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sur 802 notes
Florence, janvier 1557, un peintre est mort assassiné, un autre peintre se voit chargé d'enquêter sur ce crime. Et à travers la correspondance des différent protagonistes de cette étrange histoire, on dénoue progressivement les fils de l'affaire tout en découvrant l'écosystème complexe où elle se déroule.

"perspective(s)" est donc un roman qu'on pourrait qualifier de "Polar épistolaire historique", et j'avoue que je n'y aurais pas plus prêté attention que ça s'il n'était pas sorti alors même que j'étais justement en vacances à Florence et qu'on me l'avait donc chaudement recommandé (merci ileauxtrésors !). Cette étrange conjonction de lieu et de temps fait que je suis immédiatement tombée sous le charme de cette histoire où finalement l'élucidation du meurtre initial importe peu. J'avoue même avoir été une peu déçue par la résolution finale, trop improbable, alors qu'il aurait été délicieux de refermer le livre en se demandant si toute l'histoire aurait pu être vraie.

Mais ici ce qui fascine ici, c'est l'aspect protéiforme d'un récit mené tambour battant. On y trouve de la romance, des trahisons, des complots politiques, une révolution, des controverses religieuses, de l'histoire de l'art, de l'aventure, et tous ces aspects s'entremêlent en un canevas éblouissant. le tout à l'image de la capitale toscane, qui devient même un personnage à part entière de ce drôle de roman qui donne une folle envie de faire un tour au Louvre (à défaut des Offices) pour (re-)découvrir les peintres maniéristes.
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Quel roman! Un style tout à fait original en échange de courriers, de plis devrait-on dire. Si la mise en marche est un peu chaotique car il faut prendre la mesure de tous les personnages, leur place dans l'histoire et le langage qui peut paraitre désuet, c'est ensuite un enchainement tel un policier d'aujourd'hui, avec en plus de l'humour et de la dérision qui apporte un petit plus supplémentaire s'il en fallait. L'histoire se passe à Florence principalement, au XVIème siècle, avec la mort du Pontormo, peintre du roi qui s'occupait des fresques de San Lorenzo. Qui? Pourquoi? C'est vraiment très bien tourné et j'ai adoré m'immerger dans ses manipulations politiques, ces méandres bien particuliers qui caractérisaient cette époque.
Un grand roman de Laurent Binet pour cette rentrée littéraire à qui je donnerai volontiers un joli prix à l'automne si je pouvais!
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Ce roman épistolaire met en scène des personnages historiques : Catherine de Médicis, Michel-Ange sont les plus tape-à-l'oeil pour le lecteur français, mais les autres ne sont pas des inconnus non plus. Tout commence avec la mort de Jacopo Pontormo : accident? peu probable avec un couteau en plein coeur, suicide? assassinat? A cela s'ajoute la découverte dans son atelier d'une copie d'un tableau de Michel-Ange, tableau impudique où la tête de Vénus est remplacée par la fille de Cosimo de Médicis, maître de la ville. Les complots sont partout : on est à Florence au XVI° siècle après tout! La ville poursuit son embellissement même si Brunelleschi, Giotto, Botticelli pour ne citer qu'eux, ne sont plus depuis longtemps : Cosimo de Médicis poursuit la tradition familiale de mécénat, même si Savonarole a laissé des admiratrices derrière lui. Les artistes qui correspondent s'interrogent beaucoup sur la place de l'art dans la société: Michel-Ange est furieux à l'idée de recouvrir ses nus de la Chapelle-Sixtine...
L'aspect policier est passionnant, de fausse piste en fausse piste : l'enquête est menée par Vasari qui préfèrerait nettement se consacrer à ses oeuvres et à la rédaction de ses Vies de meilleurs peintres, sculpteurs et architectes et qui ne se prive pas pour donner des avis tranchés sur les oeuvres de ses confrères, avis souvent combattus par ses correspondants.
A tout cela s'ajoute un soupçon de Liaisons dangereuses qui est après tout LA référence du genre et me voilà comblée, pour un de mes premiers coups de coeur de cette année.
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Un texte épistolaire, il fallait oser. Souvenir d'un des seuls romans épistolaires que j'aie lu, les fameuses "liaisons dangereuses", souvenir de lecture lycéenne.
Souvenir d'avoir lu les textes de Vasari, peintre, architecte et historien de l'art, je me souviens de ses portraits de peintre, pas toujours tendre dans ses chroniques.
Laurent Binet lui en fait un personnage central de son roman épistolaire : nous sommes à Florence en 1557 et à travers 176 lettres, nous allons essayer de comprendre comment est mort Pontormo, un vieux peintre qui travaillait depuis plusieurs années sur des fresques et qui a été retrouvé mort. Vasari va être chargé par le duc de Florence, de retrouver le ou les coupables. A travers les différentes lettres échangées, nous allons alors découvrir plusieurs intrigues, amoureuses, politiques, artistiques : nous croisons Marie, la fille du duc, qui écrit à sa tante, Catherine de Médicis, qui est à Paris, Michel-Ange, en exil à Rome. Et au fur et à mesure de la lecture des lettres, nous allons découvrir ce monde d'intrigues et finalement savoir qui a poussé le peintre au bas de l'échafaudage. Il y a aussi des références politiques, artistiques (les différents métiers autour des grands Maîtres), les rivalités entre les "grands" mais aussi les "petits" : des mariages arrangés, des fuites amoureuses, des rivalités entre peintres, entre corps de métier.
Un texte qui se dévore et dans lequel nous apprenons beaucoup que ce soit sur des événements politiques, culturels, religieux, artistiques.
Un polar historique épistolaire réussi et un sacré moment de bonheur de lecture.
#Perspectives #NetGalleyFrance
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De l'auteur, j'avais aimé La septième fonction du langage, HHhH et détesté Civilisations.

