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3,77

sur 761 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comme le dit l'adage Carambar, la culture c'est comme la confiture, moins on en a plus on l'étale.
Eh bien, c'est un peu l'effet que m'a fait le dernier né de Laurent Binet, et j'ai eu l'impression de tremper une grande tartine trop peu dégoulinante dans mon bol de chocolat chaud.
J'ai trouvé le démarrage poussif en mode diesel, mais où diable est caché le starter ?
Je l'ai déniché mais finalement seulement dans les 50 dernières pages, alors forcément sur les 238 premières, j'ai trouvé le temps un peu long…
Pourtant, je n'étais pas très dépaysée par le décor, après avoir lu le portrait de mariage, on prend presque les mêmes et on recommence. En effet, me voilà de retour au sein de la famille Médicis : Cosme 1er, Éléonore de Tolède et leur fille Maria, j'en ai d'ailleurs profité pour leur claquer une petite bise. Ils le méritaient bien, tous ces auteurs qui ont dû défiler pour les interviewer sur leur vie à Florence… bien que l'histoire racontée par les deux auteurs soit radicalement différente en ce concerne Maria de Médicis. D'après wikipédia, le bon point irait plutôt à Maggie O'Farrell, Laurent Binet ayant succombé à une légende peu fiable d'un amour caché de Maria pour un jeune page, Malatesta de Malatesti (rien que le nom déjà…)
Mais il y a de nombreuses autres guest-stars au tableau et pas des moindres du monde de l'art florentin, Pontormo (qui doit se contenter de brèves apparitions puisqu'il est le cadavre dont le but du jeu va être d'identifier l'assassin), à Michel-Ange, Bronzino, Catherine de Médicis, …
Dans ce polar épistolaire historique Laurent Binet s'ingénie à multiplier les personnages, mais il leur prête à tous le même langage, pas de grande différence de style entre les grands-ducs, les peintres, leurs ouvriers, les nonnes, … Il y a pour moi un petit raté de ce côté-là, d'autant plus qu'il aurait pu être amusant de passer d'un style à l'autre…
D'ailleurs les épisodes avec les nonnes sont des plus réussis et m'ont valu quelques plaisantes contractions des zygomatiques.
Pour le reste malheureusement, l'alchimie n'a pas complètement pris, j'ai trouvé en premier lieu des longueurs et souvent l'ennui au bout de la page. Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre qui jouait quel rôle dans ce décor, et encore j'étais déjà copine avec les Médicis et la famille d'Este, donc ceux-là, c'était fingers in the nose.
J'ai également été fort chiffonnée quand M. Binet fait écrire à Maria deux « malgré que » dans une même lettre à quelques lignes d'intervalles ! (p.39) Ah non, désolée M. Binet mais je ne peux pas y souscrire…
Heureusement, la fin plutôt réussie vient relever l'ensemble, mais les pièces du puzzle ont pris un peu trop de temps pour être rassemblées à mon gout.
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Quoiqu'y invite l'exergue, il aurait fallu ne pas lire Mon nom est rouge d'Orhan Pamuk. Garder un souvenir enchanteur de la septième fonction du langage n'est pas très indiqué non plus. Enfin, si l'on peut éviter d'avoir eu trop récemment dans l'oreille le phrasé, les brillantes machinations, l'élégance des Liaisons dangereuses, cette lecture de Perspective(s) n'en sera que plus aisée.

Enumérer de telles précautions en prémices est navrant car cela suppose d'une part que ce roman a besoin d'une mise en garde et d'autre part que le livre n'est pas à la hauteur des illustres précédents dont il se targue.

Mais il serait injuste tant de nier la pertinence de ce conseil que d'agonir d'insultes celle qui le formule. Je ne suis après tout que le messager d'une réalité désagréable : ce livre est à moitié réussi.

