Mais je m'en fous. Je sens la vie qui coule dans mes veines - la vie et toutes ses passions. Toutes ses couleurs vives. Je ne veux jamais être une photo aux teintes délavées. Je ne veux pas finir au fond d'un carton, dans un grenier. Je ne veux pas avorter mes rêves.
De chaque côté de la porte en verre dépoli, mon père et moi, nous sommes transformés en Indiens. Parce que nous sommes chacun le totem de l'autre.
Aujourd'hui, je pense à moi et à moi seul. J'ai une vie à réussir, moi - je n'ai pas de vieillesse à gâcher.
« nous sommes éternels »
La phrase est juste incroyable. Vraiment.
petit clin d’œil a « le monde de Charlie »
PUTAIN DE MERDE.
Je sais, ça choque et surtout, ça manque d'élégance. Je devrais plutôt commencer le récit par des jolies phrases, des paragraphes bien tournés, en utilisant des termes éloquents et variés. Simplement, je n'y parviens pas. Cela fait une heure que les faits tournent dans ma tête, on dirait des corbeaux dans un clocher, ils croassent, ils descendent en piqué et remontent en flèche – je suis épuisé. Et retourné. Tout est sens dessus dessous. Je n'arrive plus à penser droit, et les mots me fuient. Ce qui me reste, c'est la stupeur, la colère et cette expression qui les résume : putain de merde.
J'aurais dû m'en douter, en fait.
Parfois, je me demande s'il n'a pas fait exprès de semer des indices pour distiller le doute et me préparer à la révélation. Il paraît que, parfois, les grands criminels agissent comme ça pour aiguiller les policiers et leur permettre de les arrêter. Tout au fond, ils ont envie d'être découverts – et punis. C'est tordu, comme méthode, mais les grands criminels sont tous un peu tordus. Le grand criminel, ici, c'est mon père. Et la victime, évidemment, c'est moi. Bon, d'accord, certains trouveront que tout ça n'est pas si grave, qu'il n'y a pas mort d'homme et que donc, je réagis de façon un peu exagérée. Moi, je ne trouve pas. C'est mon intimité qui est en jeu. Et le respect auquel j'aspire.
J’aimerais être une larme qui coule sur ta joue et qui meurt sur ta lèvre.
Il n’y a que les héros ou les saints qui résistent à la tentation, et je ne suis pas un héros. Ni un saint.
Il n’y a que les héros ou les saints qui résistent à la tentation, et je ne suis pas un héros. Ni un saint.
J'adore cet réplique : Dire je n'y pensais plus, comme ça, en fin de phrase, ça appelle une suite, un jusqu'à ce que ... TU vois, je n'y pensais plus jusqu'à ce que ...
Évidemment, j’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil – alors qu’il y avait un contrôle en SVT le lendemain, et que les SVT, ce n’est pas mon fort. J’avais l’impression que le carton était phosphorescent. Qu’il me menaçait et me protégeait tout à la fois. Je passais par toute la gamme des émotions – la colère qui me hurlait de l’envoyer se faire voir, qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’on pouvait m’apitoyer ? Une vilaine curiosité, bien sûr, mais aussi un fond de respect. Parce que c’était un joli geste, mine de rien. Mieux en tout cas que ce à quoi je m’attendais – mieux que la proposition d’un week-end à Disneyland ou d’une escapade à Londres, rien que tous les deux, histoire de se donner bonne conscience et de réamorcer le dialogue.