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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dantesque, titanesque, exceptionnel.
Stalingrad, l'une des batailles les plus célèbres de la seconde guerre mondiale, une victoire soviétique sur les armées d'Hitler, mais à quel prix ?


En cinq parties, à partir de l'opération barberousse le 21.06.41 (le monde retiendra son souffle) et sa relance en juin 1942 (l'opération bleue), on aborde la bataille de Stalingrad (Cette ville fatale) proprement dite à la page 173, poursuivie par l'opération uranus (le piège de Joukov ou l'isolement de la sixième armé allemande) qui amènera sa fin.


Toutes les facettes de la batailles sont évoquées. de son origine à ses répercussions (rapidement évoquées) lors de la reddition en 1945, vous saurez tout des tenants et des aboutissants de ce morceau d'histoire.
Plus qu'un récit historique classique, un véritable roman de guerre où tous les points de vue sont abordés, des états majors allemand et russe aux simples soldats mourant d'inanition dans les décombres de Stalingrad.
Presque 600 pages d'une bataille quasiment continue, avec ses morts à chaque page, le livre ne glisse ni sur les exactions et les crimes de guerre des deux côtés, pillages, exécutions sommaires, viols, la terrible notion de lâcheté russe et ses exécutions de masse, ni sur les dissensions au seins des deux armées.
Des chiffres qui donnent le tournis, donnant toute l'ampleur de la bataille.


A travers des sources multiples et variées (journaux de marche, PV d'interrogatoire, rapports d'aumôniers, journaux personnels, archives russes et allemandes) l'auteur nous livre par une écriture claire, limpide même, et une belle progression de l'action, sans impression de redite, un magnifique récit qui se lit vraiment comme un roman.
Dantesque, titanesque, exceptionnel.
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Dans la catégorie des livres traitant d'histoire militaire, il s'agit sans hésiter de l'un des plus passionnants que j'ai pu lire (deux fois).
Antony Beevor fut parmi les premiers à exploiter les archives de l'ex-URSS à la chute du mur de Berlin, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a su les utiliser de façon très pédagogique dans le sens où l'on a à peine l'impression d'apprendre l'histoire tellement s'en est captivant.
Il y a pour commencer une parfaite structuration chronologique pour expliquer pourquoi et comment les allemands vont vouloir envahir la Russie, pourquoi il purent progresser jusqu'à Stalingrad, comment il furent arrêtés, d'abord par les russes et ensuite par l'hiver.
Ce qui rend en grande partie ce livre passionnant c'est le grand nombre d'anecdotes, de petites histoires dans la grande histoire concernant autant le commandement que le soldat de base.
La stratégie et la connaissance du climat ont petit à petit inversé le sort de cette bataille hors norme, on parle quand même d'un désastre humain d'une ampleur qui n'a eu que peu d'équivalent...
La personnalité des chefs qui s'y sont opposé, Hitler et Staline, a de quoi inquiéter, même rétrospectivement. Des récits difficilement croyables, comme ces soldats qui montent à l'assaut avec un fusil pour quatre suivis par un commissaire politique chargé d'abattre quiconque manquerait de courage, ou encore ces chars qui sortent de l'usine avec un équipage non formé pour aller directement sur le front...
Il y a aussi les tireurs d'élite, auquel une petite partie du livre est consacrée, les snipers dirait-on aujourd'hui, qui auront joué un rôle non négligeable pour assurer ce qu'on leur demandait, semer la terreur dans le camp adverse, ce qui aura inspiré un film éponyme qui reprend quelques unes de ces anecdotes.
De l'offensive d'invasion jusqu'à la capitulation du maréchal Paulus, on ne voit pas le temps passer, c'est bien écrit, c'est vivant, si tous les livres d'histoire proposaient la même intensité dramatique nous serions tous incollables !
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Antony Beevor nous fait revivre cette bataille de Stalingrad avec force détails et témoignages tant du côté allemand que du côté russe. Il a eu le privilège d'avoir accès lors du gouvernement Eltsine à des archives soviétiques avant que ceci soit prohibé cinq ans plus tard aux chercheurs. Son récit est appuyé sur les archives mais aussi sur des récits plus personnels tant d'officiers que de simples soldats.
Ce livre se révèle extrêmement intéressant, il m'a détaillé les prémisses de la bataille, les erreurs et réussites de Hitler et Staline, l'importance tant stratégique que symbolique de s'emparer - ou de défendre -Stalingrad, j'ai pu suivre toutes les nombreuses péripéties de ce bataille,
me rendre compte du moral des troupes, les souffrances qu'elles ont du endurer et ce tant d'un côté que de l'autre.
Le récit ne s'arrête pas à la reddition de Paulus, il me fait comprendre l'importance que cette victoire a représenté pour Staline, le sacrifice enduré par les Russes a pesé dans les négociations entre les Allies à la fin de la guerre.
Ces 500 pages se dévorent, elles m'ont véritablement captivé.
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Une histoire de l'attaque des allemands, en 1942, sur le front de l'est, du siège de Stalingrad et de la déroute finale face aux armées soviétiques.

