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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bizarre ce livre : écriture comme personnages.
Mystérieuse pour moi leur psychologie...
Par contre, j'ai très bien compris ce que ressentait ce marcheur qui ne pouvait plus marcher et à qui la liberté de s'évader dans ses montagnes était enlevée...
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Du vrai, du beau et de l'étrangeté. Un homme qui donne sa vie pour sauver une âme. Un homme qui se tait pour protéger, pour espérer une rémission, une résilience. A la fois enquête, récit, vagabondage, ce roman nous offre une lecture intelligente doublé d'une morale très différente de celle que l'on nous assène communément. Une grande bouffée de liberté qui fait du bien. J'aime l'idée du marcheur mais qui se déplace sur une ligne frontalière, toujours la même, en observant la beauté de ce qui l'entoure. C'est également un livre sur le bonheur de l'amitié.
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Ce roman singulier nous plonge dans l'univers d'un homme qui a choisi de passer sa vie chichement en parcourant la frontière franco-Italienne dans les Alpes. Yves Bichet prend de la hauteur en tissant un personnage traversé par un profond questionnement sur le sens de la vie quand l'amour mutuel n'existe plus. Cet homme, Robert Coublevie, fait des incursions épisodiques à Briançon où il a quelques connaissances au café du Nord. C'est en revenant vers l'humanité urbaine que finalement son existence bascule dans le drame sordide.
Ce roman a une tonalité misanthropique cependant son personnage principal conserve un attachement pour certains êtres humains. C'est par humanité qu'il sera obligé de quitter définitivement les crêtes où il avait trouvé refuge.
Ce roman est touchant par la justesse des évocations des randonnées en montagne, des paysages alpestres et de l'intériorité d'un individu blessé.
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Robert Coublevie est un chemineau que sa femme Elia a quitté. Dans la vie, son occupation essentielle consiste à cheminer, à marcher, marcher le long de la ligne frontière Italie-France. Il a un ami chartreux, un moine qui marche parallèlement de l’autre côté de la ligne, côté italien. Ils se retrouvent régulièrement, proches des sommets, pour échanger quelques mots. Robert est accompagné de sa chienne Elia, qui porte le prénom de son ex-femme.

Mais parfois, les nécessités de la vie le poussent à redescendre en ville, à Briançon, où il retrouve les habitués du Café du Nord : Sylvain Taliano, le propriétaire du bar, Camille sa fille de 16 ans, Mounir le garçon, Tapenade, Tissot « l’agrégé des douanes », et même Elia son ex-femme.
Camille est une jeune fille un peu rebelle, dont la mère est morte quelque temps auparavant, d’une cirrhose du foie, elle qui ne buvait jamais …

Ce sont des pauvres gens. D’une pauvreté de misère qui va les conduire, lors d’un « repas de salauds » comme Camille les baptisent, à la mort de l’un d’entre eux, « l’agrégé des douanes », auteur d’une curieuse lettre d’amour :

« Nous avons déjà expérimenté tant de choses … Le désir nous a dressés l’un vers l’autre, puis éconduits en quelque sorte. Nous avons développé une amitié si sensuelle et si abrasive que, même sans jamais nous toucher, nous en sommes devenus esclaves (…) »

L’homme qui marche pourrait commencer comme un polar. Un homme meurt, et le petit groupe que forment les habitués du Café du Nord recèle autant de coupables potentiels. Au milieu la belle Camille tourne bien des têtes, mais pas celle de Robert, qui est une sorte de parrain pour elle, et qui l’a souvent aidée à faire ses devoirs. Camille connaît des endroits étranges dans cette petite ville de Briançon : non seulement l’immeuble où se déroule « le repas de salauds » dans la rue des Trois-Mariées, mais aussi un ancien transformateur EDF et ses orties …
Mais L’homme qui marche n’est pas un polar. On saura finalement ce qui s’est passé dans la nuit qui a suivi « le repas de salauds » et comment le douanier a trouvé la mort, mais ce n’est pas le pire. La réalité est encore plus sordide, qui dévoile la posture surprenante d’une Camille, victime, allant jusqu’à défendre son bourreau par compassion.

Il faudra atteindre la page 158 pour bien comprendre le propos de Yves Bichet.

Au-delà de la boue du quotidien qu’il décrit, il y a les fleurs. Les fleurs et les chapelles.
Des fleurs, on en trouve dans presque tous les romans d’Yves Bichet : dans les Terres froides il était question de chasseurs de vipères dans les violettes. Dans Le porteur d’ombre, Marc envoyait des fleurs à Léandra. Il y était question déjà d’un meurtre, où un certain Jamil était le suspect idéal, bien qu’en fait non coupable.
Ici, ce seront les gentianes trouvées au sommet qui console le narrateur de la bassesse humaine.

