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Ulysse est lecteur dans une petite maison d'édition au bord de la faillite.
Il a lui-même écrit un roman.
Suite à un mail mystérieux, il rencontre un certain Achille, handicapé au physique monstrueux et devient son ami.
Cette amitié peu commune modifie quelque peu le cours de leurs vies.
Ah ce n'est pas une écriture plate et sans relief !
Je suppose que la traduction n'a pas du être chose aisée.
Ça fuse dans tous les sens.
Ça fourmille de situations rocambolesques.
Ça grouille de mots et de phrases, de références mythologiques.
Et de ce fouillis incroyable naissent de beaux sentiments, une incroyable sensibilité.
C'est cru parfois, souvent.
Mais c'est tendre et sentimental en même temps.
Sous des dehors hurluberlus c'est plein d'imagination, d'humour, de philosophie,
C'est truculent, décalé, ça réveille.
Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que ce livre doit énormément séduire les lecteurs masculins.
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Écrire est une étrange aventure et publier en est une autre. ..

Alors, quand on s'appelle Ulysse Insulaire, qu'on est un écrivain contrarié et un ĺecteur peu motivé de la Forge, une maison d'édition menacée de faillite, dirigée par un certain Vulcain, qu'on ne peut pas écrire, qu'on est dégoûté de lire les scriptodactyles fastidieux des auteurs en souffrance, il est à redouter que la belle odyssée littéraire et éditoriale se transforme en un triste voyage sur place.

Même le pays semble sans avenir, gangrené par la corruption, les affaires, les scandales et dirigé par Forco, un Duce toujours entouré de maffieux inquiétants, d'industriels cupides et d'avocats véreux. Derrière les inventions verbales à la Vian et la fantaisie sauvagement iconoclaste de la narration, on reconnaît très vite l'Italie berlusconienne dans ce pays qui a "vendu sa diversité, sa merveilleuse bâtardise, son sang multicolore".

Seuĺs espoirs pour tirer Ulysse de ses rêves éveillés d'insomniaque dépressif: les femmes. Surtout une, Pilar-Pénélope, une BTLSPS- beauté typiquement latino sans permis de séjour- , qui ouvre ses bras généreux à Ulysse, entre deux manifs de soutien aux ouvriers licenciés, aux go-go girls exploitées, ou aux immigrés refoulés, sans rancune pour ses multiples infidélités -il y a une Circé assez irrésistible qui lui fait du gringue au bureau...

Pauvre Ulysse, polygame polythrope qui comble sa soif de voyage dans des performances érotiques qui achèvent de l'épuiser!

Mais la vocation d'Ulysse n'est-elle pas de rencontrer des monstres? Un monstre! Voilà qui relancerait vraiment le voyage!

C'est bien à cette définition que correspond Achille, que sa mère a dû"tremper dans la mauvaise baignoire" puisqu'il n'est invincible qu'au talon.

Achille est monstre à tous égards : physiquement, intellectuellement, moralement et sexuellement. Sans doute la vie qui lui a fait si peu de cadeaux lui en a-t-elle fait un, considérable : rencontrer Ulysse, qui est son Patrocle, son double complémentaire.

Pendant une semaine fervente, violente, pleine comme un oeuf, ces deux-là vont tout vivre et tout partager par procuration! Et jusqu'au bout.

La fable politique, les jeux poétiques, les fantaisies érotiques, les débordements baroques parfois débridés cachent mal le vrai sujet de ce livre étonnant, surprenant, attachant : la découverte de l'Autre, cet Alien qui effraie, qui dégoûte, qui repousse d'abord, mais qui se révèle, avec un peu d'empathie et de patience, un Semblable, un Frère.

Les rencontres successives et l'amitié avec Achille ont été pour moi la pierre philosophale sortie de tous ces alambics. J'y ai retrouvé- et c'est un compliment- la fascination que m'avait procurée la lecture de Jérôme: ( L'enfance de Jérôme Bauche) de Jean-Pierre Martinet ou celle de la Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole- la même empathie violemment contradictoire provoquée par un personnage radical, Achille, Jérôme ou Ignatius, un "affreux, sale et méchant" dans la tradition d'Ettore Scola, avec de gros morceaux de tendresse dedans!

