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Dans un avenir indéterminé mais proche, les jeunes doivent faire un an de service civique
C'est dans ce cadre que Valentin, adolescent présentant ce que l'on appelle des « troubles du spectre autistique », doit partir de son Sud natal pour travailler pendant un an dans le Nord dans l'unité Alzheimer d'un Ehpad.
Cette unité a la particularité de maintenir les résidents dans l'environnement de leur jeunesse, ici les années 60/70.
Par exemple une résidente, fan de Françoise Hardy, a répondu à Salut les copains et attend de voir si elle a gagné le premier prix : la venue de Françoise Hardy qui chantera sa chanson préférée (« La maison où j'ai grandi »)
Valentin est bombardé d'informations, il est très perturbé par tous ces changements et note tout sur un journal de bord
Ses réflexions personnelles à la fois sont touchantes et prêtent à sourire, notamment l'habitude qu'il a de tout noter et évaluer sur une échelle de 1 à 10
Peu à peu pourtant il se socialise et trouve sa place dans cet univers un peu décalé qui lui convient bien, à tel point qu'il considère ce centre comme sa maison et ne souhaite plus en partir…
Cette idée de départ était excellente et Clémentine Beauvais réussit à maintenir l'attention sur toute la durée
Je mettrais un bémol sur l'histoire d'amour de la femme médecin que j'ai trouvé un peu étirée par rapport au sujet du livre, mais globalement c'est un excellent livre pour adolescent que j'ai moi-même pris beaucoup de plaisir à lire.
Et l'évocation des tubes des années 70 est un vrai plaisir et donne lieu à des moments de nostalgie très touchants !
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De Clémentine Beauvais je ne connaissais que Songe à la douceur, je n'avais pas du tout aimé, je ne suis pas certaine de l'avoir terminé.
Et puis un jour (une année ?) quelqu'un (quelques unes ?) m'avaient conseillé d'autres titres (un seul ?). Bref. C'était très vague et comme on m'avait aussi conseillé Songe etc... je le sentais moyen. Je n'avais jamais eu envie non plus je crois, de retenter l'expérience.

Et puis il y avait Age tendre en tête de gondole des coups de coeur de la bibliothèque. Conseillé par un petit billet aux mots malhabiles et un peu guindés (qui ne faisait pas tellement envie).

Ça a été effectivement, pour moi aussi, un coup de coeur (inattendu). Conté avec les mots maladroits d'un ado de 15 ans habitant une France parallèle. A cet âge, dans cette France là, il faut faire une année de stage dans une autre région que la tienne. Comme c'est l'informatique qui decide pour toi, Valentin se retrouve, tout dépité, lui qui avait choisi dans le logiciel de travailler dans une école ou une bibliothèque, à rejoindre une unité pour personnes atteintes de démence sénile à l'autre bout du pays. Mais l'unité est spéciale et reproduit l'époque où il leur reste encore des souvenirs de jeunesse.