Yves Bichet va chercher dans la boue et dans la lie les signes d’une autre vie.
Ici, malgré le côté sordide des relations entre les hommes et les femmes qui forment le petit groupe, quelque chose résiste. Robert a une liste de mots rares et précieux qu’il garde pliée au fond de sa poche. Aux cotés de Naphtaline ou de Déçu, il va apposer Oblatif : qu’il définit comme « qui s’offre à satisfaire les besoins d’autrui au détriment des siens propres ». Robert va agir en oblatif comme Camille l’a fait elle aussi.

Mais Robert Coublevie ( Double vie ?) a aussi le rire facile. La fréquentation des sommets lui donne la possibilité de voir le monde et les hommes d’une autre manière. A force d’arpenter les mêmes sentiers, il cultive une empathie qui va le conduire à prendre sur lui le drame de Camille, jusqu’au bout, mais il le fera toujours avec un grand détachement.

L’homme qui marche est un livre sur les frontières : celle qu’on tutoie sur les sommets alpins, mais aussi celle qu’on peut franchir quand on est libre, loin de la morale des hommes.

Yves Bichet nous fait la démonstration qu’on peut être au-dessus de la mêlée, joyeux, libre, jusqu’au bout.




Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Entre La part animale et L'homme qui marche, 20 années sont passées.
Le premier roman d'Yves Bichet nous plongeait dans le monde des éleveurs intensifs de dindons desquels Étienne, le personnage central, extrait la semence pour inséminer les dindes, car les mâles reproducteurs sont trop lourds. C'est aussi le monde dur des paysans, des notables de la campagne, l'ennui de la femme que les hommes délaissent pour leur travail… C'est la solitude, la poésie de la nature… c'est l'acceptation de la part animale qui réside en chacun de nous.

Avec son 9e roman, L'homme qui marche, Yves Bichet nous balade sur la frontière franco-italienne, là-haut, où la vue sur les massifs, l'immensité du ciel, le parfum des plantes, la solitude, mais aussi la rencontre avec un vieil ami chartreux qui longe la frontière, mais côté italien, aèrent l'esprit de Robert Coublevie. Marcher plutôt que de sombrer après une rupture amoureuse. Marcher avec sa chienne qu'il a nommée Elia, comme son ex-femme. Régulièrement, Coublevie redescend à Briançon et se plonge dans la vie en huis clos d'un bistrot où Camille, l'adolescente écorchée, cherche une compagnie rassurante dans un milieu hostile, où les personnages, traités comme un tableau pointilliste, ont tous une part animale en eux, cette part animale sujet du premier roman de l'auteur.
L'histoire alterne entre ces moments de solitude presque aérienne, partagée avec cet ami chartreux ou Camille, et la vie glauque d'en bas. Sujets graves, philosophie et humour se succèdent, s'entremêlent. Une intrigue se noue, des pistes apparaissent, de fausses pistes… et le dénouement n'est pas du tout celui qu'on attend.
Ce roman traite du pardon, du regard sur le monde, du choix des hommes qui ne paraît pas toujours évident au premier abord.

Au-delà de l'histoire, le regard d'Yves Bichet.
Il est bon que les hommes qui ont vécu de la terre se mettent à écrire. Les sentiments et les caractères sont vrais, parfois rustres, mais définitivement authentiques. Et l'approche du monde se fait par la porte de l'universalité intérieure. L'homme est simple, modeste, souriant. Comme il aime à le répéter, c'est par accident qu'il a été édité dans la revue NRF de Gallimard pour ses premières poésies, il y a plus de 20 ans. Cette poésie est toujours présente dans l'écriture d'Yves Bichet. Elle rythme les pages, nous berce, donnant envie parfois de lire à haute voix, pour mieux l'entendre chanter à nos oreilles. La nature n'est jamais loin dans ce livre et Yves la module avec la justesse due à son expérience. Dans les moments de dramaturgie forte, heureuse ou malheureuse, elle continue de fasciner, les ruisseaux de couler, les fleurs d'éclore.
Yves Bichet sait prendre des risques. Son parcours littéraire est une remise en question permanente. Chaque roman traite d'un sujet différent, quand il serait aisé, voire confortable, de se caler dans un genre et ne plus en sortir.
Yves Bichet prend son temps pour écrire, pas question de « produire ». le prochain roman est en écriture, son éditeur le pousse… mais lui est comme l'homme qui marche, il a tout son temps.
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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