Que dire ! Un travail de recherche fabuleux qui nous renseigne sur les stratégies, les tactiques et les problèmes de logistique, tout en ne nous épargnant pas le sort des populations civiles, celui des prisonniers, ainsi que les conditions atroces pour les soldats, hormis certains des officiers supérieurs.
Ce fut une hécatombe des deux côtés, et surtout du côté soviétique.
On voit à quel point, deux des pires dictateurs de l'histoire ont sacrifié leurs populations et écoutaient peu les conseils et les avis de leurs généraux, en se pensant supérieurs sur tous les aspects.
On a l'exemple parfait de la citation "Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument."
J'ai adoré. Un livre qui renseigne et qui fait réfléchir.
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Avez-vous lu « Vie et destin » de Vassili Grossman ?
Vous voulez en savoir plus sur la bataille clef de la seconde guerre mondiale ?
Ce livre est celui qu'il vous faut.

Un travail colossal a permis à l'auteur de rassembler des documents, des lettres, des témoignages dans les deux camps.
Des témoignages qui traversent toute la hiérarchie du plus haut général au simple soldat.
Le mélange entre vue d'ensemble et anecdotes est brillant.

On se trouve plongé au coeur des événements tout en gardant une perspective réfléchie, une distance nécessaire pour véritablement comprendre la réalité du front. Cette réserve est essentielle car elle nous permet de rester en retrait, à une distance appropriée. Les combats, la lutte pour la survie, la mort, les violences et les horreurs qui ont marqué cette période étaient d'une cruauté absolue.
Antony Beevor parvient avec maestria à maintenir la juste distance vis-à-vis de son sujet, nous permettant ainsi de nous immerger dans cette histoire sans être submergés par l'émotion.

> Soyez cependant prévenu : l'Homme fut un animal.

Le livre aborde la bataille de Stalingrad en situant cette confrontation dans le contexte plus large de la campagne de l'Est, de l'opération Barbarossa, et de ses conséquences.
Vous y découvrirez une différence frappante dans le traitement réservé aux simples soldats par rapport aux généraux. Tandis que les officiers supérieurs jouissaient d'un régime de vie relativement confortable, leurs hommes se retrouvaient plongés dans des conditions si extrêmes qu'ils étaient poussés jusqu'au cannibalisme, et pourtant, ils en payaient le prix de manière disproportionnée

Ce que j'en retiens ?

De part et d'autres la vie de ses propres troupes, des civils, des ennemis n'avaient aucune importance.

En complément

Ce livre est une oeuvre dantesque mais vous pourriez avoir besoin de saisir cette bataille avec d'autres points de vue.

* Lisez « Vie et destin » de Vassili Grossman Vassili Grossman est souvent évoqué d'ailleurs. Il était à Stalingrad.
* Lisez « La promesse de l'Est » de Christian Ingrao Lecture nécessaire pour saisir plus profondément les tenants et les aboutissant de la guerre à l'Est.

Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Volgograd...raz le bol que l'on dise Stalingrad et qu'ainsi on attribue une gloire militaire à un criminel comme Staline, peut être le plus grand criminel de toute l'histoire humaine, bien loin devant Hitler, pour le nombre des victimes, directement de sa main ou sous ses ordres.
La bataille de Volgograd, Tolstoï aurait pu la raconter comme il savait le faire, avec des généraux qui ne maitrisent plus rien ou presque. Il aurait peut être parlé de résultante ou d'évènement historique qui suit sa propre évolution sans que personne ne puisse plus agir sur cet évènement. Un flux et un reflux. Volgograd marque le point où la vague vient mourir et ensuite se retirer. Pour Tolstoï le génie militaire n'existait pas. le bon général pour lui était celui qui comme Koutozov contre Napoléon savait lire un évènement historique et s'y adapter. Joukov saura faire cela et attendre le bon moment, celui ou la vague s'arrête et s'immobilise. On peut se poser la question du comportement de Von Paulus, avant, pendant et après la bataille.
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Stalingrad une ville et la mémoire d'une des batailles les plus meurtrières de la seconde guerre mondiale qui fut le lieu de bascule de l'armée allemande en URSS .

Pour Hitler c'est la ville symbole de la lutte contre le communisme et de l'accès au pétrole soviétique, il faut donc avancer coûte que coûte. En face c'est la ville qui porte le nom de Staline et la volonté de celui-ci est de ne pas céder un centimètre. du coup le face à face fut cruel, sanglant, destructeur , épuisant, épouvantable ... tant pour les soldats des deux camps que pour les civils. Comme toujours les stratèges font des plans, tout doit aller très vite et facilement et puis la réalité s'impose. Napoléon s'y était cassé les dents, Hitler ne fera pas mieux et les stratégies du tsar ou de Staline sont similaires, chair à canon et terre brûlée.

Ici on a un récit précis, étape après étape, de cette bataille. Parfaitement documenté et donnant à voir les hésitations, tactiques, manques et réussites des deux camps, rien ne nous échappe de la vie du petit soldat ou de celle du général .

J'en retiens des morts, des morts et des morts, ceux tués au combat, ceux gelés, ceux morts de faim, ceux morts de maladie (car toutes ces morts ne furent pas glorieuses) tant et tant de morts et de chaque côté un dictateur jouant à la roulette russe avec le commun des mortels en s'enferrant dans des postures alimentées plus par la folie que par la réflexion.

C'est un récit de guerre, très détaillé qui rend parfaitement compte de la dureté et de l'importance des choix stratégiques, il ne manque qu'une carte sur la table et les petits soldats à déplacer...

Excellent documentaire.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Grâce au Pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939 par Ribbentrop (1893-1946, exécuté à Nuremberg) et Molotov (1890-1986) en présence de Staline, les troupes allemandes purent rapidement conquérir l'ouest de l'Europe (après l'attaque de la Pologne le 1er septembre 1939, conquise en 5 semaines).

Quelques années plus tard, c'est d'abord à cause du front oriental que le Reich commença à s'effriter, avant de s'effondrer.

* * * * * * * *

Résumé de l'ouvrage :

Le 1er février 1943 à Stalingrad, le Maréchal von Paulus (1890-1957) capitulait avec plus de 90 000 soldats de l'Axe face aux troupes soviétiques.
Cette issue d'une bataille qui dura plus de six mois marqua un tournant sur le front Est et dans la guerre, sur les plans militaire et psychologique.
L'emplacement de Stalingrad (actuelle Volgograd), au bord de la Volga, était stratégique, comme axe de communication et pour l'accès à des ressources pétrolières. Une usine de tracteurs y avait été convertie pour produire des chars T-34.
L'auteur décrit les combats et les stratégies déployées lors de cette bataille. Tout en affirmant l'importance de cette bataille, il montre aussi des prémices de la défaite allemande plusieurs mois plus tôt (dont l'arrêt de l'avancée allemande près de Voronej au début de juillet 1942).

