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«Le sang des autres» est le premier roman que je lis de Simone de Beauvoir. Il m'a été recommandé par mon ami jeeves_wilt pour découvrir cette auteure de la littérature française. Et je le remercie pour ce choix car j'ai beaucoup aimé.
C'est un roman dans lequel j'ai pourtant eu du mal à rentrer au départ, un style particulier qui ne se donne pas facilement, mais qui, au fil des pages, devient de plus en plus appréciable, prenant et émouvant au point de ne plus pouvoir le lâcher avant la fin. C'est sans doute cela avoir un style...
L'histoire débute avec Jean (Blomart) et Hélène, le premier au chevet de la seconde qui est mourante, pendant la période de l'occupation. Jean nous raconte alors sa rencontre et son histoire avec Hélène qui commence quelques années avant la guerre.
Ce qui donne une dimension supplémentaire à son récit, c'est qu'il est ponctué par de nombreuses questions existentielles, à savoir sa place parmi les autres, les répercussions que peuvent avoir ses actes sur son entourage plus ou moins proche. Cela l'immobilise et l'isole d'une certaine manière dans sa relation avec son entourage, en particulier Hélène qui pourtant essaie de franchir cette barrière. Hélène... le personnage que j'ai préféré et qui est pour moi finalement la vraie héroïne de cette histoire. Si je ne l'appréciais pas beaucoup au départ, trop légère à mon goût, je la trouve ensuite beaucoup plus intéressante dans sa relation avec Jean et elle se révèle véritablement vers la fin.
Des questions sur notre Être par rapport à l'autre, par rapport à la société, qui prennent une ampleur particulière dans cette période sombre et troublée de la seconde guerre mondiale. On ne peut s'empêcher alors de se poser ces questions sur nous-même.
Une magnifique découverte de l'univers de Simone de Beauvoir, je lirai d'autres ouvrages de la dame, c'est certain !
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Commencer par le final, c'est sur cette idée que s'ouvre ce roman de S. de Beauvoir, puis nous sinuons,avec ses et ces héros ordinaires, à une époque qui ne l'est pas . L'écriture est fluide , pas de brusqueries au contraire des évènements.
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Alors la un coup de coeur total on aime on adore on s immerge. Simone de Beauvoir c est la Femme avec un grand F, l'écrivain par excellence. Chaque mot chaque situation de ce mot est pondéré étudié avec un but bien précis.
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« Je voudrais que mon prochain roman illustre le rapport à autrui dans sa vraie complexité. Supprimer la conscience d'autrui, c'est puéril. Il faudrait aboutir à un acte ayant une dimension sociale ». Ainsi s'exprime Simone de Beauvoir dans ses notes, juste après avoir écrit son premier romanL'Invitée. Elle ne veut en reproduire ni le thème, ni la fin qui se solde par un meurtre.

Pour le sang des Autres, publié en 1945, le choix du thème de la Résistance n'était pas instinctif. Ce choix va pourtant s'imposer à elle au début de l'écriture, et l'intrigue tournera autour d'un suspense : le signal d'un nouvel attentat doit-il être donné malgré les récents événements ?

L'incipit a de quoi désarçonner : il commence par la fin (ce qui rappelle d'ailleurs le début des Mains Sales de Sartre). On comprend que Jean Blomart est au chevet d'une Hélène mourante pendant l'Occupation. le reste du roman va alterner entre les points de vue des deux personnages et raconter leur rencontre ainsi que leur rapprochement induit voir « forcé » par Hélène (on comprend ici mieux pourquoi le roman est dédié à Nathalie Sorokine qui a usé des mêmes ruses pour se rapprocher de Simone de Beauvoir).

La narration est déstabilisante et complexe pour tout lecteur aimant le coup porté par le récit, direct, voir incisif (ce qui est mon cas). Ici, il faut se familiariser avec les choix narratifs de l'auteure : « le récit centré sur Hélène, je l'écrivis à la troisième personne, mais pour Blomart (…) il parlait de soi à la première personne quand il adhérait à son passé, à la troisième quand il considérait à distance la figure qu'il avait eu aux yeux d'autrui ». Il m'a fallu quelques chapitres pour le comprendre et mes hypothèses de lecture me l'ont parfois gâchée, il faut bien l'avouer…

Peu à peu se dévoile l'histoire de leur relation, remise en cause par le choix d'exister de Jean, davantage obsédé par le sens donné à ses choix que par la vie elle-même. Hélène, au contraire, semble vivre pour elle-même, et évoluer au gré des événements ce qui fait d'elle l'axe le plus intéressant du roman. de l'aveu de l'auteure, le personnage d'Hélène a « plus de sang », elle y a mis davantage d'elle-même.