J'ai tout aimé. L'histoire, les personnages (et surtout Valentin), le style de récit. le concept. Je commence toujours un livre par le premier chapitre puis je bifurque sur les remerciements. Il y avait là un lien, que j'ai suivi et dévoré, sur ce qui a inspiré l'autrice, The conforting fictions of Dementia Care de Larissa MacFarquhar paru au New Yorker. Puis j'ai repris ma lecture. A la découverte de Valentin et de son année particulière, frontière, charnière. J'ai dévoré sa pararenthese, son esprit particulier et ses petits vieux. Si lui redoute de reprendre sa vie suite à cette année, moi je suis triste d'avoir tourné la dernière page.
Je ne sais toujours pas si j'ai envie de lire d'autres livres de Clémentine Beauvais, mais je suis très contente d'avoir lu celui ci.
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Un régal, la douceur de mes lectures estivales plutôt sombres. Accrochée dès les premières pages par la forme du récit - un rapport de stage de 3ème dans le cadre d'un service civique – mais aussi par le personnage de Valentin, le narrateur. Adolescent timide, il est totalement inhibé et sujet aux crises d'angoisse. La séparation de ses parents, le départ de son père qui a refait sa vie avec M La Marâtre, la grosse déprime de sa mère l'ont fragilisé. Son service civique doit se dérouler dans un centre mnésique pour patients atteints d'Alzheimer, site qu'il n'a pas choisi et qui le stresse avec anticipation (il avait choisi « culture » et « éducation »). D'autant que Valentin habite Albi, le centre est à Boulogne-sur-Mer, pour un ado anxieux cette distance paraît insurmontable.
Valentin est en colocation avec 4 autres ados, sous la responsabilité de Serge son tuteur. D'abord très en retrait, il va finalement tisser des relations amicales et affectives avec les membres de la petite maisonnée. Mais surtout, il va découvrir au centre mnésique un environnement propice à son environnement. L'institution a pour particularité de recréer le cadre des sixties afin que les patients ne soient pas trop déboussolés : vêtements, meubles, musiques, films, tout est vintage… Les saisons sont recréées artificiellement ainsi que le cycle de la journée, la pluie tombe une fois par mois ! Là, entre la bienveillance du personnel soignant et les personnes âgées, Valentin va pouvoir se construire, grandir, prendre des initiatives et surtout faire la rencontre de Sola, la gériatre du lieu, qui est aussi sa tutrice. Une belle histoire d'amitié va naître entre eux et favoriser, de part et d'autre, le travail de deuil.
Clémentine Beauvais a beaucoup de talent car la syntaxe rend bien compte des conflits adolescents, des inquiétudes et questionnements d'un garçon de 14 ans. Les dialogues sont irrésistibles, notamment ceux qui mettent en scène les patients : si les symptômes de la maladie d'Alzheimer ne prêtent pas à rire, ici on est toujours entre le sourire et l'émotion. La mémoire, et ses différents méandres, est une thématique abordée sous plusieurs angles, à partir de l'expérience de chacun des personnages, traitée de façon originale.
Le journal de bord de Valentin est parsemé de « notes rétrospectives » qui sont soit explicatives, liées par exemple à la pathologie des patients âgés soit réflexives, Valentin y mesure alors le chemin parcouru, la maturité acquise, et donne l'occasion au lecteur de se préparer à la suite.
Pour réaliser son rapport de stage – qui doit faire 30 pages, Valentin en a écrit plus de 300 – l'adolescent s'appuie sur le guide du service civique, petit manuel de survie dans le monde professionnel, truffé de références aux bouquins sur le développement. C'est tendrement critique et ironique, impossible de ne pas sourire aux mille conseils plus débiles les uns que les autres 😊.
Bref, voilà longtemps qu'un roman ne m'avait pas donné autant la pêche ! A découvrir sans faute.
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Encore une couverture super colorée, bien dans le style des années 60-70 qui donnent la toile de fond à ce roman de Clémentine Beauvais (une auteure que décidément, j'adore). Au début il faut s'accrocher car notre héros, Valentin Lemonnier, que l'on peut qualifier d'ado surdoué, angoissé chronique, fils soucieux, garçon hyper-méticuleux, transcrit le mode d'emploi du rapport de Service civique imposé à tous les jeunes de son âge dans une France légèrement futuriste, où on ne roule plus qu'à l'électrique et à qui le nucléaire a redonné une richesse et une influence incroyables. Il faut dire que ce mode d'emploi et les réactions de Valentin face à se stage qui l'angoisse XXXL sont un peu fastidieux. Mais c'est sans doute pour apprécier davantage les aventures du garçon dans cette unité de soins à la pointe de la technologie, qui reconstitue un vrai village des années 60 censé soutenir la mémoire défaillante de ses pensionnaires. Une aventure humaine extraordinaire que Valentin relate minutieusement et sur laquelle, un an après, il jette un regard dans des commentaires qui nous font comprendre à quel point il a évolué.

Roman d'initiation donc, qui renverse les codes, bouscule les stéréotypes et nous fait croiser des personnages émouvants, attachants, comme Valentin bien sûr, Sola Perré, les colocs de notre narrateur et bien sûr, les résidents de l'Unité Mnémosyne. A différents niveaux narratifs, il est surtout question de souvenirs : ceux de l'année passée par Valentin à Boulogne pour son « serci », qu'il retranscrit en détail, ceux des résidents qui sont rongés par la maladie d'Alzheimer, ceux de Sola qu'elle a enfoncés bien loin dans les replis de son coeur, ceux aussi que, de chagrin, de colère, Valentin refuse de se construire avec sa famille recomposée. Il est question aussi d'amitié, de confiance en soi, avec le fabuleux décor vintage des années 60-70 et tous ses détails, et bien sûr de Françoise Hardy, à qui Clémentine Beauvais rend un vibrant hommage.

