AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 12 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Claude est une femme parmi d'autres, un mari, une fille née d'un précédent mariage, une jolie maison, un boulot agréable, tout irait bien pour elle si elle ne se posait pas des questions sur son identité et le sens de tout cela. Lorsqu'elle s'installe à la terrasse d'un café parisien, elle s'essaie à une scène semi érotique afin d'attiser le regard de l'homme assis en face. C'est que pour Claude, être une femme n'est pas si simple. Lorsqu'il faut préparer les repas, nettoyer la maison, faire les courses, être la mère, l'amie, l'amante de son mari, elle peine à se retrouver et à être pleinement épanouie. D'une scène aux abords de la séduction devant une tasse de thé, Claude va tester un nouveau genre, c'est comment d'être un homme ?
Un fantasme que j'avoue habiter depuis longtemps en moi pour le simple plaisir d'assembler la partition parfaite d'un homme après avoir vécu dans un corps de femme. L'idéal pour être séduit comme on en rêve, compris comme on l'attend. Pas une mince affaire dans ce monde décalé entre les hommes et les femmes.
On a ici affaire à un roman ultra féministe, la femme est en effet à l'honneur, un vrai déballage qui renverse les clichés, qui bouscule les codes et imagine une femme avec un pénis ou un homme portant un enfant, oui, oui, ça décoiffe, ça détonne. Un roman déroutant, plutôt bien écrit, bien pensé, original et plaisant. La seconde partie m'a beaucoup plus attirée, sous la forme d'un road-movie, Claude va faire la route avec une camionneuse, elle verra du pays et surtout redessinera le monde avec Ricky aussi désopilante que sensible.

Un roman bon chic bon genre, rempli de séduction, d'érotisme et qui donne la part belle à toutes les femmes.


Commenter  J’apprécie          804
Inès Benaroya nous propose avec «Bon genre» un roman qui casse les codes en mettant en scène une femme qui se comporte comme un homme. Qui s'offre du sexe sans états d'âme, qui jouit de son pouvoir… À la fois cru et jubilatoire!

C'est l'histoire d'une femme qui a réussi. Un gros salaire dans une grande entreprise, des missions d'importance, une voiture de fonction. Elle est même quelquefois invitée par son patron sur son yacht. Une belle maison, un mari conciliant, une fille bien sage. À moins que leur couple soit déjà usé, maintenant qu'elle atteint la quarantaine.
Et c'est là que le bât blesse. La vie de Claude est trop lisse, trop prévisible, trop minutée. En s'accordant le droit de prendre un verre à la terrasse d'un café, elle se laisse aller à aguicher un homme en écartant les jambes pour lui monter ses sous-vêtements rouges. En se levant, ce dernier lui laisse un court message «J'ai aimé ce que vous m'avez offert. À demain».
Commence alors le début d'une double-vie pour Claude qui va profiter de quasiment tout son temps libre pour s'offrir du sexe. du sexe sans sentiment, un peu à l'image du projet Prométhée qu'elle est chargée de suivre, fermer une usine centenaire avec deux cent employés, sans oublier les sous-traitants pour la santé financière du groupe. Côté sexe aussi, elle se trouve un nom de code, Crystal, la femme entreprenante qui va à la chasse aux hommes comme le ferait un homme. Un moyen de se sentir forte, libre. Et faire voler en éclats les règles de bienséance qui l'enserraient dans un carcan bien trop serré à son goût. C'est cru – forcément – mais c'est le reflet de cette boulimie qui va entraîner petit à petit Crystal à prendre davantage d'importance que Claude. Au point aussi de creuser le fossé qui la sépare de son mari, de sa fille, de sa mère ou encore de son amie. Mais peut-être est-ce le prix à payer pour gagner son indépendance?
Avec une parfaite maîtrise de la tension dramatique et une bonne dose d'humour, Inès Beneroya nous offre une réflexion acide et survitaminée sur les codes du genre, sur la place de la femme, sur la notion de pouvoir dans un couple. Quand une équipe de journalistes vient faire le portrait de la businesswoman qui a réussi, Claude se prête volontiers au jeu. Mais après avoir répondu aux questions, elle se met à écrire l'interview alternatif, répondant à des questions telles que «Est-il facile de donner son corps à des inconnus?» ou encore «Pouvez-vous nous faire partager votre état d'esprit? Ce qui vous passe par la tête à ces moments-là?»
Les réponses pourront vous surprendre, mais elles sont dans la droite ligne de cette initiative aussi périlleuse qu'exaltante, aussi risquée que salvatrice. Au point d'oublier Crystal pour faire naître la vraie Claude. Qui vous surprendra sans doute encore davantage!

