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3,6

sur 558 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mathieu.

Hélène.

Lisbonne.

Trois personnages pour un joli roman. Pour de beaux instants, encore une fois sous la plume de Philippe Besson.

Deux solitudes, deux "abandonnés", se croisent et se rencontrent lors d'un séjour à Lisbonne. Ils vont se raconter, souvent sans les mots. Et s'aimer surement beaucoup.

Une rencontre, un battement d'aile de papillon qui va changer les choses ...

J'ai donc aimé ce roman. Encore une fois.

Cette façon de parler de mélancolie, de l'absence, ces douleurs universelles si difficiles à décrire. Magicien de l'indicible, Philippe Besson nous brise le coeur 100 fois pour le ramener à la vie dans sa fabuleuse foi en la beauté humaine.

Toujours cette humanité qui coule dans ces pages. Cette pudeur, cette peur d'être dans le pathos sans jamais y être.

Allez coup de coeur! Encore une fois.

Les temps sont durs.

Lisez Besson.
Lien : https://labibliothequedejuju..
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Ce livre est un condensé de pudeur et d'émotion.
Philippe Besson n'a pas son pareil pour parler de la perte d'un être cher, qu'il s'agisse d'un frère, d'un mari, ou d'un amant, en évitant de sombrer dans le larmoyant.

Dans ce court roman, l'auteur nous entraîne dans les rues de Lisbonne à la suite de Mathieu et d'Hélène que le hasard et une blessure profonde réunit.

Au fil de leurs déambulations dans cette ville mélancolique, dont la fameuse saudade imprègne chacune des ruelles tortueuses, ils vont apprendre à se connaître et à mettre à nu leurs chagrins.

« Et comme elle, il est soulagé de recommencer leur dialogue. En réalité, ils sont deux accidentés, se soutenant l'un l'autre. On ne voit que ça, leur claudication, leur secours mutuel, ce compagnonnage des éclopés.»

Dès les premières lignes je me suis sentie happée par cette histoire belle et terriblement triste.
C'est un formidable roman sur le deuil, à l'écriture ciselée parvenant à mettre en mots les sentiments et expériences humaines : amour, tristesse, souffrance, doute, abandon… J'aime cette sensibilité si particulière de l'écrivain, tout en retenue, qui me donne l'impression souvent de ne s'adresser qu'à moi, ses mots me touchent.
Un roman magnifique et bouleversant.

J'ai rencontré Philippe Besson au Salon du livre de Vannes le week-end dernier, le trop court moment d'échange que nous avons eu a été très fort et je le remercie pour sa courtoisie, son sourire et son écoute.

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Ce roman ne souffre pas d'arrêt, à l'image de la douleur et de la solitude liées à la perte ou au départ d'un proche, dont nous font part les deux protagonistes. Il n'y a pas un mot qui dépasse, je l'ai donc lu d'une traite.
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La plume de Philippe Besson m'a une fois encore emportée. J'aime cette ambiance feutrée, intimiste, la rencontre de deux âmes esseulées, meurtries, cherchant un point d'ancrage pour déverser leur douleur.
J'ai bien apprécié aussi cette escale à Lisbonne qui me donne l'envie de sauter dans le premier avion pour aller y flâner.
Une belle histoire sur le deuil, la perte d'un être par la mort ou la rupture. Les deux personnages se confient, se soulagent et leur histoire fait écho sans pudeur juste un besoin de se lier le temps d'éclaircir l'horizon. Deux inconnus dans une ville de passage, en terre d'accueil, pour retrouver sans doute un peu du passé ou une ville miroir à San Francisco.
C'est doux malgré la tragédie de leur vécu mais on se laisse prendre par leurs confidences, autour d'une table, ou bien en marchant dans les ruelles de Lisbonne.
Un livre certes court mais profond dans l'intime de la déchirure d'une vie.
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Philippe Besson Les passants de Lisbonne Roman Julliard
( 192 pages – 18€ )

En exergue du roman, Philippe Besson a choisi une phrase de Pessoa, « le plus grand penseur de l'âme portugaise », évoquant le cycle des saisons,la fragilité des êtres, la marche inéluctable du temps et a construit son récit au diapason de cette citation.

Pour Martin Melkonian , «  il n'y a pas de hasard mais des coïncidences », pour Paul Eluard «  il n'y a que des rendez-vous », c'est ce que les deux protagonistes, cabossés par la vie, ont peut-être pensé rétrospectivement, en se croisant dans cet hôtel où ils séjournent. Rencontre improbable dans le luxuriant jardin intérieur, sorte d'oasis et havre de fraîcheur, à l'écart des rumeurs de Lisbonne écrasée de soleil.

