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EAN : 9782070363742
192 pages
Gallimard (26/04/1973)
3.71/5   254 notes
Résumé :
i les jeunes écrivains, il y en a quelques-uns qui, continuant la vénérable tradition qui prit naissance avec la Batrachomyomachie d'Homère, ne dédaignent point de temps à autre de faire "Ha, ha" (comme disait Fontenelle, très illustre vieillard, qui atteignit un âge avancé sans s'être jamais permis de rire) ou même "A, a" (comme le non moins illustre Bosse-de-Nage, cynocéphale papion et compagnon fidèle du docteur Faustroll. [...])
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Du grand Boris Vian, surréaliste à souhait, ce qui ne peut surprendre quand on sait que l'écrit fut confié à Raymond Queneau, alors directeur de la collection « la plume au vent » de Gallimard, qui trouva ce récit « très à son goût ». Hasard ou non, un des personnages principaux se nomme Zizanie, peut-être Queneau s'en sera-t-il servi douze ans plus tard pour baptiser Zazie, son héroïne du métro ?

Résumer … oui mais ? Est-ce bien utile ? car je pense que l'histoire fait office de ligne conductrice pour organiser le désordre et y greffer toutes sortes d'artifices littéraires.
L'ouvrage se divise en quatre parties durant lesquelles le Major prépare une surprise partie à la mode de 1945, qu'il tombe amoureux de Zizanie, qu'il s'ingénie à se débarrasser de Fromental de Vercoquin son concurrent, lui aussi amoureux de Zizanie, qu'il doit demander la belle en mariage à l'oncle de cette dernière, qu'il se retrouve engagé au Consortium National d'Unification ou travaille l'oncle. le roman se termine par une surprise-party comme on n'en connut jamais de mémoire de danseur.



La première partie est légère, comique, polissonne, on swingue, on boit, on se retrouve dans le baisodrome. On s'y met dans les situations les plus cocasses. Cette première partie est fort divertissante : comique généré par la surprise du lecteur, par l'absurde qui agrémente l'écrit : ajout d'éléments divers dans le décor, dans les objets du quotidien : bouteilles de Nansouk, cristal basané... dans les aliments : pyramides de gâteau, cylindre de phonographe, carrés magiques, hautes sphère politiques …,
la présence d'un mackintosh (imperméable) apprivoisé vient ajouter du comique de répétition tout au long des deux premières parties.
L'auteur y ajoute une sorte de guide hilarant sur la façon de se débarrasser de ses concurrents dont le major se servira sans scrupule.

Les deux parties centrales contrastent avec le début : lourdes, pénibles à lire, répétitives, et ce n'est aucunement un problème d'écriture de la part de Vian, au contraire, il le fait exprès : des pages et des pages de procédures, de paperasse administrative dans un univers de ronds de cuirs, de fonctionnaires soit zélés comme Miqueut (sous ingénieur principal), soit tire-au-flanc comme les autres, des réunions interminables pour ne rien dire et surtout ne prendre aucune décision, belle illustration de la lourdeur administrative, il faut également y voir une partie très autobiographique, Vian ayant travaillé pour l'Association Français de Normalisation.

Il paraît donc évident qu'il se moque ouvertement de l'administration : dans cette partie, le major se voit engagé pour monter un dossier sur les surprise-parties, tout cela pour obtenir de Miqueut, oncle de Zizanie, le consentement au mariage du major et de sa dulcinée. On notera que ce milieu de travail vient s'opposer au monde de fête et de distraction de nos héros.

Dans la dernière partie on swingue à nouveau, d'abord avec des gens sérieux, trop sérieux, puis dans un appartement ou l'on assistera à toutes les débauches possibles.

On remarquera les jeux de langage, les calembours dont l'auteur use et abuse, les nom propres qui subissent quelques changement ( Guère souigne), les allusions à certains auteurs (Corneille), ou encore la présence de personnages de l'entourage de l'écrivain : Claude Abadie dont il rejoint l'orchestre en 1942. Attention lorsqu'il est question de musique, de bien lire les titres des morceaux diffusés , il y a là de quoi se réjouir lorsqu'on lit par exemple : « Mushroom in my red nostrils ».


Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce roman, mais évitons de trop dévoiler et laissons de la place pour la prose des babéliotes.
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé l'un des mes auteur favoris capable de d'écrire du-grand-n'importe-quoi, révélant une parfaite maîtrise de la langue de Molière.


Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Un piano à queue, une trompette et quelques verres de cognac, les ingrédients nécessaires à la loufoquerie de la suprise-party du Major. Beaucoup de folie pour un peu de cognac, beaucoup de cognac pour un peu de folie. L'élixir des Charentes dansent devant le tourne-disque du Major, ses convives dansent autour du liquide ambrée, des déhanchements furieux pour sortir de leurs camisoles et du swing, de la valse, du bop, le jazz et la belle Zizanie. Il lui a fallu d'un regard d'un sourire, sur un air de jazz, pour que le Major tombe amoureux de cette sublime femme, d'une crinière brune et de jambes élancées qu'il écarte de sa trompette jouissive - oh pardon monsieur quel beau trombone vous avez-là. Et c'est chaud, c'est bon, c'est humide, ça coule dans la folie, dans l'absurdité, dans l'amour. le jazz c'est l'amour. L'amour c'est mon jazz.

"L'air sentait le diable et le cognac."

Boris Vian a la plume déroutante comme un air de jazz, la surprise-party se change en surprise-partie, et son amour pour la Zizanie se danse dans la patience. L'excentricité de la musique et du Major se marient bien ensemble, et devant ce spectacle de corps déchaînés et enchaînés dans la sueur de jambes en l'air, l'air du temps, un air de jazz, le souvenir du grand amour qui se joue au premier regard. Entre Boris et Vernon, j'ai toujours envie de te faire l'amour sur un air de jazz, air suave et moite sur le canapé ou les draps froissés, te voir jouer de ma trompette avec tes lèvres, te sentir coulisser mon trombone avec tes mains, et je te fais couler la chaleur de mon cognac dans ta gorge ou entre tes seins. C'est fou et totalement décalé comme l'amour, une nuit, un jour, toujours.

Le verre coquin et le troubadour, la folie de l'amour d'un amour fou.
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La Feuille Volante n° 1475– Juin 2020.

Vercoquin et le plancton – Boris Vian – Éditions Pauvert.
La Feuille Volante n° 1475– Juin 2020.

Vercoquin et le plancton – Boris Vian – Éditions Pauvert.

D’emblée, dans un « prélude » l’auteur, sous la signature de Bison ravi, un de ces nombreux anagrammes, avertit son lecteur « Vercoquin n’est pas un roman réaliste, en ce sens que tout ce qu’on y raconte s’est réellement produit ». On peut ainsi se faire une idée de la créativité de Vian, un peu comme l’avertissement qu’il formule dans « L’écume des jours »

Roman écrit en 1943, c’est à dire au plus fort de la guerre et de l’Occupation et publié en 1946 sous la houlette de Raymond Queneau.

