Je suis à côté d'un colibri.
Il y a tellement de beauté.
J’ai vingt-deux ans et je suis le dépositaire de leurs histoires inachevées. J’ai vingt-deux ans et je suis un reliquat de récits. Une survivance. Un putain de séquoïa.
Là.
A moins d'un mètre de moi.
Son corps tout entier penché sur l'une des rares fleurs qui survivent dans cet enfer.
Son corps bleu et menu, son bec dans le pistil. Ses ailes qui vibrent à une telle vitesse qu'il semble pétrifié dans l'air du soir. Le bruit de ses ailes, un moteur discret, un ronronnement presque.
Je suis à côté d'un colibri.
Il y a tellement de beauté.
Après tout, si on me mélange, quelle importance. Je suis soluble.
C'est de ça que j'ai envie.
D'une affirmation de l'existence. De m'installer dans la permanence. De prendre ma place dans la bataille fragile et pitoyable des êtres humains qui posent des fondations et montent des édifices en sachant pertinemment qu'un jour ou l'autre, tout disparaîtra.
Je ne connais pas. Je ne connais rien. Je ne suis allé nulle part. Et d'un seul coup, l'histoire étant morte, j'ai envie de coucher avec la géographie.
En ouvrant la porte qui mène à la terrasse, le soleil m'a absorbé.
Tout était blanc - de nouveau.
Est-ce qu'en marchant dans les traces de l'autre, on arrive à pénétrer sa conscience et à le voir de l'intérieur?
C'est de ça que j'ai envie.
D'une affirmation de l'existence. De m'installer dans la permanence. De prendre ma place dans la bataille fragile et pitoyable des êtres humains qui posent des fondations et montent des édifices en sachant pertinament qu'un jour ou l'autre, tout disparaîtra.
Elle savait que les choix, de toute façon, ne sont que des illusions que l'on se façonne pour prétendre être libre.