C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Maura et ses compagnons avec ce second et dernier tome de Calame.
Le conteur D'Arterac poursuit sa quête de vérité, en interrogeant Maura, mais également d'autres témoins, ce qui permet au lecteur d'avoir une vue d'ensemble plus contrastée des évènements et forces en présence. Ce second tome accentue encore la richesse apportée par les personnages tantôt nuancés (Darran), tantôt avec de fortes personnalités (La Beste), et suivant une évolution (Maura...).
Le premier tome avait déjà exploité – entre autres - les thématiques du droit des femmes et de l'égalité. Ce second volet poursuit cette lancée. Il va même plus loin, un des concepts prédominant le roman étant la liberté sous toutes ses formes.
Il évoque d'ailleurs, de manière détournée, une dimension discrète mais ravageuse de la violence psychologique et de la manipulation.
Bien qu'il s'agisse là d'une interprétation parfaitement subjective, j'ai vu dans le personnage de Bragal l'allégorie d'un pervers narcissique, d'une personne toxique, dont l'emprise s'installe subtilement. Son pouvoir lui permet "d'entrer dans la tête" des autres, de lire leurs pensées, de s'immiscer entre elles pour les modifier, et ainsi contrôler la personne. Maura se trouve pendant une bonne partie du roman privée de son libre arbitre, complètement éteinte à cause du pouvoir qu'exerce Bragal à son encontre. Elle finit, néanmoins, grâce à de l'aide extérieure, à s'extirper des griffes de ce manipulateur possessif.
Je compare la victoire de Maura sur Bragal à une nouvelle manifestation de lutte pour la liberté. Il ne s'agit pas, cette fois, de s'échapper d'une prison, mais plutôt de reprendre le pouvoir sur ses propres pensées, de retrouver son libre-arbitre.
L'auteur a su manier, avec toujours autant de fluidité, les alternances entre passé et présent. Ce choix d'écriture, sur la forme, permet de créer du rythme et de ménager l'effet des rebondissements et des révélations.
Ce tome
Les Deux Royaumes offre un dénouement à la hauteur des attentes créées. J'ai apprécié notamment les choix de l'auteur concernant la fin de certains personnages qui revêt une symbolique particulière et connote le thème du voyage introspectif et/ou de la liberté
(Darran qui prend son envol en tant que dragon ; mais aussi la mère adoptive de Maura, devenue ours pour échapper à Bragal, ayant perdu sa nature humaine mais retrouvé ainsi sa liberté).
En conclusion, Calame est une lecture agréable, fluide, avec des personnages hauts en couleur. Si la lecture est légère, les thèmes abordés sont profonds, invitant le lecteur à des réflexions sur la vérité et le mythe, sur l'égalité et la liberté, mais également sur l'introspection, ou encore – évidemment – sur le pouvoir généré par les croyances.