C'est un roman ayant pour cadre l'Italie à feu et à sang de 1557, quelques années seulement après que Lorenzo a assassiné le duc de Florence en pure perte. Les Républicains ont fui la ville. Côme de Médicis perpétue le pouvoir autoritaire de son prédécesseur. La France revendique l'héritage italien de sa reine Catherine de Médicis, le Pape est allié aux rigoristes et puissants Espagnols tandis que Florence continue de bruisser de complots, d'assassinats et de projets artistiques grandioses. La trame aura déjà servi les plus grandes plumes et fourni de nombreux drames romantiques.

Difficile donc de faire un arrière-plan historique plus chargé d'événements entremêlés, de références littéraires plus illustres et Laurent Binet est sacrément culotté de s'essayer à laisser sa patte après Musset, Hugo, Dumas. En outre, parler à la place de Michel-Ange, Côme de Médicis, la Reine de France, il fallait oser. Et comme si cela ne suffisait pas à monter les enchères, Binet met son texte sous le patronage de Pamuk, lequel a pris le cadre de l'empire ottoman, quelques années seulement après Perspective(s), pour nous livrer une intrigue policière sur fond de rivalités entre ateliers d'artistes et problèmes de représentation. Ce faisant, Laurent Binet s'est condamné à un niveau d'exigence, d'érudition, d'intelligence qui fait frémir. Décider de faire de son livre un polar et de lui donner la forme d'un roman épistolaire, convoquant nécessairement Choderlos de Laclos au-dessus de son berceau, peut alors s'interpréter comme une gageure supplémentaire, le geste au panache désespéré de qui n'est plus à cela près.

Reste que le résultat n'est pas à la hauteur des (gigantesques) attentes. Malgré le paratexte idoine qui nous raconte la liasse de lettres retrouvées par hasard, traduites et mises à disposition du lecteur par un anonyme B., malgré la carte d'Italie retraçant pédagogiquement les enjeux politico-militaires du moment, malgré mon goût pour l'aventure et mon envie d'être emportée, je n'y ai jamais cru. Que Catherine de Médicis écrive « Mais je vous sais fait d'un autre métal » et non « je vous sais d'un autre alliage », qu'elle invite son complice à « imprimer des copies » d'une toile, que sa nièce Maria s'exclame « C'est formidable ce que peuvent les mots écrits », qu'un épistolier concède un « bien sûr » ne m'a pas aidée à me plonger dans ce 16e siècle de fiction. Ca et là, des indicatifs là où la couleur locale aurait invité au subjonctif. Et mille autres détails dissonants qui n'ont cessé de grincer à mon oreille.

Jusqu'à un point de saturation qui a cristallisé dans mon esprit une autre hypothèse. Et si c'était une parodie ? A ce compte, les commentaires sportifs de Cellini à propos des équipes pratiquant l'ancêtre du football ne sont plus maladroits mais deviennent amusants. Les personnages qui, après une gueule de bois, ne peuvent rassembler trois neurones puisque le terme n'existe pas mais se contentent « de rassembler le peu d'atomes qui [leur] restent » ressemblent ces Assurancetourix, Aplusbégalix, Diagnostix inventés par Goscinny, autant d'anachronismes rieurs et assumés.

Tirant ce fil, je me suis amusée du style administratif des rapports de Vasari au Duc. Je me suis même à peine étouffée quand Catherine de Médicis a qualifié de « gothique » je ne sais plus quelle nouvelle. J'ai accepté que Maria soit une très pâle, très sotte et très falote copie de Sophie de Volanges, laquelle n'est déjà pas bien épaisse.

Finalement, ce bouquin, ce serait un peu la Marie-Antoinette de Sofia Coppola à la sauce Binet. La même distance ironique et moderne anime le style, on fait mine de se déguiser en personnages historiques pour s'en amuser. On prend le décalage de l'Histoire pour se moquer de notre présent. Mais où sont les converses et les macarons ? A ce compte, la scène dans la coupole du dôme avec Strozzi a tout du clin d'oeil aux innombrables course-poursuite sur les toits dans les films d'aventures. Et je verrais bien Alain Chabat, et Christian Clavier dans une adaptation cinématographique avec effets spéciaux sur incrustés pour la scène de l'arbalète. Itineris, je ne vous capte plus…

