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Critique de cedratier


« La nuit du coeur » Christian Bobin (203 pages, Gallimard)
Il en est, peut-être, du compagnonnage, du cheminement au long cours avec certains auteurs très appréciés comme de certaines histoires d'amour ; il arrive un moment où l'on se rend compte qu'on n'a plus grand-chose à se dire, à partager, et sans doute depuis un moment déjà. C'est un peu ce qui se passe à la lecture de « La nuit du coeur ».
Longtemps j'ai considéré Bobin comme un écrivain magnifique pour sa langue d'une pureté exceptionnelle et d'une poésie immédiate, pour ses aphorismes souvent étincelants (pas pour son mysticisme éclairé –je suis athée).
Je relisais mes notes de lectures relatives à plusieurs de ses livres :
- « GEAI » (« subjugué »…/ « Si les mots de « Geai » étaient une musique, ce pourrait être une Gymnopédie d'Eric Satie »)…
- « NOIRECLAIRE » (« mon crayon dans la main ne me sert plus à rien, puisqu'il faudrait souligner une phrase sur deux, ou plus » / « sa poésie, sublime comme d'habitude »)…
- « TOUT LE MONDE EST OCCUPE » (« ce joli conte m'a scotché »)…
- « LA DAME BLANCHE » (« un magnifique « poème en prose » / « l'écriture habituelle de Bobin, superbe, ciselée et définitive »)…
- « LOUISE AMOUR » (« c'est beau comme une histoire d'amour »)…
Que reste-t-il des émois provoqués par ces textes et d'autres : « La part manquante », « Une petite robe de fête », « La plus que vive », « Autoportrait au radiateur » qui m'avaient tant séduit ? Bobin s'est (ou m'a) usé, il a rétréci, il ne m'apporte plus rien, ou si peu. Ou plutôt, à force de prétendre plus à chaque fois à l'essentiel (à l'essence), son texte en devient totalement désincarné, hermétique, convenu, répétitif. Il me déçoit, car il s'enfonce dans une langue complexe, son mysticisme, de discret, est devenu envahissant, sclérosé, pire, excluant. Ses aphorismes sentent aujourd'hui la recherche de l'effet de style. L'usage systématique de la personnification des objets ou des animaux, l'abus des oxymores finissent par alourdir la lecture, alors que l'inventivité qui m'avait longtemps enchanté a quasiment disparu.
Alors certes on trouvera encore quelques belles tournures qui peuvent accrocher l'oeil, mais qui, noyées dans ce fatras, ne m'émeuvent plus, ne me touchent plus. Une impression déjà ressentie à la lecture de « Un bruit de balançoire », et « Un assassin blanc comme neige », où il semblait déjà radoter.
Bobin et moi ? La fin d'une histoire sans doute…

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