Je continue dans la série « polars et romans noirs » avec ce roman dont les premières critiques m'avaient attirée, et qui se trouvait à la médiathèque… L'auteur n'en est pas à son coup d'essai aux États-Unis, il a publié nouvelles et romans, mais c'est son premier traduit en français.
Novembre 1963, comme partout aux États-Unis et dans le monde, c'est le choc après l'attentat et la mort de John Kennedy. Pour Guidry, petit malfrat de la Nouvelle-Orléans, l'annonce de cet événement a une autre signification, puisqu'il devient l'homme à abattre de celui qui lui avait demandé de convoyer une voiture jusqu'à Dallas. Guidry en sait beaucoup trop maintenant sur cette affaire où le plus haut sommet de l'état côtoie la mafia… Sous une fausse identité, Guidry prend la direction de la Vegas, où il espère trouver de l'aide.
Ailleurs, en Oklahoma, une jeune femme, Charlotte, ne supporte plus l'alcoolisme de son mari, et décide de partir avec ses deux filles, en direction de la Californie, où vit l'une de ses tantes.
Ceci posé, il n'est pas indispensable d'en raconter plus, on se trouve dans ce qui s'apparente à un « road-movie », au scenario bien travaillé, aux personnages bien campés.
Le gros point fort de ce roman est de relier subtilement l'intrigue avec l'attentat contre Kennedy, pour lequel il n'est pas besoin de répéter ce que tout le monde connaît déjà. La fuite de Guidry en est une conséquence, et se déroule en parallèle avec les événements, qui ne sont suivis que par la télévision ou la radio, de loin en loin. Il ne s'agit pas du tout d'en faire un roman à thèse concernant l'assassinat du président.
Le deuxième point fort est d'avoir créé deux personnages que tout oppose, ce qui fonctionne toujours bien à défaut d'être très original, et qui pourtant vont avoir besoin l'un de l'autre, dans leur fuite vers l'Ouest. L'auteur donne à voir leurs caractères au travers de leurs actions, avec finesse, mais sans ralentir le tempo par des considérations psychologiques interminables.
Ce roman donne des années soixante une vision qui ne sent pas le carton-pâte, mais a des accents de vérité. Il faut admettre que c'est un plaisir pour le lecteur d'y trouver les éléments incontournables, voitures aux teintes pastels, motels miteux aux néons clignotants ou cafés louches. Les personnages sont attachants, notamment Charlotte qui a quelque peu de talent et s'imagine en photographe, et à qui l'auteur a donné un style qui fait penser à celui de
Vivian Maier, comme en témoigne cette citation : « Tu prends des photos d'ombres, déclara Guidry. Tu photographies des gens qui regardent une chose, mais pas la chose qu'ils regardent. »
La lecture de ce roman, très plaisante, en fait une parfaite lecture de vacances, avec un suspense réel, sans oublier certaines scènes pleines d'humour, et une bande musicale idéale, qui va des vieux standards au tout jeune
Bob Dylan.
Lien :
https://lettresexpres.wordpr..