Mais pourquoi Pamuk alors ? Pourquoi coder l'attente du lecteur de tous ces impressionnants palimpsestes ? Pastiche plaisant ou ambition démesurée ? Perspective(s) n'est pas bon parce qu'il n'assume pleinement aucune de ces deux hypothèses. Faute de talent ou d'audace, il reste au milieu du gué, et moi avec.
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Roman policier historique original puisque épistolaire. Si le nombre de personnages (pas moins de vingt) m'a demandé une certaine "gymnastique" d'esprit, ou du moins de la concentration, et des retours réguliers vers la liste des correspondants, une fois le rythme trouvé et tous les protagonistes repérés, j'ai pu me régaler de la plume, incontestablement érudite, de Laurent Binet.

Perspectives, c'est un Cluedo géant, où chacun des épistoliers peut être le criminel ou du moins le commanditaire du meurtre du peintre Portomo retrouvé au pied des fresques de la chapelle San Lorenzo, son oeuvre, un ciseau fiché dans le coeur. Cosimo de Médicis, duc de Florence, charge Giorgo Vasari, son homme de confiance, de mener l'enquête à laquelle se rajoute une énigme gênante : qui est l'auteur d'un tableau scandaleux mettant en scène sa fille, Maria de Médicis, en fille perdue ?

De lettre en lettre, pas moins de 176, l'écheveau se démêle. Des puissants parmi ces correspondants, le duc et la Duchesse de Florence, la reine de France, Catherine de Médicis, le Pape IV, des artistes dont le maître Michel-Ange, désormais vieillard retiré, des ouvriers contestataires, des traîtres, tel l'amant fourbe de la jeune Maria de Médicis, des revanches, des secrets, de la censure surtout et partout en ce temps où, suite au Concile de Trente, l'Italie contrôlait les moeurs, cachait ces seins qu'on ne saurait voir, ces mots qu'on ne saurait dire.

Original et réjouissant.
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Florence, début 1557. 

Le peintre Pontorno est découvert assassiné dans son atelier près des fresques sur lesquelles il travaillait depuis 11 ans. Un tableau de Maria, la fille du duc Cosimo de Médicis, en tenue plus que légère est retrouvé près du Maître. 

Tel est le début de ce roman épistolaire, rédigé sous forme de lettres ou de billets, d'ordres, de récits, de plaintes ... qui mêlent une grande variété de personnages dont les plus célèbres sont Catherine de Médicis, reine de France et cousine de Cosimo, Vasari, le peintre et hagiographe des peintres de son temps, et le célébrissime Michel-Ange qui va être sollicité pour élucider le mystère de la mort de son ami Pontorno. 

Entre rivalités picturales, histoire de la révolution de la perspective, chamailleries familiales, mariages forcés et fugue juvénile, ce roman bouillonnant dresse un portrait de la vie à Florence dans les années qui suivirent les jours sombres de Savonarole.

Erudit, s'appuyant sur des bases historiques, ce roman, à force de vouloir trop en dire et en remontrer dans les rebondissements de l'enquête policière, m'a ennuyée ! 

Dommage ! 

Je remercie NetGalley et les Editions Grasset qui m'on fait parvenir ce roman.*

 #Perspectives #NetGalleyFrance
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Florence 1557, le peintre Pontormo a été assassiné. Giorgio Vasari, auteur du recueil biographique « Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes », est missionné par le duc de Florence pour retrouver le meurtrier de Pontormo ainsi qu'un tableau jugé déshonorant pour la fille du duc, Maria de Médicis.

Laurent Binet fait le choix d'un roman épistolaire pour relater l'enquête menée par Vasari. Un style que j'affectionne car il apporte souvent dynamisme et originalité au récit. Il m'a pourtant été difficile de rentrer dans ce roman car les échanges de courrier font intervenir un grand nombre de personnages, plus d'une vingtaine, ce qui nécessite un temps d'adaptation pour bien les distinguer. Distinction qui n'est pas facilitée par le style des lettres, souvent très similaire, là où on pourrait s'attendre à des modes d'expressions et d'écriture résolument différents.