Voilà donc le Major (Jacques Lostalot) personnage authentique de 21 ans qui marqua fortement notre auteur, qui donne une surprise partie dans sa maison de Ville-d’Aville et qui charge Antioche Tambretambre – peut-être Vian lui-même- de l’intendance, boissons, musique (jazz et swing) pour cette soirée. Ce sont les mêmes personnages que dans « Trouble dans les Andins ». Le Major va y rencontrer Zizanie de Houspignol et évidemment en tomber follement amoureux et ce malgré la présence de son compagnon et prétendant Fromental de Vercoquin et lors d’une deuxième surprise partie il se fiance avec elle .
C’est un récit où Boris se moque du travail répétitif, tatillon et sans intérêt qu’il effectuait à l’AFNOR (Association française de normalisation) puis à l’ « Office Professionnelle des Industries et des Commerces de Papier et du Carton » rebaptisés ici CNU (Consortium national d’unification) où travaille le sous-ingénieur Léon-Charles Miqueut qui est aussi l’oncle et le tuteur de Zizanie. Cette critique acerbe a quelque chose de délicieux et vaut son pesant d’absurde et de ridicule et rappelle le travail que Vian y effectuait mais qui a eu l’avantage de lui laisser beaucoup de temps libre au point que c’est dans ces bureaux qu’il écrira « L’écume des jours » et « L’automne à Pékin ». Le Major demande à Antioche de faire pour lui auprès de son oncle la demande en mariage mais à la suite d’un quiproquo le Major est embauché à la CNU pour normaliser... les surprises-parties. Vercoquin ayant eu la même idée il fallu donc désigner, à la manière de Boris Vian, le vainqueur de cette joute dont l’enjeu est Zizanie. Cela non plus ne manque pas de sel .
C’est surtout l’ambiance festive des « zazous », le mode d’emploi pour la drague en « surpat » comme on disait alors et la volonté des jeunes gens de sortir de l’ambiance de cette guerre en profitant de toute nouvelle liberté qui, au cas particulier, se décline en liberté sexuelle. Mais cela met surtout en évidence ce que Boris aimait, l’alcool, les voitures, les femmes, la musique, c’est à dire les passions de quelqu’un qui voulait profiter de la vie qu’il savait brève pour lui puisqu’il disait qu’il n’atteindrait pas 40 ans !
On peut se perdre en conjectures sur les significations de ce roman et y voir par exemple l’opposition entre deux modes de vie surtout au sortir de la guerre, entre deux générations ou peut-être la remarque personnelle de Boris lui-même à l’ultime fin de ce roman... à propos du mariage !
J’ai retrouvé avec plaisir, malgré cette histoire un peu loufoque, les jeux de mots, les calembours et les dialogues et les situations surréalistes que j’apprécie tant chez Boris Vian.




©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite




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Voici un roman que j'ai découvert il y a bien longtemps. Avant l'avènement des réseaux sociaux. C'est dire.
Mais je me devais, même des années après, lui rendre justice. Je suis d'ailleurs étonnée qu'il n'ait pas plus de lecteurs...
Je le recommande à toux ceux qui ont gardé une âme d'enfant, qui ont conservé une capacité d'imagination et d'étonnement, qui croient au merveilleux et à la magie de tous les jours. A ceux qui voient dans les nuages des dragons et des licornes. A ceux qui aiment la trompinette, les zazous, Saint Germain des Prés, l'Ecume des jours.
Bien entendu, il y aura des réfractaires, des imperméables à la fantaisie. Mon grand-père, cartésien et esprit de géométrie devant l'éternel ne pouvait pas piffrer Boris Vian.
Moi, à l'inverse, j'aurais adoré le rencontrer.
Bref, je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur le contenu, sauf que vous allez vous prendre des fous-rires. Je confesse avoir échappé de peu à une punition pour avoir été prise en flagrant délit de lecture de ce roman...en cours de mathématique. Mes comme quoi parfois les professeurs de mathématique peuvent être humains et animés d'une étincelle de fantaisie, cette enseignante de l'époque s'était contentée de me demander de reprendre ma lecture à la fin de son cours.