La fin, plus convenue, en forme de happy end éditorial et littéraire m'a un peu déçue. Mais pour son inventivité verbale, sa parodie du poème homérique, et surtout pour Achille piè veloce lui-même -son nom en italien- il faut lire ce livre plein de sarcasmes et de douleurs, entre le fou-rire et les larmes.
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Achille, écrivain trentenaire et lecteur de manuscrits pour une petite maison d'édition au bord de la faillite, mène une vie plutôt monotone. Seule sa relation aléatoire avec Pénélope, une « B.T.L.S.P.S » (beauté typiquement latino sans permis de séjour) éclaire un peu son quotidien. Tout va changer quand il recevra un mail d'un certain Achille, sorte d' « elephant man », tapi au fond d'un appartement avec lequel il va nouer une amitié intense faite d'humour et de sincérité, mais aussi de perversité et de souffrance…Le début du roman nous raconte la vie d'Achille au jour le jour, mais aussi les aspects les plus aberrants de la société italienne : c'est désopilant ! Mais, sans accusation explicite, S. Benni écrit un pamphlet sans concession d'une Italie qu'il refuse (mafia, scandales politico-financiers, vagues de licenciements, rejet des émigrants…). Au fil des pages, l'humour devient plus discret pour évoquer la relation entre Ulysse et Achille et ses conséquences. S.Benni a un monde bien à lui (dont il faut peut être chercher la clef dans la tradition littéraire italienne ?) Fables fantastiques, farces burlesques, du rêve « physiologique » au rêve éveillé, ses personnages passent du monde réel à un monde onirique qui n'est pas sans me rappeler Pirandello dont certains héros dérivent parfois vers le rêve pour tenter d'échapper à l'aliénation de la condition humaine.
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Ulysse travaille dans une maison d'édition, et, dès lors qu'il lit des manuscrits, est assailli par des rêves étranges.
Bien que vivant une histoire d'amour passionnelle avec Pilar/Pénélope, une splendide sud américaine, il lui arrive de céder aux avances érotiques de Circé, la secrétaire.
Un étrange mel un jour le mène à rencontrer Achille, gravement handicapé, cloué en fauteuil roulant. L'amitié qui les unira est faite d'échanges philosophiques et de bouleversants tête-à-tête.
Curieuse prose que celle de Stefano Benni, mêlée de clins d'oeils à la mythologie, de situations cocasses, de poésie, de tragédies et de fous-rires.
C'est parfois un peu trop déjanté, un peu trop énorme, mais vraiment à lire!
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Sous des dehors d'anar désabusé et satirique, le narrateur noue une amitié d'abord virtuelle puis improbable avec un jeune homme hydrocéphale cloîtré chez lui devant son ordinateur. Un chef d'oeuvre de délicatesse et de pudeur, une réflexion sans poncifs sur la solitude liée au handicap
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Je me réjouissais de dévorer ce roman que je guettais depuis un certain déjà. J'aime beaucoup les univers que Stefano Benni tisse avec sa magnifique écriture et je me suis plongée avec délectation dans ce petit roman où les choses du quotidien prennent une couleur fantastique et les situations deviennent des combats épiques. La trame de l'histoire me semblait alléchante aussi. Et pourtant, la mayonnaise n'a pas pris. Malgré de magnifiques moments, je n'ai pas du tout adhéré à ces échanges parfois philosophiques, certes, mais finalement peu poétiques. Ce qui m'a le plus dérangée c'est que, suivant l'air du temps, l'auteur à traiter l'amour de manière essentiellement pornographique - l'érotisme étant plus subtil - et je trouve cela non seulement peu original et vulgaire, mais plutôt insultant. Dommage.
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Hilarante adaptation de l'Odyssée, dans une Italie contemporaine aux individualismes déchaînés.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2014/11/30/note-de-lecture-achille-au-pied-leger-stefano-benni/
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N°896– Avril 2015

ACHILLE AU PIED LÉGER – Stefano BENNI – Actes Sud.
Traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli.

Achille est un jeune écrivain peu inspiré et en mal de chef-d’œuvre. Pour survivre s’est fait lecteur dans une petite maison d'édition du nom de Forge, par ailleurs au bord de la faillite à cause de la concurrence. Elle est comme il se doit dirigée par Vulcain (d'emblée de ton est donné). Il a aussi le malheur d'être insomniaque et quand il parvient enfin à dormir, il rêve que les auteurs qu'il est obligé de lire dans le cadre de son travail le poursuivent. Sa vie n'est donc un calvaire tout juste ensoleillé par son amour pour Pilar-Pénélope, une BTLSP, comprenez « une beauté typiquement latino sans permis de séjour », une plantureuse jeune fille très courtisée, ce qui ne l'empêche cependant pas de répondre aux avances de Ciré, la secrétaire de la maison d'édition. Après tout il y a pire comme situation même s'il pouvait espérer mieux pour lui sur le plan professionnel. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes, selon l'expression désormais consacrée, jusqu’à ce qu'Ulysse reçoive un courriel envoyé par un certain Achille qui souhaite le rencontrer. On est déjà en pleine mythologie antique et cela ne fait que commencer ! Sauf que le Achille en question n'a rien d'un valeureux guerrier, ressemble à un monstre cloué sur un fauteuil roulant, rongé par la solitude, constamment plongé dans une pièce obscure. Il ne connaît rien de la vie, ne connaît l'amour qu'en imagination et ses rares rapports aux autres sont faits de violence. Quant à Ulysse, il n'a rien de commun non plus avec le personnage d'Homère, c'est plutôt un anti-héros un peu ballotté par les événements. Pourtant, malgré ces apparences peu engageantes, un marché va être conclu entre les deux hommes que tout oppose : Si Ulysse lui raconte ce qu'il veut écrire sans être capable d'y parvenir, Achille sera sa plume, révélant ainsi une parfaite complémentarité entre eux. Achille vivra donc par procuration et trouvera ainsi un sens à son existence. Ainsi la vie de chacun va être transformée. Une amitié va naître entre eux mais une amitié dérangeante à cause des propos durs et méchants d'Achille, personnage à la fois cynique et intelligent, et de la bienveillance d'Ulysse, surtout quand leurs conversations abordent la sexualité. Nous avons droit à des séquences érotiques à travers les rêves et les fantasmes d'Achille. Les femmes sont belles, désirables et on sent Ulysse très amoureux de Pénélope même si Circé ne le laisse pas indifférent, c'est le moins qu'on puisse dire. Il y aura quand même entre les deux hommes une véritable complicité où la perversité le dispute à la souffrance, à la tendresse et à l'humour.

