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Je ne suis pas un héros.
J'ai été un père de marde.
Je suis un père de marde.
Voilà donc toute l'histoire de ce bouquin, celle d'une vie, celle d'un père alcoolique.

Toute ressemblance avec un semblant d'héros serait donc fortuite. Alors qu'il se sait mourant, le foie qui lâche, l'histoire de quelques mois, ce père, ce héros, alcoolique depuis des années, essaie de renouer le contact avec sa fille Gabrielle qu'il a laissé depuis deux décennies. C'est donc une histoire de rédemption et de pardon. Yvan qui vit en coloc avec Miche, amante plus par solitude, et un chat recueilli par défaut. Gabrielle - tu brûles mon esprit, ton amour étrangle ma vie et l'enfer -, qui semble malgré tout accorder tant d'amour à ce père si longtemps absent.

En fait, une question se pose : qu'est-ce qu'un héros à tes yeux ? Attention, je ne te parle pas d'un type en cape et collants. Non, là, je te cause d'un vrai héros. le genre ordinaire, un pauvre type qui peut s'émouvoir d'un vol de lagopèdes à queue blanche, sentir le frémissement de ses majeurs sous le souffle du blizzard, regarder en silence la migration des bernaches à l'approche de l'hiver canadien, en s'enfilant quelques frettes dans le frette québécois... Ou est-ce juste un père alcoolique sous le regard de sa fille...

D'ailleurs, le roman s'ouvre en quatrième page par cette phrase-là :
Comment puis-je commencer quelque chose
de nouveau avec tout cet hier en moi ?
LEONARD COHEN, Les perdants magnifiques.

Alors forcement, j'ai devant moi l'immense fresque de Léo sur cet immeuble de Montréal... Déjà je suis dans la place, et les jurons, si amusants vus de ma contrée, de Sophie Bienvenu sont attendus avec un grand sourire, ça fait partie de mon folklore littéraire 100% pur sirop d'érable. Surtout qu'après Léo, elle enchaîne avec David Bowie et Lou Reed. C'est dire, la force, la puissance, l'émotion d'un tel roman. Car Yvan a une grande et belle discothèque, qui pourrait être mienne, je vous l'ai dit d'entrée de jeu, j'ai beaucoup de point commun avec Yvan.

Et la force de ce bouquin, outre la larme qui coula sur ma joue, outre l'envie de le relire, fut la façon dont l'auteure parla de la Piste 3 de l'album Deep Purple In Rock, les connaisseurs savent de quoi je parle et se reconnaîtront...

Boire une frette, écouter Lou Reed ou David Bowie, écrire sur Deep Purple, penser à Leonard Cohen... Tout ça dans le dernier roman, grandement autobiographique, de Sophie Bienvenu, émouvant en tabarnak...
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Père alcoolo, père mourant, père absent

Le personnage principal du nouveau roman de Sophie Bienvenu n'a rien d'un super-héros. Mais Yvan, un gars ben ordinaire, ne veut pas mourir avec des regrets. Sa quête est très touchante.

Quand Yvan reprend connaissance, il est dans un lit d'hôpital. Quelques heures auparavant, il s'apprêtait à regarder la télévision avec Miche, sa colocataire, quand il s'est senti mal. Puis est tombé dans le coma.
Une expérience douloureuse qui le secoue et l'entraîne à dresser son bilan personnel, qui n'est guère reluisant. Lorsqu'il rembobine le film de sa vie, il trouve d'abord quelques aventures, avant de rencontrer Eliane, avec laquelle il a construit sa vie de couple. À 25 ans, il avait «une femme que tous les hommes enviaient, une enfant merveilleuse et en bonne santé, une belle voiture». Pourtant, il restait insatisfait. «J'avais l'impression de vivre une vie qui n'était pas la mienne et de m'être engagé sur des rails qui m'entraînaient à des kilomètres de là où je désirais aller. Mais où désirais-je aller et qui étais-je?» Il divorce, perd le contact avec sa fille Gabrielle.
Maintenant que les décennies étaient venues s'ajouter aux décennies, cette interrogation ressurgissait. Il considère sa fille comme sa grande réussite et, maintenant qu'il se sait condamné à court ou moyen terme, entend renouer les liens avec elle.
Oubliée Miche, qui avait pris du poids et s'était mise à boire, certes moins que lui, mais suffisamment pour détériorer son image. Il décide de partir, de jouer sa propre version de Thelma et Louise. Et s'il est Thelma, alors son chat est Louise. Car après un premier départ avorté, il revient chercher son animal domestique: «J'ai pas pu faire autrement que de m'attacher au chat, il était entré dans ma vie gros comme mon poing, maigre comme une corde à linge, le poil hirsute, les yeux collés, donc ou je m'en occupais, ou il mourait.»
Le taxi le conduit jusqu'au domicile d'Éliane, sans doute l'une des seules adresses à figurer dans son répertoire. Accueilli par Trevor, son nouveau compagnon, ex-hockeyeur, il est le bienvenu, à sa grande surprise. Mais il n'oublie pas son objectif et part retrouver sa fille.
Je me garderai bien de vous dévoiler l'issue de la rencontre, mais j'ai envie de souligner combien Sophie Bienvenu réussit une subtile réflexion sur le rapport père-fille. En construisant son roman sur les émotions ressenties, en mêlant souvenirs d'enfance et expériences actuelles, sans souci de la chronologie, elle met le coeur à nu. Et en jouant sur l'urgence, elle fait tomber les masques. Désormais, il n'est plus possible de se dissimuler: «Moi, je suis né avec plein d'aspérités et de failles où la merde s'est toujours incrustée. Et, à un moment donné, avec tout ça, j'étais plus capable d'avancer. Ça a commencé avant que tu viennes au monde, en fait il me semble que j'ai toujours été comme ça.»
Comme dans Chercher Sam, son précédent roman dans lequel un homme parcourait les rues de Montréal à la poursuite d'un chien, la romancière nous fait entrer dans la tête de son personnage, dans sa volonté d'y mettre de l'ordre. Mission difficile, voire impossible, mais ô combien touchante.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Étonnant ce récit de la vie d'un alcoolique à qui son médecin vient d'apprendre que ses jours sont comptés.

Émouvant, ce livre écrit au « Je », celui d'un homme dans la soixantaine qui revoit sa vie, avec les bons et les moins bons moments du passé, mais surtout la détresse de la dépendance alcoolique et l'incapacité de s'en sortir. Et, bien sûr, les conséquences sur sa famille, sur ses relations avec sa fille. Un discours qui sonne douloureusement vrai.

Déroutant parfois ce roman, car l'homme imagine des scénarios pour son avenir. Comme dans ces livres « dont vous êtes le héros », l'histoire prend des tournants différents selon les chapitres.

Captivant ce livre, avec une belle écriture et l'histoire crédible d'un homme qui n'a pas pu vivre à la hauteur de ce héros qu'il était aux yeux de sa petite fille.
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Lecture très mitigée pour cet opus.
Malgré le thème très touchant et interpellant de l'alcoolisme et ses ravages.
Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire.

Les divers points de vue sont énumérés mais j'ai été perdue car un moment il est chez sa fille et en parallèle il était avec sa colloc : la séparation n'est pas claire et je n'ai pas du tout compris le mélange des deux situations.

j'ai rien compris la moitié du temps.

Je me demande encore ce que l'auteur a voulu nous transmettre comme message sinon que l'alcool c'est mal.

Bref, pas top.

Mais j'ai aimé les personnages, la fille, la colloc, le chat :)

Tout n'est pas mauvais, faites vous votre idée.

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Un homme alcoolique et mourant qui a perdu contact avec sa fille depuis près de 20 ans se demande s'il devrait la recontacter. Son histoire se promène entre ses souvenirs et deux scénarios qu'il se fait dans sa tête: l'un avec sa fille qui revient dans sa vie et l'autre sans sa fille.

J'ai une opinion mitigée sur ce roman. D'un côté, je trouve que les ravages de l'alcoolisme sont très bien illustrés à travers le cheminement des personnages. de l'autre, bien que j'apprécie l'idée originale d'entrecroiser plusieurs versions selon les décisions que pourraient prendre Yvan, le fil est parfois difficile à suivre.

