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« Écrire, c'est se lancer dans une traversée sans boussole, » dit son ami le psychanalyste à Didier Blonde. Ce dernier a été interpellé par un portrait d' une inconnue, au columbarium du Père Lachaise.
Sur la pierre, sont gravés le nom : Leila Mahi, et la date de la mort : 12 août 1932.
Pas de date ni de lieu de naissance, et cependant un je ne sais quoi d'exotisme , de canaille, de mystérieux font que Didier Blonde s'attache à rechercher qui était cette LM , elle aime.
Etait- ce une danseuse hindoue surprise par son amant en train de le tromper avec un riche protecteur?
Etait- ce un des modèles de Man Ray ?
Etait- t- elle une espionne style Mata Hari ?
Avait- elle tissé une amitié avec Kiki de Montparnasse , à qui elle ressemble étrangement?
Combien d'hommes avait- elle ruinés ?
L'auteur recherche, écrit à toutes les administrations, reçoit en réponse une fin de non- recevoir. Cependant, tout en se demandant pourquoi il continue cette traversée sans boussole, il ne peut s'empêcher de continuer ses investigations.
« Au carrefour des imaginaires, dit- il, je m'étais mis à rassembler peu à peu les pièces d'un puzzle dépareillé. »
Leila a écrit deux livres, qu'il exhume puisque épuisés en librairie. Et il note : «  chaque livre est une lettre adressée poste restante. Il renferme un nom codé, une phrase secrète, un message crypté, destiné à être déchiffré par un seul lecteur.  »
Et c'est lui, le seul lecteur de ces deux romans oubliés, qui a aussi fait ressortir de l'ombre de l'oubli la mémoire d'une inconnue, à la vie peut être imaginée .
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Après s'être consacré à Suzanne Grandais, artiste du muet morte dans un accident de la route, et à l'Inconnue de la Seine, dont le visage a hanté les artistes depuis le début du XXe siècle, Didier Blonde consacre ce nouveau livre à Leïlah Mahi après avoir découvert sa plaque au crématorium du Père Lachaise. Celle-ci est ornée d'une photographie, chose rare à l'époque, et ne porte qu'une date, celle du décès.

L'auteur s'attache sur 128 pages à décrire sa fascination pour ce portrait. Qui est cette femme ? Quand et où est-elle née ? Qu'a-t-elle fait de sa vie ? Comment est-elle morte ? Il se lance dans une longue enquête, se renseigne auprès du cimetière, des archives, cherche sur le Net, auprès des connaisseurs et à la Bibliothèque nationale… Il faut démêler le vrai du faux, quitte à renoncer à des légendes bien séduisantes… Leïlah Mahi serait née à Beyrouth à la fin du XIXe siècle et si le portrait photographique semblait évoquer une actrice aussi fatale que mystérieuse, elle se révèle être un écrivain dont les deux romans sont aujourd'hui introuvables. En lisant cet ouvrage, j'ai ressenti pour elle et ses mystères la même fascination un peu coupable que Didier Blonde, et le même questionnement associé : pourquoi se battre ainsi pour des morts dont plus personne ne se soucie ? Qu'est-ce que le destin fauché d'un artiste d'autrefois peut nous apporter aujourd'hui ? Pourquoi chercher, si longtemps après, des réponses ? La réflexion amorcée par l'écrivain sur le temps qui passe et, avec lui, l'effacement progressif des histoires et des identités est intéressante. Mais ne se fait-elle pas au détriment du personnage dont pourtant le livre porte le nom et le visage ?