Ce roman vif, émouvant et plein d'humour (je me souviendrai longtemps de la bougie parfumée au maroilles…) ouvre un autre regard, à la fois lucide et poétique, sur les personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer. Il fallait oser dans un roman destiné aux ados mais tout le monde y prendra plaisir. A lire sans modération !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Mon énorme coup de coeur de l'année !! Difficile d'en parler, tant ça remue de choses.
Des souvenirs, de la réflexion, de la tendresse, un bijou.

Je partais un peu méfiante, d'abord parce que j'ai adoré certains livres de l'autrice (Les petites reines évidemment, et aussi des collectifs) mais beaucoup moins aimé certains autres pourtant de très bons romans.
Mais surtout parce qu'une maison de retraite pour vieux désorientés, c'est quelque chose qui m'est difficile à lire. Les visites à mon entourage dans ce contexte m'ont toujours été extrêmement pénibles, et vu mon âge et ma situation à présent, c'est encore plus dur.
Mais l'autrice a réussi une performance extraordinaire, ne pas éluder les choses sombres tout en nous faisant sourire sans cesse.

Nous sommes dans un futur très proche, juste quelques infimes différences : la France a une Présidente de la République (peut-être Clémentine Beauvais pourrait-elle se présenter ? On y gagnerait certainement) et le service civique, enfin obligatoire, est prévu entre les classes de 3e et de 2e (une pensée pour l'aînée de mes petites-filles qui devrait commencer cette semaine !)
Ce qui n'a pas changé, c'est que l'Éducation Nationale, chargée des affectations, passe outre les voeux et semble choisir ce qui risque d'être le plus catastrophique.

Car pour Valentin, presque aussi inapte à la vie en société que les vieux dont il va s'occuper, être affecté dans un lieu qui génère un maximum d'angoisse pour lui ne semble pas la meilleure solution.
Impression : très négative.
Déjà, rien que la cohabitation avec d'autres jeunes dans la même situation lui pose problème, le second degré et l'humour sont souvent hors de sa portée, il a besoin d'habitudes et de repères pour se rassurer.

Il s'attache rapidement à certains résidents, au point de ne pas pouvoir annoncer que, non, Françoise Hardy ne viendra pas chanter pour eux. Et le voilà embarqué dans un défi qui le dépasse.

Au départ, curieusement, c'est son inaptitude à vivre normalement qui nous fait sourire, avec son classement des choses de positives à très négatives, et sa façon d'aborder tout problème et toute personne. Et peu à peu, la tendresse prend le dessus. On s'attache à Valentin, aussi bien qu'aux personnes autour de lui. Au point que j'ai été constamment inquiète de voir arriver pour lui la fin de cette période hors du commun (oui, l'empathie me perdra ;-) )
Peu à peu, Valentin grandit dans sa tête, même si le seul petit bémol de ma lecture a été qu'il m'a constamment semblé qu'on parlait d'un garçon bien plus âgé qu'un jeune sortant de 3e. Mais peut-être est-ce le fait de son caractère ?

Bien entendu, cette plongée dans les années 60, celles de mon adolescence, m'a particulièrement intéressée, souvent amusée et parfois émue. Et pas uniquement à cause de Françoise Hardy.

Confronter les ressentis de Valentin et de Sola sur les familles recomposées est un moment fort, qui fait réfléchir. Chacun avec son vécu et son caractères, si différents. Difficile d'arriver à un point de vue commun.

Et un joli aperçu de la Côte d'Opale, avec un petit passage par Audresselles même si jamais nommé !

Les bandes-son de tous les Exprim' sont intéressantes, mais forcément, celle-ci me parle particulièrement. (J'avoue que musicalement parlant, je suis un peu restée bloquée à ces années-là !!)
Françoise Hardy, ce sont pas mal de souvenirs de jeunesse pour moi, mais je ne connaissais de la maison où j'ai grandi, que la mélodie, dans ma tête pendant toute cette lecture.
J'ai découvert les paroles, auxquelles je ne m'étais jamais attachée, et vraiment, ça m'a touchée au coeur, je ne peux l'évoquer à présent sans une forte émotion.

