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4,39

sur 4817 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« La Carte postale », roman, lit-on sur la couverture. Voilà de quoi nourrir la perplexité du lecteur: cette enquête sur le sort des générations fauchées par le nazisme renvoie à la famille même de l'auteur et n'a rien, semble-t-il, de fictionnel. Mais il est vrai qu'on nous prévient d'emblée : « c'est un récit hybride que tu vas entendre. Certains faits sont donnés comme évidents, toutefois je te laisserai estimer la part des hypothèses personnelles qui ont finalement abouti à cette reconstitution »
C'est la mère qui annonce cela à sa fille. Car la mise en situation fait dialoguer les deux femmes et nous devons faire semblant de croire en une Anne Berest candide s'intéressant brusquement à ses ancêtres pour entraîner le lecteur à sa suite et lui tenir aimablement la main pendant qu'on crapahute dans l'arbre généalogique des Rabinovitch. Camille Laurens a parlé à propos de ce livre de « Shoah pour les nuls ». Ce n'est pas faux. Et alors? En l'affaire, le didactisme ne nuit pas et le prix Renaudot des lycéens prouve que cela fonctionne. Les plus jeunes ont besoin qu'on leur explique à nouveau ce truc inimaginable d'un peuple destiné tout entier à disparaître. Les moins jeunes aussi d'ailleurs.
Ok donc pour ce dispositif un peu téléphoné et aussi pour le recours à la narration qui crée des personnages à défaut de ressusciter les morts. Il faut bien recourir à l'imagination pour que les millions de disparus ne soient pas seulement des statistiques.
Camille Laurens a également raison de relever la description discutable que fait Berest de l'entrée de Jacques dans la chambre à gaz. Elle imagine qu'un S.S. lui déboite l'épaule d'un coup de crosse pour l'obliger à avancer et finit son chapitre par un gros plan sur les pommeaux de douche. Et, effectivement, on ne voit pas trop en quoi ces détails forcément inventés et furieusement cinématographiques sont utiles ; ils sont même gênants de laisser croire que l'horreur des simples faits ne suffirait pas à dénoncer le nazisme. Ils sont gênants mais ce ne sont que 2 lignes sur 500 pages, pas de quoi instruire un procès en immoralité.
Mais quand même. Si Berest ne tombe jamais dans l'obscénité, elle s'en approche parfois. J'ai été très gênée de lire un pseudo échange de lettres entre les deux soeurs, Anne et Claire, qui mettent sous le nez du lecteur leurs difficultés à être soeurs et rivales en littérature. La description du ménage à trois entre la grand-mère et ses deux maris m'est aussi resté en travers de la gorge.
Ah, me direz-vous, qu'est-ce que c'est que cette pudeur de sainte-Nitouche qui s'offusque de détails un peu trop intimes mais qui a lu sans sourciller la mise à mort d'une famille à Auschwitz? Je répondrai d'abord que j'ai évidemment sourcillé et même un peu plus mais surtout que l'holocauste appartient à l'universel et à ce titre m'interroge sur ce que j'aurais fait, tandis que les problèmes familiaux des soeurs Berest ne concernent qu'elles.
J'admets qu'il est difficile, avec une famille follement romanesque comme la leur, de ne pas se vautrer dans la confidence à fort potentiel fictionnel. Mais ce n'est pas la même chose de parler de soi comme d'une petite-fille de survivants ou comme d'une petite-fille d'amants irréguliers. Et, à la fin du livre, la question des amours libres de Mamie prend toute la place, comme si la mort du reste de la famille obligeait à trouver une nouvelle inspiration pour de nouveaux rebondissements. Gênant.
J'ai le sentiment d'être excessive dans mon jugement. Mais Anne Berest a le tort d'écrire après la sublime chronique de Mendelsohn : « Les Disparus » et ce livre, lui, est un chef-d'oeuvre.
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Le roman d'Anne Berest semble avoir été écrit dans l'urgence et envoyé à l'éditeur sans ratures.
Il a un côté fourre-tout qui livre en vrac au lecteur le roman des origines et le récit documenté de la Shoah.

Certains passages du roman familial sont émouvants dans la mesure où ils entretiennent au plus près du vécu la mémoire de l'horreur et le poids de cette mémoire. Mais le recours trop systématique à la psychogenealogie, étude du comportement très en vogue, donne l'impression de manipuler l'histoire familiale pour justifier des attitudes du présent et se dédouaner des responsabilités.
Les interrogations sur la judéité qui sont récurrentes sont souvent maladroites, comme l'est, à mon sens, la construction du roman.
Et puis il y a le malaise produit par le mélange entre l'aspect documentaire et l'aspect romancé.

Lorsque l'on a déjà lu sur la Shoah les témoignages des déportés, le caractère quasi anecdotique des descriptions des camps est perturbant tant l'on perçoit le travail du romancier qui s'efforce de reconstituer une "atmosphère".