"C'est un livre fraternel" selon Camus, c'est un roman sur la résistance selon d'autres et selon l'auteure elle-même c'est un roman qui présente les défauts d'un roman à thèse (roman mettant en scène des personnages destinés à illustrer ou représenter des concepts ou des courants philosophiques) : « je partais d'une expérience authentique, et je rabâchais des lieux communs (…) on n'invente des idées ni dans les salons ni dans les romans ». / « tout converge au lieu de foisonner ». Ce qu'elle se reproche c'est d'avoir tout misé sur la ligne d'une existence : ses personnages se conforment un peu trop à la direction qu'ils souhaitent lui donner. Ainsi, en cherchant trop à donner à voir, elle a trahi et appauvri l'idée qu'elle voulait défendre.

Ses contemporains ont jugé cette oeuvre inférieure à la première, je serai beaucoup moins critique car pour un lecteur d'aujourd'hui, il est plus difficile d'avoir accès aux schémas de réflexions existentialistes entourant le couple Beauvoir-Sartre et il est donc appréciable de découvrir autrement que par un essai le concept de cette philosophie, qui rappelle l'importance des actes pour exister et la difficulté de vivre en conscience avec les autres en faisant ses propres choix.
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Simone de Beauvoir n'est pas encore le héraut du féminisme qu'elle deviendra dix ans plus tard. Ici, c'est le Castor qui écrit. On y retrouve tous les thèmes de prédilection de l'existentialisme : le destin, l'absurdité de la vie, la liberté, l'engagement social et politique. Mais c'est aussi une superbe histoire d'amour. le héros, Jean, est le type même de l'intellectuel peu sensible qui réfléchit à chacun de ses actes. Hélène quant à elle, a contrario, est naturelle et pleine de vie, proche de l'insouciance. Tous deux questionnent à leur manière le sens de leur existence. « Nous n'existons que si nous agissons » finiront-ils par conclure ensemble. Un roman certainement plus « populaire » que ceux de Sartre sur les mêmes thèmes.
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C'est un livre magnifique et poignant, qui traite du sujets aussi varié que la résistance, l'amour non partagé, et d'autres encore que je ne vous spoilerais pas.

Ce livre m'a plongé dans une tempête d'émotions. A partir du moment ou j'ai été prise dans l'histoire je n'ai plus pu m'en décrocher, et j'ai alors passé chacune de mes minutes de libre à le dévorer. Les 2 personnages principaux sont magnifiquement développés, attachants aussi bien par leurs qualités que par leurs défauts, accrochés à leurs idées comme des moules à leurs rochers, forts et si fragiles tout à la foi. L'essence même de l'humanité en fait.
Et l'histoire, magnifiquement portée par ces personnages, est déroulée tranquillement, sans heurts, malgré la tempête d'événements qu'elle contient.

Le livre s'ouvre sur la scène finale de l'histoire. La première fois que j'ai tenté de livre cette oeuvre ça m'a un peu déstabilisé: tu te retrouves plongée au coeur d'un drame dont tu ne connais ni les protagonistes, ni les causes.il faut continuer car l'éclaircie est rapide et la suite s'est révélée aussi prenante et vivifiante que la scène d'ouverture était incompréhensible et étouffante. Et cette première scène, d'abord incomprise, a su prendre tout son sens une fois arrivée la fin de l'histoire.

