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Ma deuxième lecture de l'immense Tahar Ben Jelloun est le reflet romantique et grandement poétique de la première que fut La plus haute des solitudes.
Tahar Ben Jelloun, à la première personne de la voix du narrateur, emmène le lecteur dans cet enfer de l'immigré venu vendre sa force de travail.
... Et c'est une suite de mornes jours peuplés d'ombres citadines et de nuits remplies d'images obsédantes... La sexualité est réduite à une portion sordide, congrue et utilitaire.
Sur cette misère affective et déracinée, planent comme de sinistres oiseaux, la mort et la folie.
Dans ce tunnel d'éternel hiver, de constante obscure grisaille, surgissent tout de même quelques lumières rares et précieuses telles une lettre ou une amie.
... Et le narrateur d'exprimer , même, un axiome final surprenant, profond et emplis d'une impossible sagesse.
Un beau livre, à prendre le temps de le lire, donc.
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Perle, parle Poète !
J'entends hurler tes souffrances
Que tu colores de filaments
De projection fantasmée !

Je suis ton support de rêves.
Accrochée,
Ecorchée sur ton mur de solitude,
De misère qui t'enserre la vie.

Tirée à un million d'exemplaires
Je suis ta folie poétique
Qui s'épanche,
Toi l'astre exilé,
Arraché à ta terre natale.

Tu as égaré ton âme
Dans cette ville métallique
Qui te nie,
te rend transparent,
Inexistant !

Je suis ton vestige enfui
Dans ton souffle.
Tu me tisses de tes mots
D'adoration,
De plaisir,
De tes quêtes charnelles.

Tu erres entre rêve et frustration,
Tu frissonnes l'exile,
Tu embaumes la nostalgie,
Tu m'enfermes dans tes songes sauvages,
Tu me racontes tes manques.

Je suis cette femme évanescente
Qui ne dit mot,
Qui absorbe,
Accompagne,
Comprend.

Tu me pares de ta passion brûlantes
Qui n'atteint point mon coeur de papier.

Tu me transporte dans le froissement de ton désir,
Tu m'enflamme de ta tendresse
Qui enserre tes plaintes,
Tu me couvres de tes nostalgies surannées
Qui secoue malgré tout ma peau de papier !

Je suis La Femme
Qui te sauve
Projection de ton ardent
Désir de vivre …
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Ennemi lepeniste, lis ce livre et aie honte.
Un peu violent comme entame, oui c'est vrai mais beaucoup moins que certains discours haineux des adeptes de la blonde à 20% (moins 20% de matière grise pour les rasés de l'intérieur).

J'ai eu du mal au départ avec cette lecture. J'ai même arrêté après quelques pages, posé le livre en me disant que je le reprendrai un jour, peut être.
Misère sociale, psychologique et sexuelle qu'ils disaient en 4e de couverture. Ca m'a gavé de lire à toutes les pages que le narrateur avait la verge molle, puis dure (ce sont des choses qui arrive pour le bonheur de tous en principe) puis re molle pis qu'il se la touche pis qu'il se la frotte. Bon la misère sexuelle, il y a peut être d'autres manières de l'exprimer que de raconter des branlettes (j'exagère à peine). En fait ce qui m'a gavé le plus je crois que c'est le mot « verge ». Queue bite ou autre, oui, mais verge… trop « médicalisé ». Bref, j'ai laissé tomber rapidement.
Quelle erreur !!!
Je l'ai repris avant-hier pour aller à la plage (oui il fait toujours beau en Bretagne sud même si l'eau est encore un peu fraîche). Je me suis retapé les verges (c'est une image hein^^) et, prévenu à l'avance, elles sont mieux passées (si je puis dire).
Tahar Ben Jelloun raconte la vie d'un de ces déracinés « importés » comme du bétail, comme de la marchandise à bas cout, dans les années 70 pour construire nos citées, nos routes, nos conforts…
Parqués dans des hôtels miteux, dans des foyers, la notion de regroupement familial n'était pas à l'ordre du jour (et n'y est plus aujourd'hui pour tant de monde…).
Boulot, solitude, exclusion, désoeuvrement, une journée type bien remplie qui recommencera le lendemain. Entre souvenirs et fantasmes le narrateur nous fait vivre ses angoisses et ses espoirs…

« Toi, la larme que le nuage bleu déposa sur l'horizon, où es tu ? Je t'ai vu naître et grandir dans le champ de mes pensées. Tu chantais joliment faux l'aube entre mes mains. J'oubliais l'usine, la fatigue. le regard des autres touchait à peine ma peau. J'étais devenu tout petit. Je marchais sur la tête pour te dire la folie ; nous avons ri. Les miroirs ont dansé sur nos corps. L'oeil mouillé descend sur la joue, enroulé dans un ruban mauve. Ce fût là mon sanglot, lourd et entier. Ce sanglot séparé de mon corps est une boule de larmes solidaires qui emportent l'oeil et la peine. Pierres taillées par le temps. L'orbite lavée se remplit de rires qui se bousculent pour me donner la joie qui manque ; l'herbe douce pousse sur les bras.
Écoute-moi encore un soleil ou un quartier de lune. Ecoute ma hantise, tissu de la nuit ; écoute la peine qui éclate en petits morceaux de rire et de chants. le travail me sépare de la vie ; la nuit m'exclut du songe. »

Et puis ces lettres bouleversantes à « l'image », fille sur papier glacé placardée sur le mur, ce mur qui se fissure au fil des pages, comme se fissure la résistance à la résignation de l'homme « invisible ».
Lettres aussi peut être parfois aux espoirs de vie meilleure, aux délires, aux souvenirs…

D'une vie triste et de situations sordides, Tahar Ben Jelloun a su ne pas sombrer dans le glauque.
Il en a fait une sorte d'introspection sans concessions servie par une poésie fiévreuse, une poésie présente à chaque page, à chaque ligne. du grand art.