Si certains passages du roman, surtout ceux sur l'exil de la famille, sont bien menés ; les discussions bavardes entre la mère et la fille, le récit des aventures de Myriam et Vicente, les souvenirs d'enfance de l'auteure alourdissent le récit et manquent de rigueur litteraire.
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En 2003 Leila, la mère de l'auteur, reçoit une carte postale qui mentionne 4 prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques qui sont ses grands-parents,tante et oncle maternel tous morts en déportation. vingt ans plus tard Anne Berest décide de découvrir qui a bien pu envoyer cette carte. Son enquête va exhumer son histoire familiale.
Le livre se divise en deux parties : Les échanges entre Leila et Anne dans un premier temps. Puis l'enquête d'Anne dans un deuxième temps.
J'ai eu un peu de mal avec le mélange réalité et fiction. Par ailleurs, pour ma part, ce roman manque d'émotion, « Les disparus » de Daniel Mendelsohn m'avait passionnée et beaucoup plus touchée.
Déception car j'en attendais plus dans la mesure où beaucoup de critiques étaient élogieuses.
Mais malgré tout je l'ai lu sans déplaisir.


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Qui, mais qui a bien pu envoyer à Lelia cette carte postale représentant l'Opéra Garnier et simplement affublée des prénoms de 4 de ses ancêtres dont aucun n'est jamais revenu de déportation ? Acte malveillant, intimidation, sursaut mémoriel ? Et bien, c'est là toute l'histoire du roman.

Pour tout te dire, lecteur, cette lecture me reste un peu sur l'estomac, comme un plat indigeste, trop souvent avalé à la va-vite. [oui, la métaphore alimentaire est ma préférée lorsqu'il s'agit de littérature !]. La première partie, surtout, n'a pas su me tenir en haleine, tant elle était dénuée de pathos, et tout lecteur sait à quel point c'est difficile de trouver le juste milieu entre un larmoiement dégoulinant et une posture affective réelle, surtout lorsqu'on évoque les camps de la mort, la déportation, les rafles et autres abominations liées à cette époque funeste.

Non, n'insiste pas, lecteur, cette carte postale reçue par surprise n'a pas su m'émouvoir et, me diras-tu, c'est bien dommage, car non seulement il est urgent de perpétuer le devoir de mémoire, mais aussi l'histoire d'Anne Berest est originale et bien enlevée… mais que veux-tu, quand ça veut pô, ça veut pô…
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Je note d'abord l'absence totale de qualité littéraire. C'est l'aspect négatif de ce roman. D'ailleurs, est-ce bien un roman ? L'auteur mêle habilement références historiques, personnages réels, inventions du romancier, si bien qu'on se perd un peu à délimiter le réel historique de l'imagination romanesque.
Ce qui nous est narré peut apporter des éléments d'information sur cette sombre période de l'histoire de l'Europe pour ceux qui n'en sont pas familiers, ce qui n'est déjà pas si mal.
Un élément qui m'a accroché : la persistance du sentiment de judéité pour des personnes qui sont très éloignées de cette origine.
Nous sommes évidemment très loin des "Disparus" de Daniel Mendelssohn autrement plus passionnant et émouvant et tout aussi riche d'informations !
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A la lecture du résumé de ce roman, je pensais plonger dans une intrigue familiale doublée d'une enquête à caractère historique mais rapidement et très longuement ( à mon goût), c'est le deuxième aspect qui a nettement pris le dessus, effaçant le mystère initial qui avait retenu mon attention. J'en sors donc fort déçue car le mystère qui avait présidé à mon choix de ce livre me semble avoir été étouffé sous une chappe de détails historiques.
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Ephraim, Emma, Noémie et Jacques.

Leur sépulture est une carte postale.
Leur sépulture, Lélia la découvre un matin dans sa boîte aux lettres. Pas de signature. Pas d'autres mots que ces quatre prénoms.

La première partie du livre nous entraîne sur les pas de cette famille, les Rabinovitch. Contraints de fuir. La Russie, puis la Lettonie. La France. de fuir toujours. Comme si c'était écrit.

Les phrases pour dire la mort de Noémie et de Jacques, à Auschwitz, sont succinctes. Brèves. Aussi courtes que leur vie. Aussi expéditives que leur fin. Quelques lignes qui m'ont bouleversée, sans mièvrerie. Juste les faits, bruts.
Le procédé d'écriture est infiniment judicieux. C'est d'une violence impossible à ignorer.

De même que l'échange entre les deux soeurs, plus tard, Anne et Claire.
D'une sincérité désarmante.

La seconde partie se concentre davantage sur l'enquête d'Anne pour retrouver l'auteur de la carte postale. En chemin, je pense en avoir découvert l'identité. Et je m'en fous. Ça n'a plus la moindre importance, qui. le pourquoi m'intrigue déjà bien davantage.

