AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 136 notes
5
12 avis
4
20 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'aime beaucoup les one-shot de Cyril Bonin notamment La Belle Image et L'Homme qui n'existait pas toujours aux Editions Futuropolis. Je dirais "et de trois!" comme un parcours sans faute.

L'auteur utilise un brin de fantastique pour broder une histoire qui tient parfaitement debout et qui nous fait réfléchir sur notre condition humaine dans une approche à la fois intimiste et sociétale.

Le thème ici exploité sera celui de l'amour. Il est dommage qu'un virus fige à jamais les amoureux alors que la haine se propage dans le monde. Tomber amoureux nuit gravement à la santé comme la cigarette peut-on lire sur la couverture. Cela intrigue d'emblée. On ne sera pas déçu par cette lecture tant le rythme est maintenu.Il y a comme toujours d'excellentes trouvailles.

La conclusion de cette histoire m'a grandement séduit au risque de rester figer. Déjà une victime à déplorer...
Commenter  J’apprécie          60
Voilà un roman graphique bien original! Impossible d'arrêter la lecture avant la fin, même si on l'anticipe facilement. L'histoire se déroule à Paris, alors que la vie est sous le joug d'une épidémie des plus spectaculaires: des gens sont retrouvés complètement figés comme des statues (mais avec des signes vitaux fonctionnels), un étrange éclat dans le regard, le plus souvent en compagnie d'un amoureux ou une amoureuse... On pourrait croire qu'ils sont été foudroyés par la maladie d'amour (on pense inévitablement à la chanson de Michel Sardou)! Pour être à l'abri de ce fléau, des couples évitent de se voir, des gens se cloître à la maison de peur du coup de foudre, on évite les tentations (incarnées surtout par les femmes!)... Mais, est-ce que ça vaut la peine d'éviter l'amour? Des couples se rendent compte ainsi qu'ils n'en éprouvent plus puisqu'ils sont épargnés. le personnage principal est une jeune journaliste, Olga Politof, qui enquête sur cette mystérieuse maladie que les scientifiques ont nommée Amorostasia. Elle apprendra qu'à force de jouer avec le feu...

Le récit est intrigant, amusant, original et, au final, presque poétique. Les dessins sont jolis et faciles à décodés, même s'ils sont en noirs et blancs. Il y a peu de dialogues, très bien choisis.

Je recommande ce roman graphique aux curieux comme aux amateurs du genre.
Commenter  J’apprécie          151
Une idée intéressante : une épidémie qui ne touche que les personnes amoureuses. Les gens se figent, et aucun médecin ne sait comment les soigner. Ils cherchent à rationaliser le sentiment amoureux, afin de trouver la zone du cerveau qui est touchée et essayer de trouver un remède.

Mais nous suivons surtout Olga, déçue de ne pas être figée avec son amoureux, mais qui fige l'un de ses collègues secrètement amoureux. Elle représente désormais la femme tentatrice, et devra porter un brassard.

J'ai lu une critique, celle de Vexiana, avec laquelle je suis tout à fait d'accord. Il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour vraiment apprécier ce livre.
Pourtant, beaucoup de sujets intéressants sont abordés, dont celui très actuel de la femme/fille à l'origine de la tentation, et la part de responsabilité de l'homme / de la femme.

L'histoire d'amour qui se crée au long de l'histoire ne m'est pas apparue très crédible. Et j'ai trouvé le message de fin positif tout en ne l'étant pas du tout !

Au niveau du style, je n'accroche pas totalement. le noir et blanc ne me dérange pas d'habitude, mais là, il me manquait un petit quelque chose ici aussi.
Commenter  J’apprécie          40
"elle court, elle court, la maladie d'amour..."
Idée très original que cette BD. L'amour qui fige les corps et qui par rebond, fige le pays puis le monde entier. Et donc l'amour qui fait peur.
Voilà une jolie interrogation sur ce qu'est l'amour.
Mais étrangement, j'ai trouvé le personnage principale digne d'un glaçon, et donc en total opposition avec le récit.
La préface par l'auteur de la chimie des sentiments, est aussi très intéressante et une bonne entrée en matière pour mieux comprendre l'histoire de cette BD.
Commenter  J’apprécie          60
Ce tome comprend un chapitre complet, le premier d'une trilogie. Il est initialement paru en 2013, écrit et dessiné par Cyril Bonin. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, avec des nuances de gris. L'ouvrage commence avec une introduction d'une page rédigée par Bernard Sablonnière, médecin biologiste et professeur de biochimie moléculaire à la faculté de médecine de Lille, auteur de la chimie des sentiments (2015).