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          311
Un roman déroutant. La vie de Claude ? Une autoroute, plein gaz et plein phares. Femme d'affaire efficace, épouse modèle et mère méritante. Un jour, elle met le clignotant au hasard, elle prend un chemin audacieux, elle envoie un signal fort et réjouissant (qu'on ne dévoilera pas ici). D'aucuns appelleraient ça un écart de conduite. Pour Claude, c'est le début du renouveau. le livre d'Inès Benaroya est l'odyssée intime d'une femme qui renoue avec sa vie, ses désirs et sa vraie nature. Elle le raconte avec retenue mais sans pudeur. Oui, c'est possible ! En bousculant les codes du genre, en se mettant dans la peau d'un homme, en faisant fi des sexes pour ne retenir que l'urgence du corps. C'est le miracle paradoxal de ce livre, indispensable antidote aux atermoiements misogynes de Houellebecq et à toute cette littérature dite « pour femme » qui s'englue dans la niaiserie. « Bon genre » est chic et choc, un coup de griffe ou plutôt, un coup d'ongle, finement verni. À souligner la deuxième partie de ce roman, road movie moderne qui rejoue Thelma & Louise avec une camionneuse émouvante et irrésistible. J'ai été bluffée par ce roman. Pourtant, le point de départ avait de quoi me faire craindre le pire (du convenu et de la banalité) : une femme dans la force de l'âge qui trompe son mari. Grâce au talent de l'auteur, on s'immisce aisément dans la psyché de cette femme, Claude, naufragée volontaire de son existence parce qu'avide d'une liberté absolue et qui donc, ne tolère pas le compromis. C'est quand on a tout perdu, quand il n'y a plus rien à gagner que la liberté s'impose. le grand consentement du détachement et de l'abandon. « Bon genre » est le pendant romanesque de l'indispensable éloge de la fuite d'Henri Laborit. Un roman fort et féminin donc, une grande et belle surprise.
Commenter  J’apprécie          250
"Et si elle lâchait le gouvernail ? Et si elle arrêtait de lutter, ne plus rien donner mais prendre, intercepter le réconfort quand il se présente, à portée de main la chaleur d'un corps anonyme, mettre en pièces ce qu'elle a mis tant d'ardeur à édifier, à quoi bon les privations, les renoncements, plus elle en fait, moins elle en a. Où va la vie quand on la laisse aller ?"

Ça fait longtemps qu'elle assure, Claude. Qu'elle carbure au boulot, gros poste, seule femme du comité de direction, bras droit de confiance, trajectoire ascendante, pas trop regardante sur les méthodes, il faut bien avancer. Qu'elle carbure à la maison, elle a même composé une deuxième famille, qu'elle soutient pendant que monsieur "startupise" et que grande fille regarde plus souvent du côté de ce qu'elle n'a pas... Alors que se passe-t-il soudain ? Ces envies incontrôlées. Sexuelles. Cette double vie débridée qui se met en place presque à son insu, comme un dédoublement de personnalité. Façon d'épuiser la rage qui l'envahit, d'éviter de la retourner contre ses proches ou même contre elle. Oui, elle assure, Claude. Comme un homme pourrait-on dire si les féministes n'étaient pas passés par là. Se pourrait-il qu'à force d'assurer, elle se soit complètement perdue ?

"Le matin, elle se réveille avec la haine chevillée au coeur. Combien coûtent la générosité des uns, l'altruisme des autres ? Elle est prise au piège entre les psychés comptables et la peur, surpuissante, maître absolu du jeu. Peur du regard de chien battu de son père ou de celui de Paul, insupportable monsieur Loyal, peur de dire je t'emmerde, je vous emmerde tous, et toi aussi ma fille, sacrilège ultime. La peur est l'énergie la plus dévastatrice de ce monde. Peur d'être seule, vieille, détestée".

C'est l'histoire d'une femme qui ne sait plus qui elle est, à force de jouer les rôles que la société attend d'elle. Et de trop bien les jouer. C'est une histoire moderne, trop moderne, une histoire d'asphyxie qui aboutit à une forme singulière de burn-out. Inès Benaroya mène la danse d'une écriture rythmée, à la fois directe et précise, cadencée, pleine de violence mais également d'indulgence pour son héroïne. Une écriture, un rythme qui m'ont rappelé Maria Pourchet. C'est aussi une histoire qui invite à lâcher prise, à se reconnecter avec soi-même, à se débarrasser des scories qui brouillent les perceptions et parfois même les valeurs. Surtout les valeurs. Celles qui font de vous un être humain, respectueux des autres.

J'ai beaucoup aimé péter un plomb avec Claude, tout quitter et laisser faire une impulsion, un bout de hasard, une rencontre, partir pour un road-trip improvisé et complètement improbable. Rencontrer Ricky la camionneuse-tatoueuse. Jouer sur les attributs masculin-féminin. Et au bout de la route, se rencontrer soi-même.

