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Môôôssieur Beigbeder, ses états d'âme, son vit, son oeuvre ….
Frédéric Beigbeder jette des phrases sur la page blanche, des réflexions, des anecdotes, quelques infos sur sa vie intime, celle de ses amis ou de ses ex.
La vie de Beigbeder, écrite par Narcisse Beigbeder, car Môôôssieur aime se regarder le nombril, s'admire, se jette des fleurs, bat sa coulpe, exhibe ses états d'âme et ressasse son âge canonique de cinquante-cinq ans.
Heureusement cela est savamment saupoudré d'une bonne dose d'humour et d'auto-dérision. Je ne peux pas dire que cela m'ait intéressée, au moins dans les pages de Closer j'aurai pu espérer quelques infos croustillantes, mais là non, rien que du réchauffé...
Ce livre est le tome 2 d'Un roman français, ce n'est pas gênant car cette accumulation de paragraphes sans liens entre eux ne constitue en rien un roman, et si le tome 1 était du même acabit, ne pas l'avoir lu ne nuit pas à la compréhension…
Certaines phrases bien léchées sonnent comme des slogans publicitaires, d'autres m'ont fait rire, m'ont agacé par leur vacuité ou leur suffisance, certaines sont touchantes de sincérité ou poétiques, mais quand on intitule un livre roman, moi, j'attends bêtement une histoire, et là mon histoire, je l'attends toujours. Cette volonté de faire du name-dropping à outrance (de surcroît sans aucun intérêt pour les ignares comme moi qui doit connaitre un nom sur cinq, et encore), de régurgiter ses anciennes « gloires » et conquêtes, ça suinte l'angoisse du vieux jet-setter fatigué qui, loin des paillettes et des baignoires de champagne, se demande si la vie vaut encore d'être vécue alors qu'il nous a expliqué trois paragraphes avant, que ça y est, loin de Paris, il a atteint le nirvana. le lecteur se pince un peu pour y croire (ouch ! ça fait mal !)
Ce bouquin m'aura tout de même permis de faire connaissance avec Benoît Bartherotte, un étrange énergumène endémique du Cap-Ferret, qui par amour pour sa propriété déverse (sur ses deniers personnels) des tonnes de gravats pour que la pointe du Cap ne disparaisse pas engloutie sous les flots. J'aurai au moins appris un truc au sujet de cette star locale. Bon, allez cher Fred, arrête de gâcher ton talent, j'attends toujours mon histoire, moi !
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Face à la mer

À l'heure de jouer avec ses petits-enfants, Frédéric Beigbeder revient sur sa vie, ses amours, ses livres. Pour constater combien l'avenir est incertain. Ce faisant, il nous offre sans doute son livre le plus abouti.