Une fois cet écueil franchi, la lecture s'avère effectivement dynamique et prenante, et j'ai suivi avec intérêt les évolutions de l'enquête, en particulier les multiples petits complots qui gravitent autour du meurtre de Pontormo et de la disparition du fameux tableau.

Le roman est bien documenté sur cette époque ainsi que sur l'art de la Renaissance italienne (la peinture notamment mais aussi l'architecture avec des références à Brunelleschi par exemple). Une partie historique pas toujours très compatible avec le style épistolaire, qui implique parfois des échanges un peu trop explicatifs pour paraître naturels, mais qui apporte des pistes intéressantes à l'enquête. Pour Vasari, les enjeux du meurtre de Pontormo sont-ils à rechercher dans le contexte historique et religieux de l'époque ou dans des rivalités entre peintres ?
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J'ai été dans un premier temps séduite par la construction épistolaire de ce roman qui retrace une enquête sur un double crime. La mort d'un peintre Pontorno et la disparition d'un portrait de la fille de Cosimo de Médicis, frère de Catherine, portrait posé sur un nu de Venus et Cupidon très suggestif alors que règne dans l'Italie et Florence où a eu le crime un climat d'inquisition.
Mais peu à peu la multiplication des intervenants, les rebondissements, tout cela m'a finalement désintéressée de l'histoire et de la résolution du mystère.

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Je dois à Laurent Binet quelques-unes de mes meilleures lectures avec HHhH puis La septième fonction du langage (jubilatoire !) alors ma légère déception vis à vis de Civilizations (dont je n'ai pas parlé ici) n'a en rien occulté mon envie d'en lire plus. Perspective(s) faisait partie des titres notés dès sa sortie, de ceux que l'on se réjouit d'ouvrir après avoir fait durer l'attente. L'Italie de la Renaissance et des arts, les embrouilles politiques des Medicis et consorts, une forme épistolaire mâtinée de polar... le menu était prometteur. Pourtant...

La préface a quelque peu refroidi mes ardeurs. Tous ces avertissements au lecteur (tout en affirmant sa confiance en lui) étaient-ils vraiment nécessaires ? Je les ai reçus comme l'affirmation d'une crainte de ne pas être compris (ou cru) en même temps qu'une tentative d'ironie qui est singulièrement tombée à plat. Cela a-t-il joué sur la suite de ma lecture ? Peut-être. Toujours est-il qu'elle fut plus laborieuse qu'agréable. L'idée de départ est néanmoins alléchante. Nous sommes à Florence en 1557, le peintre Pontormo est retrouvé assassiné au pied des fresques auxquelles il travaillait depuis des années avec l'ambition de concurrencer celles de Michel-Ange pour la chapelle Sixtine. le duc de Florence charge Vasari de faire la lumière sur ce crime dans un contexte politique tendu par les luttes de pouvoir en Europe, et ce dernier n'hésite pas à se confier à Michel-Ange alors établi à Rome pour tenter d'expliquer une retouche étonnante sur la fresque ainsi que l'existence d'un tableau représentant Maria, la fille du duc dans une position qui pourrait créer le scandale. Cette dernière, promise à un rustre n'est pas insensible au charme d'un jeune page et entretient une correspondance cachée avec Catherine de Médicis, l'actuelle reine de France. Laurent Binet bâtit son roman par un procédé entièrement épistolaire où s'expriment toute la complexité d'une époque et l'éventail des caractères humains : ambition, jalousies, calcul, manipulation, mensonges. Tout ceci sur fond d'Inquisition, de crimes et de censure. de quoi concocter un repas plutôt roboratif.

