FIGARO : Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.
Acte V, Scène III.
(P.S. : c'est la devise à laquelle, il me semble, je me suis toujours astreinte dans mes critiques sur Babelio depuis plus de dix ans.)
BARTHOLO : Des fautes si connues ! une jeunesse déplorable !
MARCELINE : Oui, déplorable, et plus qu’on ne croit ! Je n’entends pas nier mes fautes, ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu’il est dur de les expier après trente ans d’une vie modeste ! J’étais née, moi, pour être sage, et je le suis devenue sitôt qu’on m’a permis d’user de ma raison. Mais dans l’âge des illusions, de l’inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent, pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d’ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui peut-être en sa vie a perdu dix infortunées ! […]
Hommes plus qu’ingrats, qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c’est vous qu’il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état pour les malheureuses filles ? Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes : on y laisse former mille ouvriers de l’autre sexe. […]
Dans les rangs même plus élevés, les femmes n’obtiennent de vous qu’une considération dérisoire : leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! Ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !
Acte III, Scène XVI (passage qui fut coupé à l'époque lors des représentations, on croit comprendre pourquoi).
Non, monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie!... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus
[…] depuis quelque temps, je sens ma poitrine agitée ; mon cœur palpite au seul aspect d’une femme : les mots amour et volupté le font tressaillir et le troublent ; enfin le besoin de dire à quelqu’un : Je vous aime, est devenu pour moi si pressant, que je le dis tout seul, en courant dans le parc, à ta maîtresse, à toi, aux arbres, aux nuages, au vent qui les emporte avec mes paroles perdues.
Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; et (...) il n'y a que les petites hommes qui redoutent les petits écrits. (FIGARO, V, 3)
-Les domestiques ici... sont plus longs à s'habiller que les maîtres !
-C'est qu'ils n'ont point de valets pour les y aider.
Ah ! quand l'intérêt personnel ne nous arme point les unes contre les autres, nous sommes toutes portées à soutenir notre pauvre sexe opprimé, contre ce fière, ce terrible... et pourtant un peu nigaud de sexe masculin.
Ne regarde pas d'où tu viens, vois où tu vas : cela seul importe à chacun.
Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; et (...) il n'y a que les petites hommes qui redoutent les petits écrits. (FIGARO, V, 3)
Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort.