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sur 802 notes
Dès la préface, Laurent Binet cueille la curiosité de son lecteur, hameçonné à son histoire de traductions d'un lot de lettres anciennes racontant Florence au mitan du XVIè siècle. En 141 lettres, Perspective(s) relate l'enquête établie pour retrouver le meurtrier du peintre Pontormo (1494 – 1557), représentant “de la manière” à Florence, après le retour des Médicis (1512) et l'élection papale de Paul IV.

Giorgio Vasari, père de l'histoire de l'art et peintre lui-même, est l'enquêteur nommé par Cosimo de Médicis, Duc de Florence, pour résoudre l'énigme de la disparition du peintre réputé, Jacomo Pontormo, tué d'un coup de ciseaux dans le coeur dans son atelier de la chapelle majeure de San Lorenzo.

Depuis onze ans, le peintre composait ses fresques qui pouvaient par leur modernité rivalisaient avec le travail de la Sixtine de Michel-Ange Buonarrotti, Maître de tous, bien que vieillissant. Parallèlement à cet assassinat, les fresques de la chapelle ont été dégradées et un tableau de Pontormo fut volé.

Encore, un autre tableau doit être aussi retrouvé car il fait scandale : Imaginez, il représente la fille du Duc, Maria, dans une pose très embarrassante, pouvant atteindre à sa réputation, avant son mariage, avec un triste sire. Dans cette famille de pouvoir, les affaires politiques prennent le pas sur l'amour d'un père !

Le format choisit par Laurent Binet se prête à mélanger les différents milieux décrits, les aspirations spécifiques et évidemment les rivalités, nombreuses, dans cette ville de Florence en ce début de l'année 1557. La variété de Perpective(s) est une des composantes de sa réussite.

Ainsi, le monde des artistes, y côtoie celui des religieux intégristes ainsi que le pouvoir politique qui déborde au-delà de la ville. La fresque que Laurent Binet dresse au fil de ses correspondances est dense, documentée et vivante.

Mais, en mettant au coeur de ces échanges la recherche d'un meurtrier, Laurent Binet y instille du suspense, des fausses pistes et, à la fin, la révélation d'une vérité que jusque-là, rien ne laisser soupçonner.

Prenant autant de plaisir, semble-t-il, à balader son lecteur que celui-ci en a à la découverte de Perspective(s), Laurent Binet prouve, s'il le fallait encore, son talent véritable et aussi sa capacité à renouveler son art avec énormément de brio ! Un grand plaisir de lecture !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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J'avais aimé le premier livre que j'avais lu de Laurent Binet, été bien déçue par le second, donc j'ai hésité avant de lire Perspective(s), mais ça a été une bonne surprise. Déjà, le moins qu'on puisse dire est que l'auteur n'a pas peur des défis.
Un roman épistolaire dans la Florence du 16ème, le tout avec un meurtre, des intrigues, des traîtres, des tas d'artistes plus ou moins cinglés à force des vapeurs de je ne sais quoi qu'ils collaient dans leur peinture, et ne parlant pas de l'énorme égo des Médicis, ceux au pouvoir ou ceux en France, qui se verraient bien au pouvoir à Florence....
Florence, donc, le malheureux Pontormo, peintre de son état, a été retrouvé trucidé au pied de son oeuvre, qu'il réalisait sur commande du duc. Celui-ci charge un homme de confiance de l'enquête, mais l'histoire est embrouillée par les complots autour du trône, des histoires d'orgueil froissé, des désirs de titres et autres petits tords trop humains...
C'est un peu un page turner, on veut savoir, et ça se lit vraiment avec plaisir. J'y mettrai deux bémols: la résolution du crime est faible, par rapport à l'intrigue et me semble fort peu réaliste. Et je trouve que beaucoup des correspondants ont un style trop semblables, ce n'est pas très réaliste non plus. Mais cela n'empêche pas que ce soit un bon roman
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Dans un joyeux mélange d'histoire de l'art romancée, de roman épistolaire et de polar, Laurent Binet nous entraîne dans la Florence des Médicis en l'an de grâce 1557 lorsque Cosimo en était alors le duc.
le point de départ est la mort du peintre Pontormo enrobée de mystère car il aurait peint une toile licencieuse où l'on reconnaît les traits de la fille aînée du duc, Marie. D'ailleurs celle-ci s'oppose à son père dans un mariage arrangé avec le fils du duc de Ferrare, jeune homme violent et libidineux, elle lui préfère un page.
D'autres intrigues se greffent : les broyeurs de couleurs et les ouvriers subalternes des ateliers se révoltent mais cela ne semble pas aboutir ; le duc de Florence tient à récupérer le tableau scandaleux que sa soeur Catherine, reine de France, convoite aussi pour le profit de son ami Strozzi qui souhaite renverser le duc et mettre fin à la puissance espagnole ; de même les nonnes du couvent se piquent de peinture et de sédition.
Vasari, l'enquêteur en chef a bien du mal à parvenir à ses fins pour récupérer le tableau car Benvenuto Cellini, le célèbre orfèvre a ses entrées au palais et agit aussi pour le compte de Strozzi. Au loin, à Rome, sous l'égide du pape Paul IV, Michel-Ange vieillissant finit sa Sixtine dont le pape voudrait retirer toutes les nudités. Bronzino , le grand ami de Pontormo est d'abord soupçonné, puis c'est Sandro, son mignon qui risque sa vie. Il faut le disculper.
Vasari est interrompu dans son enquête par les frasques de la fille du duc en cavale avec son amoureux.
Les lettres se croisent dans ce microcosme tourmenté pendant une année complète et peu à peu la brume se lève et c'est presque un peu décevant quoiqu'assez cohérent. On continue de s'interroger.
On pense bien sûr au Nom de la Rose et à frère Guillaume de Baskerville, l'érudition est là et les lettres présentées ici sont censées avoir été retrouvées par le narrateur du début dans une échoppe de Florence, un peu à la manière de Defoe qui prétendait raconter des histoires vraies, procédé narratif on ne peut plus d'époque.
Et puis, il y a ce titre ce perspective(s) avec ou sans « s ». Perspectives des uns et des autres, leurs points de vue en quelque sorte tiré de chaque lettre. Chacun a un intérêt dans la mort de Pontormo mais aussi et surtout la perspective des peintres qui, en inventant la 3D dans leurs tableaux se rapprochent du monde réel, donc de la création et du Créateur, c'est-à-dire d'un blasphème, d'un péché d'orgueil, l'homme voulant devenir l'égal de Dieu.
Enfin, il y a de la drôlerie dans ces ambitions dont certaines éclatent comme des bulles, toutes ces prétentions à vouloir paraître et à convoiter le pouvoir, à asséner sa propre vérité.
Un roman très plaisant, piqûre de rappel sur les enjeux dans l'Europe du XVIe siècle sur les conditions dans lesquelles elles furent créées.
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Florence, début 1557. 