À Paris dans un quartier proche de la Tour Eiffel, dans un immeuble haussmannien, une femme de ménage monte les escaliers et sonne à la porte de sa patronne. Cette dernière ne répond pas. La femme ouvre la porte avec son trousseau de clefs, pose son manteau, enfile sa blouse, et commence à passer l'aspirateur tout en pensant à sa différence de revenue d'avec celui de la patronne. Elle finit par la trouver dans le salon, une lettre à la main. La patronne est comme statufiée. Dehors dans la rue, alors que la pluie commence à tomber, une dame âgée voit un jeune couple immobile sur le trottoir. Elle s'approche d'eux pour leur conseiller de se mettre à l'abri, mais ils ne répondent pas, comme s'ils étaient statufiés. En attendant leur tour pour une interview, Olga Politof et Julien Lambert, 2 collègues journalistes au quotidien Murmures de Paris, prennent un café. L'heure étant venu, ils marchent jusqu'à l'adresse de leur rendez-vous et observent un automobiliste énervé que la voiture devant n'avance pas. À l'intérieur : un couple est en train de s'embrasser, statufié.

Peu de temps après les journaux font leurs gros titres sur des cas similaires. Olga Politof et Julien Lambert vont couvrir la conférence de presse donnée par le docteur Korda, épidémiologiste à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il évoque une épidémie, et décrit l'état des malades : figés comme en stase. le coeur bat, le sang circule, le cerveau reste en activité mais avec une extrême lenteur. Ils n'ont pas besoin d'être nourris. Leur métabolisme est comme ralenti et leur épiderme forme une carapace qui les protège du monde extérieur. Il a donné un nom à cette maladie : l'amorostasie. Olga Politof rentre chez elle. En passant elle entend les concierges se disputer comme à leur habitude. Elle croise son voisin de palier monsieur Rozier, veuf, qui évoque une pratique de scène de ménage dans certaines tribus primitives. Elle rentre dans son appartement et se sert un verre de vin. Quelques temps après, elle sort pour aller passer la soirée avec Thomas, son petit ami.

Quand il publie cet album, Cyril Bonin est déjà un dessinateur de BD confirmé, en particulier avec la série Fog (1999-2007) écrite par Roger Seiter, et il a entamé une carrière d'auteur complet, qu'il poursuivra avec The time before (2016). le succès de ce premier tome d'Amorostasia a donné lieu à 2 suites formant ainsi une trilogie : Amorostasia 2 - Pour toujours… (2015) et Amorostasia 3 - … à jamais (2017). Effectivement ce premier tome propose un principe intriguant : l'expression de maladie d'amour prise au premier degré. le lecteur fait la connaissance d'Olga Politof dont il apprend qu'elle est journaliste, qu'elle dégage un certain charme, l'un de ses porches succombant à la maladie par amour platonique, qu'elle rend visite à ses parents en Gironde et qu'elle est parfois un peu froide dans ses relations interpersonnelles. Il n'en apprend pas beaucoup plus et ce n'est pas tout à fait suffisant pour qu'elle s'incarne au point que le lecteur éprouve une réelle empathie pour elle. Peut-être est-ce mieux ainsi car il aurait alors risqué de succomber à l'amorostasie à son tour.

Le portrait des autres personnages principaux n'est pas plus consistant, que ce soit Thomas (dont on n'apprend pas grand-chose) ou Kiran, un beau brun ténébreux se livrant à de activités illicites. du fait du thème du récit, Bonin est amené à évoquer plusieurs relations amoureuses : celle bruyante des concierges antagonistes, celle de monsieur Rozier, et bien sûr celle d'Olga & Thomas, ou encore de ses parents. Il en montre la diversité et les spécificités, sans qu'elles ne viennent en dire beaucoup sur les personnages en eux-mêmes. Les dessins apportent plus d'informations sur eux. Olga Politof est une jeune femme pas encore trentenaire, fine et élancée, portant aussi bien la jupe que le pantalon. Elle porte ses cheveux courts, et est capable de regards aussi bien chaleureux que très froids. À quelques reprises, le lecteur peut déceler une forme de tristesse dans son regard. En fonction de ses goûts, il peut éprouver quelques difficultés à croire qu'elle produise un tel effet sur certains hommes. Thomas est un joli blond assez fade, ce qui correspond à son comportement dans le récit. le docteur Korda possède une stature impressionnante, en accord avec son importante compétence professionnelle. Monsieur Rozier est assez frêle et très distingué, un voisin charmant et un retraité digne et conscient de son âge. Les dessins apportent donc beaucoup d'informations complémentaires sur les personnages, même s'ils restent encore un peu lointains.