Je vous parle de l'histoire, et de mon ressenti, mais j'aurais voulu savoir faire passer combien ce roman est exceptionnel, et va certainement émouvoir et faire sourire chaque lecteur.
D'ailleurs, si mon avis est celui d'un adulte qui a vécu cette époque, vous pourrez voir dans la chronique de l'Ado accro aux livres que ce roman touche au coeur toutes les générations.
Un vrai Prix Chronos en puissance ! (J'espère)
Lien : https://livresjeunessejangel..
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Clementine Beauvais m'a encore une fois scotché avec cette histoire. Je suis passée par beaucoup d'émotion avec ce roman, il est à la fois drôle et triste. On ne peut qu'être touché par le personnage de Valentin jeune homme de quinze ans qui va pendant un an travailler en maison de retraite et va accompagner des personnes souffrantes d'Alzheimer. Dans ce livre on va retrouver de belles histoires d'amour et d'amitié, pour notre plus grand plaisir. le livre est écrit d'une manière très originale sous la forme d'un rapport de stage. L'auteur a cette capacité d'écrire avec un style bien à elle qui entraine le lecteur dans son univers. Une très belle lecture.
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Encore une pépite de Clémentine Beauvais! Une couverture stylée, psychédélique et colorée, et une playlist un peu "vintage" à découvrir pour se plonger dans les années 60. Et nous voilà partis en compagnie de Valentin, jeune garçon tout juste sorti du collège. Sous la forme du rapport de stage qu'il doit faire et rendre à la fin de son année de service civique, Valentin nous explique son quotidien au sein de l'unité Mnémosyne de Boulogne -sur-mer. Complètement paniqué à l'idée de devoir quitter sa famille mais surtout de travailler avec des personnes atteintes d'Alzheimer, Valentin (qui est souvent sujet à des attaques de panique!) va peu à peu se révéler et grandir. Il raconte tous les détails de sa nouvelle vie (colocation forcée, découverte d'un univers médical et de soins) avec beaucoup de naïveté et de premier degré, on sent qu'il n'a pas vraiment intégré les codes sociaux, et c'est justement ce qui va le rendre indispensable et précieux auprès de ses collègues et des personnes âgées qu'il va côtoyer. Au lieu de rendre un dossier de 30 pages, il en fait un roman qui hésite entre journal intime, rapport d'activités et analyse psychologique!
Je pense qu'il faut avoir gardé ses yeux d'enfant pour apprécier ce roman à sa juste valeur car Valentin voit les choses dans leur absurdité (organisation de la société par exemple), et pointe les ambiguïtés dans les rapports relationnels notamment. Il essaie tant bien que mal de se glisser dans un moule social et professionnel souvent compliqué et paradoxal, et il apporte finalement une touche d'humanité et de bienveillance nécessaire.
Ce roman n'est pas réservé à un public jeune à mon avis car il participe à faire le lien entre les générations, et avec beaucoup d'humour et d'amour en prime! le regard de Valentin sur les personnes qui oublient leur présent mais qui sont très précis sur leur passé ne contient aucune moquerie, aucun jugement. Il est toujours disponible pour les écouter, il est sensible à leur bien-être, il est curieux de leur ressenti, et bien entendu: il devient fan de Françoise Hardy!!!
Ce n'est pas mon cas (même si j'écoute avec plaisir beaucoup de chansons estampillées "Salut les copains"), mais quel plaisir de vivre par procuration ces années 60-70, même si elles sont idéalisées! Un coup de coeur étonnant et atypique, comme l'auteure sait si bien nous proposer!
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J'ai lu la plupart des romans de Clémentine Beauvais car ses idées de départ m'intéressent. Mais jusqu'à présent, je trouvais le résultat agréable, sans plus.