L'auteur s'est sans doute beaucoup amusé à tisser son récit dans les trous laissés par les faits historiques avérés. le matériau offert par l'époque est idéal à triturer pour en tirer un écho qui n'est pas sans évoquer des temps plus récents. de la graine de syndicaliste chez les broyeurs de couleurs, des oeuvres d'art soumises à l'approbation des puissants, l'ancêtre de la fabrication des fake news... Alors pourquoi me suis-je ennuyée ? Peut-être parce que j'ai eu l'impression d'avoir sans arrêt le cul entre deux chaises faute de réel parti pris de la part de l'auteur. Ni fresque historique, ni exercice de style épistolaire à la manière de (les lettres sont trop uniformes et manquent de voix différentes), ni polar (la révélation est un flop), ni même parodie complètement assumée (la crudité du ton ne peut pas tout faire). Mon intérêt n'a jamais été totalement capté et s'est souvent évaporé entre les trop nombreux protagonistes décidément très bavards de leurs plumes. Quant à la démonstration autour de la notion de perspectives, elle s'est noyée dans la masse.

Déception, donc, d'autant plus forte que j'en attendais beaucoup.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Et si on changeait de Perspective(s)?
C'est ce que nous invite à faire Laurent Binet pour résoudre le mystère de l'assassinat du peintre Pontormo, retrouvé mort au pied de la fresque d'une chapelle de San Lorenzo qu'il était en train de peindre.

Ainsi les plus célèbres artistes de la Renaissance italienne, Michel Ange, Vasari, Cellini et bien d'autres deviennent les témoins, les suspects, les enquêteurs de ce roman policier à la sauce florentine, dont on enchaîne les lettres sans bouder son plaisir. Les points de vue se succèdent et le mystère s'épaissit, les luttes de pouvoir et les complots font rage et on se plonge volontiers dans cette époque fascinante où la foi en Dieu et la foi en l'homme se livrent un combat acharné.

Je me suis bien amusée à la lecture de ce roman épistolaire, et puis... c'est à peu près tout. Oui, j'ai aimé la description de Florence sous les inondations, les déclarations enflammées de Michel-Ange sur le pouvoir de la peinture, mais j'ai trouvé que l'ensemble manquait de profondeur justement. Les personnages sans aspérités et dénués d'une voix singulière et reconnaissable ne m'ont que moyennement convaincue. Avec un casting pareil et une forme aussi ambitieuse, j'en attendais davantage!

D'autres ont adoré ce roman de la rentrée, moi je suis restée sur ma faim pour mon premier Binet.
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Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Grasset pour m'avoir permis de découvrir #perspectives.

La préface pose le cadre de l'histoire : le narrateur ne fait qu'une brève apparition pour nous informer qu'il a trouvé une longue série de missives datant de 1557. Il a pris le soin de les traduire pour nous les livrer ici. Notre bienfaiteur nous fait la grâce de lister les rédactrices et rédacteurs (excellente idée car il y en a beaucoup*... !)
Le peintre Jacopo da Pontormo est retrouvé mort, sans doute assassiné, devant sa magistrale fresque inachevée, celle-là même qui pourrait rivaliser avec celles de Michel-Ange à Rome. Les lettres s'enchaînent alors et chacun et chacune va ajouter sa pierre à l'édifice pour résoudre (ou pas...) ce crime mystérieux. D'autres intrigues s'immiscent dans l'intrigue initiale : qui a peint le visage de la fille du Duc sur le corps d'une Venus dénudée ? Qui a volé le-dit tableau ? Qui complote contre qui pour obtenir quoi ? Qui sera assez servile pour commettre les pires méfaits ? Les questions s'accumulent presque autant que les personnages. (Mais je vous rassure, tout s'éclaire à la fin, pour qui aura le courage d'en venir à bout !)

Lu en version numérique, je n'ai pas pu me référer à la liste des protagonistes (plus fastidieux de revenir en page 10 avec ma liseuse), et cela m'a parfois manqué vu le nombre de personnages rédigeant les lettres constituant ce roman policier épistolaire historico-politico-religio-artistique. Cela fait beaucoup de qualificatifs pour seulement 400 pages ? Et pourtant... L'art, la politique, la religion, la vie Florentine en 1557 sont autant de thèmes qui gravitent autour de la mort du peintre... le foisonnement de personnalités et de sujets ont failli avoir raison de ma lecture, mais l'ensemble est suffisamment bien écrit et construit pour que l'envie d'abandonner me soit passée... D'autant que j'aime beaucoup l'art pictural et que j'avais plaisir à me replonger furtivement dans celui de la Renaissance Italienne. de ce point de vue, j'ai vraiment apprécié la façon dont Laurent Binet utilise des personnages ayant réellement existé pour créer une fiction très inspirée de vérités (ou de rumeurs, comme pour les amants en fuite à la manière de Roméo et Juliette).

