Rien ne désarme comme le rire.
Si franc qu'on le suppose, le rire cache une arrière-pensée d'entente, je dirais presque de complicité, avec d'autres rieurs, réels ou imaginaires.
Plusieurs [philosophes] ont défini l'homme " un animal qui sait rire ". Ils auraient aussi bien pu le définir un animal qui fait rire, car si quelque autre animal y parvient, ou quelque objet inanimé, c'est par une ressemblance avec l'homme, par la marque que l'homme y imprime ou par l'usage que l'homme en fait.
... l'édifiante conversation de 2 financiers :
" Est-ce bien loyal ce que nous faisons là ? Car enfin, ces malheureux actionnaires, nous leur prenons l'argent dans la poche...
- Et dans quoi voulez-vous donc que nous le prenions ? "
(page 89).
Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.
“Un personnage comique est généralement comique dans l’exacte mesure où il s’ignore lui-même. Le comique est inconscient.”
Un personnage comique est généralement comique dans l'exacte mesure où il s'ignore lui-même. Le comique est inconscient. [...] Il se rend invisible à lui-même en devenant visible à tout le monde. [...] Un défaut ridicule, dès qu'il se sent ridicule, cherche à se modifier, au moins extérieurement. Si Harpagon nous voyait rire de son avarice, je ne dis qu'il s'en corrigerait, mais il nous la montrerait moins, ou il nous la montrerait autrement.
Les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l’exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique.
Nos états d’âme changent d’instant en instant, et [...] si nos gestes suivaient fidèlement nos mouvements intérieurs, s’ils vivaient comme nous vivons, ils ne se répéteraient pas : par là, ils défieraient toute imitation. Nous ne commençons donc à devenir imitables que là où nous cessons d’être nous-mêmes. Je veux dire qu’on ne peut imiter de nos gestes que ce qu’ils ont de mécaniquement uniforme et, par là même, d’étranger à notre personnalité vivante. Imiter quelqu’un, c’est dégager la part d’automatisme qu’il a laissée s’introduire dans sa personne.
Chapitre I : Le comique de mouvement.
Ce que la vie et la société exigent de chacun de nous, c'est une attention constamment en éveil, qui discerne les contours de la situation présente, c'est aussi une certaine élasticité du corps et de l'esprit, qui nous mette à même de nous y adapter.