Ce roman baroque est véritablement prenant, à cause de l'univers de Benni, son humour décalé, son vocabulaire truculent qui me rappelle celui de Boris Vian (parfois aussi de Lewis Caroll), sa poésie si particulière malgré ou à cause des mots parfois crus, des situations salaces, son style agréable à lire et généreusement débridé (et sûrement bien traduit, ce qui en doit pas être facile). A travers les personnages, les situations, c'est aussi une critique de l'Italie contemporaine avec l'inévitable mafia, la franc-maçonnerie, le football, le non moins incontournable Berlusconi (pourtant jamais nommé) et ses scandales, les immigrés, la crises économique et les licenciements qu’elle induit et, évidemment les problèmes des maisons d'édition. On n'oubliera pas non plus de réfléchir sur l'inspiration, la peur de la page blanche, celle de la panne créatrice et de l'inévitable découragement chez les jeunes auteurs qu'on n'encourage guère, surtout dans les maison d'édition. Là aussi j'ai accroché et me suis retrouvé à titre personnel sur ce chapitre. De plus c'est, à travers une sorte de parabole, une tentative originale de réécrire la mythologie antique marquée par une certaine perfection et de l'adapter au monde de l'Italie d'aujourd'hui nettement moins ressemblant !

J'ai rencontré Stefano Benni un peu par hasard, comme souvent, mais franchement je ne suis pas déçu. Son univers à la fois loufoque et fantastique me parle et m'a entraîné dans cette histoire jusqu'à la fin.
©Hervé GAUTIER – Avril 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Ulysse travaille dans une maison d'édition. Un jour, il reçoit une lettre d'Achille, handicapé moteur qui l'invite à lui rendre visite.
C'est le début d'une belle amitié.
Tout le roman joue sur l'intertextualité avec l'iliade et l'Odyssée. Il y a de belles images, comme la métaphore filée du dragon-chenille, présente dès l'incipit.
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Quelle petite merveille que ce livre, grinçant, désabusé, terrible et terriblement drôle. Stefano Benni nous y élabore une épopée homérique passée sous acide, confrontant aux figures mythologiques de l'Iliade et de l'Odyssée la réalité, parfois crasse de l'Italie contemporaine telle qu'il la voit. Chaque élément de notre vie est passé au filtre de la métaphore antique, le plus commun prenant sous sa plume des tournures tout bonnement fantastiques. Son écriture est ainsi à prendre comme une oeuvre en soi, tant chaque mot semble porter en lui images, références et clins d'oeil venus taper dans le notre.

Le style, extraordinaire, fond dans son récit fantastique et réalisme, entretenant, par la seule force de la langue, une incroyable ambiguïté dans ce qu'il décrit. Bien bas mon chapeau, au passage, à la traductrice Marguerite Pozzoli dont le plaisir à suivre les frasques langagières de Benni est à peu près aussi évident à la lecture que la difficulté de l'exercice (non pas dévoilée par des maladresses, mais par la réflexion que l'on se fait, devant la richesse que la plus petite phrase de cet ouvrage, qu'il est surprenant qu'il ne s'agisse pas là d'une VO, tant la personnalité de l'auteur y transpire à chaque ligne).

Il y dénonce par pirouette ce qu'il abhorre, il relève avec finesse ce qui l'attendrit, et nous embarque dans un récit prenant souvent des détours improbables, mais en évitant toujours par sa précision de tomber dans la lourdeur.

Ulysse, auteur/éditeur un peu ralenti, polygame polythrope, vorace et complice; Achille, handicapé mystique, érotico-trash, capable de renvoyer par le grotesque (au sens théâtral du terme) une gifle frappante de tragédie, d'humanité, nous plaçant dans une très inconfortable intimité, et dans une empathie que l'on réalise éviter au quotidien. Je me suis ces derniers mois beaucoup attachée dans mes lectures à la notion de marginalité... En voilà une autre, douloureuse et sans aucune pitié, mais tout particulièrement riche.

Cinq étoiles, sans la moindre hésitation, pour ce texte qui se dévore, si intelligent, et si souple. Je regrette d'en être sortie, et n'eurent été quelques très désagréables lectures obligatoires à venir, j'aurais très volontiers poursuivi un peu plus mon voyage au coeur de la prose virtuose, et carrément rock'n'roll de Benni.
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