Si les premières pages du nouveau roman du trublion des lettres françaises peuvent dérouter – il s'agit d'un alignement de phrases espacées de deux lignes et sans rapport entre elles pour bien les mettre en valeur – elles sont avant tout une habile manière de présenter son projet et l'endroit dont il parle. Oui, c'est bien l'écrivain devant sa page blanche, angoissé par l'exercice, mais aussi par le dérèglement climatique et la crise sanitaire, qui va tenter de donner une suite à Un roman français en allant chercher dans ses souvenirs. Des souvenirs qu'l convoque mot à mot pour en faire des phrases. Car oui, «une phrase est une phrase est une phrase est une phrase est une phrase». Un exercice sans cesse renouvelé, sans garantie de succès. Un peu comme le combat que mène jour après jour son ami Benoît Bartherotte en tentant de consolider la digue située au bout du Cap Ferret, afin d'empêcher l'Océan de submerger cette bande de terre où s'est installé l'écrivain. «Ce matin encore, plusieurs camions remplis de pierres sont venus déverser leur cargaison devant ma cabane, dans un fracas de tonnerre. Ce qui est beau dans ce combat contre la nature, c'est sa vanité.
Bartherotte est le Sisyphe gascon. Il préside l'ADPCEF: «l'Association de Défense de la Pointe du Cap Ferret». Chaque jour, il pousse son rocher vers le fond de l'océan. Et le lendemain, il recommence.»
Prenons donc un écrivain, ses angoisses et ce lieu peint par Thierry de Gorostarzu, le «Edward Hopper basque» et dont il avait acheté l'oeuvre, et tentons d'en faire une histoire. En commençant par le commencement.
«Je suis né près de Paris en 1965 d'un père chasseur de têtes et d'une mère éditrice de romans d'amour. Vers l'âge de six ans, mes parents ont divorcé et j'ai été élevé par ma mère avec mon grand frère. Pourquoi le divorce est-il un événement si grave? C'est pourtant simple à comprendre: les deux personnes que vous aimez le plus au monde ne s'aiment plus.» À l'heure du bilan, il écrira: «Mon père a été maladroit, blessant, absent, égoïste, et pourtant Je ne cesserai jamais de l'admirer. Ma mère a été aimante, protectrice, présente, altruiste, et quand je la vois, je fais de gros efforts pour ne pas suffoquer.»
Après une scolarité assez rectiligne, dont on retiendra les batailles de marrons dans les jardins du Luxembourg et la découverte de l'amour plus que du sexe, la présence de célébrités – ou en passe de passer à la postérité – à la maison et le besoin de faire la fête, l'aspirant écrivain va finir par trouver un boulot sérieux dans une agence de publicité, comme le souhaitait son père, avant de devenir chroniqueur, notamment pour le défunt magazine Globe.
Avec lucidité, Frédéric Beigbeder comprend qu'il n'a cessé toute sa vie à s'attacher à des hommes plus âgés, «que ce soit mes patrons, ou des mentors, des modèles que je considérais comme des pères de substitution, et qui m'ont servi de guides: Denis Tillinac, Philippe Michel, Bruno le Moult, Thierry Ardisson, Jean Castel, Jean-Claude Fasquelle, Edmond Kiraz, Jean-Marie Périer, Michel Denisot, Alain Kruger, Jean-Yves Fur, Michel Legrand, Daniel Filipacchi, Albert Cossery, Paul
Nizon.… Benoit Bartherotte. Je suis un enfant qui veut qu'on l'adopte.
Toute ma vie je me suis cherché des maîtres, comme un chien abandonné.» Et aujourd'hui qu'il fait partie de ces êtres plus âgés, qu'il a fondé une famille et n'aime rien tant que de réunir sa tribu, il se rend bien compte du chemin parcouru. Un itinéraire bien loin d'être rectiligne, mais qui a nourri autant l'homme que l'écrivain. Un paradoxe qu'il résume ainsi: «j'ai fui l'embourgeoisement en choisissant une vie d'artiste, critiqué mon milieu d'origine, fréquenté des gauchistes, renié ma famille et mon milieu social, flingué tous mes employeurs (l'agence de publicité, la télévision, la radio) — tout cela pour finir par épouser une Genevoise, vivre à la campagne dans le même village que mes grands-parents, fonder une famille à où mes parents se sont mariés et écrire au Figaro. Je me suis vacciné contre la curiosité.» Mais pas contre la peur du lendemain. C'est donc comme le chante Calogero
Face à la mer
C'est toi qui résistes
qu'il nous livre son livre le plus écrit, le plus abouti. Celui d'un honnête homme.


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Alors maintenant, Môssieu Beigbeder fait des phrases…
Ça n'est pas comme ça que vous réussirez dans la vie Monsieur Beigbeder !

Le monde se sépare en deux camps : les boomers qui ayant la référence à la pub précédente, adoreront Un barrage contre l'Atlantique ; et les autres qui l'apprécieront aussi, même sans avoir la référence.

