Mémoires d'un jeune homme dérangé

"Beigbeder, un Vian des plateaux télé?"

"Mémoires d'un jeune homme dérangé", le premier Beigbeder que j'ai lu, m'a fait changer d'avis sur son auteur.
Avant, je pensais "c'est un dandy parisien élevé sur plateau télé, sans intéret". Après je pense "c'est un dandy parisien élevé sur plateau télé, capable d'écrire et de faire rire".
Ce livre rapporte les tribulations éthyliques et parisiennes d'un jeune homme de la haute et rappelle "Vercoquin et le plancton" de Boris Vian.
Pour un dandy éthylique et suffisant, c'est un coup d'essai superbe!!

Dans mon imaginaire collectif particulier et surtout personnel, Beigbeder est le descendant de Desproges. Ils trempent leurs plumes dans le même acide pour décrire la même société mais à une génération près.
J'aime quand ça mord, quand ça pique, quand ça gratte et quand ça n'entre pas dans les cases. Donc j'aime Desproges et par extension je vais aimer Beigbeder.
Ceci étant dit dans l'absolu, il me reste à m'étendre sur le particulier: ce roman.

La première moitié est à la hauteur des attentes cyniques (si vous n'en avez pas, passez votre chemin). la deuxième beaucoup moins. Est-ce si étonnant? Pas vraiment. L'amour ne sied pas à l'anticonformisme. Ou du moins pas aussi facilement. Aussi vaillant soit-il. Et ne pas l'assumer (ou à moitié seulement) ne s'en ressentira que plus sur la qualité de l'écriture qui à défaut de s'adapter (pas encore assez mature à l'époque pour ça peut être?), déclinera. Pour résumer je dirai que la seconde moitié est frileuse malgré ses bonnes intentions (des passages très inspirés).

Ca ne m'empêchera pas d'égrainer sa bibliographie que je suppose prometteuse (pour ma culture personnelle, je sais qu'il n'a plus rien à prouver en bien ou en mal!) au vue de ce début.

Beigbeder a beau verser dans une caricature outrancière du milieu archi-germanopratin qu'il semble fréquenter, ou du moins côtoyer, il parvient dans cet univers surfait à peindre admirablement des sentiments véritables, ici son sempiternel ennui suivi de la découverte du grand amour. Dans nos sociétés démocratiques, qui officiellement du moins n'ont pas abdiqué toute prétention à l'égalitarisme, il y a quelque chose d'un peu obsolète, et de carrément insupportable, à imiter les aventures de Rastignac chez les 1% d'aujourd'hui. Mais pourquoi serait-ce disqualifiant, quand cela se double d'un sens de l'humour aussi étendu, d'une telle maîtrise à la fois de l'autodérision et du canular - la scène du bal de Vienne est mémorable. Merci Fred, j'espère que tu réussiras à chambouler un peu l'Académie.

Mon 1er Beigbeder et le sien aussi.
Je ne le connaissais que par ses billets situationnistes sur France Inter ( en podcasts sur l'application de radio France) que j'ai tous écoutés par 2 fois tellement il me faisait rire, et par le film « 99 francs » de Jan Kounen qui m'avait bien plût.
Écrit en 1990, on retrouve bien cette ambiance techno club stupéfiante et je me suis laissé emporter dans ses folies mondaines sans modération.
J'adore son style qui circule à grande vitesse entre érudition et calembours suintants.
Houellebecq , Frédéric Dard résonnent dans la fête au petit matin.
Champagne ou vodka pour bien commencer la journée ?

Mémoires d'un jeune homme dérangé est le premier roman de Frédéric Beigbeder. Réédité il n'y a pas si longtemps de ça, c'est l'occasion de le découvrir.
Marc Marronnier est un fêtard. Et c'est aussi Beigbeder lui même. Il est en couple avec Victoire depuis longtemps et sait trés bien que c'est la fin et que l'un ne va pas tarder à quitter l'autre. Et dans une bibliothèque, il tombe sur Anne, dont il tombe tout de suite amoureux. C'est donc, sur 150 pages, l'histoire d'un véritable amour avec le style simple et direct de l'auteur. Pas de description ou d'information inutile, mais des descriptions de fait et des réflexions sur les relations de couples. Presque une ébauche de L'amour dure trois ans. D'ailleurs, les personnages portent les mêmes noms. Ça se lit vite, c'est drôle parfois, triste aussi de temps en temps mais ça redevient beau dés que l'amour reprend ses droits. Pour un peu, on pourrait dire que c'est juste la vie. Une bien bonne expérience de lecture.
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marc marronier faîtes connaissance avec un jeune vraiment pas comme les autres!!!