« Parfois, des trajectoires se croisent, sans raison, et se poursuivent après s'être séparées, mais la direction initiale s'en trouve légèrement déviée, et du fait de cette imperceptible correction, de cet infime infléchissement, c'est toute la suite qui est transformée. »
C'est un beau roman, pas le coup de coeur que j'attendais -je voulais plus sentir et écouter Lisbonne, les petites rues en pente d'Alfama ou l'odeur de l'océan près de la Tour de Belem- mais les personnages sont au coeur du récit. Alors le touriste se fait discret pour écouter les souffrances de deux âmes perdues dans un hôtel, qui se découvrent à Lisbonne. Mathieu et Hélène sont dans le manque. « Nos hommes nous manquent. - Abominablement. »
« Et comment ça se domine, le manque ? Comment on fait ? Comment on arrive à ne plus penser, chaque jour, chaque heure, à celui qui n'est plus là ? Comment on résiste à ces détails insignifiants, une musique, un endroit, un parfum, un geste, qui renvoient instantanément à celui qui n'est plus là ? »
Mathieu rencontre Hélène. Hélène rencontre Mathieu. Finalement dans quel sens prendre les choses ?
Qui fait le premier pas ? Certes répondre à cette question indiquerait que c'est Mathieu. Mais est-ce aussi limpide ? Qui se livre ? Qui donne de son passé, en totale confiance ? Hélène. C'est elle qui rencontre Mathieu. Elle parle à coeur ouvert, sans tabou ni auto-censure. Sa rencontre est ouverte, franche et frontale. Elle n'hésitera pas à lui dire : « Vous n'êtes pas heureux, ça ne fait pas de doute, mais au moins, ça vibre encore dans la carcasse, c'est déjà ça. » Elle voit de l'avenir pour lui, elle lui crée de l'avenir. Il lui donnera la gifle qui recentre, un mot douloureux qu'on n'ose pas dire à ses proches et que des inconnus peuvent se risquer à prononcer.
Une belle rencontre, mais je tiens toujours
Un instant d'abandon dans mon top 1 des romans de
Philippe Besson. Quoi qu'il en soit « Tout recommence, tout commence. »