Alors bien sûr, il y aurait bien un 3e camp, celui de ceux qui ont depuis longtemps classé Beigbeder dans la catégorie « escroc littéraire récidiviste ». Mais à ceux-là j'opposerai toute ma mauvaise foi légendaire, ma subjectivité revendiquée et même une certaine indifférence assez peu feinte.

Car le monde se sépare en deux camps : ceux qui pensent qu'il faut condamner les escrocs ; et ceux qui pensent qu'un escroc de tel niveau a forcément une part de génie. J'appartiens à celui-ci. Et il n'y a pas de 3e camp possible.

Car comment ne pas voir du génie chez quelqu'un qui fonda autrefois le Caca's Club et surtout, cite le Eight Ball Deluxe comme son hobby principal ? Tu ne connais pas le Eight Ball Deluxe ? Same player shoot again ! Retourne immédiatement au 2e paragraphe de cette chronique.

Le monde se sépare en deux camps : ceux qui se retrouveront totalement dans cette chronique qui évoque si peu le livre chroniqué ; et ceux qui le regretteront.

À ceux-là, je dirai que ce livre n'est dans sa première partie, que du blanc entrecoupé de quelques phrases, dont une sur dix tient du génie. Moi, ça me suffit. Puis les phrases se resserrent au fil des chapitres, les blancs se réduisent avant de disparaître, la pensée s'élève. Parfois.

Le rappel des frasques du passé ranime l'étincelle de l'auteur-boomer devenu père, rangé de la capitale et de ses péchés capitaux. Ermite temporaire sur le bassin, Beig s'interroge sur le temps qui passe, sur la solitude, sur ceux qui suivent face à ceux qui luttent et, hommage à Duras, sur ses femmes (mère, maîtresses, femme, amies, filles…) qui l'ont sauvé. Et sur l'époque.

Le monde se sépare en deux camps : ceux qui prennent les livres de Beigbeder comme des objets indépendants les uns des autres. Et ceux qui ont compris que chez lui comme chez d'autres, c'est l'ensemble de sa production qui fait sens, livre après livre.

J'en suis et c'est pour cela qu'il lui sera beaucoup pardonné…
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Ce que j'ai ressenti:

Je vais écrire des phrases. Des phrases, collées les unes aux autres. Quelque chose de concret, qui fasse bloc. Un bloc qui pourra être une énième bloc, pareil à ceux que pose inlassablement Benoît. Un bloc pour aider la digue Bartherotte, un bloc de mots, un bloc de phrases qui donnerait sens à ce rêve fou de préserver un petit endroit de paradis. Une pierre à l'édifice. Parce que j'ai cru à la sincérité de Frédéric Beigbeder, quand il m'a vanté ce bout de terre, quand il s'est retrouvé face à lui-même, face à ce tableau, face aux éléments, face à la page blanche. J'ai cru et je veux voir, de mes propres yeux, ce lieu qu'il a fait resplendir. Peut-être que ce sera un nouveau Cap…Ce livre est un constat rétrospectif, une série de questionnements et des vagues de nostalgie. Un pont étroit vers la maturité, aussi. Tout n'était pas reluisant, mais, c'était touchant, la mise à nu, le bleu, la mélancolie, l'émerveillement…Qu'est-ce qu'on perd ou gagne à écrire, à regarder l'état alarmant du monde, à se (dé)battre contre ou avec les éléments? Est-ce que ça laissera des traces? Est-ce que nos souvenirs vont laisser quelque chose de beau, d'utile, pour le bonheur des autres? Est-ce que écrire des phrases fait reculer la mer, la vieillesse, l'inéluctable? Est-ce qu'elles sont puissantes, ces phrases? Est-ce qu'on est totalement seul, quand on fait le choix de l'écriture? Est-ce que les livres nous survivent? Est-ce que l'océan prend tout: les pêchés, les peines et les espoirs? Comment on fait barrage? Avec quoi? Peut-être, aurez-vous les réponses en lisant ce livre…J'ai aimé, pour ma part, le style, l'effort, la forme, le stupéfiant addictif des phrases. Certes, il y a beaucoup de désillusions, de déceptions, de peurs, on ressent toute la déferlante d'angoisses qui s'en vient avec le confinement et l'introspection. Mais c'est une jolie réflexion sur nos agissements en tant qu'humains, sur ce qu'il va rester de nos (in)actions, une fois, qu'on n'y sera plus, tous, parce que la nature reprendra ses droits…Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir laisser aux générations futures? Est ce que tout va s'écrouler dans la fente noire? Les phrases, les regrets, les barrages, le néant, la famille, les amitiés?…Je ne sais guère, j'espère que le blanc ne va tout envahir, je me voudrais ardente, et toutes les Phrases de Frédéric Beigbeder me donne le courage, au moins, d'essayer…J'ai adoré ce voyage et la destination, je jette alors dans l'océan, comme promis, ce bloc de phrases. La douceur de mon ressenti…Foutue pour foutue, autant s'y accrocher, à ce barrage contre l'Atlantique….Une plongée intéressante dans cette rentrée littéraire 2022, que je vous recommande!
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Dans la première partie l'auteur nous livre un exercice de style : après chaque phrase, non seulement il va à la ligne mais en profite pour en sauter une (ligne) tout en demandant au lecteur s'il va supporter encore longtemps l'exercice ! ce qui se révèle assez jouissif, en ce qui me concerne bien sûr !

