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3,76

sur 1019 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Révélé par "le voyage d'Octavio", Miguel Bonnefoy publie son septième roman "Héritage", le premier que je lis de cet auteur après avoir hésité sur "sucre noir" à sa sortie. Je m'attendais à un gros pavé pour cette saga qui part du Jura fin XIXème pour aller au Chili et qui tient en 200 pages. Un roman narratif très léger, très fluide, empreint d'une grande humanité et de poésie qui retrace les vies toujours optimistes d'une famille sur quatre générations qui, partie d'un vignoble de Lons le saunier à cause du phylloxera, s'arrête en route pour la Californie à Valparaiso au Chili. et faute de comprendre l'espagnol, voit son nom devenir Lonsonier. C'est un beau roman, avec une touche d'humour, un style auquel je ne suis pas habituée, une jolie parenthèse littéraire
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Un roman que j'avais manifestement très envie de lire, puisque je l'ai acheté deux fois, en ayant oublié la seconde fois que je l'avais déjà acquis cinq jours plutôt… J'avais bien raison cela étant, car Héritage est un très bon roman, avec des passages qui nous prennent le corps, et une fin savamment (et l'adverbe est faible) travaillée.

Comme vous le savez, j'ai mes petites habitudes et je tiens à présenter l'auteur avant l'oeuvre. On pourrait d'ailleurs discuter un jour de la distinction entre l'artiste et l'oeuvre mais nous ne le ferons pas, car ça ne m'intéresse pas, en tout cas pas ici. Miguel Bonnefoy est donc un jeune auteur, 34 ans, français et vénézuélien, ayant vécu au Venezuela et au Portugal. Selon certaines sources, il résiderait aujourd'hui à Berlin, mais a séjourné trois ans à la villa Medicis, où il a rédigé entre autres Héritage, entre 2018 et 2019. Il a à son actif huit publications, six sélections et deux prix. Autant le dire d'emblée, il semble avoir un boulevard devant lui s'il désire ardemment travailler, car il est indéniablement doué. Pour une raison infondée, l'homme m'est sympathique, bien que je ne le connaisse pas.

Alors de quoi parle Héritage ? Difficile de le résumer simplement, mais peut-être pourrions-nous avancer que cela raconte l'histoire de la famille Lonsonier (on ne connaîtra jamais le vrai nom) sur quatre générations, de l'ancêtre qui quitte la France à la fin du XIXe siècle pour tenter de rejoindre la Californie, avec un pied de vigne sous le bras, à celui qui revient en France durant la dictature de Pinochet. Entre cet intervalle, deux guerres mondiales et de la torture. Des corps et des esprits traumatisés, un sorcier, un revenant, des oiseaux, une pilote. le reste est à découvrir.

Certes, l'histoire des protagonistes est prenante, et très bien orchestrée, avec un fil rouge toujours tenu, rattrapé par ici et par-là avec un humour et un détachement assez formidables. Mais surtout, l'écriture est juste… incroyable ! Nous sommes dans la réalité, dans la fiction, parfois dans du réalisme magique (on sent une influence de Garcia Marquez !), et tout cela cohabite avec une facilité déconcertante. Les détails sont là, mais de façon très économique. Les ressentis sont formulés, mais avec le strict nécessaire. Certaines tournures sont affreusement dures, tandis que la phrase d'après est poétique, elliptique ou abstraite. le plus bluffant est l'impression d'une fluidité, d'un naturel.
Mais je m'emballe un peu sur le style au détriment de l'intrigue. L'intrigue est également finement retracée. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, et par une lorgnette toujours spécifique, les horreurs des conflits mondiaux et de la torture sud-américaine sont présentées aux lecteurs de telle sorte qu'ils en repartent autant traumatisés que les protagonistes. Cet héritage de souffrance, de douleurs, de foi en un monde meilleur et de combativité est perceptible chez tous les descendants Lonsonier, et l'on sait déjà, sans connaître la suite, qu'il perdura indéfiniment.

J'ai refermé cet ouvrage pleine d'admiration pour l'auteur et son travail. Il faut beaucoup de travail, d'audace, de maturité et de remise en question pour être capable d'écrire cela. Assurément, Miguel Bonnefoy est un Lonsonier.


Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Miguel Bonnefoy réussit le tour de force d'écrire une saga familiale, basée sur son histoire personnelle, en 200 pages et le tout est enlevé, bien troussé avec des personnages hauts en couleur, des paysages splendides, des situations rocambolesques, des allers et retours entre deux continents, l'Amérique du Sud et l'Europe.
C'est l'histoire d'un cycle, d'une boucle familiale qui touche plusieurs générations sur une période d'un siècle.
Les protagonistes de cette épopée traversent toutes les tragédies humanitaires de la fin du XIXème et du XXème siècles, les deux guerres mondiales et la dictature de Pinochet. Ils sont confrontés, dans ces moments historiques, à des situations dramatiques dans lesquelles ils se révèlent prêts à relever tous les défis avec courage et humanité.
Des thèmes récurrents empreints de poésie accompagnent les trajectoires des personnages, parmi lesquels les oiseaux, l'aviation, ainsi qu'une baignoire dans laquelle vont se baigner, parmi les écorces de citron, la plupart des membres de cette famille.
Ce qui est particulièrement réussi dans ce livre, c'est l'introduction de la magie et du surnaturel, au travers notamment de l'apparition d'un fantôme qui va modifier la destinée de Margot. Nous sommes en plein réalisme magique latino-américain.
Mon seul bémol concerne le style de l'écrivain que je n'ai pas toujours apprécié, et plus particulièrement l'utilisation hasardeuse de nombreux adjectifs. Certaines formulations m'ont gênée et je me suis demandé si l'auteur ne les avait pas traduites de l'espagnol.
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En 1873, celui qui deviendra Lonsonier part de France où il était viticulteur dans le Jura, pour rejoindre la Californie après la grande épidémie de phylloxera du XIXe siècle. le père de Lazare accoste finalement à Valparaíso au Chili avec trente Francs et un cep de vigne en poche. C'est à Santiago du Chili qu'il va refaire sa vie, d'abord en épousant Delphine, puis en lui faisant trois fils et en reconstituant là-bas les vignes perdues de France.

Quatre générations plus tard, que sont devenus ces enfants d'émigrés ?
Lazare a connu la guerre, la moche, celle des tranchées qui le laisse à jamais exsangue et amputé à la fois d'un poumon et de sa jeunesse comme de son insouciance. Il a fait sa vie auprès de la belle et sauvage Thérèse qui aime les oiseaux autant sinon plus que les hommes.

La vie continue, arrive Margot. C'est une enfant passionnée qui rêve de devenir pilote. Pas facile quand on est une femme dans un univers d'hommes et en plus dans une discipline balbutiante. Il faut de la pugnacité pour assouvir sa passion.
Mais à son tour, portée par l'amour d'un pays qui pourtant n'est pas le sien, elle part faire la guerre en Europe, la grande cette fois. Là, elle sera une combattante de l‘ombre et c'est une femme différente, bien que saine et sauve, qui revient au pays. Un fils, Ilario Da, et une révolution plus tard, le pays sombre dans la dictature. Il faut alors essayer de vivre ou de mourir, avec ou sans gloire. Ilario est arrêté, torturé, forcé à son tour à l'exil.

L'écriture est belle, puissante et simple à la fois, les caractères sont bien trempés, le surnaturel occupe sa juste place et le rythme ne faiblit jamais. L'auteur une fois de plus nous transporte dans une saga qui, à travers plusieurs générations, mêle les traditions de deux pays, dans cette époque difficile de deux grandes guerres, aborde les affres de la dictature et ses conséquences sur tout un pays, et y pose un brin de surnaturel comme il sait si bien le faire. Une histoire qu'il connait bien et qui est aussi son propre héritage.

Les personnages hauts en couleurs nous font vivre à travers leurs familles l'histoire du Chili, ses liens avec la France et la difficile adaptation des migrants qui jamais ne renient leur pays d'origine. Il est important aussi de se souvenir que si les français accueillent sur leur sol les migrants d'aujourd'hui, de nombreuses générations ont eu par le passé à migrer à leur tour vers des terres plus ou moins hospitalières.