Staline commit des erreurs stratégiques (avant, pendant, et après le lancement par Hitler de l'opération Barbarossa, le 21 juin 1941) :
- Lors des Grandes purges débutées au début des années 1930, en particulier sous la Grande terreur de 1937, Staline avait décapité l'armée soviétique, par paranoïa et pour installer son pouvoir. En 1939, seulement 303 des 706 officiers de grade supérieur ou égal à celui de Général de brigade avaient été épargnés.
- Il a négligé les informations sur les préparatifs d'invasion de l'armée allemande, puis celles de l'attaque de juin 1941 : les soldats soviétiques restèrent alors sans consignes, ou reçurent l'ordre de ne pas réagir face à ce que Staline ne voulait voir que comme de simples provocations ; une partie du matériel de guerre soviétique fut détruit avant d'avoir pu être utilisé, en particulier la majorité de ses avions au sol.
- L'armée était supervisée par des Commissaires politiques incompétents en matière militaire. Ce double commandement ralentissait la diffusion des décisions et empêchait de nécessaires prises d'initiatives par les gradés. Le 9 octobre 1942, peu avant le début de l'opération Uranus, un commandement unique fut cependant rétabli (ordre n° 307), reléguant les Commissaires politiques au second plan.

Outre la propension commune de Staline et d'Hitler à ne pas écouter les bons conseils, le sacrifice des vies des soldats qu'ils commandaient et de leurs partisans fut un axe commun de leurs stratégies, de même que la pratique de la « terre brûlée », pour ne rien laisser à l'ennemi.
Staline et Hitler avaient aussi tendance à refuser le recul de leurs troupes, même lorsque les circonstances le dictaient. Staline lança l'ordre « Plus un pas en arrière ». Son refus d'évacuer Kiev, malgré l'avis de Joukov, entraîna la capture de 650 000 soldats soviétiques. Il eut cependant la sagesse de faire déménager vers l'est (souvent dans l'Oural, au-delà de la Volga) les installations industrielles qui pouvaient l'être. Quelques mois plus tard Hitler exigeait de von Paulus qu'il résiste jusqu'au bout à Stalingrad, d'où sa promotion du 31 janvier 1943 au grade de maréchal, la veille de sa capitulation...

Durant la seconde guerre mondiale, plus de 15 millions de personnes ont été tuées sur le front Est, soit plus des deux tiers du camp soviétique.

Heureusement pour lui, Staline disposait de grandes réserves de chair à canon (malgré les morts au Goulag). Il bénéficia aussi de l'aide des Alliés, qui fournirent en particulier de la nourriture.
Et Hitler commit des erreurs qui furent fatales à son régime, notamment :
- Il décida de l'ouverture d'une trop longue ligne de front du nord au sud – difficile à défendre et à ravitailler – de la Baltique à la mer Noire, puis dès décembre 1941 du golfe de Finlande à la mer d'Azov.
- Il différa à octobre 1941 le lancement de l'opération Typhon, de conquête de Moscou, laissant ainsi des troupes de l'Axe se faire piéger par l'hiver.
- Il ne sut pas profiter pleinement d'oppositions au régime communiste, préférant tuer les populations qu'il considérait comme sous-humaines (juive et slave), et négligeant ainsi l'effet fédérateur de la lutte contre le nazisme tout en encourageant la combativité d'adversaires. Pour un soviétique acculé, mieux valait mourir au combat qu'être capturé par les Allemands, la mort étant l'unique issue dans les deux cas. Cette mort était d'autant plus assurée que pour décourager les désertions, l'armée soviétique tuait les siens qui avaient été prisonniers des Allemands. Beaucoup de soldats soviétiques ne sont pas morts pour défendre leur 'Patrie', mais parce qu'ils furent obligés de se battre jusqu'au bout, ou furent exécutés par des compatriotes. Les armées de l'Axe firent cependant quelques recrues en territoires conquis, les « Hiwis » (abréviation de Hilfwillig) souvent cantonnés aux tâches subalterne (notamment creuser des tranchées, ou des tombes).
- Il dispersa souvent ses troupes sur plusieurs objectifs simultanés.
- Il refusa tout recul de troupes alors que c'était nécessaire et encore possible. Le refus persistant d'Hitler de la reddition des troupes encerclées de von Paulus après décembre 1942 n'entre cependant pas dans cette catégorie d'erreurs. En effet, ces troupes étaient devenues perdues pour le Reich, et Hitler cherchait alors simplement à immobiliser des troupes soviétiques le plus longtemps possible, dans l'attente de la mise au point d'armes nouvelles susceptibles de lui redonner un avantage décisif sur le front Ouest (nucléaire).
- Il renforça les troupes de fantassins à Stalingrad avec des tankistes, lesquels firent ensuite défaut.