Dès la première page, le lecteur peut apprécier le trait léger de l'artiste, ainsi que son utilisation des nuances de gris. Ces dernières habillent les dessins, en faisant ressorti les formes les unes par rapport aux autres, en indiquant les ombres portées, et apportant un peu de relief lorsque qu'une zone détourée comportée 2 nuances de gris différentes. Dès la première page, le lecteur apprécie également l'attention portée aux décors, à commencer par ce plan sur les toits de Paris. Par la suite il peut admirer les façades des immeubles haussmanniens quand Olga Politof marche dans la rue, le lecteur éprouve la sensation de pouvoir lui aussi progresser sur les trottoirs de la capitale. Les cages d'escalier sont tout aussi authentiques, ainsi que les espaces des appartements, des pièces spacieuses de la rombière de la séquence d'ouverture, à l'appartement sous les combles de d'Olga. Lorsqu'Olga sort de la capitale pour se rendre chez ses parents, le lecteur peut admirer l'architecture de leur pavillon, la vue sur l'océan, le confort des fauteuils en osier sur la terrasse. Il est également possible de reconnaître la forme des galeries lorsqu'Olga se trouve au Louvre. Sous des dehors un peu esquissés, avec des traits de contours délicats et des petits traits secs dans les formes, Cyril Bonin fait preuve de solides compétences de chef décorateur.

La narration visuelle ne fait pas dans l'épate ou le sensationnalisme. Il y a certes une course-poursuite et une explosion, mais la majeure partie du récit repose sur la banalité du quotidien. Dès la séquence d'ouverture, le lecteur peut apprécier la capacité de l'auteur à raconter son histoire avant tout avec les images plus qu'avec les mots. Il voit les gestes familiers de la femme ménage, reproduisant le rituel habituel de démarrage de ses tâches chez son employeur. le lecteur retrouve des gestes familiers quand Olga rentre chez elle, suspend son manteau, se sert son verre de vin dans une page muette. En page 58, le lecteur a un nouvel aperçu de la sensibilité visuelle de l'artiste. Olga Politof s'est vue attribuer un brassard indiquant qu'elle a provoqué une amorostasie chez une autre personne. Elle subit le regard méfiant ou réprobateur des autres usagers de la voie publique notant son brassard. de même quand Olga revient à son appartement qui a été ravagé pour un incendie, le lecteur la suit pendant 2 pages muettes, constatant avec elle les dégâts

L'intrigue se déroule ainsi portée par des dessins faciles à lire avec une narration visuelle qui l'emporte de temps à autre sur les dialogues. le lecteur découvre la progression de l'épidémie, et l'évolution de la situation d'Olga Politof. du fait de l'empathie limitée générée par le personnage, le lecteur la suit gentiment, mais sans vraiment réussir à s'investir dans ses coups durs. Il se retrouve confronté au fait que ni elle, ni Thomas ne soient victimes de l'amorostasie, ce qui indique clairement ce qu'il en est de leur relation. Son appartement est dévasté par un incendie mais elle surmonte cette épreuve assez rapidement en termes de pages. Elle doit porter un brassard la désignant comme dangereuse, mais finalement elle sait composer avec le regard des autres. Elle développe une relation sentimentale avec une autre personne, mais là encore le déclic amoureux se manifeste soudainement, sans profondeur émotionnelle.

Cyril Bonin se montre beaucoup plus adroit avec la maladie. Il arrive à faire avaler la pilule de l'état des malades, sans trop insister dessus, demandant finalement un niveau de suspension consentie d'incrédulité assez faible. La maladie devient un révélateur négatif de l'absence d'amour, mais aussi de sa présence. Cela donne lieu à des révélations sur les sentiments d'individus qui ne laissent rien paraître de leurs émotions, sur l'interprétation que peut faire un observateur des signes extérieurs d'une relation. le dispositif se montre beaucoup plus cruel quand il révèle l'absence d'amour alors que les conjoints n'en n'avaient pas conscience. L'auteur introduit également des nuances, quand un personnage indique que le sentiment amoureux et comme une vague et qu'on ne peut pas être en permanence au sommet. La cruauté de ce dispositif ressort également quand les personnes séduisantes doivent porter un brassard, stigmatisant ainsi les individus capables de provoquer un sentiment amoureux. D'état recherché, ce sentiment devient synonyme de sentence de mort, et est réprouvé par la majorité, dans une inversion d'état des plus subversives.