Progressivement, les phrases s'allongent, les sauts de ligne se sont font plus rares, on est entré dans le vif du sujet, c'est-à-dire la vie de Frédéric Beigbeder : réflexions autour de moi-même, mon nombril, ma petite personne : sa famille, ses relations avec se mère, les femmes de sa vie, sa sexualité… C'est la partie du livre qui m'a le moins intéressée.

Mon histoire est celle d'un homme qui a tellement tout tourné en ridicule qu'il ne sait même plus comment retrouver le sérieux.

Peu à peu, le ton cesse d'être ironique, désabusé, laissant apparaître au grand jour les fragilités de l'homme qui s'interroge sur la Vie en général, la Terre qui va mal, à cause de l'homme, chez cet adulescent en proie au syndrome de Peter Pan et au départ de sa fille aînée pour vivre sa vie, ce qui lui a brisé le coeur. Refaire un enfant quand la cinquantaine approche, (entre parenthèse, quand on l'âge de devenir grand-père) c'est une manière de rester un éternel ado.

J'ai aimé la manière dont Frédéric Beigbeder compare la vie et un barrage contre l'Atlantique, des digues à ériger sans cesse pour se protéger, de soi et des autres, de la Nature qui reprend ses droits ainsi que les phrases vibrantes consacrées à Laura Smet, sa famille et sa vie compliquée, qui a partagé sa vie durant un temps, à la manière de Oona et Chaplin.

Ce livre pessimiste et mélancolique m'a bien plu, malgré quelques velléités de laisser tomber quand l'auteur tournait trop autour de la sexualité (la sienne en fait) car je partage en grande partie sa vision des choses sur l'inexorabilité de la disparition de la civilisation actuelle, en même temps que la montée des eaux qui fera disparaître les côtes telles que nous les connaissons, et ce n'est pas le dernier rapport du GIEC qui va nous restaurer une once d'optimisme. La littérature pourra-t-elle nous sauver ?

Petit hommage à Bartherotte, monarchiste, au passage, qui lutte contre l'enlisement proche du Cap Ferret, que l'auteur compare aux Pays-Bas, sous le niveau de la mer, dans son énergie à combattre en érigeant digue après digue… Comme l'écrivain qui construit son oeuvre phrase après phrase.