Le peintre Pontorno est découvert assassiné dans son atelier près des fresques sur lesquelles il travaillait depuis 11 ans. Un tableau de Maria, la fille du duc Cosimo de Médicis, en tenue plus que légère est retrouvé près du Maître. 

Tel est le début de ce roman épistolaire, rédigé sous forme de lettres ou de billets, d'ordres, de récits, de plaintes ... qui mêlent une grande variété de personnages dont les plus célèbres sont Catherine de Médicis, reine de France et cousine de Cosimo, Vasari, le peintre et hagiographe des peintres de son temps, et le célébrissime Michel-Ange qui va être sollicité pour élucider le mystère de la mort de son ami Pontorno. 

Entre rivalités picturales, histoire de la révolution de la perspective, chamailleries familiales, mariages forcés et fugue juvénile, ce roman bouillonnant dresse un portrait de la vie à Florence dans les années qui suivirent les jours sombres de Savonarole.

Erudit, s'appuyant sur des bases historiques, ce roman, à force de vouloir trop en dire et en remontrer dans les rebondissements de l'enquête policière, m'a ennuyée ! 

Dommage ! 

Je remercie NetGalley et les Editions Grasset qui m'on fait parvenir ce roman.*

 #Perspectives #NetGalleyFrance
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Florence au XVIème siècle
Le peintre Pontorno, chargé de la réalisation d'une fresque par le duc de Florence, est retrouvé assassiné. Il apparaît rapidement qu'une partie de sa fresque a été modifiée ; avant ou après la mort du peintre ? Un mystérieux tableau, représentant Maria, la fille du duc, en Vénus, disparaît.
Le duc charge Vasari, son homme à tout faire, de résoudre ces trois énigmes. Ceci sur fond d'intrigue du duc pour devenir roi de Toscane, et de la France pour conquérir Naples...