Les dessins de ce premier tome consacré à la maladie d'amour emmènent le lecteur dans un monde léger et agréable, précis sans être surchargé, des rues de Paris à l'intérieur de quelques appartements, avec une escapade au bord de l'océan. L'intrigue met en scène des personnages un peu distants, pas assez étoffés pour exister complètement, confrontés à une maladie honteuse provoquée par le sentiment amoureux. Si le lecteur peut parfois regretter de ne pas se sentir plus proche des personnages, il apprécie la cruauté de la situation engendrée par cette maladie amoureuse.
Commenter  J’apprécie          70
Complètement séduite par cette bd que j'avais repéré sur plusieurs blogs. L'amour et le désir mis au banc des maux de la Terre deviennent le moteur d'un récit prenant par sa narration intense et son trait subtile.
Le personnage de la journaliste permet d'aborder la thématique de plusieurs manières et j'ai trouvé particulièrement bien vu le fait que la femme soit encore une fois désignée objet du désir malgré elle (les relents historiques ne sont pas loin).
Vivement la suite !
Lien : http://boumabib.fr
Commenter  J’apprécie          20

🎤 Elle court, elle court
La maladie d'amour
Dans le coeur des enfants
De sept à soixante dix-sept ans
Elle chante, elle chante
La rivière insolente
Qui unit dans son lit
Les cheveux blonds, les cheveux gris

Elle fait chanter les hommes et s'agrandir le monde
Elle fait parfois souffrir tout le long d'une vie
Elle fait pleurer les femmes, elle fait crier dans l'ombre
Mais le plus douloureux, c'est quand on en guérit  🎤( Michel Sardou)


L'amour....quel vaste sujet...Cyril Bonin nous transporte dans un scénario très original. Une épidémie spéciale, "l'amorostasie" : une maladie qui fige les gens sur place, mais pas n importe qui......ceux qui éprouvent du désir, de l'amour, qui sont amoureux ou comme diraient les québécois "qui tombent en amour". Coup de foudre, désir physique d'un instant, amour de longues durées .....qu'est ce que vraiment l'amour ?
La vie en société devient alors difficile pour tous et des multitudes de questions et de comportements s'intallent. Faut-il continuer à s'aimer, faut-il avoir peur de s'aimer, d'éprouver un quelconque désir au risque d'être statufié ?  et au contraire pourquoi ne sommes nous pas atteint de l amorostasie ? Ne m'aimes tu donc point ? ou est-ce moi ?
Les personnes qui peuvent susciter de l'intérêt, qui ont un charme fous et sont donc suceptibles de provoquer l amorostasie sont notifiées coupables, et doivent porter un brassard à leur bras pour les identifier....comme au temps de la seconde guerre avec l'étoile jaune (c'est en tout cas mon ressenti....)
Comment la société va se sortir de ce mal ?

J'ai assez bien aimé les dessins aux différentes teintes de gris qui apportent aussi bien du romantisme que de la morosité. le gris,  telles les statues.

Ah oui, juste une petite chose supplémentaire et j'arrête...j'adore les dernières pages !
Commenter  J’apprécie          32
Attention, tomber amoureux peut être dangereux !
Une épidémie d'un genre nouveau est en train de gagner la planète : l'amorostasie. Elle frappe les personnes sujettes à un coup de foudre ou amoureuses depuis des années : tout d'un coup les victimes se figent comme des statues, de façon totalement mystérieuse. Leur coeur continue de battre, leur métabolisme fonctionne au ralenti, elles ne semblent pas souffrir mais il est impossible de les réveiller. Des mesures de précaution radicales sont prises pour éviter la propagation du mal : interdiction des films d'amour, voiles pudiques posés sur les statues ou peintures un peu trop équivoques dans les musées, fermeture des boîtes de nuit, traitement préventif obligatoire à prendre dans les transports… L'héroïne de cette bande dessinée, Olga, est ainsi contrainte de porter un brassard avec un coeur, obligatoire pour les femmes qui ont vu un homme se figer à cause d'elles. Dans son cas, il s'agissait d'un collègue. Par contre, son compagnon et elle ne se sont pas figés. Cela signifie-t-il qu'ils ne sont pas si amoureux qu'ils auraient pu le croire ?
Cette thématique originale soulève ainsi pas mal de questions passionnantes qui enrichissent d'autant plus l'intrigue. L'histoire aborde en effet différents angles d'approche, du plus personnel (remise en cause des couples qui ne se figent pas) aux enjeux sociétaux (mouvements de résistance qui s'organisent face aux mesures drastiques prises par les autorités publiques). Une question est finalement posée : les victimes de ce mal sont-elles vraiment des victimes ?
Commenter  J’apprécie          10
Et si l'amour était une maladie ? Cyril Bonin prend l'expression au mot et crée l'amorostasia qui provoque une stase chez les amoureux. Très vite, la panique s'installe à Paris d'où a commencé l'épidémie. Peur et suspicion vont se télescoper. le tout est publié chez Futoropolis pour 124 pages de lecture. Et même si cet ouvrage a eu une suite, il a été prévu comme un one-shot.

