Connaissez-vous l'univers de
Philippe Besson ? Un univers poétique, emprunt de sensibilité et de nostalgie, qui laisse une part importante à l'introspection des protagonistes.
Dîner à Montréal vient clore la trilogie autobiographique initiée avec
Arrête avec tes mensonges et Un certain Paul Darrigaud, qu'il vaut sans doute mieux avoir lus pour savourer pleinement ce dernier opus.
Lors d'une séance de dédicaces dans une librairie de Montréal, le narrateur voit s'avancer vers lui Paul, son ancien amour. Moment d'embarras, invitation à se retrouver pour le dîner, ou plutôt le souper, comme on dit là-bas.
Paul arrive avec son épouse Isabelle, Philippe avec Antoine, son petit-ami du moment.
Le temps d'un repas, les quatre protagonistes dissèquent la vie de l'auteur, ses débuts dans l'écriture, son attirance pour la jeunesse, ses voyages, la genèse de ses romans, sa carrière d'écrivain et ses thèmes de prédilection : les liens qui se nouent et se dénouent, les menaces qui pèsent, les deuils à accomplir.
La discussion dérive ostensiblement vers la sphère de l'intime. le lecteur, à table avec eux, ne perd pas une miette des questions directes et des allusions, des aveux et des sous-entendus, des gestes évocateurs et des regards appuyés.
Suite à une rupture brutale et dix-huit années de séparation, que reste-t-il d'une passion devenue « l'effluve d'un sentiment »? Avec les souvenirs la rancoeur et les regrets affleurent, les fantômes du désir se réveillent.
Que ce soit dans des romans plus distanciés ou dans ces écrits autobiographiques,
Philippe Besson flirte en permanence avec le clair-obscur des sentiments, insufflant une tension dramatique aux événements les plus prosaïques.
Dans ce court récit en huis-clos où il ne se passe pas grand chose et où l'intrigue réside dans les dits et les non-dits,
Philippe Besson, l'homme, se livre à nouveau de façon intime et émouvante.