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3,79

sur 544 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est une parabole sur un sentiment qui étreint la plupart des hommes, la peur de la mort. Bioy Casares donnait ici sa vision de l'immortalité, elle passait pour lui par l'éternel recommencement d'un moment heureux. On peut le comprendre, qui n'aimerait pas revivre pour toujours les plus beaux moments de sa vie ? L'histoire se déroule sur une île, elle est racontée par un naufragé repris de justice qui semble condamné à mort ou à l'enfermement à vie, ce qui pour lui revient au même. On ne saura jamais comment il se retrouve dans cet endroit, sans doute le naufrage d'un bateau, mais ses frayeurs sont grandes quand il se rend compte que l'ile est habitée. Pendant plusieurs semaines, il se cache, n'osant se montrer dans la peur d'être découvert et dénoncé aux autorités. Mais la faim et la curiosité le pousseront à sortir de son recoin . Sur la plage, chaque jour, il verra une femme d'une beauté peu commune et petit à petit il va tomber amoureux d'elle. Mais quand il osera enfin l'aborder, malgré les dangers qui le guettent, il découvrira un secret qui va remettre en cause beaucoup des certitudes de son existence... à lire pour sa brillante originalité et le message universel qu'il contient.
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Quelle livre étrange que celui-ci. Même s'il date de la première moitié du 20e siècle, il se lit toujours aisément. C'est une sorte de caverne de Platon revisitée par cet auteur argentin où un fugitif va confondre images et réalité. À lire assurément ne fût-ce qu'au titre de précurseur de ce type de narration.
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Il convient de rendre justice à l'invention de Morel, ce roman culte traverse notre siècle, le XXème bien entendu, et nombre de découvertes scénaristiques soit disant géniales, lui doivent beaucoup. (Comme par exemple la série télévisée le prisonnier)
De quoi est-il question ? du comportement irrationnel des individus lorsqu'il est guidé par l'ignorance.
Le héros, peu importe pourquoi il se trouve sur cette île déserte, est fasciné par les habitants qui s'y trouvent, il est fasciné par leur apparence diaphane et irréelle, par la constance de leurs gestes, la permanence de leurs paroles, la rigidité de leurs attitudes, il est subjugué par le fait qu'ils l'ignorent superbement, même lorsqu'il veut les approcher à les toucher.
Cette allégorie de la caverne de Platon (ce que nous voyons et vivons est-il la réalité ou une image de la réalité ?) nous renvoie à nos propres illusions.
Pour le héros il est plus facile de penser que Faustine est un être réel qui le fuit, plutôt qu'une construction artificielle (virtuelle dirions nous au XXIème siècle).
Son savoir, sa connaissance, ne peut en tout état de cause l'amener à imaginer que Faustine n'est qu'un artefact, car l'avouer, le comprendre et l'admettre, serait renier cet amour qu'il lui porte et lui permet de donner une raison à sa vie.
Au final il préfère s'enfoncer dans son illusion, après avoir découvert le stratagème de Morel, et régler la machine pour qu'elle projette l'image de Faustine ad libitum, lui procurant ainsi la sensation de l'éternité.
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Un véritable petit chef d'oeuvre que ce court roman fantastique !

Ce récit à la première personne du narrateur, réfugié sur une ile pour échapper à la justice, est complétement envoutant et se pose en digne successeur des grands récits fantastiques du XIX eme siècle. D'ailleurs, il m'a souvent rappelé le Horla de Maupassant.

L'ile fournie un cadre parfait à l'histoire : lieu isolé, oppressant et replié sur lui même (aspects que l'auteur exploite très bien). le nom de Morel est d'ailleurs inspiré du fameux docteur Moreau de L'ile du Docteur Moreau d'H.G. Wells. Adolfo Bioy Casares excelle à y installer une ambiance qui flirte entre l'étrange et le glauque.

Les émotions du personnage principal : solitude, amour, doute, espoir, angoisse, malaise sont également magistralement transmis au lecteur.

Le roman est court (comptez une centaine de pages). D'abord lent, il va régulièrement gagner en rythme et en intensité au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la vérité. La fin est bien pensée et n'est pas dénuée d'une certaine poésie.

En résumé, un petit roman que je recommande sans modération à tous les amateurs de fantastique.

P.S. : Évitez de lire la quatrième de couverture qui dévoile une partie de l'intrigue.
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Le passé reviendra-t-il lorsque les rêves n'y seront plus ? Étrange conte poétique,fantastique, philosophique que ce récit d'Adolfo Bioy Casares. Ïle perdue ? Jardin d'Eden ? Entre le cauchemar de la réalité et l'éternité de la mémoire à quel versant de la colline devrions nous nous livrer ? Projection, illusion, la grande machine des images est elle éternelle ? Création ? Invention ? Délire ? Clone, avatar ? Où est l'âme, où se situe notre appartenance aux images auxquelles nous nous accrochons ? Ancrer dans nos mémoires, sommes nous condamner à revivre ou à échouer éternellement  ? Sommes nous metteur en scène, auteur, acteur, de nos terreurs, de nos désirs ? L'invention de Morel est labyrinthique. Et c'est étrange, en effet, que de voir et d'entendre, ainsi se superposer, lors de cette lecture, les images de note mémoire. Calcutta..Marienbad.. On naît d'un rêve comme on est parfois de mémoire…
https://www.youtube.com/watch?v=t5DSNWPyk4s