Il y eut aussi des grains de sable dans les rouages de la conquête allemande, pas seulement au sens figuré :
- Par temps sec : la poussière encrassait le matériel, qui ne pouvait être réparé rapidement si loin des bases.
- Par temps pluvieux, ou en période de dégel ("raspoutnitsa") : rondins et cadavres - les militaires ont l'esprit pratique - ne suffisaient pas à éviter l'embourbement.
- Le froid ne faisait pas partie des plans d'Hitler, puisqu'il avait programmé la victoire avant l'hiver : les soldats allemands n'étaient pas vêtus pour affronter de grands froids, ni leur matériel adapté.

La bataille de Stalingrad pourrait se résumer en une vaste boucherie, à l'image de celle de Verdun mais avec quelques dizaines de milliers de morts en plus (700 000 victimes à Verdun, de février à décembre 1916).
Fin août 1942, la Luftwaffe bombarda abondamment la ville avec ses occupants, militaires et civils (civils que le pouvoir tarda à évacuer, pour inciter la milice à défendre la ville). Richthofen (1895-1945, cousin du « Baron rouge ») qui participait au commandement de ces opérations était expérimenté en la matière ayant été chef d'état-major de la Légion Condor lors du bombardement de Guernica (avril 1937), puis commandant de cette force aérienne (1939).
Les soldats allemands étaient habitués aux combats à distance sur de grands espaces. Lors de l'assaut au sol de la ville, ils durent livrer des combats de rues, dans les ruines. Tchouïkov (1900-1982) avait ordonné à ses troupes de se tenir à moins de 50 mètres de celles des Allemands. A la mi-septembre 1942, les décombres de la gare centrale de Stalingrad changèrent quinze fois de mains en cinq jours !
L'aviation soviétique n'était pas aussi bien équipée que l'allemande. Les pilotes des U-2 russes attaquaient la nuit et coupaient les moteurs pour finir en vol plané avant de larguer leurs cargaisons de bombes, d'où les nombreux sobriquets donnés à cet engin : 'machine à coudre', 'moulin à café', 'serpent de garde', et encore 'bombardier de minuit'. Leur relatif silence était devenu aussi effrayant que le son des sirènes des Stukas allemands, avions surnommés les 'miauleurs', ou les'musiciens' par les russes. En face, les 'orgues de Staline', lance-roquettes multiples aussi appelés 'Katiouchas', participèrent aux 'concerts'…

En septembre 1942, sur proposition de Joukov (1896-1974) et du général Vassilievski (1895-1977), Staline décida de l'opération Uranus.
Il s'agissait de percer la ligne de front à plusieurs dizaines de kilomètres au nord de Stalingrad, de contourner les armées de l'Axe concentrées à l'ouest de cette ville puis de les encercler, afin de les couper de leurs approvisionnements.
Stalingrad et ses défenseurs servirent alors d'appât, mais cette ligne de front devait résister et les troupes de l'Axe demeurer contenues à l'ouest de la Volga. L'appât faillit être avalé, mais la ligne tint bon !
Les premiers combats de l'opération Uranus débutèrent dans la nuit du 19 novembre 1942, notamment par des attaques sur les bataillons roumains considérés comme maillons faibles dans la ligne de front. L'effet de surprise fut total. Hitler avait sous-estimé les capacités soviétiques de contre-offensive, et s'entêta à ne pas écouter les militaires présents sur le terrain. Côté russe, le secret des opérations avait été remarquablement conservé ; ils avaient même fait construire 17 faux ponts de franchissement sur le Don, pour détourner l'attention des allemands de la construction de 5 vrais ponts destinés à la contre-offensive en préparation.

