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Citations sur Héritage (156)

A dix-sept ans, elle ignorait fièrement Verlaine et Rimbaud, leur préférant l’étude des fibres synthétiques qui enveloppent les montgolfières. Elle ne lisait ni Gérard de Nerval no Aloysius Bertrand, mais apprenait sans fatigue, avec une curiosité inlassable, les calendriers des pluies, alors que la météorologie n’en était encore qu’à ses débuts. Elle ne connaissait d’Icare que son ascension, car elle fermait toujours le livre avant sa chute. En la voyant, on devinait déjà les tentes ai bord des pistes, les masques à oxygène, les puissantes turbulences. Elle ne s’était pas laissé tenter, comme d’autres, par l’envoûtement de l’uniforme, le charme du cuir, le prestige et les galons ailés. Margot Lonsonier entrait dans l’aviation comme autrefois on entrait dans les ordres, pour y embrasser une vocation et y mourir.
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Ce fut plus ou moins à cette époque qu’on découvrit un puits à mi-chemin entre les deux tranchées. Jusqu’à la fin de sa vie, Lazare Lonsonier ne sut jamais comment les deux lignes ennemies s’étaient accordées sur un cessez-le-feu pour y accéder. Vers midi, on suspendait les tirs, et un soldat français disposait d’une demi-heure pour sortir de sa tranchée, s’approvisionner en eau avec de lourds seaux et faire marche arrière. La demi-heure passée, un soldat allemand se ravitaillait à son tour. Une fois les deux fronts fournis, on recommençait à tirer. On survivait ainsi pour continuer à se tuer.
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Encore une fois, Lazare évoquait la France comme une chimère, une architecture faite de récits, et au bout de quarante jours, quand il distingua ses côtes, il se rendit compte que la seule pensée qu’il n’avait pas envisagée fut qu’elle existât réellement.
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Celui qui arriva jusque dans le jardin, après avoir traversé la maison sans dire un mot, fut un garçon famélique, avec un pantalon déchiré jusqu'au genou amarré par une corde, les vêtements en haillons, la chemise tachée de sang et le crane rasé, couvert de cicatrices noires, qu'il cachait sous un bonnet plein de trous. Ce garçon n'était plus un garçon, c'était le spectre de la dictature, c'était la métaphore rustre, terrifiante, effroyable, d'un peuple déjà meurtri. En l'observant, Margot pensa qu'il venait mendier un peu de pain, et lorsque leurs regards se croisèrent, elle ne reconnut pas son fils et le prit pour un autre fantôme déserté d'une ancienne guerre coloniale.
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Le jour de sa mort, il dirigeait. Agrippé à son pupitre, la baguette à la main, il en était au troisième mouvement, quand il entendit brusquement dans sa poitrine trois coups de brigadier. Un silence complet s'ensuivit à l'intérieur, un rideau de velours brouilla sa vue, et il eut l'impression d'entrer pour la première fois dans une oeuvre dont il ne connaissait pas la partition. Il ne laissa rien paraître et eut l'élégance de mener la répétition à son terme, si bien que personne ne remarqua dans la fosse que le cœur d'El Maestro venait de s'arrêter. A la fin, il s'écroula sur scène. Dans un tumulte, on le porta jusqu'à sa maison et on le posa sur son lit dans une alcôve modeste où parvenait déjà la rumeur de la rue :
- El Maestro se està muriendo.
Etienne Lamarthe, la tête posée sur cinq oreillers, demanda qu'on lui apportât sa trompette. Il la colla à sa bouche, mais son poumon ridé et stérile ne put que souffler une note affreuse, un bruit rauque, une sourde plainte qui lui révéla subitement la gravité de son état. Il poussa un dernier soupir, serra les poings, l'oreille tendue vers une mélodie lointaine, et une malice heureuse ferma ses yeux.
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Ce fut plus ou moins à cette époque qu'on découvrit un puits à mi-chemin entre les deux tranchées. Jusqu'à la fin de sa vie, Lazare Lonsonnier ne sut jamais comment les deux lignes ennemies s'étaient accordées sur un cessez-le-feu pour y accéder. Vers midi, on suspendant les tirs, et un soldat français disposait d'une demi-heure pour sortir de sa tranchée, s'approvisionner en eau avec de lourds seaux et faire marche arrière. La demi-heure passée, un soldat allemand se ravitaillait à son tour. Une fois les deux fronts fournis, on recommençait à tirer. On survivait ainsi pour continuer à se tuer.
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