Ce livre entre en résonance avec le roman de Marguerite Duras, que j'ai lu il y a très longtemps, cette famille qui se bat pour construire un barrage pour sauver sa terre de la puissance des vagues du Pacifique, comme Don Quichotte et les moulins à vents, dans un combat presque perdu d'avance.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur que j'ai très peu lu en fait : j'ai beaucoup aimé « Oona et Salinger » et j'aimais bien, jadis, son émission littéraire car l'homme m'est sympathique, il suffit de ne pas trop se limiter à son côté provocateur pour ne s'intéresser qu'à ses fragilités…

Si le sujet abordé et la manière de l'aborder m'ont plu, le côté victimisation m'a parfois énervée, bémol qui explique la note…

#UnbarragecontrelAtlantique #NetGalleyFrance !

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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J'avais assez aimé « Un roman français », autobiographie que j'avais trouvé plutôt touchante.
Et bien là, il nous redit la même chose mais sous une forme différente.
Pendant le confinement, il trouve refuge chez un ami pour écrire ce livre.
Cet ami, c'est Benoït Bartherotte, propriétaire de 44 hectares au Cap-Ferret.
Tiens donc ! On a les amis qu'on peut !
Pendant que des familles étaient entassées dans de petits appartements.
J'ai bien aimé la première partie qui parle des phrases.
D'ailleurs, dans ce livre, toutes les phrases sont séparées par un espace
« Les blancs qui entourent les phrases leur donnent une majesté, comme le cadre autour d'un tableau »
Et c'est vrai.
Les 64 pages de la première partie sont assez innovantes et augurent d'un bon bouquin.
Et puis voilà que tout s'effondre.
On a droit aux lamentations d'un pauvre petit garçon riche.
Ses parents divorcés, les filles qu'il a séduites et celles qu'il n'a pas pu......., celles qu'il n'a pas su garder.
Les soirées jet-set pas toujours satisfaisantes.....
Ses relations toutes célèbres.....
Un véritable déballage personnel sans grand intérêt.
C'est impudique.
C'est vraiment dur d'être riche et célèbre.
Voudrait-il qu'on pleure sur son sort ?
Qu'on compatisse quand la majorité des français n'arrive pas à joindre les deux bouts ?
En dernière partie, les scènes se déroulant au Cap-Ferret m'ont carrément écoeurée.
C'est un milieu qui semble plus décadent que privilégié.
Les révélations sur sa vie avec Laura Smet sont indécentes et ne nous regardent pas.
Et en plus, pour justifier les actes des millionnaires du Cap-Ferret, il nous fait de la morale écologique.
Je n'ai donc pas aimé ce livre.
Trop de nombrilisme, de parisianisme, de complaisance sur soi.........
Et malgré tout je n'en veux pas à Frédéric Beigbeder, j'éprouve même une certaine sympathie pour lui.
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J'ai été surprise au départ, de trouver une suite de phrases, sans forcément de lien entre elles. Une succession de réflexions voire d'aphorismes, nés du confinement.
C'est très personnel et intime, et pourtant j'y ai vu comme une portée universelle. Et pourtant je suis loin d'être comme Beigbeder, d'avoir une vie similaire ou de penser comme lui. Mais j'ai été touchée par ses mots. J'ai particulièrement apprécié la construction de son texte. Il y a comme une sorte de fil rouge avec la construction de la digue de Bartherotte au cap Feret, fil rouge qui finit par densifier le texte, jusqu'à une forme finale plus classique.
Je l'ai vraiment lu comme une sorte de journal post confinement, un retour en réflexion sur la vie, sur l'amour, sur l'écriture.
Un moment intime et intelligent, universel et sans prétention, public et pédant aussi. Un texte équilibriste et réussi pour ma part.
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Frédéric Beigbeder, en sa qualité d'auteur, est pour moi très difficile à cerner. Ses livres sur la littérature sont brillants et démontrent ses vastes connaissances en la matière. Ses romans ont été innovateurs au tournant du siècle; je pense en particulier à « 99 francs ». Hélas, ses récits autobiographiques sont souvent très nombrilistes et c'est aussi le cas de ce Barrage contre l'Atlantique, sous-titré « Un roman français, tome 2 ». Et en effet, l'auteur reprend de nombreux sujets déjà abordés dans « Un roman français », son enfance, son éducation, sa jeunesse avec tous ses excès.