J'entrais donc dans ma lecture à petits pas.

J'ai dévoré ce roman le temps d'une après-midi qui m'a fait vivre à Florence en 1557 lorsque Pontormo peignait l'intérieur de la Basilique de la ville.

J'ai lu avec passion les correspondances que s'échangent Michel-Ange et Vasari, Maria et sa tante Catherine de Médicis, mais aussi le Duc de Florence et le père de son futur gendre Hercule d'Este.

Vous ne connaissez pas tout ce petit monde ? Rassurez-vous moi non plus avant de commencer ma lecture.

J'ai découvert les guelfes et les gibelins qui se livraient une guerre continuelle dont personne n'a retenu les causes.

J'ai découvert la doctrine du frère Jérôme Savonarole qui a dirigé un régime théocratique dans la ville de Florence au XVe siècle.

Je ne connaissais pas le pape Paul IV et sa détestation de la représentation du corps nu.

Le nom de Benvenuto Cellini n'évoquait pour moi qu'un opéra de Berlioz, c'était également un orfèvre florentin.

J'ai découvert le poème My last Duchess de Robert Browning à propos de la mort de sa femme Lucrèce de Médicis trois ans après leur mariage.

Une lecture instructive et dépaysante.

L'image que je retiendrai :

Celle des personnages annexe comme le broyeur de couleurs ou l'amant de Maria qui apportent de la vie au récit des faits et gestes des Grands Hommes.
Lien : https://alexmotamots.fr/pers..
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Voilà un roman policier-historique-artistique-épistolaire qui m'a tenu en haleine.

Nous sommes à Florence au milieu du XVIème siècle. Un peintre de renom, Jacopo Pontormo, a été retrouvé mort dans la chapelle San Lorenzo où il travaillait sur des fresques depuis plus de dix ans.

Giorgio Vasari, artiste et écrivain d'une des premières histoires de l'art, est désigné par le duc de Florence, Cosimo de Médicis, pour faire la lumière sur cette affaire.

Au delà d'une simple enquête sur la mort d'un artiste, se profile tout un monde politique de complots et d'alliances avec une reine de France qui conspire contre le duc de Florence, une emprise religieuse avec le pape Paul IV à Rome qui élargit les pouvoirs de l'Inquisition, interdit la représentation des nus et institue des mesures anti-juives, une emprise artistique avec nouvelle façon de peindre de Jacopo, s'affranchissant des perspectives, et dont on a retrouvé un tableau licencieux dans son atelier, tableau qui pourrait provoquer un scandale.

C'est par le jeu de lettres que nous allons suivre cette enquête. Tout le monde y va de sa conspiration, ses suspicions, ses croyances. Et c'est diablement bien fait !

J'ai beaucoup aimé que tous les personnages aient réellement existé (j'ai passé pas mal de temps en recherche pour en savoir plus sur chacun-e). J'ai été emportée par les échanges, les réflexions, les complots, le tout avec une belle écriture assez moderne pour l'époque et une touche d'humour qui m'a fait éclater de rire plus d'une fois.

J'ai juste été un peu gênée au départ par le nombre de correspondants (même si on peut se référer à une liste au début du livre), mais finalement on s'y retrouve assez rapidement.

Un très bon moment de lecture.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Laurent Binet propose une chronique - véritable pépite - décrivant la vie quotidienne au point de vue culturel, politique, social des florentins pendant le règne de Cosme de Médicis. Celle-ci se présente sous la forme d'un polar épistolaire.

Sous la houlette de Giiorgio Vasari (1511-1574) - peintre, architecte, auteur des Vies des plus excellents peintres et surtout proche conseiller de Cosimo de Médicis - promu enquêteur à son corps défendant, suite au meurtre sordide du peintre Pontormo (1494 - 1557), c'est la Florence de l'année 1557 qui prends vie sous nos yeux quelque peu éberlués.

Il n'y a pas de dialogues. Mais qu'importe !! Cela se dévore comme des petits beurres tant c'est vivant, voire épique.

Outre Girogio Vasari, on croise Cosimo de Medicis et son épouse Eléonore de Tolède, le duc d'Este, les peintres Michel Ange, Vincezo Borglini, Sandro Allori pour ne citer qu'eux, sans oublier Jacopo de Pontormo dont il est beaucoup question et surtout présent à l'état de cadavre.