Philippe Besson entrelace, par touches sensibles, le destin de ces deux êtres blessés, dévastés, en souffrance et nous relate les circonstances de leur anéantissement.

Hélène, « enkystée dans le malheur », se livre assez vite. La détresse qui se lit sur son visage a convoqué Mathieu. Ils s'apprivoisent,s'épanchent, se décryptent, après s'être épiés discrètement. Aurait-elle en mémoire ce passage de la maison Atlantique qui nous encourage à «  s'attacher davantage aux gens qu'on rencontre, prendre en charge un peu de leur vie, les écouter, écouter même leurs silences »?

Mathieu tarde à confier ce qui le mine, la raison de sa présence. Aurait-il peur de choquer Hélène ? Il avoue «  faire confiance au hasard », mais pense que « c'est la magie de la ville qui a tout organisé ». Il décline « son attachement sentimental » pour la ville où il a été heureux. Si Mathieu peut encore caresser un soupçon d'espoir, Hélène, veuve toute récente, flotte « dans cet entre-deux ». Ils se reconnaissent une accointance « une familiarité » : «Nos hommes nous manquent. Abominablement », reconnaît-elle. Chacun d' eux brosse un portrait touchant de l'absent.

Hélène surprend, nous interpelle par sa remarque quant au choix de cette capitale, conseillée à condition de ne pas craindre « d'approcher la mort ».

Nous voici embarqués à travers Lisbonne, cette «  ville-labyrinthe », à déambuler bras dessus bras dessous, avec les deux protagonistes , mais aussi par flashback à San Francisco. le point commun de ces deux villes ? Les séismes, le narrateur rappelant celui du 29 janvier, qu'il décrit avec un tel réalisme, que les images insoutenables du chaos surgissent et l'onde sismique nous ébranle, nous tétanise.

Si les deux compagnons d'infortune , « reclus dans la triste litanie de leurs souvenirs », se suffisent à eux mêmes, vivent comme dans une bulle de douceur, occultent le décor qui les environne, le lecteur, lui,sait contempler «  les fines mosaïques sur les murs », humer « les odeurs de sardine et d'espadon grillés ».

Par contre, Hélène remarque les regards aimantés, « les oeillades appuyées » que des jeunes gens échangent avec Mathieu, aux mains fines, «  à la beauté vénéneuse » avec «  quelque chose de féminin », et le désir qui «  déboule, irrépressible » .

le lecteur les suit également dans leur errance nocturne, Hélène étant curieuse de connaître la faune que Mathieu fréquente. Il ne lui a pas échappé que Mathieu est rentré un matin, bien escorté. Il s'étourdit dans de multiples «  instants d'abandon » qui se traduisent par des pages sensuelles de « corps qui se rejoignent », de «  baisers carnivores », « des nuits blanches », « une dérive à deux » dans le sillage de Guibert.
L'auteur évoque la corrosion du couple et soulève la question de la deuxième chance.
La musique bessonienne a des accents de saudade,de fado, mais aussi de Céline Dion.

Philippe Besson montre un sens acéré de l'observation des atmosphères, des êtres et une parfaite connaissance de la ville de Lisbonne.Il offre à ses « égarés » le décor suranné et intimiste d'un bar d'hôtel qui rappelle Hopper, ou l'ambiance feutrée d'un restaurant. Il leur fait goûter à la quiétude d'un cimetière anglais d'où ils sortent avec une certaine paix dans l'âme, «  la mine calme ».Il les installe dans L'Eléctrico bondé
pour une traversée de « Lisboa », des « quartiers légendaires ». « Un parcours sinueux et accidenté » avec « des vues imprenables ».

Le réchauffement climatique qui s'est invité dans les pages est palpable :torpeur,
moiteur, soleil éreintant, « violent, brutal », «  chaleur accablante », « intenable ».

La correspondance joue un rôle important dans ce roman.
Philippe Besson aime écrire des lettres, ses personnages aussi. Il y a cette lettre de Vincent, qui frappe de stupeur Hélène, la terrasse. Puis les lettres d'Hélène aux amis, les mots pour se délester de la douleur. Mathieu n'a-t-il pas songé à écrire à Diego ?

Le narrateur sait nous tenir en haleine. Qu'a donc à faire Hélène, de si crucial, une fois ses lettres écrites ? Suspense, l'épilogue nous apporte la réponse dans une mise en scène théâtrale. de timides sourires s'esquissent, des regards appuyés s'échangent.