Par ailleurs, j'ai été ravie par les références, ici et là, aux actualités et faits divers des dix dernières années, comme par exemple, la victoire de Yan à l'émission La Voix, l'émission québécoise de cuisine, la pénurie d'enseignants, etc.

Par contre, un passage m'a estomaquée et j'ose espérer que les gens d'aujourd'hui ne pensent plus comme cette grand-mère lorsqu'ils se retrouvent face à des situations de violence conjuguale. Je vous laisse juger par vous-même de cet extrait.

'' T'as bien dû faire quelque chose, je peux pas croire. Faut que tu retournes chez vous, qu'est-ce que les gens vont dire?'' Ma mère pleurait depuis notre arrivée. Entre deux sanglots, j'ai compris: '' je suis plus capable.'' J'ai entendu qu'on fouillait dans le kit-à-bobos que ma grand-mère gardait dans l'armoire à pharmacie et qu'elle sortait comme on exhibe un trésor si je m'éraflais le genous. Ma mère a émis un faible sifflement quand l'alcool a toucjé sa plaie. '' Tsé, faut avouer que t'es pas la plus facile à vivre...'' (p. 121)

Bref, il y a de belles forces dans ce roman, comme la manière dont le thème de l'alcoolisme est exploité et les références aux actualités et faits divers récents mais le sens de l'histoire est un peu difficile à suivre.







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Sophie Bienvenu est une valeur sûre. Pour avoir lu tous ces autres, ce livre se classe, selon moi, bon deuxième derrière Chercher Sam. Une belle histoire d'amour, de dépendance, de résilience et de pardon. On y suit Yvan, soixantenaire alcoolique qui apprend qu'il n'en a plus pour longtemps en raison de son foi endommagé.

Le narrateur alors se met à regretter le peu de temps passe avec sa fille. L'auteure s'y prend alors superbement superposer en alternance l'histoire d'Yvan qui décide d'aller faire sa fille avant le trépas et Yvan qui décide de ne pas aller vers elle.

Bien que ces jours soient comptés, Yvan pourra-t-il racheter le mauvais père qu'il a été?

Sophie Bienvenu est talentueuse et son écriture est envoûtante. C'est un beau 4 étoiles.
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Récit d'un père, maintenant malade, qui regrette les choix qu'il a pris dans la vie, particulièrement les répercussions sur sa fille. Maintenant en colocation avec Miche, son amante (en quelques sortes), Yvan décide de partir pour retrouver son chat. de là deux avenues s'ouvrent à lui: il peut essayer de réparer les pots cassés et aller voir sa fille qu'il n'a pas vu depuis plusieurs années ou retourner chez lui et potentiellement mourir de son alcoolisme. L'histoire se sépare alors en deux consécutivement; deux univers où Yvan a pris un choix différent. L'histoire est vraiment bonne et le style est très intéressant. Les dialogues sont fluides et les personnages sont pleins de réalisme. Bref, ce roman n'a pas de défauts.
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Touchant récit portant sur la relation dysfonctionnelle entre un père et sa fille. Yvan, alcoolique notoire, cherche à renouer avec sa fille Gabrielle qu'il n'a pas vue depuis 20 ans, après avoir appris qu'il est atteint d'une maladie incurable. le thème principal porte sur la question existentielle : est-ce possible de tout pardonner?

Ce que j'ai le plus aimé : la belle écriture de l'autrice qui porte à réflexion ainsi que son audace pour traiter d'un thème aussi difficile et complexe que le pardon. J'ai aussi été touchée par l'affection profonde et inconditionnelle que Gabrielle porte à son père, faisant de lui un héros dans son coeur, malgré tout.

Ce que j'ai moins aimé : c'était parfois difficile de bien suivre le fil de l'histoire, car l'autrice entremêle constamment le passé, le présent et l'avenir dans un même chapitre, ayant pour seul repère les changements de paragraphes. Ouf, vraiment pas évident de s'y retrouver. Ainsi, j'avais souvent de la difficulté à démêler le réel et les fantasmes des différents personnages.

Sans être un coup de coeur, ce fut tout de même une belle expérience de lecture!
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