AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Marguerite Pozzoli (Traducteur)
EAN : 9782742706853
235 pages
Actes Sud (28/01/1999)
3.81/5   18 notes
Résumé :
La Dernière Larme, c'est le titre de la chanson qui, dans le dernier texte de ce recueil, réunit de façon éphémère un sniper et sa cible.
C'est aussi la dernière larme que verse Stefano Benni sur notre société à travers vingt-sept nouvelles tantôt désopilantes, tantôt glaçantes, toujours pleines de fantaisie et d'humour. Qu'il dénonce les maux de l'Italie berlusconienne - voyeurisme médiatique, xénophobie, arrogance de l'extrême-droite - ou qu'il stigmatise d... >Voir plus
Que lire après La dernière larmeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ces nouvelles me font penser aux comédies à sketchs des années 60. Pour les thèmes abordés d'abord : l'Italie de Berlusconi offre les mêmes travers, les mêmes outrances que celle du boom économique. Puis, Calvino, pour le style : une ironie douce amère, une manière de dénoncer sans en avoir l'air. Un ton jamais acerbe mais qui égratigne les défauts et les vices de la société italienne sur un fond légèrement surréaliste et improbable. En fait l'auteur aurait pu se permettre d'être plus acerbe et virulent dans ses critiques. Car bien, souvent les sujets traités s'y prêtent par leur importance. Je pense aux nouvelles « Papa passe à la télé », Un mauvais élève », « L'invité d'honneur »… Mais cette façon un peu mièvre de mettre en relief ces sujets me semble inopportune et assez blâmable. On retrouve là une large part de la vision italienne de la société dans son ensemble. L'idée du « faire avec ». Cette manière de s'accommoder de ce qui ne va pas en en minimisant l'importance. Mais bon, ce pays (que j'adore par ailleurs) fonctionne ainsi depuis des lustres. L'histoire nous l'a abondamment illustré. C'est d'ailleurs en partie ce qui fait son charme. Mais sous la plume de Stefano Benni, pour moi, ça ne passe pas.
Commenter  J’apprécie          240
La Feuille Volante n°1006 – Janvier 2016

LA DERNIÈRE LARME – Stefano Benni – Actes sud.
Traduit de l'italien par Marguetite Pozzoli.

