Est-il possible d'être à ce point bouleversée par un roman ??????
C'est un peu comme si mes 35 années de lecture n'avaient eu comme seul et unique objectif que de me préparer à cette lecture-là, et aucune autre ; comme si cet amour des mots, qui s'est développé avec le temps et au gré des rencontres littéraires, ne m'avait porté que vers cette auteur-là, cette
Jeanne Benameur…
Tout y est, le style et la poésie dans le style, l'histoire et la poésie dans l'histoire, les personnages et la poésie dans les personnages, tout est poésie dans ce roman, tout est juste, de cette justesse intime que je ne peux trouver qu'en poésie : ce qui parle à cet « enfoui », comme si la conscience n'était qu'un vecteur, un lien entre deux « puissances » plus importantes, dans un dialogue qui échappe totalement à la partie consciente de mon être mais qui la fait s'effondrer, tout de même… : j'ai pleuré toutes les 5 pages, c'est dire, surtout que c'est la première fois que ça m'arrive.
Alors quoi ? Faudrait-il tenter de décortiquer, de dire l'indicible ????
Faudrait-il résumer l'histoire, la condenser comme pour une quatrième de couverture, en quelques mots maladroits, maladifs ?
Quelques mots qui ne diraient rien…
Rien que ce qu'on peut lire ailleurs, ce vieux bonhomme de 90 balais qui voit la mort s'approcher et qui a besoin de « finir » avant la fin, de boucler certaines boucles comme on dit. Rien que ces 4 personnages qui gravitent autour de lui, à sa demande, parce que pour finir, il a besoin de recommencer…
Rien que ça, parce que l'essentiel dans ce roman, n'est pas dans l'histoire, ni dans les personnages, ni dans le style : il est dans le lien entre les choses, entre les temps, entre la vie et la mort, cet ouvrage est en lui-même un lien, c'est en cela qu'il est Poésie, poésie sans métaphore, exceptionnel donc, juste là dans la lenteur des gestes et le dos qui se courbe, juste là dans l'économie du dialogue, juste là dans le suspend de temps…
5 étoiles c'est bien peu pour un livre de cette qualité-là… babelio devrait rajouter un symbole « exceptionnel » : je m'en vais de ce pas l'inclure dans mes livres pour une île déserte !