La politique et ses tractations afin de sceller des alliances commerciales ou dans le cas présent afin d'asseoir le pouvoir en place entre deux états indépendant est décrite avec minutie ainsi que la vie culturelle florentine à travers de longues lettres dans lesquelles transparaissent jalousie, mesquinerie, haine.
Il faut avoue que Savonarle (1452-1498) est ses prêches contre la corruption morale du clergé catholique, sans remettre en cause le dogme est toujours présent dans la mémoire collective, entre partisans et détracteurs. Cela donne ainsi toute une prose épistolaires entre leurs auteurs.

Sous la plume envolée de Laurent Binet, Perspective(s) se dévore littéralement - dans tous les sens du terme d'ailleurs - et dans lequel on apprend plein de choses sans que l'on s'en rende compte.

A lire les yeux fermés et sans modération.


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Avec Perspective (s), un étonnant polar épistolaire qui se déroule à Florence au XVIème siècle, Laurent Binet nous transporte à la cour de Côme Médicis. L'auteur profite du fait qu'un mystère entoure la date du décès du peintre Pontormo pour imaginer qu'il a été assassiné. Il travaillait alors, dans le plus grand secret et depuis plus d'une décennie, sur les fresques d'une chapelle.
Celui qui mène l'enquête n'est autre que Vasari. Il écrit et demande conseil à la grande idole de l'époque, Michel-Ange. Au fil des lettres, on croise les artistes florentins de l'époque comme le sculpteur- orfèvre Cellini ou le peintre Bronzino. de Paris Catherine de Médicis fomente un complot avec l'aide de son cousin le maréchal de France Strozzi pendant que la fille de Côme essaie d'échapper à son destin. Des religieuses adeptes du frère Savonarole complètent le tableau. L'auteur s'est très bien documenté sur chacun d'eux et sur les usages de la cour florentine.
Vasari doit faire preuve de discrétion dans son enquête mais rumeurs et cancans se propagent. Qui a modifié la fresque de Pontormo? Laurent Binet tire habilement les fils de son intrigue. Toutes les hypothèses sont émises, ce qui nous offre plus d'une perspective.
Le style est savoureux, le langage inventif, parfois trivial, mais bien à notre portée car l'auteur dit avoir retranscrit les lettres dans le langage contemporain. le récit est plein d'humour et m'a souvent fait bien rire.
La septième fonction du langage m'avait désappointée, un peu compliqué et long. Je garde pourtant très nettement en mémoire quelques passages incroyables et, certains, très amusants. Civilization m'est tombé des mains, je ne l'ai pas fini. Et Perspective (s), j'ai adoré! Laurent Binet est vraiment un auteur qui sait se renouveler!
#Perspectives #NetGalleyFrance
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Monsieur,
Pour donner suite à la lecture de votre roman je me dois de vous adresser ce billet qui n'a d'autres objectifs que de convaincre mes amis lecteurs de tout l'intérêt qu'ils ont à porter à votre ouvrage.
Je commencerai par le style. Un roman épistolaire ce n'est pas commun. Il faut juste pendant les 50 premières pages se référer à l'index du début de livre. Les personnages nous deviennent alors familiers et leurs personnalités sont parfaitement retranscrites tout au long du recueil.
Ensuite il y a ces lettres qu'on lit avec joyeuseté, étonnement, fascination, surprise… En effet au pied de l'estrade on découvre les stratégies, la manipulation, le cynisme des personnages. C'est aussi drôle qu'étonnant.
Enfin il y a le cadre historique qui mélange l'histoire du XVIème siècle (que j'aime tant) avec l'évolution de l'art en mettant l'artiste à une place sociale très intéressante.
Merci pour ce bon moment de lecture
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Laurent Binet - Perspective (s)****1/2 - Rentrée littéraire 2023

Profitant de la rentrée littéraire, je me suis mis à lire en parallèle 9 livres de cette nouvelle rentrée parmi les 420 qui sortent. Mes critères de choix sont soit l'auteur (ainsi Reinhardt ou Férey), soit l'histoire et bien entendu les critiques qui en sont faites.

Il est incroyable ce Laurent Binet, capable d'écrire des livres dans des styles très différents, tout en gardant une rigueur et une approche où l'on reconnaît la « patte » Binet.

Et quelle audace de faire un roman totalement épistolaire, en le situant à Florence sous les Côme. Là un peintre est tué et une de ses peintures offenses gravement la fille du Prince…et tout le monde s'agite, s'écrit, enquête…

Il faudrait insister aussi sur le titre, qui fait référence bien sûr à la peinture, mais aussi, pense-t-on au genre littéraire qu'il a choisi comme si il fallait donner une perspective différente au roman en soi.

Un livre tout simplement formidable qui devrait être salué par une ou plusieurs récompenses littéraires, que ce soit pour le fond (j'espère que l'Histoire est respectée, je ne suis pas assez calé pour le savoir mais ça a l'air…) que pour la forme.
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