L'univers de Stefano Benni est bien celui de l'absurde : la retransmission télévisée d'une exécution capitale, la transaction bancaire parfaitement illégale faite en public au bénéfice d'un client impécunieux par un modeste employé, une interrogation littéraire qui n'a rien de littéraire dans un collège qui ne ressemble pas à un établissement scolaire et qui fait profession de flagornerie et même d'idolâtrie au profit du « Président du Conseil »… Et c'est ainsi pendant vingt sept nouvelles toutes plus déjantées les unes que les autres …
C'est vrai que nous vivons actuellement une époque formidable où manifestement tout fout le camp autour de nous où chaque jour qui passe nous met devant une évidence de plus en plus flagrante : nous manquons de boussole et les certitudes qu'on nous a mises dans dans la tête depuis des siècles, les grandes idées et tout le reste font de plus en plus figure de châteaux de cartes construits dans un courant d'air. Alors pourquoi ne pas appuyer sur le trait comme le fait l'auteur ? Il est bien placé pour cela puisque, depuis de nombreuses années il a choisi d'être un observateur de la vie qui l'entoure, il en connaît toutes les contradictions et il jubile quand il met en scène des personnages qui font voir à son lecteur tout ce que ce monde qui l'entoure présente de fractures et de paradoxes. Pour cela il a une technique bien particulière qui consiste à mettre des personnages dans un décor bien réel au départ mais d'instiller à celui-ci une dimension un peu extraordinaire où la fiction le dispute à la réalité, la banalité la plus quotidienne à l'inconnu le plus inattendu. Ainsi sous ses yeux défilent d'improbables êtres sortis du néant qui en côtoient d'autres bien ordinaires (le retour de Garibain). Il mélange le tout en une recette surréaliste pour obtenir des situations délirantes, exagérées, excessives où pourtant il est parfaitement possible de s'y retrouver. La nouvelle intitulée « le nouveau libraire » me paraît illustrer parfaitement cette idée. Les livres, souvent anciens, ont une vie, une personnalité qui étaient respectées par l'ancien libraire. le nouveau au contraire souhaite faire de l'argent avec ce commerce et veut tout révolutionner, mais c'est sans compter avec ces pensionnaires bien indisciplinés qui finalement font valoir leurs droits.
D'ailleurs j'observe que Benni a une préférence pour les villes fictives ou bien réelles et développe ses récits à travers des relations humaines au lieu de raconter une histoire à la première personne, dans une sorte de monologue. Il se révèle en tout cas être un conteur à la fois imaginatif et même un peu fou qui promène celui qui veut bien passer un peu de temps à le lire, c'est dire à arpenter cet univers loufoque, et l'entraîne dans des sphères comiques ou fantastiques et assurément dépaysantes, c'est selon ! Et il y en a vingt sept comme cela !
Qu'on ne s'y trompe pas cependant, ces nouvelles sont aussi une critique sociale (Le sondar) où les intellectuels de tout poil se masturbent autour d'une idée, d'un dogme pendant que, devant eux la vie ordinaire déroule son cours. Témoin la nouvelle intitulée « le voleur » où un aréopage d'invités disputent de l'opportunité de livrer ou à la police l'auteur d'un larcin… pendant que ce dernier est en train de mourir ! Et rien ne lui échappe, il faut dire qu'il a de la matière entre le monde politique hypocrite et plein de parvenus inutiles mais suffisants et prétentieux et le celui du travail où règnent la flagornerie, l'irresponsabilité et l'incompétence. Son panel est grand.
Tout cela passe évidemment par par le jeu sur les mots, la distorsion de la phrase, le choix des termes parfois inattendu, des néologismes… mais qu'importe, cela aussi procède de cet univers unique dans lequel nous invite l'auteur.
Quelqu'un a défini l'humour comme l'attitude qui consiste à rire des choses plutôt que d'avoir à en pleurer, parce qu'il y a franchement de quoi, quand on y réfléchit. C'est sans doute l'arme qu'a choisi Benni pour supporter ce monde et nous aider à son tour à le faire. Pour lui c'est même à l'occasion de l'humour caustique, voire féroce mais pas autant cependant que le monde qui nous entoure où tout n'est que combat et volonté de détruire l'autre, sous les dehors lénifiants cependant. Pourtant si son ironie n'est pas gratuite, elle est parfois cruelle parce que le monde qui nous entoure l'est lui aussi tout simplement ! Il ne se contente de raconter les faits, de les dénoncer si on veut le dire ainsi, il laisse certes le lecteur juge mais n'oublie pas, en quelque sorte pour l'éclairer de lui donner à voir une facette de cette espèce humaine que nous partageons tous. Il a d'ailleurs le choix entre les attitudes camaleonesques des subalternes par rapport à leurs supérieurs (Un homme tranquille) jusqu'à la certitude de certains êtres portés par une notoriété temporaire ou supposée d'être exceptionnels ce qui ouvre droit à leurs yeux aux plus extravagants caprices (Roi caprice). Il illustre sa manière cet instant grégaire qu'adoptent les hommes par intérêt ou absence d'originalité ce qui les fait dangereusement ressembler à tout le monde ou au contraire adopter une attitude qui se veut bizarrement originale et qui les pousse à cultiver une différence factice quand il ne choisit pas de se pencher sur les pires vices humains ou sur les perversités les plus inavouables. Tout cela fait de lui, malgré les apparences teintées d'humour, un bon observateur, certes de l'Italie, son pays, mais aussi de l'espèce humaine. 
Que reste-t-il de tout cela, le livre refermé ? C'est à chacun de répondre en fonction du chemin qu'il aura fait au côté de l'auteur. Moi, j'ai bien aimé.

