Avec
Dîner à Montréal, j'ai découvert l'autre
Philippe Besson.
Le vrai peut-être.
J'avais lu, il y a quelques semaines son
Vivre vite sur
James Dean.
Là je découvre un roman plus personnel, plus révélateur. Un
Philippe Besson que ses fidèles lecteurs, eux, connaissent bien.
Moi, je commence par la fin de l'histoire.
Enfin, pas la toute fin j'espère, mais disons que j'ai appris beaucoup, avec ce roman, sur ce qu'il a déjà publié, comme si, à cet instant il se décidait à faire le point.
Comme quand on reprend son souffle dans une ascension avant de repartir de plus belle vers les sommets.
Pour ça, Besson nous invite à dîner.
Ne vous attendez pas à un menu détaillé avec les papilles qui frémissent, là n'est pas le but recherché.
Lors d'une séance de dédicaces dans une librairie de Montréal, Philippe s'étonne de retrouver Paul, l'amant perdu de vue. 18 ans ont passé. Paul s'est marié et devenu père et au gré de son travail s'est installé ici.
Philippe lui, a tenté d'oublier Paul dans les bras d'amants éphémères. Aujourd'hui il vit avec Antoine, beaucoup plus jeune que lui. Trop jeune pour lui ?
Il sait bien que d'aucuns se posent la question.
Ainsi, Paul et son épouse Isabelle, Philippe et Antoine se retrouvent au restaurant.
Ce n'est pas tout à fait comme ça que Philippe avait imaginé leurs retrouvailles lorsqu'il avait lancé son invitation à Paul.
Besson maîtrise l'art de la table.
Je ne parle pas des couverts ou des mets, bien sûr.
Je vous parle d'ambiance.
Les regards fuyant, complices ou amoureux.
Les mots, les échanges.
Les gestes.
Il exprime les envies, les regrets. Il distille les sous-entendus, les mensonges, les malaises.
Il y a des questions, parfois innocentes, parfois piquantes.
Il y a des réponses... ou pas.
Il y a des silences.
Quand on a aimé peut-on oublier ?
Quand on a aimé peut-on regretter ?
Quand la page est tournée doit-on tout effacer ?
On a l'impression que la plume de l'auteur a à peine effleuré la page tant on sent la tendresse qu'il a voulue y imprégner, comme si la cicatrice d'un amour perdu pouvait saigner sous l'écriture.
Malgré le nouvel amour naissant, on ressent la tristesse et la nostalgie pour une histoire qu'il pense inachevée...