lire ma chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/09/25/heritage-miguel-bonnefoy/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Miguel Bonnefoy relate en partie son histoire familiale, terriblement romanesque, sur quatre générations, sur fond d'immigration, de la Grande Guerre, de la IIIe République à la dictature de Pinochet et d'une pionnière de l'aviation (Margot est mon personnage préféré dans ce livre).
Je fus emportée dans cette fresque éblouissante, aux personnages immensément grands et extraordinaires, ces hommes et femmes libres autant dans leur coeur que leurs choix, allant jusqu'au bout de leurs convictions. Son écriture aux mots minutieusement choisis, avec un juste mélange d'imaginaire et de réalité, m'a enthousiasmée.
Les plus terribles héritages peuvent se transformer en vies riches ou pas. Que fait-on de nos propres héritages, consciemment ou inconsciemment ? Ce fut mon questionnement à la fin de cet ouvrage, coup de coeur !
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Portrait d'une famille française exilée au Chili, sur plusieurs générations. Les choses que l'on transmet en les disant, et celles que l'on transmet en les taisant. Galerie de personnages hauts en couleurs, et l'importance est donnée autant aux femmes qu'aux hommes.
La famille Lonsonnier, après avoir fui la France à cause d'une maladie sur la vigne, se construit une nouvelle vie au Chili, mais en restant profondément français de coeur : les trois fils partent en Europe pour la première guerre mondiale, la petite fille jouera un rôle important dans la deuxième guerre mondiale en tant qu'aviatrice, et l'arrière-petit fils échappera à la dictature chilienne en retournant aux sources de sa famille. Ajoutons à ça un soupçon de magie, de merveilleux, d'amour de la nature, et ce livre est une belle découverte.
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Un français quitte son village alsacien suite à la perte de ses vignes due au phylloxera à la fin du 19e siècle et embarque pour l'Amérique. Il débarque à Valparaiso où il se refait baptisé par mégarde du nom de son village natal. C'est ainsi que commence l'histoire de cette famille que nous suivons sur 4 générations. Roman intéressant,
Particulièrement pour ceux qui connaissent le
Chili. J'ai particulièrement aimé la fin du roman qui résonnera à ceux qui ont l'âme voyageuse et qui ont quitté leur pays.
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J'ai lu ce roman comme une épopée poétique et j'y ai pris beaucoup de plaisir. La conteuse que je suis y a trouvé toute la nourriture qu'elle affectionne : l'aventure, les" hommes" singuliers, les rencontres étonnantes. Je ne reviendrai pas sur le contenu qui a déjà été largement commenté. Je dirai simplement à tout lecteur que s'il n'a pas encore croisé la plume de Miguel Bonnefoy, il peut aller à la découverte de cet Héritage.
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Une épopée familiale sud-américaine, mélange d'Histoire et d'imaginaire.

Un récit dans un contexte de grands événements historiques, un vigneron français chassé de ses terres par le phylloxera qui s'établit au Chili. Il garde ses racines françaises au point que trois fils se portent volontaires pour la Première Guerre mondiale, un seul en reviendra, mais gravement blessé. La fille de celui-ci participera à la Seconde Guerre mondiale et son fils sera torturé par la dictature de Pinochet.

Si les grands moments de l'histoire sont réels, il ne faut pas s'attendre à un récit réaliste car le roman fait aussi intervenir des éléments surnaturels comme lorsqu'un fantôme intervient dans la lignée familiale. Il sera aussi question de musique, d'oiseaux, et d'aviation.

Un roman d'une écriture brillante, avec une série de portraits de famille plutôt qu'une véritable saga historique.
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Voilà un livre que j'ai adoré en début de lecture, refermé en l'aimant beaucoup et qui, le temps passant, je l'ai lu il y a quelques semaines, s'efface assez rapidement de ma mémoire pour n'en conserver que quelques éclairs d'un style "diamant brut" et quelques très belles impressions poétiques qui sont assez l'apanage des auteurs latino américains (le fameux "réalisme magique"). Ce qui m'a un peu dérangée à la lecture de ce bouquin est que l'auteur me donnait l'impression d'établir une certaine distance entre lui-même et ses personnages. L'histoire de l'émigration vers le Chili et le récit de ce qui s'est passé sous la dictature qui a amené pratiquement tous les cinquantenaires qui ont étudié à l'Université à connaître de jeunes chiliens réfugiés en Europe après la chute d'Allende sont passionnants et l'auteur rend bien les choses. L'histoire d'amour entre l'une des héroïnes, d 'ascendance française, et le fantôme d'un jeune chilien d'ascendance allemande dont le grand-père de la jeune fille a occasionné la perte durant la grande guerre alors que le premier lui sauvait la vie, est charmante et mystérieuse car de cette histoire naîtra un enfant et l'auteur parvient à nous faire avaler cette fable complètement invraisemblable comme s'il s'agissait d'un fait banal de la vie. le découpage des chapitres est habile : un personnage secondaire d'un chapitre devient le personnage principal du suivant et ainsi de suite. Mais il demeure que cette distance que j'ai ressentie par rapport aux personnages, une forme de respect poétique peut-être (?), ne m'a pas transportée, une fois passés les éblouissements apportés par un style vraiment magnifique...
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