Était-il possible de faire autrement ? Pas sûr… L'auteur nous parle assez rapidement des deux romans de Leïlah Mahi, En marge du bonheur et La Prêtresse sans dieu, sans vraiment développer leur contenu. En réalité, j'ai trouvé qu'il n'en exploitait pas le potentiel jusqu'au bout, d'autant plus qu'il semble reléguer assez vite les deux textes au rang de littérature médiocre. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à tiquer : j'ai rencontré ce jugement de valeur à de très nombreuses reprises lors de mon parcours de recherche. Il est déjà difficile de juger un livre contemporain : il suffit de voir les avis très divergents que l'on peut rencontrer sur la blogosphère au sujet de tel ou tel titre de la rentrée littéraire, les consensus sont rares. Pour un texte historique, la difficulté me semble accrue. Vous pourriez m'objecter qu'au contraire, l'histoire a fait le tri pour nous, ou que des spécialistes ont travaillé sur ledit texte pour en faire ressortir les aspects les plus remarquables… mais l'histoire littéraire ne fait pas tout. Elle a ses vainqueurs et ses perdants. Elle est, comme toute histoire, une construction, conditionnée par des représentations propres et au service de valeurs spécifiques. Par exemple, Molière ou Racine étaient étudiés en classe au XIXe siècle mais ce n'étaient pas du tout les mêmes pièces qu'aujourd'hui qui étaient valorisées : à critères différents, Panthéon modifié. Pourquoi avoir écarté si vite la destinée d'écrivain de notre personnage ? N'était-ce pas assez porteur pour la rêverie ? A lire Didier Blonde, on a l'impression qu'il aurait préféré découvrir une actrice, un mannequin, quelque chose de plus sulfureux, plus en accord avec la photographie qui nous est restée. Alors oui… Sans doute la qualité littéraire des oeuvres de Leïlah Mahi n'est-elle pas vraiment le sujet de ce livre. Didier Blonde a sûrement préféré évacuer la question pour mieux traiter de sa fascination personnelle pour cette femme. Mais la démarche ne m'a pas semblé aussi féconde qu'elle aurait pu l'être, et j'ai craint, à ce moment de la lecture, de voir Leïlah Mahi cantonnée, enfermée dans sa petite photographie sur plaque, comme si c'était tout ce qu'il restait d'elle.

Et puis c'est vrai qu'à y bien penser, on peut difficilement faire ouvrage plus personnel. Je ne sais si c'est un roman, si le narrateur est un double ou un calque de l'auteur, mais les effets de réel sont omniprésents, et le sous-titre, Enquête, nous invite à penser que la reconstitution est vraie. Cela mène hélas à beaucoup de mise en scène de soi, que j'ai parfois trouvé assez inutiles voire complaisantes. La question du deuil n'est pas mal traitée, mais j'ai trouvé que le texte restait en surface, comme s'il ne parvenait pas à choisir entre la rêverie personnelle ou l'enquête sur un personnage inaccessible.
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« Est-ce l'éclat sombre de la passion ou celui de la folie qui brille au fond de ses yeux ? Deux grands yeux maquillés d'un cerne ténébreux, aux prunelles hypnotiques, qui me fixent, me fascinent, m'attirent irrésistiblement, comme un phalène. Des yeux si larges, brouillés de fièvre, en noir et blanc. Et cette imperceptible ironie sur ses lèvres. »

Didier Blonde tombe en arrêt, un jour de 2008, devant une photo ornant une plaque funéraire au columbarium du Père Lachaise. Leïlah Mahi est une belle inconnue dont l'identité se réduit à un nom et une date de décès, le 12 août 1932. En bon « détective de la mémoire », l'auteur de « L'inconnue de la seine », fasciné par les destins obscurs de femmes du début du 20ème siècle, lance son enquête avec le peu d'éléments en sa possession.

Très vite il découvre sur le net que la jeune femme a de nombreux amoureux transis, mais qu'aucun ne sait qui elle est réellement. Toquant à la porte des administrations, écumant les bouquinistes (pour découvrir l'existence de deux romans autobiographiques publiés en 1929 et 1931 par une dénommée Leïlah Mahi), voyant tantôt en elle une actrice du cinéma muet, une courtisane ou une mondaine oisive fumeuse d'opium, Blonde s'égare, se disperse, abandonne puis reprend ses investigations après plusieurs mois de pause, revenant sans cesse à l'éblouissement ressenti le jour de sa découverte : « Tout paraissait étrange en elle. Ses grands yeux qui brillait d'un éclat hypnotique, celui de la passion ou de la folie. Sa pose de femme fatale, provocante, à moitié découverte, presque indécente dans cette nécropole. L'absence de date de naissance. D'où venait-elle ? Comment avait-elle fini ? ».

