Nina est une écrivaine-magicienne : à l'aide de quelques vieilles photos, elle fait apparaître des paysages, une famille, l'histoire de cette famille dans l'Histoire. Elle a de la tendresse et de la magnanimité face aux défauts de chaque photo. En un cliché, elle évoque des parfums, des saveurs, des sentiments, des liens. On a envie de s'asseoir à côté de Mamani et de faire la connaissance de cette grande famille, de partager le couscous avec eux, de découvrir le château du Tripolitain et la vue alentour…Djanina aborde le thème de la mémoire en restant lucide sur la traîtrise des images (on croit parfois se souvenir). Et chaque détail du passé, repéré ou deviné, fait l'être humain que nous sommes aujourd'hui. Un livre qui se déguste, comme une corne de gazelle, et qui laisse un doux parfum même quand on l'a fini...
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Alors, la mémoire, la photographie ? Qu’est-ce qui nous rend notre passé ? Ni l’une ni l’autre, on peut en être sûr. Nous sommes seulement des passagers filants, semant des poussières de lumière sur du papier noirci. Et notre destin tient de cette fulgurance. La photographie sait rendre compte au moins de cela.
Ainsi semble parfois dans le temps que nous vivons, se déclencher en notre chambre noire, notre mémoire, le flash d’un moment photographique qui nous demeure définitivement restitué.
Les livres, en nous ouvrant au monde, ont aussi le pouvoir de nous ramener à notre propre culture, aussi modeste fût-elle.
Est-ce cela une photographie ? Un papier ? Juste un papier quelconque, où s’estompe très lentement l’empreinte de la lumière mais où peuvent surgir les questions du futur ?