"Âge Tendre" sort nettement du lot. Tout d'abord par son sujet : le rapport de stage d'un élève de troisième ayant passé 1 an dans un EHPAD amélioré.
Ensuite par sa forme : nous lisons "réellement" le rapport de stage de Valentin, avec tout ce que ça suppose de verbiage scolaire pour la cohérence (et ça fonctionne très bien).
Par le ton aussi, car Valentin est un ado légèrement angoissé (euphémisme), peu à l'aise dans les rapports sociaux (deuxième euphémisme, qui donne lieu à des passages très drôles).
Enfin, le contexte est vraiment intéressant. Suite à la lecture d'un article, Clémentine Beauvais a imaginé des maisons de retraite avec des bâtiments thématiques permettant aux pensionnaires de baigner dans l'époque de leur jeunesse. Déco, journaux télévisés enregistrés, musiques et films, le voyage dans le temps est total. Et l'idée de nous entraîner dans le bâtiment des années yéyé est extra.

Alors bien sûr, la question du financement est expédiée (pourtant elle se pose quand l'équipe peut dépenser 1000 € rien que pour des accessoires), les difficultés matérielles sont passées sous silence, une gériatre peut partir deux jours à Bruxelles sur un coup de tête... Bref, pour la crédibilité on repassera. Pourtant, le récit de Valentin sonne étonnamment juste, et son évolution au coeur de cette maison de retraite pleine de couleurs est intéressante.
Un agréable voyage dans le temps, tout en nuances.
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Valentin Lemonnier avait demandé un stage de service civique obligatoire à la fin du collège dans le domaine de la culture où il se serait senti plus à l'aise et moins angoissé par l'inconnu mais le logiciel de l'éducation nationale l'envoie durant une année à l'unité Mnemosyne des Hauts de France à Boulogne-sur-Mer. Il se retrouve en colocation avec Constance et Bouchra, Victor et Vadim et leur tuteur pendant le service civique, Serge Quehen. L'unité Mnemosyne accueille des personnes âgées dépendantes atteintes de démence, elle reconstitue un environnement des années 1970 correspondant à la jeunesse des personnes âgées hébergées. le jeune Valentin doit tout d'abord aider Suzanne Laurel qui a répondu a un concours du magazine Salut les copains et rêve de voir Françoise Hardy venir chanter à son anniversaire ; Valentin doit rédiger la lettre de Françoise Hardy annonçant à Suzanne Laurel qu'elle a perdu mais il en est incapable, il lui annonce que Françoise Hardy va bien venir ! le médecin de l'unité, le docteur Sola Perre, est tout d'abord furieuse.
Est-il encore besoin de présenter Clémentine Beauvais ? Enseignante-chercheuse en sociologie et philosophie de l'enfance à l'Université d'York, elle publie ses premiers romans adolescents dès 2012 avec La Pouilleuse, déjà chez Sarbacane, elle a alors 23 ans, puis Comme des images chez Sarbacane dans la collection Exprim' en 2014 : elle entre immédiatement dans le roman miroir avec des problématiques ancrées dans le réel – sextos, cyber harcèlement, réputation au lycée – mais c'est évidemment avec Les Petites Reines toujours dans la collection Exprim' que Clémentine Beauvais va être mieux connue et reconnue. Depuis lors, elle enchaîne les succès, elle tient aussi un blog passionnant sur la littérature pour la jeunesse Mais pourquoi tu fais pas de la vraie littérature ? (Clémentinebleue.blogspot.com) et elle intervient sur tous les réseaux liés à la littérature pour la jeunesse avec un regard critique acéré sur les problématiques actuelles. Ses derniers romans sont Songe à la douceur en 2016, Brexit romance en 2018. Elle écrit aussi des romans pour la jeunesse aussi bien des premières lectures que des romans pour les 9-11 ans ; enfin, elle a aussi une grande activité de traductrice de romans anglo-saxons pour la jeunesse.
Retrouver Clémentine Beauvais, c'est la certitude de passer un grand moment de bonheur de lecture. Nous pensons chaque fois ne pas lire trop vite pour savourer chaque instant et nous commençons la lecture et nous dévorons le roman. Avec Age tendre, Clémentine Beauvais ravit à nouveau par son intelligence, sa délicate compréhension de l'âme humaine, son humour extraordinaire et sa capacité incroyable à créer l'illusion romanesque dans toutes les situations. Elle joue avec la mise en abyme du roman et de la narration sous une fausse candeur et une apparente facilite. Nous lisons cette fois un rapport de stage d'un jeune collégien anxieux, timide et bloqué dans son développement par son histoire familiale : le rapport caricature le jargon de l'éducation nationale avec beaucoup de drôlerie mais aussi le langage du management contemporain. Peu à peu, le rapport de stage se transforme en journal intime et en récit romanesque avec l'autonomisation de Valentin, son changement de regard sur son histoire familiale et surtout la magnifique histoire de sa directrice de stage, le docteur Sola Perré. La scène du slow est un grand moment ! Au-delà, Clémentine Beauvais nous emmène d'abord dans une résidence de personnes âgées dépendantes, c'est peu courant en littérature pour la jeunesse et elle parvient à décrire ce monde avec tendresse sans pathos appuyé. Et évidemment, quel talent pour éveiller la curiosité au monde des années 1970, la période de l'invention sociale de l'adolescence mondialisée à des jeunes aujourd'hui qui y liront la jeunesse de leurs grands-parents ! Enfin, la play-list habituelle dans la collection Exprim' a ici un sens particulier et nous n'écouterons plus jamais Françoise Hardy de la même façon ! Ce nouveau roman de Clémentine Beauvais est un absolu
Coup de coeur.
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Dans un futur proche, le nôtre à quelques détails près (comme l'interdiction des voitures à essence ou encore la présence de réfugiés climatiques...), les jeunes Français doivent effectuer 10 mois de service civique entre la 3e et la Seconde. Ils quittent alors leur région d'origine pour travailler dans un service public (bibliothèque, école...) et vivent en colocation avec d'autres jeunes, sous la surveillance d'un tuteur.
Valentin est « désarçonné » par l'algorithme qui lui a attribué une région et un domaine qu'il n'a pas demandés. Il quitte Albi pour rejoindre l'unité Mnémosyne de Boulgogne-Sur-Mer, un centre gériatrique pour patients atteints d'Alzheimer, qui reconstitue l'époque de leur jeunesse. En l'occurrence les années 60-70.