Ce livre n'est pas un roman. C'est une enquête mélancolique aux accents littéraires profonds, où un écrivain en plein doute s'interroge sur l'intérêt de son projet en gardant en permanence à l'esprit ce qu'il doit à chacun de ses lecteurs. Sa façon de procéder est aussi passionnante que l'histoire de la femme qu'il traque en vain. Et au final me direz-vous, en apprend-on vraiment plus sur Leïlah Mahi ? Et bien oui. Un document parvient à lever une grande partie du mystère. Mais c'est suite à cet événement majeur que le clap de fin survient, comme si l'auteur, au moment où il va enfin pouvoir creuser les choses et avancer, décidait qu'il était parvenu au terme de sa quête et qu'il n'était pas nécessaire d'en connaître davantage.


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A partir de la photo d'une plaque funéraire au Père-Lachaise et d'une seule date, 1932, Didier Blonde nous emmène sur les traces d'une certaine Leïlah Mahi. C'est une enquête, ou tout comme. Et c'est une douce mélancolie qui nous prend.
Comme Didier Blonde, moi aussi j'aime imaginer l'existence de ceux qui hier étaient vivants, aimaient, pleuraient, riaient et qui sont à jamais figés sur une photo brouillée, jaunie.
Ici l'auteur ne fait pas qu'imagnier, il cherche des pistes, des indices, parvient à reconsitituer des bribes.
J'avoue que j'aurai aimé qu'il trouve tout sur la vie de l'énigmatique Leïlah - ou même qu'il l'invente. Mais ce livre est un vrai bonheur.


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Ce livre est une enquête.
L'auteur part à la recherche d'une femme inconnue, dont il ne connaît que le portrait qui figure au columbarium du Père Lachaise.
Une enquête avec bien peu d'indices, des fausses pistes, la fascination du personnage .
Une enquête mélancolique, sous le poids de la chute du temps, et de l'insignifiance de la destinée humaine.
Une enquête, qui est aussi une quête de l'impossible : faire revivre ceux qui ne sont plus, les tirer de cet oubli dans lequel nous sombrerons tous.
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Leilah Mahi 1932, c'est l'obsession autour d'une identité lacunaire.

Didier Blonde propose un roman protéiforme, à cheval entre la biographie et l'autobiographie. Une thématique centrale : l'enquête sur l'identité de Leilah Mahi. Toutefois, gravitent autour de ce thème des bribes de souvenirs de l'auteur pour combler les lacunes sur le personnage.

Didier Blonde propose également une vision métalittéraire de son oeuvre, il revient sur l'écriture même de son roman, avec la complexité de mettre sa recherche dans une forme romanesque.

Leilah Mahi 1932 est un très bon roman, grâce notamment à cette alliance biographie et autobiographie qui fonctionne à merveille.
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Voici un livre dont la quatrième de couverture m'a énormément attiré lors de sa sortie, mais comme l'on ne peut pas acheter tous les livres qui sortent il a bien fallu attendre qu'il soit disponible en bibliothèque.
Le résumé était intriguant, vraiment mystérieux, un roman qui n'en est pas un, un récit qui s'apparenterait à une enquête voire une quête de vérité. Didier Blonde de passage au cimetière du Père-Lachaise tombe sur le portrait d'une femme: Leïlah Mahi 12 août 1932 sont les seules inscriptions ornant la plaque funéraire. L'auteur est immédiatement attiré par ces yeux sombres et souhaite en découvrir davantage sur cette femme, c'est le récit de cette recherche qui nous est livré en quelques pages très vite lues.

Ses recherches le conduisent sur Internet où il découvre que cette femme avait de nombreux amoureux et fans, tous ayant comme lui succombé au regard sombre d'une photographie. Toutes sortes de métiers lui sont attribués comme actrice de cinéma muet ou encore écrivain, Didier Blonde recherche sa trace dans les administrations, à différentes adresses. Trop de pistes et rien de concret, alors il abandonne mais reprend vite ses investigations, il se perd et se disperse.

