Brise glace

Brise-glace, je suis brise-banquise, découvreur de terre,
Réchauffeur planétaire, un homme à effet de serre,
Démolisseur de pôles, amateur d'équateur, observant
Sous mes lunettes astronomiques, comment nous devenons
Amis.
Mes amis.

Elle fait
Tic, tac, tic, tac, tic, tic, tac, tac
Elle fait
Flic, flac, flic, flac, flic, flic, flac, flaques
Tu l'entends, dis, tu l'entends ?
Tu l'entends, le rythme de mon sang?

Elle fait
Tic, tac, tic, tac, tic, tic, tac, tac
Elle fait
Ric, rac, ric, rac, ric-rac, ric-rac
Tu l'entends, dis, tu l'entends ?
La mémoire de tes yeux qui me cloue en dedans ?

Ça fait
Tic, tac, tic, tac, tic, tic, tac, tac
Ça fait
Cric, crac, cric, crac, crac, CRAC
Je ne vous entends plus, dis, je ne vous entends plus
Tout, tout, tout a disparu.

La seule chose qui me reste, la seule chose qui me tient,
C'est un pan de ta veste, la douceur de vos mains
Et ce décor trop grand pour que je le contienne
Ce paysage trop blanc qui s'incruste en mes veines

La seule chose qui me reste, la seule chose qui me tient,
C'est les mots jetés en l'air, l'envie du lendemain
Dans ce décor trop grand, dans ce décor trop blanc
Dans cet éden d'hiver qui me glace les sangs.

La seule chose qui me reste, la seule chose qui me tient,
C'est la vie devant moi, en faire tout plutôt que rien
Quelque chose qui pétille, quelque chose qui secoue
Un temps qui vaille la peine de le vivre sans vous.

La seule chose qui me reste, la seule chose qui me tient,
c'est la vie devant moi, en faire tout plutôt que rien
Quelque chose qui pétille, quelque chose qui secoue
Un temps qui vaille la peine de le vivre sans vous.

C'est sûr, il y a un moment ou ça va se gâter, mais pour une fois, je ne veux pas y penser.
Et ça, oui, c'est nouveau.

- A partir du moment ou on est présent dans l'existence de l'autre alors qu'avant, on n'existait pas, tout est modifier. Tu veux une cigarette ?
- Je ne fume pas. Mais j'en prendrais bien une, juste pour me donner une contenance.

C'est chiant, la nostalgie. Surtout que c'est pas de mon âge, merde.

Ce que je veux, c'est faire partie d'un tout - mais sans qu'on s'adresse à moi de façon personnelle.
Je sais, c'est impossible.

Bon, ce n'est pas tout ça, mais j'ai un devoir à finir. Alors, comment on termine ce torchon ?
Julien - oui, je l'ai appelé Julien, le mec en haut de la montagne, c'est bien, Julien, c'est un prénom qui se démode jamais - est ravi parce qu'il a confiance en l'avenir et qu'il sait que, sur l'autre versant, il va retrouver la jolie Manon (pareil, ça, Manon ça peut te faire XVIIIe siècle, facile) et qu'ensemble, ils vont aller de l'avant, fonder une famille, entendre rire les enfants et puis ensuite vieillir, se décatir, divorcer sans doute parce qu'ils se gonfleront mutuellement et puis crever comme des chiens à la fin, seuls et se demandant bien ce qu'ils ont foutu sur cette terre.
Nan, je déconne.
J'arrête après "rire les enfants".

Mais ce ne sont pas des mots doux qui se terrent dans ma gorge.
C'est de la glace.
Et sous la glace, il y a ce bouillonnement de mots durs.
Je ne parviens pas à les canaliser en phrases, à les articuler en paragraphes. Les phrases se télescopent, les mots s'entrechoquent. Depuis que j'ai vu le sujet, j'ai le cerveau en ébullition.