Alors faut-il le lire ? Oui. Grand oui. Parce qu'il n'y a pas que l'Ecume des jours dans la vie.
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Cette oeuvre de jeunesse de Boris Vian est un de ses chefs-d'oeuvre : si elle ne vise pas à atteindre la puissance dramatique de l'Ecume des jours ou de l'arrache-coeurs, elle se distingue en revanche par une vitalité étonnante et un souci d'écriture constant ; le roman, caractérisé par l'improvisation permanente et des surprises sans cesse renouvelées, se lit comme on écoute un très bon morceau de jazz, comme on se perd dans une fête foraine, comme on fait l'amour enfin - quand ça se passe bien. Chaque phrase est admirable ciselée, jouant sur deux, trois , dix plans de réalité. C'est d'ailleurs le thème du roman que la résistance de jeunes gens insouciants, préoccupés seulement d'amours aussi passionnées que fugaces, face à toute la bêtise, la violence et l'inertie du monde, depuis la toute-puissance bureaucratique jusqu'à la guerre évoquée en un inquiétant filigrane. Quelle chance que Vian ait pu écrire cette petite ode à la joie (même contrainte) dans sa jeunesse avant de sombrer dans son superbe pessimisme.
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Abadie jouait son grand succès : On est sur les roses. La joie des zazous était à son comble. Leurs jambes se tortillaient comme des ocarinas fourchus pendant que les semelles de bois scandaient avec force ce rythme quadritemporel qui est l'âme même de la musique nègre comme dirait André Cœuroy qui s'y connaît en musique à peu près comme le douanier Rousseau en histoire. Les beuglements sournois du trombone donnaient aux ébats des danseurs un caractère quasi sexuel et paraissaient issir du gosier d'un taureau égrillard. Les pubis se frottaient vigoureusement afin, sans doute, d'user ces projections pileuses, gênantes pour se gratter et susceptibles de retenir des parcelles d'aliments, ce qui est sale. Plein de grâce, Abadie se tenait à la tête de ses hommes et lançait un piaulement agressif toutes les onze mesures, pour faire la syncope. L'atmosphère se prêtant particulièrement aux déchaînements de la cadence, les musiciens donnaient le meilleur d'eux-mêmes et arrivaient à peu près à jouer comme des nègres de trente-septième ordre. Un chorus suivait l'autre et ils ne se ressemblaient pas.
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Enfin des disques, en hautes piles moirées à la surface de reflet symétriques et triangulaires, attendaient, pleins d'indifférence, le moment où, leur déchirant l'épiderme de sa caresse aiguë, l'aiguille du pick-up arracherait à leur âme spiralé la clameur emprisonnée tout au fond de son sillon noir.
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La venue de la nuit semblait accentuer la frénésie des zazous, gorgés de cognac. Des couples dégouttants de sueur parcouraient des kilomètres au pas de course, se prenant, se lâchant, se projetant, se rattrapant, se pivotant, se dépivotant, jouant à la sauterelle, au canard, à la girafe, à la punaise, à la gerboise, au rat d'égoût, au touche-moi-là, au tiens-bien-ça, au pousse-ton-pied, au lève-ton-train, au grouille-tes-jambes, au viens-plus-près, au va-plus-loin, lâchant des jurons anglais, américains, nègres, hottentots, hot-ce-matin, bulgares, patagons, terrafuégiens, et kohêtera. Ils étaient tous frisés, ils avaient tous des chaussettes blanches et des pantalons serrés du bas, ils fumaient tous des cigarettes blondes. [...]Pour mettre un peu d'entrain, il déboucha quelques nouvelles bouteilles et se versa une large rasade. Il rinça son œil de verre dans le fond de son verre, et, le regard plus brillant que jamais, s'élança vers une fillette.
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le Major descendit quelques marches, serra la main des deux arrivants et les introduisit dans le grand salon garni de couples qui s'ébrouaient au son de Keep my wife until I comme back to my old country home in the beautiful pines, down the Mississipi river that runs across the screen with Ida Lupino, le dernier air à la mode. C'était un blouze de onze mesures pointées où le compositeur avait habilement introduit quelques passages de valse-swing. Un disque de début de surprise-party, pas trop lent, entraînant, faisant suffisamment de bruit pour couvrir les rumeurs de conversations et de pieds agités.
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Dans le grand salon du Major, l'animation était à son point culminant. Le maître de ces lieux rentra, suivi d'Antioche et se dirigea vers le bar, car il se sentait sec comme un cintre de comité agricole.
Il se versa une orangeade, but, et cracha au loin un pépin d'héristal qui s'était glissé sous sa langue. Antioche se préparait un petit "Monkey's Gland" de derrière les fagots. C'était chaud. C'était bon. Ça sentait fort le polochon (comme dit Édith qui a un penchant pour les odeurs viceloques)
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Vidéo de Boris Vian
Lecture par Judith ChemlaDans le cadre du cycle de lectures « À voix haute », la comédienne Judith Chemla lit des textes de jeunesse de Boris Vian, dont la nouvelle Les Fourmis qui met en scène de manière grinçante le débarquement en Normandie. C'est l'occasion aussi de découvrir un Boris Vian moins connu à travers ses « ballades » et les lettres à sa mère.Lecture enregistrée le 4 mars 2024 à la BnF I Richelieu.
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