Beigbeder a écrit son récit pendant le confinement, qu'il passe au Cap-Ferret, chez son ami Benoît Bartherotte, cet homme d'affaires au passé plutôt « agité », qui s'est fixé comme but d'ériger une digue pour tenter de protéger la pointe sud du Cap-Ferret de l'inondation inéluctable et l'avancée de la mer, exemple moderne du travail de Sisyphe. La première partie du livre est essentiellement consacrée à Bartherotte et à son objectif. Désoeuvré et confiné, Beigbeder voit dans le travail de Bartherotte l'illustration de la catastrophe écologique qui se rapproche à pas de géant de l'humanité. C'est à mes yeux la meilleure partie de tout le livre, pour lequel Beigbeder a d'ailleurs choisi de laisser deux lignes vierges après chaque phrase, choix qu'il explique longuement dans cette première partie.

Hélas, l'auteur retombe dans ses travers dans les 200 pages restantes de cet ouvrage. Alternant l'humour, le cynisme et la mélancolie, un style qu'on lui connaît bien, il évoque en détail ses jeunes années, le divorce de ses parents alors qu'il avait à peine six ans, sa scolarité difficile, son adolescence en pleine période de la libération sexuelle, ses habitudes dans les clubs libertins, ses amours et amitiés au sein de la jet-set parisienne.
En d'autres termes, rien de vraiment nouveau.

Décidément, je préfère le Beigbeder chroniqueur et littéraire et en tiendrai compte à l'avenir.
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Frédéric Beigbeder fait partie de ces personnalités publiques qui divisent. En effet, sa manière d'être et ses prises de position radicales ont pu donner des boutons à certains. A une époque, sa surmédiatisation a même fait oublier qu'avant ça, il était d'abord un écrivain, et pas des moindres. D'ailleurs, ce nouveau récit est annoncé comme la suite d'« Un roman français » qui lui avait valu le Prix Renaudot en 2009.

Aujourd'hui, l'auteur vit retirer du monde des stars. Il a fui la tempête parisienne pour s'isoler dans la quiétude du Sud-ouest. Il a pris un peu de recul et regarde cette époque avec sagesse. Au détour des pages, il revient sur son enfance, ses parents, ses années d'excès, sa relation avec Laura Smet. On prend du plaisir à croiser des personnages connus qu'il nous présente dans des situations incongrues. Arrivé à l'âge mûr, il se livre et nous donne aussi sa vision de la société présente et à venir.

Sur la forme, il a décidé d'être original, en séparant chaque phrase de deux interlignes. Cette mise en scène donne à chacune d'entre elles une existence propre, en dehors de la masse. On peut ainsi hacher sa lecture pour admirer la force d'une formule.

Sa plume parfois acérée, parfois poétique est toujours au rendez-vous mais est maintenant au service de sa rédemption. Il reconnaît ses erreurs et nous gratifie de passages émouvants et mélancoliques. On découvre alors une bienveillance qui lui va bien. Mais rassurez-vous, il a gardé tout de même sa verve et son impertinence légendaires, qui donne le sourire et de l'énergie au texte.

« Un barrage contre l'Atlantique » se déguste avec délectation. Par petites bribes, il dévoile une nouvelle facette du personnage Beigbeder et confirme le talent de ce grand écrivain qui dérange. Si vous n'êtes pas fan, ce roman peut vous réconcilier !
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Un exercice (qui ne manque pas) de style !

La forme comme l'âme de fond.

L'auteur, dépressif, en plein confinement covidien, trouve refuge à la pointe extrême du Cap Ferret et s'adonne au jeu (je) de rédiger  un livre atypique constitué de phrases décousues séparées entre-elles par deux lignes blanches dans l'espoir de trouver la phrase ultime sublimement entourée…de vide.