Rapidement, on est dubitatif devant les descriptifs de la maladie : une stase protectrice qui ne nécessite aucune intervention extérieure : aucun besoin d'alimenter les personnages, l'épiderme suffit à protéger de l'extérieur… Bref, on prend au mot l'expression « vivre d'amour et d'eau fraîche », mais sans l'eau fraîche ! Il faudra passer cet écueil pour apprécier « Amorostasia », sous peine de trouver l'ensemble de l'ouvrage ridicule… Car les explications scientifiques (hormones, mutations génétiques…) ne convaincront personne.

Au-delà de la maladie de base, qu'est-ce que l'on a ? Une description de la panique des gens face à une épidémie. Même s'il montre (rapidement) les effets classiques (comme la fuite des foyers épidémiques), l'auteur se concentre sur les effets liés à l'amour : fermeture des lieux de vie (bars, boîtes de nuit…), suspicion sur les femmes (uniquement…), brassard pour les « tentatrices »… C'est là que la BD est intéressante. Cyril Bonin exploite son histoire de façon intéressante, tout en décrivant les dérives classiques de nos sociétés. Si un homme tombe amoureux d'une femme, c'est la faute de la femme… La description de cette société qui se délite petit à petit face à un mal inconnu m'a rappelé certains ouvrages de Saramago.

Cyril Bonin s'attaque aussi à l'intime : quand des couples n'entrent pas en stase, ils sont remis en cause. L'auteur parvient intelligemment à gérer les conséquences de cette maladie à grande et petite échelle. Les personnages sont réussis et on sent qu'ils sont démunis face à ces stases qui s'accumulent. Olga subit plusieurs fois les conséquences (passives) de ses non-stases.

Le dessin de Cyril Bonin est très agréable. le choix des aplats de gris donne de la matière à son trait. Les décors et les personnages sont soignés, ainsi que la mise en page. Bien que le sujet soit assez statique (beaucoup de gens qui parlent), l'auteur amène une véritable variété dans les plans. On sent un auteur qui maîtrise son sujet.

Passé l'écueil d'un point de départ assez ridicule, « Amorostasia » est un ouvrage bien écrit, bien pensé et qui se dévore avec plaisir. Au final, on lit le tout avec un peu de second degré, mais les évolutions de la société face à l'épidémie ne laissent pas indifférent. Un bel ouvrage au final !
Commenter  J’apprécie          30
Tout débute à Paris, ville romantique s'il en est ou des personnes se figent par amour, en lisant une lettre, en embrassant ou en voyant l'être aimé.

Les scientifiques s'affolent, les journalistes s'agitent surtout que l'épidemie d'amorostasie prend de l'ampleur et au fil des mois de nouveaux foyers infectieux naissent de part le monde.

Les gens sombrent dans la paranoïa, Olga Politoff, journaliste enquêtant sur l'amorostasie se voit contrainte comme beaucoup de femmes à porter un brassard à son bras pour signifier aux autres que quelqu'un c'est figé pour elle.

Il y a beaucoup de questionnements dans cet album, on s'interroge sur la nature même de l'amour, sur les degrés d'amour qui diffèrent et se meuvent au fil du temps...mais aussi des thèmes plus fondus comme la discrimination qui rappelle l'etoile jaune des juifs pendant la guerre. La violence de notre société dés lors qu'elle se sent menacée, la délation...

Une BD surprenante qui m'a cueillie et fait passer un bon moment de lecture. le dessin est agréable et les personnages sont habités.
Lien : http://edea75.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (222) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5258 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}