Ce flou, précisément, ne lui a pas permis de se préparer à être quittée, si toutefois on peut se préparer à une telle éventualité. Louise n'avait à aucun moment imaginé la fin de leur relation. Elle était éperdument confiante, comme ne le sont pas même les plus grandes ingénues. Elle avait des certitudes que rien, jamais, n'aurait pu ébranler.
Les larmes, c'est un langage. C'est aussi ce qui fait se ressembler les gens, puisque les visages du chagrin sont un seul visage.
Elle a appris que les gens irresponsables jouent sans vergogne avec la vérité, précisément parce qu'ils ne se sentent pas de responsabilité particulière, ou parce qu'ils l'ont oubliée, ou encore parce que ça les arrange. Ce qu'elle n'est pas capable d'affirmer avec certitude, c'est si ces gens-là ont la conscience de faire le mal, s'ils se rendent compte que certains de leurs actes sont impardonnables. Elle ne sait pas si leur méchanceté est innocente.
Les intimités les plus violentes demandent à être apprivoisées à nouveau dès lors qu elles ont été quittées.
Ben s'est approché d'une des fenêtres qui s'ouvrent sur l'océan. De là il observe négligemment les bateaux qui croisent dans la baie, ceux qui rentrent au port. C'est un spectacle auquel il est habitué, auquel il pourrait ne plus prêter attention et qui, cependant continue de l'émerveiller, comme les enfants le sont devant le sapin de noël. Oui, c'est un émerveillement d'enfance.
[...] on ne renonce jamais vraiment aux espoirs les plus insensés.
Endosser la responsabilité d'un échec, c'est le plus sûr moyen qu'on ne vous le reproche pas, qu'on n'ose pas vous le reprocher.
Les arrière-saisons ont parfois quelque chose de déchirant.
Stephen a régulièrement pensé à Louise. Même marié, même pére de deux ravissants garçonnets, il n'a jamais cessé de se souvenir d'elle. Dans les mois qui ont suivi leur séparation, il essayait de deviner ce qu'elle devenait, qui elle fréquentait. Le hasard aussi, lui envoyait des signes : la télé diffusait un film qu'ils avaient vu ensemble, il croisait d'anciens amis qui auraient pu lui fournir de ses nouvelles.
Avec le temps, ça s'est estompé bien sur, mais ça n'est jamais parti tout à fait.
On ne partage pas sa vie avec quelqu'un pendant cinq ans sans qu'il en reste des traces.
Il est des revanches qu’il ne faut pas s’interdire, dont on ne doit pas avoir honte. Il est de menus châtiments qui consolent.