5 minutes après son arrivée, le pauvre Valentin qui n'est pas totalement « neurotypique » (un peu asperger peut-être ?) est déjà écrasé sous le poids de son premier mensonge plus gros que lui-même : prenant un conseil un peu trop à la légère, le voici auto proclamé fan de Françoise Hardy... alors qu'il n'en a jamais entendu parler auparavant.
(Petite incise : « la mémoire photographique » de Valentin, même si elle est sans doute nécessaire pour justifier le procédé narratif, est le seul élément du roman qui m'a agacée. C'est au moins la 3e fois que je rencontre un personnage doté de cette particularité dans un roman pour ados récemment, et ça m'a vraiment donné envie de hurler. Est-ce qu'on pourrait dire à nos jeunes que s'ils ne sont ni surdoués, ni dotés d'un talent unique et incroyable, ça fait quand même d'eux des personnes valables et assez intéressantes pour être les personnages principaux de leurs histoires ?)

Comme d'habitude avec Clémentine Beauvais, le roman est trop riche et trop savoureux pour être résumé. On aurait envie de se vautrer dans les détails qui sont tous plus exquis les uns que les autres, comme Valentin se vautre dans le confort multicolore des années yéyés dont il devient bientôt non seulement un fan, mais un expert. Ce n'est pas « juste » un roman qui parle de la force vitale que crée le pont entre les générations (en fait c'est sans doute de cela qu'il parle le moins). « Âge tendre » est un roman sur notre rapport au temps et à la mémoire : la nôtre, celle des autres, celle du monde qui nous entoure. Il faudrait aussi parler de Sola, du rapport entre deuil et souvenir, des antiquaires, des falaises que l'érosion démolit lentement, du combi WV (qui a le droit de rouler parce que c'est une voiture de collection), de Jacques Demy et des couleurs, de l'arrêt de bus, de la pêche aux crevettes, de la guitare dans la rue, des divorces, et...

Comme dirait Valentin, qui rédige son rapport de service civique en 378 pages au lieu des 30 réglementaires : « j'ai dépassé ».

Un nouveau bijou, brillant, addictif et génial, signé Clémentine Beauvais.
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