Le roman historique et épistolaire de Laurent Binet nous plonge dans la Florence de la Renaissance. On y retrouve tout : les conflits de la famille Médicis, entre France et Toscane ; les rivalités ou complicités entre artistes ; les jeux de l'amour et du pouvoir ; les enjeux de société entre possédants et ouvriers.
Les solutions des intrigues sont bien cachées derrière les échanges de courriers, qui demandaient plusieurs jours pour aller de Rome à Florence, de la Toscane à la Vénétie ou de Venise à Paris.
Les personnages, un peu trop nombreux, paraissent tous entourés d'ombre et de brouillard. Qui sont-ils réellement et que cherchent-ils ? Ils paraissent tous quelques peu retors, mais au-delà ? Si l'on excepte Maria ou Michel-Ange, la question n'obtient pas de vraie réponse jusqu'à la fin...
Le roman épistolaire est un genre. Je n'ai rien à redire à la rédaction des courriers ; ils sont compréhensibles, avec un vocabulaire riche assez peu marqué par le temps passé. En revanche, la forme de la narration, s'appuyant sur un grand nombre de personnages correspondant entre eux, ne facilite pas la compréhension du roman. Un peu comme si un peintre pointilliste avait voulu utiliser trop de nuances de couleurs...
J'espérais mieux.
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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J'ai été dans un premier temps séduite par la construction épistolaire de ce roman qui retrace une enquête sur un double crime. La mort d'un peintre Pontorno et la disparition d'un portrait de la fille de Cosimo de Médicis, frère de Catherine, portrait posé sur un nu de Venus et Cupidon très suggestif alors que règne dans l'Italie et Florence où a eu le crime un climat d'inquisition.
Mais peu à peu la multiplication des intervenants, les rebondissements, tout cela m'a finalement désintéressée de l'histoire et de la résolution du mystère.

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Qui a assassiné le peintre Pontormo, dans la chapelle San Lorenzo, avec un ciseau ?

Florence, janvier 1557. le peintre Jacopo da Pontormo est retrouvé mort dans la chapelle San Lorenzo, « un ciseau fiché dans le coeur », au beau milieu de ses fresques inachevées. Cosimo de Médicis, duc de Florence, charge son homme de main, l'éminent Giorgio Vasari, d'éclaircir cette sombre histoire. Pour le Duc, la tragédie ne s'arrête pas là, puisqu'un tableau représentant une Vénus nue et portant le visage de sa fille Maria de Médicis a été retrouvé dans l'atelier du peintre. Un outrage supplémentaire, qui s'il venait à s'ébruiter risquerait bien de jeter l'opprobre sur la noble famille toscane.

Perspective(s) est un polar historique épistolaire, qui nous donne à découvrir cette intrigue par le biais de lettres échangées par une vingtaine de correspondants, aux alliances et aux perspectives diverses. Pour faciliter notre compréhension, l'auteur nous offre une liste complète de ces différents protagonistes.

Eh bien, ma foi, quel chaos infernal règne dans cette Europe de l'art de 1557 ! Vasari, aidé de son ami Michel-Ange Buonarroti, aura fort à faire pour démêler ce sombre écheveau, car les éventuels suspects sont nombreux, qu'il faudra tous les interroger et que, c'est bien connu, tout le monde ment. Sans compter les intrigues ourdies contre Cosimo depuis la France par Catherine de Médicis et son cousin Piero Strozzi. A cela s'ajoute un terrible contexte pour les artistes, lesquels, sous le pontificat de Paul IV, se trouvent bridés dans leur créativité par une brigade des moeurs pudique et moralisatrice, qui s'acharne à retoucher les Nus les plus célèbres. Savonarole a encore bien des adeptes ! Les couvents de la ville de Florence sont aux mains de soeurs ferventes disciples du prêcheur et servantes du Pape, qui affirment que « les suppôts de Luther sont partout, que les adeptes de Sodome ne se cachent plus, et que bien souvent ce sont les mêmes, qui pullulent et gagnent du terrain, affublés des masques de l'art et de la vertu. »

Et pendant ce temps-là, la jeune et innocente Maria se désespère de mettre la main sur le Nu qui la représente. Elle est un outil idéal dans la lutte acharnée de Catherine de Médicis pour reprendre le duché. Celle-ci, non sans ressemblance avec une autre Catherine, est une fieffée manipulatrice, qui n'hésite pas à jouer sur les sentiments de notre douce Marie.

Quel plaisir de retrouver tous ces grands noms de l'Histoire et de l'Histoire de l'art, dans le décor non moins illustre de la ville de Florence. Une lecture qui m'en a rappelé d'autres par certains aspects, Les rois maudits mais aussi Les liaisons dangereuses.

Perspective(s) est un roman palpitant et amusant, qui nous fait voyager habilement entre la grande et la petite histoire, entre faits réels et fiction, pour notre plus grand plaisir. Intrigues, secrets, amour et trahisons, remous politiques et sociaux dans une Europe au bord de l'implosion, autant de raisons qui ont fait de ce roman un excellent moment de lecture !