D'un livre à l'autre, un fil rouge se déroule. La chaleur rappelle de là, on voit la mer.
Voyager pour oublier,pour « se couper du quotidien », panser sa peine de coeur, faire le vide, c'est ce que Louise avait aussi entrepris dans Se résoudre aux adieux. Mais le salut peut-il venir d 'un tel exil, quand on est « amputé » de sa moitié ?

On retrouve les invariants : un port, la mer. La mer, « assassine », source de tragédie, Hélène la fuit. Et ce style particulier basé sur les contrastes et le questionnement.

Philippe Besson se livre à une introspection de ses « éclopés », ses « mutilés », ses « naufragés » plongés dans les ténèbres de leur tristesse, de leur solitude, de leur chagrin et les conduit vers la lumière. Sur leur parcours, une bouée de sauvetage.

Comme l'affirme Paul Eluard, « La nuit n'est jamais complète. Il y a toujours au bout
du tunnel un coeur généreux, une main tendue, des yeux attentifs. La vie, une vie à se partager ». C'est ainsi qu' Hélène offre à son compagnon d'infortune la plus belle preuve d'amitié, de fraternité. le vrai bonheur ne consiste-t-il pas à rendre les gens heureux ? Ayant « accompli ce qu'elle devait accomplir », Hélène, la bienfaisante, la fée providentielle, peut songer à regagner Paris. Elle se sent reboostée, « d'attaque » et confiante en l'avenir, avec un roman de Pessoa comme talisman.

Comme Philippe Besson le confie dans La maison atlantique : «  La chose la plus difficile est d'apprendre à vivre avec ses disparus. Mais quand on a appris, alors on est imbattable ». Mais peut-on aimer une nouvelle fois sans trahir, s'interroge Hélène ? Mathieu ne lui souffle-t-il pas le conseil idoine : «  se débarrasser de certains oripeaux » ? Leurs adieux à l'aéroport de Portela sont empreints d ' une indicible « émotion », de gaucherie et de tendresse.

Dans Les passants de LisbonnePhilippe Besson renoue avec son univers de l'intime et explore ses thèmes de prédilection : l'abandon, «  le frôlement de deux solitudes », l'attente, la perte, le manque, le deuil. Un roman qui résonne d'autant que les catastrophes naturelles récentes ont causé une litanie de victimes, généré beaucoup de panique, d'effroi et de compassion, à l'échelle du malheur collectif. L'auteur souligne le calvaire de « vivre dans l'expectative ». Il montre comment Hélène et Mathieu, si brisés, fragilisés, vont rebondir après leurs épreuves, et où ils ont puisé leur force de résilience pour conjurer le vide, «  cette vacance ».
Philippe Besson reste un expert dans l'art de fouiller les âmes et les coeurs dans ce récit empathique et cinématographique, de la renaissance, teinté de mélancolie,
qui en touchera plus d'un.
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Hélène et Mathieu , deux écorchés de la vie , se rencontrent à Lisbonne. Elle a perdu son mari, il vient d'être quitté. Deux êtres à la dérive se rencontrent et vont se raconter, sous le soleil lisboete.