Ce livre est plein de nostalgie voire de tristesse par moment, il est beau et profond, j'ai énormément aimé cette enquête dans le passé et la décision finale de laisser sous couvert les secrets de cette femme mystérieuse. Il faut prendre le temps de lire et relire chaque passage pour s'imprégner de ce voyage.
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En se promenant au cimetière du Père-Lachaise, Didier Blonde remarque la photo d’une femme au columbarium où sont gravés Leïlah Mahi 12 aout 1932. Fascinée par son regard et par sa beauté, Didier Blonde cherche à en savoir plus sur elle. Il découvre qu’il n’est pas le seul à avoir remarqué sa photo et qu’elle compte de nombreux admirateurs sur le Net. Il se lance dans une quête entrecoupée de pauses pour trouver qui est Leïlah Mahi. Des archives aux mairies en passant par les bouquinistes, il s’interroge :
« Etais-je condamné à refaire toujours le même livre ? A fouiller à nouveau dans des archives, des bibliothèques, à hanter des cimetières, collectionner des adresses, tracer des itinéraires dans des rues de Paris sur la piste de tous ces disparus, ces acteurs et actrices de cinéma oubliés depuis si longtemps, auxquels j'avais consacré déjà plusieurs ouvrages et, dernièrement encore, à cette "Inconnue de la Seine". »
Leïlah Mahi convoque l’imaginaire à lui inventer une vie d’autant plus que les recherches entreprises restent vaines. « Elle a découragé toute recherche. Les archives sont fermées, cadenassées à double tour. Les services de la conservation restent silencieux. Et la concession sans héritage. Une vie muette. Hors d’atteinte. » L’auteur nous confie ses doutes comme celui d’avoir le sentiment d’être quelqu’un qui entre par effraction dans une vie ou d ‘être face à une impasse. Alors qu’il ne s’y attendait plus, une information administrative va ouvrir une porte sur Leïlah Mahi et révéler qui elle était.
En lisant ce livre, on est aux côtés de Didier Blonde. Comme lui, on est hypnotisé par cette photo. Un livre nimbé d’un voile à l'ambiance ni gaie, ni triste qui laisse un sillon derrière lui. On ressent tout le respect de l’auteur comme s’il avançait sans vouloir déranger Leïlah Mahi.

Et si j’ai été touchée par cette enquête, c’est que je me suis reconnue en partie à travers Didier Blonde à la recherche de vies derrière des photos surannées ou juste un nom. A chercher, à interroger, à recouper des éléments du passé, à visiter des lieux habités autrefois, à connaître des déceptions ou des avancées.

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L'auteur livre ici son cheminement très romancé pour essayer de retracer la vie de Leïlah Mahi. Ceux qui espèrent en apprendre davantage sur cette femme de lettres seront déçus. Sa vie restera un mystère. Notons que l'auteur ne semble pas avoir trouvé au moment de son récit que Leïlah Mahi est décédée avant d'avoir pu achever son troisième roman qui aurait dû s'appeler "La Femme errante". La lecture reste toutefois agréable, même si on est plus dans l'imaginaire, l'hypothétique faute de trouver de vrais documents parlant de cette femme au regard troublant. Gallica aurait pu permettre d'étoffer un peu plus le contenu. Mais au début de l'enquête certains documents n'étaient peut-être pas encore disponibles sur ce site.
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La peau de l'ombre
Historien du sensible, Didier Blonde raconte par le menu sa plongée dans le Paris des années 1930 afin d'imaginer la vie de cette époque. Alors qu'il piétine dans son entreprise de résurrection de Leïlah Mahi après son envoûtement persistant depuis qu'il a croisé son regard sur un portrait photographique au columbarium du Père-Lachaise, le traqueur de fantôme semble avoir épuisé toutes les pistes. Qui était cette femme ? L'administration n'est pas d'une grande aide, du cimetière à la mairie. Didier Blonde dépouille des archives, s'abîme sur la Toile, hante bouquinistes et bibliothèques, retrouve un ami autrefois amoureux du portrait de Leïlah Mahi, rencontre une femme peintre elle-aussi accrochée par le portrait du Père-Lachaise, s'entretient avec un spécialiste des films muets. Chacun lui expose ses fantasmes, proposant une orientation biaisée, loin de l'objectivité recherchée par l'auteur.
Comment une telle enquête consacrée à une femme anéantie depuis des lustres peut-elle captiver ? Didier Blonde porte en lui un univers fascinant, une érudition vertigineuse sur des périodes fastes et révolues. L'écriture simple et directe expose par petites touches les zones d'ombre de l'auteur, son dialogue obsessionnel avec les morts, grands-parents, acteurs du muet gisant dans la poussière et l'oubli.
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