Seul l'espace est-il vide ?

La phrase comme une presqu'île jeté au travers d'une espèce de cadavre exquis tel un aqueduc, un ponton, une digue!

De cette digue s'aidera-t-il pour retenir des souvenirs engloutis ou cédera-t-elle pour que déferle en cataracte sa mémoire débordante ?

Digue est cette longue langue de terre qui s'abîme au Cap Ferret fermant le bassin d'Arcachon et qui donne son titre à ce court ouvrage un peu vaseux, naturelle bande de terre sablonneuse qui aurait encore mieux fait son office d'hommage si elle s'était étendue, lascive comme avec un amant, jusqu'à la pointe du Raz.

Après quelques pages d'hésitation (hésitation pronostiquée par l'auteur que j'ai failli envoyer valser), je me suis finalement laissé emporter un temps par ses déferlantes, à la force variable et inégale, l'irritation initiale de la forme trop prégnante temporairement noyée par quelques envolée de haute volée.

Une lecture comme une divagation, une vision trpuble de la lointaine silhouette incertaine d'une frêle embarcation mal amarrée embarquée par la marée depuis la grève.

Une idée chasse l'autre comme la rafale refoule le nuage, mais, puzzlées sur le blanc papier, elles finissent par prendre corps et tramer un récit sans qu'il soit question d'un roman, récit ancré sur la langue landaise de contraste comme sont encrés les noirs mots sur le blanc papier.

Quelques tics poétiques qui pile tombent à pic après le toc micmac dont on se moque (la barbe de l'auteur par exemple) forment cet hétérogène complexe littéraire de l'hétéro décomplexé littérateur, un brin ego, un brin mégalo, un brin poseur aussi.

De Gaule et Daho, Venise et New-York, disco et covid, des duos improbables chantent les louanges de l'auteur contrit d'avoir perdu ses souvenirs qu'on trie, involontaire, pour ne garder en mémoire parfois qu'évanescentes  futilités.

Une confession sans concessions, une collection de compressions du temps passé, des feuilles noircies au stylo, ramassées à l'appel où père et mère à l'aura dégradée en prennent pour leur grade, amants et maîtresses y défilant comme fantassins au pas le 14 juillet.

Plume au vent océanique, l'auteur peopolisé depuis des lustres éclaire ses années mortes à la lueur chancelante de son parti pris stylistique, enfilant aphorismes et sentences comme perles de pluie venues d'un pays où il ne peut pas voguer à ses souhaits sur ses vagues médiatiques confisquées pour cause de confinement.

Dépression creusée au dessus d'une cabane de pêcheur dans le golfe de Gascogne, déplaisir solitaire ou intellectuelle forme masturbatoire de l'autobio jetée en pâture au gré des pensées anarchiquement surgies à l'assaut d'un cerveau assombri par les neurasthéniques cumulonimbus.

Il tente aussi de nous culpabiliser pour consommer des produits à fort indice carbone après nous avoir raconté ses frasques commises dans tout les coins de la planète, lancé à des vitesses inconsidérées, mais après tout, est-il à un paradoxe paroxystique près ?

Oscillation sinusoïdale d'un intérêt bousculé par l'alternance d'un fond captivant mis à mal par une forme agaçante puis d'une forme captivante mise à mal par un fond agaçant.

Une lecture en demi-teinte finalement, un noir et blanc en multiples nuances de gris, les gris de l'aigri romancier nombriliste, pauvre petit gosse riche doué, il faut l'avouer, pour manipuler la langue, pas seulement celle de terre qui fait un barrage contre l'Atlantique en face de la dune du Pila et qu'un utopiste amoureux des lieux endigue au quotidien, Don Quichotte des temps modernes qui lutte contre le moulin des marées auquel la dernière partie de l'ouvrage s'intéresse avec bonheur.

Mon premier Beigbeder, pas impatient d'en ouvrir un second !!!
 
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