Et vous ? N'avez-vous pas envie de découvrir qui a assassiné le peintre Pontormo, dans la chapelle San Lorenzo, avec un ciseau ? 😉

Mon avis sur la version audio : ❤️

Dans sa version Audiolib, Perspective(s) est lu par quatre narrateurs différents : Françoise Cadol, Nicolas Djermag, Emmanuel Lemire et Marion Trintignant. le choix d'une narration à quatre voix est idéal pour ce roman épistolaire et a énormément joué dans ma faculté à mémoriser les vingt protagonistes. En effet, il ne m'a fallu que quelques chapitres pour associer définitivement toutes ces voix à leurs personnages et je me suis régalée avec cette écoute. Des rôles par ailleurs bien répartis, chacun des narrateurs ayant un personnage central à jouer. Nicolas Djermag interprète ses rôles avec une telle ferveur que je distinguais sans peine le locuteur. D'ailleurs, il fait un Marco Moro particulièrement convaincant ! de même pour Françoise Cadol, qui prête sa voix à l'inoubliable Catherine de Médicis, sensuelle et manipulatrice jusque dans son timbre. Une version audio extrêmement qualitative et passionnante, grâce à laquelle j'ai passé une superbe écoute ! Coup de coeur pour le format audio !

Roman lu dans le cadre du Prix Audiolib 2024.

Chronique détaillée sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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Florence 1557, le peintre Pontormo a été assassiné. Giorgio Vasari, auteur du recueil biographique « Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes », est missionné par le duc de Florence pour retrouver le meurtrier de Pontormo ainsi qu'un tableau jugé déshonorant pour la fille du duc, Maria de Médicis.

Laurent Binet fait le choix d'un roman épistolaire pour relater l'enquête menée par Vasari. Un style que j'affectionne car il apporte souvent dynamisme et originalité au récit. Il m'a pourtant été difficile de rentrer dans ce roman car les échanges de courrier font intervenir un grand nombre de personnages, plus d'une vingtaine, ce qui nécessite un temps d'adaptation pour bien les distinguer. Distinction qui n'est pas facilitée par le style des lettres, souvent très similaire, là où on pourrait s'attendre à des modes d'expressions et d'écriture résolument différents.

Une fois cet écueil franchi, la lecture s'avère effectivement dynamique et prenante, et j'ai suivi avec intérêt les évolutions de l'enquête, en particulier les multiples petits complots qui gravitent autour du meurtre de Pontormo et de la disparition du fameux tableau.

Le roman est bien documenté sur cette époque ainsi que sur l'art de la Renaissance italienne (la peinture notamment mais aussi l'architecture avec des références à Brunelleschi par exemple). Une partie historique pas toujours très compatible avec le style épistolaire, qui implique parfois des échanges un peu trop explicatifs pour paraître naturels, mais qui apporte des pistes intéressantes à l'enquête. Pour Vasari, les enjeux du meurtre de Pontormo sont-ils à rechercher dans le contexte historique et religieux de l'époque ou dans des rivalités entre peintres ?
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Le 1er janvier, le peintre Jacopo da Pontormo est retrouvé mort de plusieurs coups de couteau dans son atelier, à Florence. Nous sommes en 1557 et Cosimo de Médicis, duc de Florence règne sur la ville, animé d'une grande ambition politiques. Il a chargé Pontormo de décorer les murs de la basilique San Lorenzo de Florence.

Dans l'atelier, un tableau, inspiré d'un dessin de Michel-Ange. Il représente Vénus et Cupidon, d'une façon très érotique, et surtout - crime de lèse-majesté - à la place du visage de Vénus se trouve, très reconnaissable, celui de Maria de Médicis, fille du Duc et d'Éléonore de Tolède.

Qui a bien pu oser ? L'enquête, diligentée par Cosimo de Medicis est de loin supervisée par Catherine de Médicis, épouse du roi de France Henri II et légitime héritière du duché de Florence.

S'affrontent alors les enquêteurs et fidèles des deux camps, Vasari pour Cosimo, le maréchal de France Piero Strozzi et le sculpteur Benvenuto Cellini pour Catherine de Médicis.
Les enjeux politiques sont immenses au point de faire passer au troisième plan la quête de la vérité.

Entre les deux, essentielle, la peinture. Nous sommes en plein maniérisme italien et les artistes sont nombreux, talentueux, chacun essayant d'imposer son style, sous le mécénat d'un puissant. A Rome, le vieux Michel-Angelo Buonarroti obéit aux ordres du pape et termine ses travaux dans la Chapelle Sixtine, fresques et représentation du Jugement dernier. Il est âgé et il faut faire vite pour satisfaire le pape.