Je vais vous raconter quelque chose. Qui s'est déroulé il y a quelques mois, à peine. Lors d'une manifestation.
En face de moi, ce jour-là, un homme m'explique que je me trompe d'ennemis. Que tout est créé de toutes pièces par les lobbies juifs qui détiennent le monopole de la pharmaceutique. Et celui des médias. de la politique. Etc.
Mon fils de neuf ans à côté de moi.
Mon premier réflexe est de mettre mes mains sur ses oreilles, je ne veux pas qu'il entende ça. Puis je comprends que je me trompe. Je le laisse entendre. Et puis il demande. Et je dis. Je raconte une mémoire qui est devenue la mienne. La sienne maintenant.

Voilà.
Je voudrais vous dire, Myriam, Anne, qu'Ephraim, Emma, Noémie et Jacques, je ne les oublierai plus.
Le livre aussi est une sepulture.
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La question de l'identité juive à travers l'histoire d'une famille venue de Russie, et décimée par la Shoah. Autant on s'attache aux personnages dans la 1ère partie du livre qui a un vrai souffle romanesque, et où l'auteure nous fait vivre avec réalisme les horreurs des camps, autant la seconde partie s'enlise et se noie dans des allers et retours, des personnes qui ne sont là que pour faire avancer l'histoire coûte que coûte, et une fin un peu plaquée.
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Une belle enquête familiale et historique que mène l'auteur Anne Berest mêlant sa propre vie de jeune maman, celle de sa mère Leïla, de sa grand-mère Myriam, de ses grands-parents maternels Éphraïm et Emma ainsi que le frère et la soeur de Myriam, Noemie et Jacques.
Une simple carte postale de l'opéra Garnier de Paris avec au dos quatre prénoms arrive en 2003 chez Leïla.
Elle est rapidement rangée dans un tiroir à côté de boîtes d'archives de recherches et d'enquêtes menées par Leïla sur la vie de ses grands-parents juifs déportés et morts à Auschwitz en 1942.
Anne a alors 24 ans et il faudra attendre 10 années, alors qu'elle est à la veille d'accoucher, pour qu'elle a son tour veuille connaître l'histoire de sa famille et de ses ancêtres.
Les chapitres se suivent mêlant les résultats des premières recherches de la mère Leila, des récits à la première personne imaginés vécus par les différents protagonistes puis l'enquête plus poussée de l'auteure.
On remonte le temps en Russie en 1918 avec la famille Rabinovitch, les arrières grands-parents, puis on vit les prémices de la seconde guerre mondiale la chasse aux juifs, les fuites et exodes, les espoirs de terre nouvelle, puis les arrestations, les camps de déportation, les camps de concentration, les nouvelles fuites vers la france libre, les réseaux de résistance….
les écrits sont très précis il n'y a pas de fioritures, c'est parfois difficile mais c'est la vraie histoire.
On se laisse embarquer par Anne et on veut savoir jusqu'au bout nous aussi, connaître l'auteur et la raison de cette carte postale. Mais il y a parfois des histoires difficiles à déterrer et qui sont douloureuses pour les survivants…
On ne ressort pas indemne d'un tel ouvrage les années 40 ne sont pas si loin on regarde d'une autre façon nos aînés de 90 ans aujourd'hui…
Ne pas oublier.
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L'auteure, Anne Berest mène l'enquête sur l'histoire de sa famille, histoire intimement mêlée à la persécution des juifs des pogroms de Russie à la Shoah.
Le prétexte, une carte postale reçue par sa mère il y a des années où figurent seulement quatre prénoms : Ephraïm, Elsa, Noémie et Jacques. Il s'agit des parents, de la soeur et du frère de sa mère morts dans les camps de concentration.
Anne Berest, écrit l'histoire de sa famille, elle raconte simplement dans une langue très fluide le destin de ces juifs non religieux condamnés à fuir sans cesse. Installés en France, ils se croiront surtout le père enfin en sécurité. Les filles sont brillantes à l'école, un autre avenir semble possible. Les rêves de la petite famille de juifs et étrangers vont vite être sabordés par la montée du nazisme, la déclaration de la seconde guerre mondiale et la mise en place de la solution finale.
Il a été reproché à l'auteur son côté faussement naïf par rapport à la grande histoire mais je pense qu'elle voulait surtout raconter une histoire familiale et s'interroger sur le fait d'être juive quand on est non pratiquante. Est-elle juive quand çà l'arrange comme l'accuse une femme très religieuse dans un repas de fête juive ? Ou est-elle juive justement quand çà ne l'arrange pas dans une multitude de circonstances de la vie quotidienne ?
Un roman agréable à lire malgré le sujet car l'attention de l'auteure va d'abord à ses personnages qu'elle traite avec beaucoup de tendresse.
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