Il est minuit, vous êtes dans la fin du conte, dans la dernière gravure, vous êtes en retard, le carrosse et le beau costume vont disparaître, le charme va se dissoudre, rien n'est arrivé. Vous êtes en retard sur vous même, vous n'êtes pas encore né, vous n'êtes personne. Vous ne faites rien. Vous ne pouvez rien faire, n'étant plus rien. Vous lisez des journaux, des romans, n'importe quoi. Il y a un usage de toutes choses comme de tous sentiments.
... quoiqu'elles disent et quoiqu'elles pensent d'elles mêmes dans leur devoir de mère, il y a toujours un enfant préféré. Son nom fait fleurir les lèvres à simplement le prononcer. C'est parfois le dernier venu, celui qu'on a trouvé dans la clairière d'un beau jour, au beau milieu de l'âge et des fatigues. Ce peut être encore le tout premier, l'enfant inoubliable des fleurs de cerisier, le premier printemps d'enfance. Ce peut être le plus ingrat comme le plus tendre. ce peut être n'importe lequel: l'amour maternel est semblable à tout amour, injuste et secret.
p.82
Le mort se tait pour dire en une seule fois. Le mort dit vrai en ne disant plus et si, sur lui, l'on jette tant de silence, c'est pour ne rien entendre.
"L'abondance des choses empêche de voir. La rumeur des pensées empêche d'entendre".
Elle a l'élégance des âmes errantes. Elle a la douceur des femmes rompues.
On pourrait recenser les livres suivant l'embarras d'en parler. (p41)
Il retient une lumière dans cette nuit-là pour toute la nuit du monde. C’est une étoile au front de Dieu. C’est un soleil dans l’encre noire
L'enfant court tous les chemins. Il emprunte toutes les rivières. L'errance de son regard est infinie. Sa distraction est sans remède. Elle peut rendre mauvais ceux qui l'approchent. Elle peut les mener jusqu'à l'extrême violence. A quoi tu penses. Tu ne peux vraiment pas faire attention. Je te l'ai dit mille fois. On parle beaucoup à l'enfant. On le presse de grandir, on le pousse dans la grisaille de l'âge.
L’abondance des choses empêche de voir. La rumeur des pensées empêche d’entendre.
(la meurtrière)
On pourrait recenser les livres suivant l'embarras d'en parler.