A Florence, da Pontormo travaille pour Cosimo et autour de lui, des élèves, déjà connus, d'autres en devenir. le roman fourmille de talents : Bronzino, portraitiste officiel des Médicis, Allori, son élève, Naldini, Benvenuto Cellini, dont le célèbre Persée en bronze - qu'on admire encore aujourd'hui - trône sur la place de la Seigneurie à Florence. Et, plus étonnant, des femmes, des nonnes-peintres comme Plautilla Nelli et une soeur en religion, partisanes du moine dominicain Savonarole , réformateur mort exécuté en 1498.

Quel mélange, pourrait-on penser ! Art, politique, enquête policière, idées neuves, philosophie et histoire, comment faire « tenir » tous ces éléments sans perdre le lecteur ?

Laurent Binet a trouvé une forme romanesque qui soutient l'action de départ (chercher l'assassin) en la nourrissant de mille ingrédients artistiques et historiques : c'est la forme épistolaire, qui rassemble des textes relativement courts, quoique très riches d'informations, donnant la parole à un assez grand nombre de personnages sans jamais perdre ni lasser son lecteur.

Si le point de départ est historiquement vérifié : da Pontormo est effectivement mort le 1er janvier 1557 à Florence, chacun se fera son idée quant à la véracité ou non de la résolution de l'énigme !

Un livre comme on les aime (enfin, moi, en tous cas!), intelligent, instructif, et qui suscite un vrai intérêt.
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Quelle plaisir, cette aventure dans Florence, 1557  en compagnie des plus grands!

Roman épistolaire où les plus grands correspondent : Cosimo de Medicis le Duc régnant (1537-1569), Catherine de Médicis reine de France et Piero  Strozzi, maréchal de France...pour les politiques mais surtout, Michel-Ange Buenarroti fort occupé à peindre la Chapelle Sixtine mais sollicité, Benvenuto Cellini dont on connaît le Persée, Giorgio Vasari, moins connus, Bronzino , Allori et Bacchiacca (Francesco d'Ubertino). A tous ces artistes illustres s'ajouteront un page, le chef de police du Bargello, un broyeur de couleurs...et d'autres comparses, y compris des religieuses assez retorses...

Enigme policière : Jacopo da  Pontormo est retrouvé assassiné au pied des fresques de la chapelle qu'il décorait depuis de nombreuses années dans un secret jaloux. Vasari, dépêché par le Duc et chargé de l'enquête découvre une anomalie, le mur a été repeint. Seul un artiste de talent a pu commettre le meurtre. Florence regorge d'artistes!

A ce meurtre, se mêle une affaire gênante pour les Médicis : Pontormo a peint un portrait de Maria de Medicis, fille du duc, dans une position compromettante. Il s'agit de faire disparaître le tableau. 

Les deux affaires s'entremêlent, l'affaire du tableau semble prendre beaucoup plus d'importance que la découverte de l'assassin du vieux peintre. 

Et pour compliquer le tout deux religieuses fanatiques, partisanes de Savonarole, mais se piquant de peinture sont mêlées à l'affaire du tableau. 

Une révolte des petites mains de la peinture, broyeurs de couleurs, préparateurs des fresques, etc... s'organise. Exclus des corporations, ils tiennent des réunions secrètes....

La lectrice s'y perd un peu, mais s'amuse beaucoup en faisant de nombreuses incursions avec le smartphone dans les tableaux et fresques maniéristes. Quel plaisir de découvrir les oeuvres dont il est question dans le livre. 

Les péripéties autour du tableau sont rocambolesques, caché dans le cadre du lit de Cosimo, suspendu à une corde pour franchir le poste de garde de la Seigneurie, transporté dans l'inondation de l'Arno...c'est un vrai roman d'aventure. 

Et voici que Vasari, pris dans une embuscade qui a mal tourné est forcé de se défendre avec une arquebuse et qu'en tendant le carreau, il découvre (re-découvre) ...la Perspective (?) et assène à son correspondant - Michel-Ange) toute une leçon d'histoire de l'art, de Masaccio à Uccello en passant par Brunelleschi. Echappant de peu à la mort, menacé par un Scaroncolo (oh Lorenzaccio!), il trouve le temps de faire de la théorie. Jouissif! 

Je ne vais quand même pas divulgâcher...et vous laisser le plaisir de vous perdre dans ces aventures et d'apprendre tout sur la peinture maniériste! 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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