La rupture avec soi est le plus court chemin pour aller à soi.
On a besoin d'une seule chose pour connaître toutes choses. on a besoin d'un seul visage pour jouir de tous visages. (p.57)
Il en va de la lecture comme d'un amour ou du beau temps : personne ni vous n'y pouvez rien. On lit avec ce qu'on est. On lit ce qu'on est. Lire c'est s'apprendre soi-même à la maternelle du sang, c'est apprendre qui l'on est d'une connaissance inoubliable, par soi seul inventée.
L'absence de l'enfant n'est peut être que le nom le plus pur de sa présence : éparpillé dans son coeur, il touche aux étoiles comme aux insectes, aux feuilles des arbres comme au visage des mourants. L'enfant aux yeux gris cendre revient vers vous. Essoufflé par ses jeux, il s'assoit à vos côtés. Il vous parle de son école. Comme d'un travail, il en parle. Il a raison, puisque le travail, c'est d'être où l'on n'a pas choisi d'être, où l'on est contraint de demeurer - loin de soi et de tout.
Ce qu'on apprend dans les livres, c'est la grammaire du silence, la leçon de lumière. Il faut du temps pour apprendre. Il faut tellement plus de temps pour s'atteindre.
Elle tient en un mot, et ce mot se tient sur un souffle, au bord des lèvres : rien. Un rien vous enchante. Si un rien vous enchante, c'est aussi parce qu'un rien peut vous anéantir. La même lumière peut, selon les heures et la direction du songe, vous exalter ou vous ruiner.
C'est ça, l'industrie régnante, la grande aventure de l'industrie : c'est ne plus savoir ce qu'on fait et que cela ne mérite pas le temps de le faire, et c'est persuader les autres qu'il faut le faire encore plus, huit heures par jour, huit siècles par heure. Le monde industriel, c'est le monde tout entier, une fable noire pour enfants, une mauvaise insomnie dans le jour.
Les jeunes mères ont affaire avec l'invisible. C'est parce qu'elles ont affaire avec l'invisible que les jeunes mères deviennent invisibles, bonnes à tout, bonnes à rien. L'homme ignore ce qui se passe. C'est même sa fonction, à l'homme, de ne rien voir de l'invisible.
"(...) Vous y avez trouvé votre formule du bonheur informulable. Elle tient en un mot, et ce mot se tient sur un souffle, au bord des lèvres : rien. Un rien vous enchante. Si un rien vous enchante, c'est aussi parce qu'un rien peut vous anéantir. La même lumière peut, selon les heures et la direction du songe, vous exalter ou vous ruiner. Sans nuances dans un cas comme dans l'autre. Il y a un creux sous votre nom. Il y a un trou dans le ciel. On a inventé le travail pour n'y plus songer".
"Il en va de la lecture comme d'un amour ou du beau temps : personne ni vous n'y pouvez rien. On lit avec ce que l'on est. On lit ce que l'on est".