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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore un livre de F. Begaudeau qui m'a plu.
Sur le fond, d'abord, l' histoire est intrigante et prend des allures de polar, tout en abordant sujets difficiles : le deuil, les névroses et psychoses, les relations humaines dans le milieu psychiatrique.
Le récit est bien mené, surprenant dans son déroulement, puisque l'énigme policière que l'on pense être l'aboutissement de l'ouvrage trouve sa résolution à mi-parcours. On comprend alors que le sujet est ailleurs, que l'intrigue est peut-être plus psycho-sociale que policière mais ce n'est que le début des rebondissements!...
Bégaudeau s'amuse beaucoup avec le lecteur, s'invitant même dans le récit, tout en restant cohérent dans le déroulement de l'histoire.
Sur la forme, fidèle à son style, F.B. nous enchante en jouant sur le rythme des phrases et élevant le niveau de vocabulaire pour atteindre un degré de précision inversement proportionnel à la lourdeur syntaxique que l'on serait tenté de lui attribuer.
Un bon livre, original, loin des clichés, qui invite à lire encore d'autres ouvrages de cet auteur
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François Bégaudeau, je l'ai rencontré à travers son roman "Entre les murs" et j'avais aimé cette écriture particulière, capable de transcender son empathie pour ses personnages. Car, même s'il parle parfois d'eux dans des termes moqueurs, on le sent vibrer pour ces jeunes au point d'adopter leur vocabulaire dans ses propos. Enseignante au moment de cette lecture, j'avais été admirative…
Là, c'est une toute autre histoire qu'il nous raconte. Dans "Molécules", Jeanne, infirmière dans un centre psychiatrique est découverte morte sur son palier, le visage lacéré de coups de cutter. On pourrait dire que nous avons affaire à un roman policier. En effet oui, il y a une enquête, oui nous assistons à des interrogatoires, oui nous sommes confrontés à des suspects et, oui, les policiers finissent par trouver un coupable : un ancien amoureux éconduit. Mais ne croyez pas que je vous livre la clé, car là n'est pas l'essentiel.
L'histoire est, en fait, le prétexte à une étude approfondie des personnages. François Bégaudeau ne s'arrête pas simplement sur les principaux – le mari, la fille... – il s'intéresse aussi à la concierge de l'immeuble, aux patients du centre, des êtres fragiles et différents, et à bien d'autres que d'aucuns qualifieraient de secondaires. L'écriture est jubilatoire qui permet de passer allègrement de la tragédie à la comédie et n'a pas son pareil pour nous faire vivre des scènes hilarantes "Au fond du parc, deux piquets orphelins et une raquette prise dans les fils électriques suspendus composent un reliquat d'activité badminton. Un vingtenaire s'égosille à expliquer à une femme deux fois plus âgée que jeter sa raquette en l'air n'est pas la meilleure méthode pour jouer." L'auteur emploie aussi nombre d'expressions "retoquées" à sa manière – "Le capitaine Brun ne dit mot sans consentir." "Hamza répond que justement la foi vient en priant". de la même façon, d'élégantes périphrases enluminent des réflexions pour le moins scabreuses "La pharmacienne ayant, comme déjà dit, gobé force queues, il semble imprudent de confier la direction de l'enquête à un officier de police judiciaire qui se trouve elle-même posséder une bouche susceptible de prodiguer des faveurs licencieuses à une partie conséquente de la population masculine." Et je ne parle pas du regard malicieux porté sur les forces de l'ordre, les juges et les experts…
Ce roman est décidément un régal de lecture où le loufoque se combine au poignant, l'absurde au raisonnable, l'humour à la gravité, le rire aux pleurs. du rire aux pleurs, c'est bien ça car jamais n'est exclue, malgré la légèreté apparente, une tendresse discrète à l'égard des éprouvés. Et, si je n'ai pas tourné les pages aussi vite que désiré c'est uniquement pour savourer les mots triturés en tous sens. Je ne peux terminer sans évoquer le plaisir ajouté tout au long du récit, à l'évocation de lieux chers à mon coeur, amoureuse que je suis de la ville d'Annecy.

www.memo-emoi.fr
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François Bégaudeau n'en finit pas de m'épater. Chacun de ses romans est, pour moi, un festival d'écriture qui me tient en éveil et stimule des neurones dont j'avais même oublié l'existence ! Prenez "Molécules" par exemple : à partir d'un fait divers sordide, le meurtre d'une infirmière par un amoureux éconduit, il parvient à nous rendre attentif à tous les personnages, de l'équipe d'enquêteurs à la concierge de l'immeuble. En glissant d'un point de vue à l'autre, il nous donne une vue générale et intime à la fois de l'enchaînement des évènements. Il ne s'agit pas là de pesantes analyses psychologiques mais de quelque chose de plus léger et plus grave, quelque chose qui donne à voir des êtres humains confrontés à une réalité dont ils ne maîtrisent rien.
En faisant rendre gorge à tous les clichés, tics de langage et autres constructions vides à force d'être routinières, l'auteur nous amène à reconsidérer le rapport à la fiction autant que les carcans langagiers dans lesquels sont enfermés êtres et personnages. Les registres et les genres sont dépassés et le choix des mots, leur agencement, nous font passer du burlesque à la tragédie sans dissonance, mais toujours dans la justesse la plus affûtée. C'est jubilatoire et plein d'émotions. Un régal !
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