Malgré les pertes, Uranus fut un succès pour les Russes.
La Sixième Armée de la Whermarcht dirigée par Von Paulus se trouva encerclée dans la 'Kessel' (mot allemand signifiant 'chaudron'). A la fin de 1942, cette poche mesurait environ 60 kilomètres d'est en ouest et 40 kilomètres du nord au sud, avec trois aérodromes, celui de Pitomnik en son centre et ceux de Goumrak et Stalingradski plus à l'ouest.
Les troupes de l'Axe étaient coupées de leurs bases arrières : nourriture, matériel, munitions, et carburant leur firent de plus en plus défaut, malgré la Pont aérien de ravitaillement (et d'évacuation des blessés) promis par Hitler. de fait le nombre d'avion reliant le « Kessel » à l'extérieur est resté très réduit au regard des besoins des troupes encerclées.
Avec l'arrivée de l'hiver 1942, le froid contribua à l'épuisement des troupes de l'Axe. Faute de combustible il devenait de plus en plus difficile de faire fondre de la neige ou de la glace. le nombre de soldats morts d'épuisement et de sous-nutrition augmenta. Les poux de multiplièrent. Les maladies infectieuses se développèrent (hépatites, dysentrie, puis typhus). Pour les blessés, l'évacuation était une rare chance de survie.

Cette guerre et la bataille de Stalingrad furent aussi psychologiques, avec une instrumentalisation de l'information.
Les autorités travestissaient la réalité auprès des populations, pour ne pas leur saper le moral. Les commandements militaires faisaient de même à l'égard de leurs troupes.
Tout soldat soviétique dénigrant l'action des autorités politiques ou militaires, ou déplorant simplement sa situation, pouvait être accusé de défaitisme, autrement dit de propagande fasciste, et condamné à mort pour ce motif (ou au Goulag, même si depuis longtemps l'application de cette dernière peine ne nécessitait pas de motif).
Après l'opération Uranus, les russes utilisèrent des haut-parleurs pour démoraliser les troupes encerclées de l'Axe, en passant des chansons nostalgiques rappelant leur pays ou de la propagande. Par exemple, ils diffusèrent des sons évoquant le tic-tac d'une horloge, ponctués de l'annonce « un Allemand meurt toutes les 7 secondes », ainsi que des messages incitant les soldats se rendre, leur promettant la vie sauve. L'envoi de tracts de l'autre côté de la ligne de front était aussi courant.

Ailleurs dans le monde (les forces de l'Axe était mobilisées, les forces de l'Axe piétinèrent aussi :
- en Afrique :
o en juillet 1942, les forces Alliées (britanniques en particulier) arrêtaient l'avancée des forces de l'Axe en Egypte (italiens et allemands) ;
o le 8 mars 1943, Erwin Rommel (1891-1944, suicide) - dit « le renard du désert » - quittait l'Afrique, et le surlendemain il demandait en vain à Hitler de retirer de ce continent ce qui restait de l'Africa Korps (Rommel fut ensuite affecté au renforcement du Mur de l'Atlantique, et termina la guerre sur la bataille de Normandie).
- en Europe de l'ouest :
o en novembre 1942, une semaine avant le déclenchement de l'opération Uranus, des troupes allemandes envahissaient le sud de la France ;
o le 10 juillet 1943, les forces alliées débarquaient en Sicile (opération Husky), ouvrant un second front pour celles de l'Axe.

Le 10 janvier 1943, les russes lancèrent l'Opération Cercle, attaquant les troupes de l'Axe au sud-ouest du « Kessel ». Celles-ci ne purent pas résister, en raison de leur épuisement et des manques de matériel, carburant, et munitions.
Le 16 janvier 1943, l'aérodrome de Pitomnik passait aux mains des russes. Après cette date, quelques parachutages de marchandises furent péniblement organisés pour les troupes de l'Axe.
Le 26 janvier 1943, le Kessel fut coupé en deux petites poches de résistance à Stalingrad.
Le 1er février 1943, le Maréchal von Paulus capitulait mais la poche dans le nord de Stalingrad résistait quelques heures supplémentaires.

Le 2 février la bataille de Stalingrad était terminée : elle avait causé 380 000 morts dans la Whermacht, et 490 000 côté soviétique.
Plus de 90 000 allemands furent capturés. Pour eux le calvaire n'était pas terminé : mal soignés, mal nourris, certains subirent les velléités de vengeance de russes ; la plupart des soldats allemands qui survécurent furent expédiés au Goulag. Seuls les plus hauts gradés furent regroupés dans un camp près de Moscou, où ils bénéficièrent d'un traitement de faveur. le Maréchal von Paulus fut libéré en 1953 (puis mourut en 1957).
Le nombre et sort des de Hiwis capturés par les soviétiques à l'issue de la bataille reste plus incertain : une dizaine de milliers fut soit exécutée, soit envoyés au Goulag.