© Hervé GAUTIER – Janvier 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com]
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          102
Vingt-sept nouvelles, plus ou moins longues, de une à vingt pages
La plupart dénonce les outrances de notre société : consommation, télévision…..
Amusantes, grotesques réalistes ou féroces elles reflètent la réalité et l'on sent la lucidité et l'agacement de l'auteur.
Ma préférence va à la troisième, « Un mauvais élève »
Regarder la télévision est une matière, la principale de ce collège. La lecture n'y est enseignée que de façon tout à fait secondaire.
« - Ah, c'est comme ça ? dit la prof. Notre Zeffirini n'a pas pu regarder la télévision parce qu'il a mal aux yeux. Que ne faut-il pas entendre ! Et qu'a fait notre Zeffirini, au lieu d'étudier ?
Commenter  J’apprécie          190
Voici ce que j'appelle une belle découverte ! Une pépite d'OR!
Une amie italienne me recommande cet auteur et je plonge avec délice dans ces truculentes nouvelles !
L'auteur manie l'humour avec brio ! des nouvelles sont hautes en couleurs, on se croirait presque par l'esprit chez le très grand Fellini ! Je vous recommande plus particulièrement celle nommé "Laura" :..un animal marin qui a une conscience , qui finit dans nos assiettes et qui s'interroge sur l'intelligence des hommes et des animaux...drôlissime !
Puis vous trouverez dans une autre nouvelle à "hurler de rire " vous avez une famille qui se "met son 31" en restant dans le salon de la maison, pour assister à une émission de TV..où l'on assiste à un procès original celui du père de famille !

Quelques très beaux portraits de notre société et de ses travers minutieusement détaillés au ton acerbe, je vous le recommande avec vivacité très bonne lecture et bonne humeur garantie ! Allez -y les yeux fermés... , et ouverts pour la lecture!
A déguster comme un bon plat de pâtes ! L'un des plus grands auteurs italiens ! Benvenuto !

Commenter  J’apprécie          71
L'illustration de la couverture en édition poche est de Jean-François DEBORD, peintre et aussi professeur de morphologie.
Cela va très bien au contenu et à la forme de la dernière larme.
Paru pour la première fois en Italie en 1994 la lecture de cette somme d'observations piochées si loin et si bien assemblées se lit comme une séance d'acupuncture qui réveillerait de façon imprévue.
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
" Il regarda par la fenêtre. Il vit un merle sur une branche et se prit à rêver... - Aujourd'hui, je t'interrogerai en littérature, dit la prof. Tu as révisé ? - Oui madame, répondit Zeffirini. - Le merle s'envola. - Alors, parle-moi de l'évolution du présentateur dans l'histoire de la culture italienne... - Euh... oui, alors, à l'origine, le présentateur avait pour fonction, disons, de présenter et c'est tout. - Ça alors, dit la prof perfidement, un présentateur qui présente. Bizarre, non ? La classe se mit à rire. - Je voulais dire, essaya de poursuivre Zeffirini, qu'on ne lui demandait pas d'éduquer culturellement, mais il éduquait, par exemple avec des jeux télévisés, ou en présentant des invités intéressants... puis ce fut la naissance des talk-shows... - Date exacte ? - Je crois... 1975... non ?... 1973 ? - Tu ne le sais pas... 16 janvier 1976, avec la première de l'émission Dis-le au divan. Comment s'appelait le présentateur ? Si tu ne le sais pas, retourne à ta place. "
Commenter  J’apprécie          70
On en déduisait que dans l'âme de ces adolescents croissait une double nature : une moitié angélique qu'ils se plaisaient à arborer, sur leurs épaules et sur leurs lambrettas, une autre moitié diabolique qui s'étalait sur les murs, où ils la tartinaient comme de la merde.
Commenter  J’apprécie          150
Nous croyons toujours que nos paroles laissent une trace. Mais presque toujours, l'histoire les efface.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Stefano Benni (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stefano Benni
Lecture-entretien avec Stefano Benni` Comédie du Livre
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature italienne, roumaine et rhéto-romane>Romans, contes, nouvelles (653)
autres livres classés : caustiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (55) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
832 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}