La plupart des lettres sont courtes, ce qui donne un bon rythme à l'intrigue, d'autant que le phrasé varie en fonction de la personne qui écrit la lettre et de son destinataire. En revanche, le style est souvent très ampoulé et plein de courbettes, ce qui est tout à fait cohérent avec l'époque, les situations, la hiérarchie des personnages, etc... Mais cela alourdit un peu la lecture. L'écriture est dans l'ensemble soutenue (voire très soutenue, même ma liseuse ignorant la signification de plusieurs mots !), un peu verbeuse, et parfois aussi alambiquée que les intrigues (la principale : le meurtre, et les annexes : le tableau grivois, le complot d'ouvriers, l'amour secret, l'hypothétique prise de Florence et d'autres villes ou pays...). L'enquête est pourtant suffisamment prenante pour donner envie de démêler les imbroglios multiples et connaître enfin le fin de mot de ces histoires dans L Histoire !

*Liste restreinte des personnages : Cosimo de Médicis, Éléonore de Tolède, Maria de Médicis, Catherine de Médicis, Piero Strozzi, Giorgio Vasari, Vincenzo Borghini, Michel-Ange Buonarroti, Agnolo Bronzino, Sandro Allori, Giambattista Naldini, Soeur Plautilla Nelli, Soeur Catherine de Ricci, Soeur Petronilla Nelli, Benvenuto Cellini, Malatesta de Malatesti, Marco Moro...

#Perspectives #NetGalleyFrance
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Benvenuti a Firenze !!

Popopop ! Tu voulais une carte postale ? Visse ton petit boule et scroll pas trop, v'la un portrait mitonné par Laurent Binet, dans la continuité du Maggie O'Farrell.

On est en 1557, du temps où moustaches et poignards faisaient la hype de la mode urbaine italienne. Un vieux peintre se fait dégommer dans une église, et bam ! Ça sort le Cludeo version Renaissance, supplément Assassin's Creed.

Un peintre-détective et la famille Médicis jouent les héros et les vilains dans cette pièce à rebondissements où le but est de retrouver l'assassin du peintre avant qu'on découvre que sur son dernier tableau éteint peinte la tête de la fille du big boss Médicis, plaquée sur une Vénus complètement à poil (ambiance scandale, danse de vandales, tmtc !)

🎨🙈

Moi de mon côté j'me dis oh boï c'est le feu ! Y'a la reine Catherine de Médicis qu'est là pour secouer les cocotiers, Maria sa fille se la joue love interdit... Sur le papier, c'est aussi palpitant qu'une série sur Netflix, nan ?

Malheureusement, à l'instar du seul livre de Binet que j'ai pu lire (La 7e fonction du langage) pour le côté enquête, c'est pas exactement Sherlock Holmes / Simon Herzog niveau intrigue…

Le coupable est plus introuvable qu'une chaussette célibataire dans une fucking machine à laver, et devine quoi ? Y'aura pas d'indices pour toi, détective en herbe. Faudra se reposer sur le twist de l'accusé improbable, ce que je trouve relativement … frustrant (selon ma propre expérience de lecture, chacun sa façon de kiffer, on s'en balek' en vrai).

Ah j'ai bien aimé aussi le style épistolaire ; ça ravive les souvenirs des Liaisons dangereuses et tout et ça étoffe quand même l'intrigue à coups de potins et de ragots sur chacun, bonne ambiance.

En définitive, je crois que faut kiffer les remaniements historiques écrits par un génie capable de raccrocher les wagons niveau guest stars tout en créant une version petit filou de ce qui a pu réellement se passer.

C'était déjà le cas pour La 7e fonction, et j'aime ça. Juste t'attends pas à un suspense qui fasse bondir du canap' 🤷

Dac dac ?

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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