Ouf ! j'en suis venu à bout !
Voilà plusieurs années qu'il me nargait ce minuscule livre ! Plus d'une fois je l'ai ouvert, enchantée de la première page, et puis, il me tombait des mains...Oyé, oyé ! je termine l'année sur une (petite) réussite : je l'ai lu ! jusqu'au point final !!!
Le sujet affiché est une biographie de Saint François d'Assise ; point de recherche bibliographiques, mais un fil conducteur, pour nous parler de la difficulté de quitter l'enfance pour se construire adulte.
Un personnage secondaire : Dieu. La façon dont l'auteur nous le décrit me le rend drôlement sympathique, Dieu. Il ressemble vraiment aux hommes...euh...plus par leurs travers que leurs vertus : "un Dieu ivre qui reprenait son offrande, piétinait sa parole", avec des moments de gaieté, un Dieu, un peu "farce". Bref un Dieu paternaliste qui ressemble baucoup à un père omnipotent, dont on aime partager ses moments de gaieté en surveillant du coin de l'oeil, le moment où il va...déraper !
En héroïne cachée : LA MERE ! sanctification de la femme. Avec en prime un chapitre " le camp des femmes, le rire du Dieu". Pas question de passer à côté d'elle : elle est de quasiment toutes les pages.
Il est aussi question d'amour. Et
Christian Bobin en parle bien. Et au plus haut niveau de l'amour, celui de Dieu pour sa créature, et de sa créature pour Dieu, presque aussi haut que l'amour maternel. Ah l'amour d'une mère !
Bref, je n'ai lu dans ce court roman, qu'une réflexion sur la parentalité, la difficulté de se créer une vie, de s'éloigner de ses géniteurs. L'écartellement douloureux de la destinée de tout un chacun "Par le nom de famille, un enfant rejoint l'amoncellement des morts en arrière des parents. Par le prénom il rejoint l'immensité fertile du vivant, tout le champ du possible". Avec cette phrase, il serait possible d'imaginer un enthousiasme, un appetit de vie, mais, dans l'ensemble de ce livre j'y ai entendu beaucoup d'angoisse.
Quant au style, de super paragraphes d'un lyrisme échevelé, surtout lorsqu'il met en mots son amour pour la Bible :
Christian Bobin est un lecteur passionné et transporté par la richesse de ce monument littéraire. de très belles pages comme la première qui m'avait séduite.
Pour le reste, le style est ampoulé, pompeux, sentencieux et (trop) souvent saint-sulpicien. Oserais-je dire que j'assimile son style au rythme de la musique disco : c'est du deux temps. "...l'amour veut l'éveil. L'amour est l'éveil..." ou "Il n'y a pas de Terre Sainte. C'est toute la terre qui est sainte..."
Abus de tournures littéraires qui tentent de faire croire à la profondeur de la pensée. M. Bobin aime les mots, aime en jouer avec adresse comme un bateleur certain de son savoir-faire.
Merci à Babelio qui me permet de garder une des phrases que je préfère dans ce petit ouvrage.