Le 20 juillet 1944, des allemands organisaient un attentat contre Hitler, mais échouèrent.

Le 9 mai 1945, l'Allemagne capitulait sans conditions face à l'Union soviétique.

* * * * * * * *

Mon avis :

En avant-propos l'auteur explique qu'il s'est notamment appuyé sur des témoignages et des notes ou consignes, notamment des écrits de médecins militaires ou d'aumôniers côté allemand, et de Commissaires politiques côté soviétique.
Cet essai historique est écrit de manière très « journalistique » ; il est riche en informations et l'on ne s'ennuie pas à le lire. Quelques anecdotes me sont cependant apparues comme superflues dans un essai, comme la description du parcours d'une adolescente paralysée suite à un bombardement. La véracité de certaines citations de personnages connus reste en outre à démontrer, l'auteur citant ses sources globalement en bibliographie finale.
Le récit détaillé de certains mouvements de troupes et en outre parfois fastidieux, même si de nombreuses cartes aident à la compréhension (pages18, 86, 155, 340, et 396), et que le lecteur conserve une bonne vision d'ensemble.

Je vous recommande vivement ce livre qui se lit comme un bon roman.
Vous pourrez compléter cette lecture par celles de « Stalingrad » (roman de Théodore Plievier) et par les récits de Vassili Grossman, romancier abondamment cité par Beevor et présent sur cette bataille (« Vie et destin »).

Merci à Babelio et à l'éditeur (opération Masse Critique).
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le plus effroyable affrontement de la première guerre celle de 14,18 on peut de bon droit la caractérise par Verdun. le Verdun de 39!-45 c'est Stalingrad l, Allemagne a perdu la guerre a Stalingrad. du point de vue humain, ce fut le, une des pires épreuves que des hommes, de part et preuves de part et d'autre
aient jamais affrontées.
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Pour décrire la réalité, l'auteur ne se contente pas des grands faits politiques et militaires, mais, au prix de recherches longues et acharnées, il nous fait partager le point de vue des acteurs sur le terrain, même et surtout des plus modestes, qui sont aussi les sacrifiés.

C'est ainsi qu'il a utilisé les lettres à leurs familles des soldats soviétiques et allemands, les rapports des médecins et des aumôniers, ou les comptes-rendus d'interrogatoires du NKVD (la police de Staline) pour traduire la réalité des bunkers glacés, des usines ruinées du centre ville, plus tard des hôpitaux et des camps de prisonniers .

Il fait aussi un portrait détaillé des grands acteurs – les généraux allemands plus que les soviétiques, car le secret stalinien a dû tarir les sources sur la personnalité des chefs militaires.

Stalingrad, c'est un immense piège, d'abord pour Hitler, qui vient en décembre 41 de manquer sa cible, Moscou, et cède à la fascination du pétrole du Caucase : il s'enfourne dans le « chaudron » (« Kessel ») où il perdra la guerre en usant ses forces ;

C'est un piège surtout pour les combattants des deux bords , les jeunes soviétiques de tout l'Empire précipités dans le chaudron alors qu'ils sont à peine instruits militairement, et les allemands trop surs d'eux, et déjà coupables de crimes de guerre, qui vont être privés par leur encerclement des approvisionnements indispensables à la guerre moderne (essence et munitions). Tous sont en butte au froid, à la faim, aux puces porteuses du typhus, aux effrayantes attaques de chars, à la captivité sans limite prévisible.

Quelques chiffres : de juillet 42 à février 43, les russes ont enregistré autour de Stalingrad 485 000 morts, et les allemands 225000, alors que du 21 février au 19 décembre 1916, français et allemands avaient perdu respectivement 163 000 et 145 000 soldats tués à Verdun.

Beevor démonte les raisons de la victoire russe : le courage sacrificiel des soldats, et la mobilisation de l'appareil industriel soviétique, capable, par exemple, de produire, en 1942, 2200 chars par mois quand l'industrie allemande en sortait 500.

Donc un livre passionnant pour tous ceux qui s'intéressent à la Seconde guerre mondiale.

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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