Qui a assassiné le peintre Pontormo, dans la chapelle San Lorenzo, avec un ciseau ?
Florence, janvier 1557. le peintre Jacopo da Pontormo est retrouvé mort dans la chapelle San Lorenzo, « un ciseau fiché dans le coeur », au beau milieu de ses fresques inachevées. Cosimo de Médicis, duc de Florence, charge son homme de main, l'éminent
Giorgio Vasari, d'éclaircir cette sombre histoire. Pour le Duc, la tragédie ne s'arrête pas là, puisqu'un tableau représentant une Vénus nue et portant le visage de sa fille Maria de Médicis a été retrouvé dans l'atelier du peintre. Un outrage supplémentaire, qui s'il venait à s'ébruiter risquerait bien de jeter l'opprobre sur la noble famille toscane.
Perspective(s) est un polar historique épistolaire, qui nous donne à découvrir cette intrigue par le biais de lettres échangées par une vingtaine de correspondants, aux alliances et aux
perspectives diverses. Pour faciliter notre compréhension, l'auteur nous offre une liste complète de ces différents protagonistes.
Eh bien, ma foi, quel chaos infernal règne dans cette Europe de l'art de 1557 ! Vasari, aidé de son ami Michel-Ange Buonarroti, aura fort à faire pour démêler ce sombre écheveau, car les éventuels suspects sont nombreux, qu'il faudra tous les interroger et que, c'est bien connu, tout le monde ment. Sans compter les intrigues ourdies contre Cosimo depuis la France par Catherine de Médicis et son cousin Piero Strozzi. A cela s'ajoute un terrible contexte pour les artistes, lesquels, sous le pontificat de Paul IV, se trouvent bridés dans leur créativité par une brigade des moeurs pudique et moralisatrice, qui s'acharne à retoucher les Nus les plus célèbres. Savonarole a encore bien des adeptes ! Les couvents de la ville de Florence sont aux mains de soeurs ferventes disciples du prêcheur et servantes du Pape, qui affirment que « les suppôts de Luther sont partout, que les adeptes de Sodome ne se cachent plus, et que bien souvent ce sont les mêmes, qui pullulent et gagnent du terrain, affublés des masques de l'art et de la vertu. »
Et pendant ce temps-là, la jeune et innocente Maria se désespère de mettre la main sur le Nu qui la représente. Elle est un outil idéal dans la lutte acharnée de Catherine de Médicis pour reprendre le duché. Celle-ci, non sans ressemblance avec une autre Catherine, est une fieffée manipulatrice, qui n'hésite pas à jouer sur les sentiments de notre douce Marie.
Quel plaisir de retrouver tous ces grands noms de l'Histoire et de l'Histoire de l'art, dans le décor non moins illustre de la ville de Florence. Une lecture qui m'en a rappelé d'autres par certains aspects, Les rois maudits mais aussi Les liaisons dangereuses.
Perspective(s) est un roman palpitant et amusant, qui nous fait voyager habilement entre la grande et la petite histoire, entre faits réels et fiction, pour notre plus grand plaisir. Intrigues, secrets, amour et trahisons, remous politiques et sociaux dans une Europe au bord de l'implosion, autant de raisons qui ont fait de ce roman un excellent moment de lecture !
Et vous ? N'avez-vous pas envie de découvrir qui a assassiné le peintre Pontormo, dans la chapelle San Lorenzo, avec un ciseau ? 😉
Mon avis sur la version audio : ❤️
Dans sa version Audiolib,
Perspective(s) est lu par quatre narrateurs différents :
Françoise Cadol,
Nicolas Djermag,
Emmanuel Lemire et
Marion Trintignant. le choix d'une narration à quatre voix est idéal pour ce roman épistolaire et a énormément joué dans ma faculté à mémoriser les vingt protagonistes. En effet, il ne m'a fallu que quelques chapitres pour associer définitivement toutes ces voix à leurs personnages et je me suis régalée avec cette écoute. Des rôles par ailleurs bien répartis, chacun des narrateurs ayant un personnage central à jouer.
Nicolas Djermag interprète ses rôles avec une telle ferveur que je distinguais sans peine le locuteur. D'ailleurs, il fait un Marco Moro particulièrement convaincant ! de même pour
Françoise Cadol, qui prête sa voix à l'inoubliable Catherine de Médicis, sensuelle et manipulatrice jusque dans son timbre. Une version audio extrêmement qualitative et passionnante, grâce à laquelle j'ai passé une superbe écoute ! Coup de coeur pour le format audio !
Roman lu dans le cadre du Prix Audiolib 2024.
Chronique détaillée sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres