi passons chaque jour pour lui faire entendre raison. Parce qu'elle souffre et qu'on espère la soulager, croit-on.
Elle nous observe avec indulgence, elle sait la vérité : l'équipe soignante et moi, on voudrait tous qu'elle accepte pour nous tranquilliser, parce que la mort, c'est douloureux et effrayant : nous avons beau la côtoyer tous les jours, elle fait tous les jours aussi peur. Chaque soignant remet une couche lors de son passage :
- Pas d'antalgiques ? Êtes-vous certaine ?
Ou :
- On ne vous laissera pas dans cet état !
Hier, c'en était trop, la femme-oiseau-de-feu a haussé le ton et, avec l'air d'une mère qui dispenserait une leçon à son fils, elle a tapoté ma joue :
- Vous vous inquiétez tous pour rien : mon état ne signifie pas que je vais mourir, mais que je suis arrivée à la fin de ma vie.
Voilà : pas sa mort, non, mais la fin de sa vie. Tout simplement. Pour elle, la différence est abyssale. Elle est sereine dans sa douleur et dans la fin de sa vie. Réfléchit-on jamais au sens de certains mots ? Ils sont cuisants comme une brûlure de cigarette, mais ils font sens.
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Les femmes battues sont comme la mer. Il y a le flux et le reflux. Elles viennent, repartent, reviendront encore, la plupart échouent à couper les liens qui les retiennent prisonnières de leur tortionnaire.
Pourquoi?
Par amour, oui, on peut aimer un monstre quand il s'embusque sous le masque banal du quotidien. Par peur, très souvent. Par dévotion: "Il y a les enfants et ils vivent encore à la maison." Par espoir: "Il changera, il reviendra celui dont je suis tombée amoureuse." Par empathie: "Il est malheureux." Par dévalorisation: "Je ne suis rien."
Les femmes battues sont comme des vagues: elles se brisent chez nous et repartent avalées par le ressac des conventions. Parfois, elles ne reviennent pas:
1- elles ont enfin brisé leurs digues et pris le large. C'est bien;
2- ou elles se sont échouées sur les rochers et sont devenues écume de mer, comme la sirène du conte.
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Tout est un.
Ce que nous sommes ne nous appartient pas. Ce que nous aimons, ce que nous haïssons, ce que nous portons à bout de bras, ce que nous espérons, nos actes de bonté et nos moments de lâcheté se répercutent à l'infini. Tout est lié.
Il y a des milliards d'êtres humains, il n'y a pas d'autre humanité que la nôtre.
Ellâm onru.
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Si tu invites à une fête des gens qui ont tous le même groupe sanguin, mais que tu ne leur dis pas, ils vont parler d'autre chose.
Jean-Claude Van Damme
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La fin des autres est un miroir tendu vers la fragilité de nos propres existences. On soigne peut-être à cause de ça: de tous les êtres humains, les médecins sont sans doute les plus terrifiés par la mort.
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Poussin, mon fidèle compagnon des bancs de la faculté. En neuf ans d'études, il m'a montré que voir le bon côté des gens est la plus honorable forme de résistance à la brutalité des Hommes et de la vie.
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On a tous un don.
Certains jouent du piano avec les pieds, d'autres chantent ou marchent sur un filin avec une perche en guise de balancier.
Moi, je fais rire les gens. Aux Urgences, c'est un super-pouvoir précieux.
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Mme Jocaste avait soixante-deux ans quand je l'ai rencontrée. Une sympathique patiente à l'histoire terrible qui vous rappelle que, oui, la vie est parfois une vraie chienne et, oui, les êtres humains aboient avec beaucoup de naturel.
Dans le bureau des médecins, je faisais ma catharsis en briefant ma co-externe de l'époque :
- Imagine : enfant de l'Assistance Publique, elle passe de foyer en foyer, son mari lui fait six gosses, puis se barre, l'aîné des gamins est en taule : il la frappait. Sa propre mère ! Elle en parle comme si son petit garçon avait volé une pomme. On lui trouve une masse utérine : hystérectomie totale. Le chirurgien merde : section du nerf hypogastrique - perte des fonctions sphinctériennes. Elle sera obligée de se sonder et de faire des lavements jusqu'à la fin de sa vie. Cerise sur le gâteau, elle économise pour une chirurgie correctrice de sa myopie : mauvaise cicatrisation, surinfection, fonte purulente du globe oculaire. Sa vie, c'est Rémi-sans-Famille et les Misérables en 98 mots.
Je rajoute cette phrase stupide :
- À sa place, je sais ce que j'aurais fait !
Là, une voix dans le couloir passe la porte du bureau :
- Vous vous seriez occupé de vos enfants.
Je me retourne. Mme Jocaste a tout entendu. Je suis mort de honte. Elle a un oeil qui dit : "C'est pas grave, mon petit, ma vie fait cet effet-là à tout le monde" et l'autre oeil qui dit juste : "Merde".
J'essaie de me souvenir lequel est en verre et lequel il lui reste pour pleurer.
Je suis désolé, Mme Jocaste.
Pour tout.
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C'est simple: il suffit de regarder les choses simples derrière les choses compliquées et de s'émerveiller des choses compliquées derrière les choses simples.
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