Philippe Besson est un sculpteur génial d'âme humaine. Tout en finesse ici, il pose la reconstruction de deux individus au bord du gouffre.
La structure du roman , court, est uniforme : Un des deux personnes s'exprime, le narrateur commente. Cela rend le texte très puissant et lui confère une langueur que le soleil omnipotent vient renforcer.
On est dans une relation sans équivoque où l'on s'appuie sur l'autre pour mieux se relever.
Il est aussi beaucoup questions de souffrances et les questionnements qui en découlent : Peut on les classifier , existe-t-il un seuil de non retour? L'auteur avec sa finesse habituelle apporte ses réponses, sans doute les bonnes.
Pour tout ceux qui ne connaitrait pas Philippe Besson, je ne peux que vous inciter à découvrir cette plume et notamment son fabuleux Arrête avec tes mensonges.
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Ce roman aurait pu avoir pour sous titre "Roman de l'absence" car c'est bien ce dont il est question dans ce livre.
Hélène s'est exilée à Lisbonne pour tenter d'oublier la mort de son mari, décédé quelques semaines plus tôt dans le terrible tremblement de terre qui a touché San Francisco. Matthieu lui est de retour dans la ville où il a découvert une lettre de son amant lui disant qu'il le quittait. Ces deux âmes esseulées vont se trouver, se réparer et se séparer. Un roman forcément triste et mélancolique, mais dont on sort quand même avec une pointe d'optimisme. C'est le premier roman de Philippe Besson que je lis et je ne suis pas du tout déçue. Sa plume est douce et délicate et il arrive très bien à décrire les sentiments humains. Ces mots m'ont particulièrement touchés.
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Hélène et Mathieu ne se connaissent pas mais vont se reconnaitre. Tous les deux échoués, là, dans un hôtel de Lisbonne vont lier leur solitude. Tous deux ont en commun la perte de l'être aimé. Cette rencontre inattendue et leurs déambulations dans la capitale portugaise leur permettront de retrouver le monde des vivants.
Comme toujours Philippe Besson écrit sur l'absence, le deuil, le manque, l'abandon, la rédemption. Et encore une fois avec « les passants de Lisbonne », il ne déroge pas à ces thèmes de prédilections, en mettant en scène une rencontre, avec pour décor, la mer, comme souvent, mais pour la première fois au Portugal. C'est le contraste de cette moiteur, de la « saudade » portugaise et de ses deux protagonistes brisés qui nous guident dans les ruelles lisboètes comme dans leurs blessures qu'ils tentent d'apaiser.
un très bon Besson.
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Le petit avis de Kris
Elle a perdu son mari dans le terrible tremblement de terre de San Francisco, celui que tout le monde redoutait et qui a fini par avoir lieu, semant la mort et la désolation. Rien ne laissait présager que cette femme, hantée par le seul être qui comptait pour elle, puisse faire une nouvelle rencontre à même de bouleverser sa vie.
Si vous cherchez de l'insouciance, de la gaieté, du rire, alors passez votre chemin !
Philippe Besson ne fait pas dans ce registre, tous ses romans ou presque sont une exploration des âmes , des forces et des faiblesses de chacun d'entre nous, en particulier dans les moments de grande détresse et celui ci n'y déroge pas !
La perte d'un être cher, la poursuite de la vie, deux êtres qui se reconnaissent dans leur dérive, qui pourraient même ne pas parler parce qu'ils vivent les mêmes tourments et que ces tourments les rapprochent sans même se forcer et qu'ils se comprennent. Une écriture pudique, toujours juste jamais choquante.

Et en toile de fond un troisième personnage, Lisbonne, la nuit, le jour, sa chaleur et sa double San Francisco, bien présente elle aussi.
Encore un petit chef d'oeuvre et Philippe ne force même pas le trait, la narration est innée chez lui !
Pour moi, un de ses meilleurs !!
Lien : https://collectifpolar.com/
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D'emblée l'écriture de Philippe Besson plonge son lecteur dans une solitude habitée, celle de ses deux protagonistes : Mathieu subissant une rupture et Hélène n'acceptant pas la disparition de son époux dans un séisme.
Lisbonne la chaude et colorée capitale portugaise exacerbe cette attente...cette douleur proche de la folie.
Lui s'épuise en longues pérégrinations dans la ville alors qu'elle tue le temps à l'hôtel.
Inévitablement ils se reconnaissent.

A partir de cet instant les mots coulent sur l'inaudible, sur l'inéluctable, sur l'inenvisageable, sur l'inacceptable.
Peu à peu en images simples et en états d'âme colorés, nous partageons ses instants où tout s'effondre, tout se vide de la vie qui fut et de l'envie de fuite qui domine tout.
Cependant ni l'un ni l'autre ne joue la comédie du faire semblant. La relation de Mathieu qui croit que l'on ne peut pas être heureux deux fois et d'Hélène la dévastée est particulière, elle ne peut être définie d'amicale, d'amoureuse, de fraternelle, car c'est un sentiment indéfinissable qui se tisse.

La personnification du manque en parallèle de Lisbonne belle, chatoyante, mélancolique renforce ce creux à l'estomac que ressent le lecteur.
Cette sensation que les émotions se glissent sous votre peau, et que cette histoire a un tempo d'un sentiment connu de chacun, d'une universalité : celle de l'absence,du manque qui se grave au plus profond de nous.

En conclusion, il ne faut pas seulement laisser le temps au temps pour la délivrance mais laisser de la place aux vivants qu'ils soient humains ou non. Regarder à nouveau la vie en face.

D'une écriture stylée avec la simplicité d'un beau regard lucide sur la vie et ses tourments, Philippe Besson nous bouleverse et nous illumine de la petite flamme de l'espoir qui recouvre la saudade.
Une réussite, une lecture qui nous imprègne de sa merveilleuse justesse, c'est doux comme le premier rayon de soleil dans le ciel.

Pour une lectrice, le bonheur est de retrouver un auteur, de reconnaître son écriture et d'embarquer dans une histoire inconnue, c'est rare, très rare mais toujours avec Philippe Besson.
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