Astrid Shriqui Garain
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C'est en tombant par hasard sur l'adaptation en BD par Jean-Pierre Mourey que j'ai été comme "obligé" de lire ce roman. Je dis "par hasard", mais c'est plutôt la caution de Jorge Luis Borges qui m'a incité à entrer dans cette oeuvre.
Je retrouve une littérature fascinante à la limite du fantastique, avec une écriture à la fois accessible et poétique. Les thèmes abordés dans ce roman sont difficiles à résumer à l'issue d'une première lecture : l'amour, la solitude et la folie (à comparer avec "Robinson Crusoe"), les techniques et la morale (voir "L'île du Docteur Moreau), la mort et la vie éternelle... On retrouve les techniques scénaristiques des auteurs fantastiques et en particulier Borges : la mise en abîme, le personnage central très mystérieux (intellectuel en fuite, mais pour quelle raison ?), les implications vertigineuses des paradoxes...
La charpente du récit est très précise, voire mathématique : deux parties égales, un certain nombre de sous-chapitres identifiables. Chaque événement, et chaque expression sont avancés sans hasard. Tout est vérifiable, justifiable, rigoureux. C'est du grand art littéraire. C'est tellement riche qu'une seule lecture est certainement limitative : on ne peut pas découvrir toutes les ficelles de l'histoire et de l'écriture. Comme lire et relire "La bibliothèque de Babel"...
Il s'agit donc d'un roman d'une grande qualité, à éviter sous aucun prétexte dans toute culture fantastique, mais aussi dans la découverte de la littérature sud-américaine et plus en général du XXè siècle.
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Casares partage avec son ami Borges le goût pour la construction savante et la mystification. Ce petit roman est une pure merveille: Et si vous deviez choisir entre l'amour et la vie? entre le réel et l'imaginaire? Un hymne à la puissance de la littéraure. Sublime!
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L' INVENTION DE MOREL d' ADOLFO BIOY CASARES
Un homme en fuite condamné à mort ou à l'enfermement ( on ne le sait pas) se réfugie sur une île assez inhospitalière. Elle semble inhabitée bien qu'une importante structure la domine, le musée, La Chapelle et la piscine. le héros narrateur survit péniblement dans cet environnement délicat où tout semble abandonné. Un jour, pendant une promenade il aperçoit une femme, très belle, il n'ose l'aborder et va l'observer régulièrement jusqu'à l'apparition d'un homme. Intrigué, il va se trouver en face d'eux et ils ne semblent pas le voir! Alors notre héros va prendre plus de risques, entrer dans le musée et découvrir que la femme est Faustine et l'homme, Morel. Ses investigations l'amèneront à comprendre l'incroyable invention du dit Morel. Amoureux de Faustine, persuadé que Morel est là pour le retrouver, il va balayer touts les hypothèses jusqu'à la vérité.
Préfacé par Borges, voilà un vrai bijou qui nous immerge dans le fantastique le plus invraisemblable faisant penser au meilleur de Poe avec un zeste d'absurdité à la Kafka! Un texte intrigant qui bien sûr n'est pas sans rapport avec l'île du docteur Moreau de Wells.
Adolfo Bioy Casares est un écrivain argentin né en 1914 mort en 1999. Il a reçu le prix Cervantes en 1990.
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Imaginez une île à l'abandon. Sur cette île à l'abandon, imaginez une somptueuse villa un peu défraîchie. Dans cette somptueuse villa un peu défraîchie, imaginez un souterrain. Dans ce souterrain, imaginez une gigantesque machine aux mécanismes étranges, indéchiffrables. Maintenant, regardez le tout : vous avez "L'Invention de Morel".

Aucun résumé ne peut embrasser toute l'étrangeté de cet incroyable récit. L'auteur installe dès les premières lignes une atmosphère sombre, où l'illogisme est constant, où toutes nos perceptions doivent être remises en question. Sous la forme d'un journal intime écrit par un naufragé anonyme, l'explication de ce mystère se déroule petit à petit, tranquillement, sans jamais nous perdre ou nous ensevelir sous un flux de bizarrerie.

Métaphysique, dédaléen, fascinant, "L'Invention de Morel" est un petit bijou, sans doute un des meilleurs romans de littérature fantastique que j'aie pu lire jusqu'ici.
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Grand admirateur de Borges, je n'avais jamais été tenté de lire ce court roman d'Adolfo Bioy Casares qui a révélé l'auteur en 1940 et en fait un précurseur du « réalisme magique », une dizaine d'année avant l'apparition du terme et du vase courant littéraire qui s'en suivit.
Considéré comme un classique de la littérature sud-américaine du XXe siècle, malgré sa brièveté cette nouvelle ne se laisse pas aborder avec facilité. Mais au fil du récit, je me suis laissé captiver par le fil narratif, au point d'entamer une seconde lecture, immédiate, dans la foulée de la première et qui m'a permis d'admirer la quasi perfection du récit et du dénouement progressif de l'intrigue.
Je ne dévoilerai rien de l'histoire qui donne toute sa saveur au roman et laisse le maître Borges (ami pendant quarante ans de Bioy Casares avec qui il dinait chaque jour et avec lequel il écrivit des nouvelles à quatre mains sous le nom d'auteur de Bustos Domecq) conclure dans la préface du livre de novembre 1940 :
« (…) L'invention de Morel (dont le titre fait finalement allusion à un autre inventeur insulaire, à Moreau) acclimate sur nos terres et dans notre langue un genre nouveau.
J'ai discuté avec son auteur les détails de la trame, je l'ai relue ; il ne me semble pas que ce soit une inexactitude ou une hyperbole de la qualifier de parfaite. »
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