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Citations sur Mémoires d'une jeune fille rangée (414)

Je trouvais d'autant plus affreux de mourir que je ne voyais pas de raisons de vivre.
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Cette fois j'échouais à me peindre en couleurs sublimes le désarroi de Jacques ; je ne savais pas ce qu'il avait fait au juste cet été, mais je supposais le pire : le jeu, l'alcool, et ce que j'appelais vaguement la débauche. Il avait sûrement des excuses : mais je trouvais décevant d'avoir à l'excuser. Je me rappelai le grand rêve d'amour-admiration que je m'étais forgé à quinze ans et je le confrontais tristement avec mon affection pour Jacques : non, je ne l'admirais pas. Peut-être toute admiration était-elle une duperie ; peut-être ne retrouvait-on au fond de tous les coeurs qu'un même carnaval incertain ; peut-être que le seul lien possible entre deux âmes, c'était la compassion. Ce pessimisme ne suffit pas à me réconforter.
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Elle me refusait si catégoriquement son estime que je cessai de la désirer.
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C'est alors que l'univers chavira. Impossible que papa et maman fussent ennemis, que Louise fût leur ennemie ; quand l'impossible s'accomplit, le ciel se mélange à l'enfer, les ténèbres se confondent avec la lumière. Je sombrai dans le chaos qui précéda la Création.
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Elles étaient plus riches en vertus qu'en diplômes.

Les ouvriers travaillaient beaucoup moins, et gagnaient beaucoup plus ; depuis la création des syndicats, les véritables opprimés c'étaient les patrons.

Le communisme et le socialisme ne s'expliquaient que par l'envie : "Et l'envie, disait mon père, est un vilain sentiment."

On aurai dit que j'existait de deux manières ; entre ce que je suis pour moi, et ce que je suis pour les autres, il n'y avait aucun rapport.

J'appris avec stupeur en lisant un fait divers que l'avortement était un délit ; ce qui se passait dans mon corps ne concernait que moi ; aucun argument ne m'en fit démordre.
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Comme un pendule en folie, j'oscillais frénétiquement de l'apathie à des joies égarées. J'escaladais la nuit les escaliers du Sacré-Coeur, je regardais scintiller dans les déserts de l'espace Paris, vaine oasis. Je pleurais parce que c'était si beau, et parce que c'était inutile. Je redescendais les petites rues de la Butte en riant à toutes les lumières. J'échouais dans la sécheresse, je rebondissais dans la paix. Je m'épuisais.
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Je m'abîmai dans la lecture comme autrefois dans la prière. La littérature prit dans mon existence la place qu'y avait occupée la religion : elle l'envahit tout entière, et la transfigura. Les livres que j'aimais devinrent une Bible où je puisais des conseils et des secours ; j'en copia de longs extraits ; j'appris par coeur de nouveaux cantiques et de nouvelles litanies, des psaumes, des proverbes, des prophéties et je sanctifiai toutes les circonstances de ma vie en me récitant ces textes sacrés. Mes émotions, mes larmes, mes espoirs n'en étaient pas moins sincères ; les mots et les cadences, les vers, les versets ne me servaient pas à feindre : mais ils sauvaient du silence toutes ces intimes aventures dont je ne pouvais parler à personne ; entre moi et les âmes soeurs qui existaient quelque part, hors d'atteinte, ils créaient une sorte de communion ; au lieu de vivre ma petite histoire particulière, je participais à une grande épopée spirituelle.
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J’imaginais Louise dans sa chambre sans joie, privée de son enfant, privée de tout : une telle détresse aurait dû faire exploser la terre.
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Je rêvais d'être ma propre cause et ma propre fin ; je pensais à présent que la littérature me permettrait de réaliser ce vœu. Elle m'assurerait une immortalité qui compenserait l'éternité perdue ; il n'y avait plus de Dieu pour m'aimer, mais je brûlerais dans des millions de cœurs. En écrivant une œuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. En même temps, je servirais l'humanité : quel plus beau cadeau faire que des livres ? Je m'intéressais à la fois à moi et aux autres ; j'acceptais mon "incarnation" mais je ne voulais pas renoncer à l'universel : ce projet conciliait tout ; il flattait toutes les aspirations qui s'étaient développées en moi au cours de ces quinze années.
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Comparant sa génération à celle qui l'avait précédée, Sartre concluait : "Nous sommes plus malheureux, mais plus sympathiques."
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