Voici un album, poignant, qui oscille entre deux époques de la vie. Celle de l'enfance, insouciante et fascinée, où tout est prétexte au jeu. Surtout lorsque le cousin Firmin est là ! Et celui, adulte, où ces mêmes jeux d'enfant prennent une tout autre tonalité.
Au-travers des lettres que René envoie à sa mère du fond de sa tranchée, il en dresse le douloureux parallèle Il se souvient de ces jeux apparemment innocents où l'on se jouait de la vie d'un crapaud, où l'on admirait le sabre du grand-père, ancien combattant, où l'on se concentrait pour viser au lance-pierres ou à la carabine. Ce sont aussi les premiers avions. René les voit évoluer, les admire et les reproduit en maquettes.
Du rêve éveillé au cauchemar enduré, seulement quinze années ont passé.
Toute la guerre est décrite, dans les mots ou les illustrations : les tranchées, ce paysage constant de boue qui anéantit toute saison, les soldats coloniaux, la Mort, la faim et les souvenirs qu'elle suscite, les attaques, la Mort sous toutes ses formes, anonyme et intime (Firmin, ses frères…), le quotidien, les coquelicots, l'artisanat des tranchées.
L'avion est devenu une arme, et René les transforme en petits avions grâce aux balles ou douilles d'obus.
Mais la guerre a perverti le rêve, et jamais René n'ira dans un avion…
Cette histoire est réelle. René Nicolas, après la guerre, est devenu le chef d'atelier joaillier place Vendôme à Paris pour van Cleef & Arples, comme nous les rapportent les pré et postfaces de l'album.
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