Bonne pioche ce Bon genre.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          120
En bousculant les codes, le roman d'Inès Benaroya chahute et interroge le lecteur. Il y est question de la notion de genre, de quête d'identité, de liberté et d'inégalités entre les sexes. Et à travers eux, les relations avec l'autre, en l'occurence le mari, l'enfant, les parents, le frère, les collègues, des inconnus… des histoires de pouvoir de domination de place de rôle d'influence de responsabilité d'obligation… ainsi qu'une réflexion sur ses propres envies idéaux et désirs, manques peines et défaillances.

Claude, au prénom épicène révélateur, se rend compte soudainement d'un mal-être. La femme qu'elle est devenue l'exècre. Pourtant en apparence, sa vie est dorée : elle a très bon job, une maison arty chic, un mari, une fille de dix-huit ans née d'une première union. Mais elle semble s'être perdue en route. Claude régente son travail sa famille le cancer de sa mère, elle organise et planifie. D'une façon mécanique et avec froideur. Pas le temps de se poser, de réfléchir, d'écouter. Connaît-elle vraiment son mari, sa fille? Est-elle une bonne épouse une mère aimante une gentille fille une soeur bienveillante? Et qu'en est-il de sa féminité, de sa sensualité, de sa sexualité…?

Elle s'éteint, elle étouffe, elle glisse.

Le déclic se fait un jour, à la table d'un café, en terrasse. Elle voit arriver un homme, éprouve une irrésistible envie de le séduire …et se dit « Si j'étais un homme (…) comment ferait un homme? » Alors Claude devient Crystale, son double, son inverse. Elle se grime, change de peau, charme. Elle ose, dispose. Les hommes défilent. Mais la liberté tant recherchée n'est qu'un leurre ici. Elle ne supporte plus ce personnage créé de toute pièce.

Elle ôte la perruque de Crystale. Et quitte aussi sa vie d'avant. À la recherche d'une Claude authentique, elle fuie.

Sur une aire d'autoroute, elle erre. La portière d'un camion est ouverte. Elle se glisse à l'intérieur, se dissimule, se fait toute petite et attend le départ. Rouler vers une destination inconnue. Fuir pour se retrouver. Reprendre son souffle. Apprendre à respirer.

Le camionneur est une femme. Une femme qui envoie valser les genres. Une femme qui deviendra une amie une confidente. Une femme tour à tour forte et fragile, lumineuse et sombre, lucide et rêveuse. Ensemble, elles voyageront sur les routes d'Europe. Un parcours initiatique pour Claude.

Un roman épatant, une écriture sur le fil, des personnages mouvants, des sentiments complexes, une quête identitaire, une soif de liberté.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
Commenter  J’apprécie          113
Claude la quarantaine est une working woman par excellence. Elle est la numéro 2 de sa boîte, le bras droit du patron. Tout lui réussi : famille, mari Paul doux et aimant, sa fille née d'une précédente union, adolescente qui se cherche, sa meilleure amie un brin fofolle mais toujours présente pour elle.
Hélas, ce qui est là par dessus tout : l'ennui. Claude se réveille, se révèle avec des désirs ardents jusque là tabou dans sa vie de femme rangée...

Une héroïne qui est une Don Juan en jupe tailleur et qui vit ses pulsions sexuelles jusqu'au bout... A en sacrifier le reste ? Va t'elle se (re)trouver avec les siens, elle-même ? Assumer ses choix et vivre de ses envies ?
Commenter  J’apprécie          40
Claude est une femme entière qui pète un câble et envoie tout valser, ses codes et valeurs, sa vie perso, sa vie pro, tout. Elle se libère de tout ce qui l'emprisonne. Puis elle fait une rencontre inattendue, et vit une aventure, au sens le plus littéral du terme, qui la remet sur les rails de SA vie. Je ne m'attendais pas du tout à la seconde partie du livre, ni à la fin, qui sont parfaites.
🔸
J'ai dévoré ce court roman rapidement, happée par la vie de Claude, jubilant lorsqu'elle prenait le pouvoir, vivant avec elle, rêvant avec elle. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le livre au début, l'écriture d'Inès Benaroya me rappelait celle de Louise Desbrusses dans "L'argent, l'urgence" (de 2005 et qui est génial, j'y reviendrai probablement), en moins maîtrisée. Mais une fois le rythme pris on suit le récit avec délectation. Au-delà d'un aspect féministe grisant présent dans tous le livre, j'y ai aussi trouvé beaucoup de poésie et une sorte de fantasmagorie étonnante.
🔸
Je compte lire d'autres bouquins d'Inès Benaroya, et j'espère être surprise de nouveau. "Bon genre" est fait pour vous si vous cherchez une surprise pour le #petitmoispetiteslectures
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (34) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
563 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}