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Citations sur Isabelle Bruges (38)

Elle se penche sur la vieille dame, donne un baisé glacé sur les tempes tièdes, se redresse avec une souplesse de jeune-fille, sort en courant, on l'attend à l'autre bout du pays. Personne ne l'a vue. Personne n'a remarqué la visiteuse sauf un enfant qui bondit de son lit, s'approche d'Eglantine et demande, partagé entre l'effroi et la curiosité : "où tu es, où tu es, où tu vas, qu'est-ce que tu fais, réponds-moi, où tu es" - à celle qui, pour la seule fois de sa vie, est toute entière là, délivrée du désir, de l'attente, du songe, délivrée d'elle-même, reposant dans le berceau de draps blancs, inerte, souriante.
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"des gens qui se taisent comme dans les livres."
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Elle pense au bonheur, à ce bonheur que personne ne peut vous prendre, parce que personne ne vous le donne.
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Je croyais qu'on était pauvre quand on avait besoin d'argent. Je me trompais. On est pauvre quand l'argent n'a plus besoin de vous.
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Quand même ça ne fait rien, je suis heureuse, pas besoin d'éternité, je t'aime cerisier, je t'aime prince du vent, roi de l'aube, je t'aime jusqu'à tout de suite, ça ira bien jusqu'à toujours, jusqu'à demain, je t'aime, je suis heureuse.
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Ils roulent à droite, à gauche, selon les obstacles rencontrés. Ils vont le plus vite possible, mais, si vite qu'ils aillent, il y en a une qui les précède sur le chemin, il y en a une qui va d'un pas pressé, si pressé qu'ils ne peuvent la rejoindre quand bien même ils iraient à la vitesse de la lumière. Celle-là est plus rapide que la lumière, celle-là est comme l'ombre - depuis toujours arrivée. Elle entre une demie heure avant eux dans l'hôpital. Elle ne demande pas son chemin, elle sait le numéro de la chambre, d'ailleurs elle est attendue, elle traverse les couloirs, frôle un brancardier, on ne la remarque pas et pourtant chacun s'écarte imperceptiblement à son passage, les rires se font moins fort, les paroles s'éteignent une seconde, juste une seconde, voilà, elle est arrivée. Elle entre sans frapper, jette un coup d'oeil sur la petite fille en train de lire, sourit devant tellement d'enfance, se tourne vers l'autre lit, dévisage celle qui la reconnait, et elle se met au travail, elle donne la dernière touche à son chef d'oeuvre. Elle a modelé le visage d'Eglantine depuis tant d'années, presque un siècle, ravinant la peau desous les yeux, usant légèrement la commissure des lèvres, blanchissant un à un les cheveux, maintenant elle n'a plus grand chose à faire, un détail, une ultime retouche, enlever son manteau noir, le faire passer devant les yeux d'Eglantine, jetre une encre noire dans l'infini du regard, une goutte d'ombre dans la prunelle des yeux et attendre : le regard s'obscurcit, la ténèbre serpente dans les veines, cisaille le souffle, arrive au coeur qu'elle mord d'un seul coup, voilà, du bon travail, pas un cri, pas un mot.
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Isabelle est en miettes dans son sommeil. Elle est éparpillée en dizaine d'Isabelle qui marchent dans le noir, le long des rues de Bruges, ce qui fait qu'au réveil elle n'ouvre pas tout de suite les yeux : elle essaie d'abord de réunir ces filles qui lui ressemblent. Voyons. Il y a celle qui amène Anne au cinéma, et celle qui assiste à la baignade d'Adrien. Celle qui chante au fond du bus, le premier jour de l'école. (...) Il y a encore celle qui tremble de frayeur devant son premier dessin animé (...) Et celle qui gagne un lapin nain à la fête, qu'elle emporte, triomphante, à la mère alitée depuis trois jours. Celle-là, c'est l'Isabelle préférée d'Isabelle, celle qui fait venir un sourire aux lèvres de la mère, un vrai sourire, un sourire sans douleur par dessous, une joie simple devant le lapin affolé, sous les draps, la lumière éternelle d'une mère enfin comme toutes les autres. Et d'autres Isabelle, de tous âges, de toutes robes. Il en manque une pour bien ouvrir les yeux.
Le bruit de la pluie au dehors la ramène : il manquait celle qui court sur l'autoroute, les yeux humides et l'âme sèche, désespérément sèche.

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Le bonheur c'est l'absence, c'est d'être enfin absente à soi, rendue à toute chose alentour.
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Elle se lève,emprunte la veste de sa mère. Ce n'est pas qu'il fasse froid,mais toute cette pluie vous fait un cœur frileux,vous donne envie de voler à la mère la chaleur qu'elle ne sait plus offrir,qu'elle retient dans le velours de ses châles,dans la laine de ses pulls,dans la fourrure de ses manteaux.
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Mon travail c'est attendre - et ne me demander surtout pas quoi, ou qui : si j'en avais la moindre idée, ce ne serait plus la peine de l'attendre.
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