Je m'étais dit que ce serait mon premier et mon dernier Ben Jelloun, j'ai changé d'avis. J'ai du retard à rattraper et je compte bien m'y mettre rapidement car il y a dans cette écriture magnifique, l'émotion que je recherche dans un texte, la profondeur, la poésie, enfin quelque chose qui me parle peu importe comment on l'appelle.

« Se faire aimer et voir naître la tendresse d'un arbre qui gouverne avec ses branches.
Je suis l'arbre et la caresse.
Je suis l'oeil de l'arbre dressé dans la nuit où mon corps mendie le toucher d'un regard, le toucher d'une main.
Etre aimé de l'herbe, d'un chameau ou d'une gazelle. Je ne te chasserai pas dans mes territoires. Je te donnerai à boire du fond de ma folie. J'ai du miel au fond des yeux. J'ai de l'huile d'argan dans mes phrases. J'ai des figues dans mes silences éclatés. Viens de la terre ou d'un simple nuage peint. Viens du ventre de la chamelle ou d'un conte dit le soir des dunes. Viens sur la nacelle que j'ai dessinée. La mer sera tendre, faite de sentiers légers et d'écume bleue.
L'insomnie d'hiver me sépare de toi. Ma tête se pose sur une botte de foin. Elle est légère et pâle. J'attends le vent qui l'emportera. Mon rivage n'a pas d'horizon. Il se couche sur la route gardée par les serpents. La douleur regagne un ciel saigné. Elle me libère à l'aube. Des nuages s'agenouillent. Et toutes les images envahissent le lit, laissées par la nuit qui s'est retirée, surprise par un matin d'urgence ».

Merci monsieur Ben Jelloun.
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Désormais, plus que sur la valeur littéraire de cette petite oeuvre d'un auteur unanimement (peut-être même excessivement?...) célébré, il est opportun de se pencher sur son originalité à l'époque de sa parution (1976). Étant donc parmi les toutes premières oeuvres de la littérature migrante française, elle garde intacte son importance, d'autant plus que, dans ses contenus très abstraits, c'était à l'époque une véritable découverte que de se pencher sur la migration en termes d'une cause pathologique de solitude, surtout sexuelle. Autre originalité pour la littérature française, issue directement de la littérature arabe, fut l'insertion de vers dans un tissu narratif en prose.
Jugez de la primeur du texte rien que par cette citation: "Je vais te dessiner l'itinéraire d'un expatrié..."! Qui prétendrait tenir ce langage désormais?
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« Il n'y a pas lieu d'être optimiste ou pessimiste.
Mais il y a un territoire où on vous dépose comme un sac de sable, du sable fin mêlé de cristaux de sel et de désespoir.
Alors les mots…»

Cette histoire, c'est l'histoire d'un homme.
Non, c'est l'histoire de maints hommes, de trop d'hommes, de femmes et d'enfants aussi. Différents.
Comme le chêne et le hêtre qui cohabitent dans la forêt.
Comme le feu et l'eau sans quoi rien ne serait.
Comme le blanc et le noir qui dansent ensemble sur le papier.
Oui, ces différences-là. Celles qui sont partout. Celles qui font que le monde tient debout. Encore.
Des Déracinés d'abord, que l'on prend, que l'on use et que l'on jette, comme des kleenex.
Des Méprisés ensuite, sur qui l'on crie, sur qui l'on crache, sur qui l'on se déchaîne tout son soûl.
Des Oubliés enfin, qui ne sauraient mieux vivre qu'en ne sachant être.
C'étaient eux hier, aujourd'hui toujours, demain peut-être.

Cette histoire, c'est aussi l'histoire d'une image.
Non, c'est l'histoire d'une montagne d'images dont trop glissent et disparaissent.
Cette histoire est un chant, une complainte, celle du martin-pêcheur qui s'aperçoit que sa rivière n'est plus aussi giboyeuse pour des raisons qui le dépassent et qu'il va devoir s'en aller s'il veut pouvoir nourrir les siens et perpétuer son espèce.

Un homme, d'ailleurs, de la violence, du mépris, de la honte, une image…
Je crois que tout y est.
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La réclusion solitaire de Tahar Ben Jelloun se lit à tête reposée et par petits morceaux : l'auteur traite de manière brumeuse mais poétique la déchéance d'un homme et le risque à repousser les gens. Un beau livre mais loin d'être mon préféré de cet auteur.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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