Allez-y, foncez, vous ne pourrez être que séduit.
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Bien qu'il soit sans doute difficile de rentrer dans l'intrigue - les premières pages font peur avec un certain nombre de personnages, un point de vue narratif qui ne cesse de changer, des allers retours dans le temps - c'est du plaisir une fois la structure saisie. Ce roman qui prend place entre les années 30 et le milieu de la Seconde Guerre mondiale est prenant par son dynamisme qui ne se résume pas pour autant à un rythme effréné (d'autant plus rassurant vu la période historique qu'il couvre). Les lecteurs sont pris dans le décor, un décor qu'iels savent par avance voué à la chute (chute de l'histoire et de l'Histoire), mais iels le découvrent cette fois avec des yeux où, précisément, le futur n'est pas encore inéluctable. Beauvoir prend le temps de développer la psychologie des deux ou trois personnages principaux, cela sous un angle évidemment existentialiste. Si cela peut gêner dans la mesure où certaines phrases - parfois assez sibyllines, il faut le dire - pourraient sortir mot pour mot d'un essai de philosophie "pure", cela s'intègre très bien dans l'intrigue, lui donnant même corps par des dilemmes impossibles, signe de la casuistique existentialiste. Il est aussi facile d'imaginer que Beauvoir règle là ses comptes avec elle-même, cherchant à la fois à justifier sa place de bourgeoise qui veut défendre le prolétariat, et à expliquer la cécité politique qui fut la sienne et celle de Sartre, les deux n'ayant pas vu venir le péril nazi dans L Histoire. Bref, ce croisement de biographie, de fiction et de philosophie donne vie à un roman à plusieurs lignes de lecture où il peut donc être facile d'y trouver son bonheur.
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Il serait beaucoup trop prétentieux pour un piètre lecteur amateur comme je suis d'apporter une critique utile et crédible à un ouvrage tel que celui-ci. Je ne connaissais pas les, écrits de Simone de Beauvoir, on hésite à se frotter à ces grands personnages de la philosophie et de ka littérature. Et pourtant, même si la lecture n'en est pas toujours aisée, le décalage du temps est là, même si on est dérouté par les allées et venues incessantes du récit, (flash backs), même si j'ai été souvent perdu dans les personnages; il ressort du roman une puissance exprimée sur chaque phrase, une profondeur de chaque situation. On comprend lors de ce type de lecture pourquoi certains humains ont marqué leur époque.
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Oui, alors, navré, mais je suis passé complètement à côté... J'ai voulu découvrir cette écrivaine mais le livre m'est tombé des mains vers la page 100... (le tiers du livre tout de même). le style est "tordu", ça part dans tous les sens si bien qu'on ne comprend pas grand chose... Tant pis.
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Des jeunes à Paris avant et pendant la guerre 39-45. Jean, fils d'industriel, a choisi la révolte, la cause de l'ouvrier et le travail à l'usine.

Madeleine est sa maîtresse. Hélène, dessinatrice, vit un amour platonique avec Paul, quand elle porte son amour sur Jean, amour sans retour; elle reste par dépendance enfantine attachée à Paul, qui découvre cette supercherie inconsciente.

Cela la pousse à aborder Jean, qui ne veut pas d'elle. Par besoin de vengeance, elle va se laisser déflorer, et la suite sera un abortus clandestin. Ceci a l'effet d'un chantage amoureux et Jean, qui se sent vite coupable et responsable outre mesure, la "choisit" par pitié, avec une tendresse sans amour, sans rompre avec Madeleine.

"Je croyais simplement embrasser Hélène; et je trahissais Paul, je blessais Madeleine."

Madeleine, qui s'en va participer à la guerre contre le fascisme en Espagne, tandis que la guerre 39-45 se prépare en France.

Les jeunes discutent: la France croit acheter la paix en donnant la Tchécoslovaquie à Hitler.

"- C'est facile de payer avec le sang des autres".

Quoi choisir? Cette question devient lancinante quand la guerre arrive (situation d'extrêmes: l'extrême contient le maximum d'information).

Mobilisation, prison, résistance, représailles, déportation, collaboration, razzia de juifs, tout cela immiscé dans la relation d'Hélène et Jacques donne des poignantes situations à choisir.

On ne peut pas toujours payer avec le sang des autres: parfois il faut payer avec son propre sang.

"Je n'ai pas créé le monde. Mais je le recrée à chaque instant par ma présence. Et tout se passe pour moi comme si tout ce qui lui arrive lui arrivait par moi."

Cela sonne héroiquement grand, cet engagement absolu de Jacques. Mais un poète hollandais disait "le monde entier est trop grand pour chérir sur mon coeur". Et le petit moment du choix personnel venu, Hélène, na&iulm;ve peut-être, sait mieux choisir.

Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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