J'ai retrouvé avec énormément de plaisir l'écriture vivante et poétique de
Miguel Bonnefoy qui, à la façon des conteurs traditionnels, nous narre son périple.
Il ne s'agit pas d'un roman, mais d'un court récit de voyage. Court, mais riche de beauté. Que ce soit par la force des mots ou par les paysages fascinants qui y sont décrits.
Des noms évocateurs des lieux explorés (« la gorge du Diable« , « Angel falls ») aux conservations énigmatiques entretenues avec les guides locaux, tout est, dans ce livre, drapé d'une aura de mystère.
Au fil des pages, l'expédition prend des allures de quête initiatique pour l'auteur. Chaque foulée dans la moiteur de la
jungle, chaque espèce rencontrée au détour d'un chemin, chaque nuit à contempler la voie lactée le rapproche d'une nouvelle vérité. Un réel apprentissage, en premier lieu, tourné sur son environnement, puis de plus en plus introspectif au fur et à mesure du chemin parcouru. C'est finalement pour se trouver lui-même et s'approprier une toute nouvelle façon d'écrire que
Miguel Bonnefoy franchit les dernières étapes du voyage. On assiste, admiratifs, à ce cheminement métaphorique de l'auteur. En un sens, se perdre dans la
jungle l'aura aider à se trouver et à surmonter ses peurs.
La plume de
Miguel Bonnefoy est une véritable parenthèse d'évasion et m'a permis d'oublier pour quelques instants cet enfermement parfois anxiogène auquel nous sommes contraints en raison de l'épidémie que nous traversons. J'ai assisté, par ses yeux, à l'envol des Morphos, ces majestueux papillons bleus, j'ai respiré l'odeur riche de l'humus, je me suis laissée bercer par les croassements rauques des grenouilles.
Ce sont la grandeur et la dangerosité de la
jungle qui nous sont racontés, ses mythes et légendes, ainsi que l'authenticité de sa population. On se rappelle que ce monde à part est le berceau de l'Humanité, notre terre nourricière (devant laquelle on oublie, malheureusement, bien souvent de rester humbles).
En bref : Une ode à l'environnement qui m'a fait penser à l'oeuvre de
Luis Sepulveda «
le vieux qui lisait des romans d'amour ». le format est parfait pour partager un bout d'aventure dans la pure tradition de l'oralité latino américaine.
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