Comme les monstres ou les génies, Octavio devait guider ce monde sans descendance. Sa robustesse, son élan pour la vie, il l'héritait directement de cette masse de liberté qu'il ne pouvait transmettre à personne. Il faisait partie de ces personnes qui, comme les arbres, ne peuvent que mourir debout.
Ce n'est pas de vivre dans la misère qui rend misérable, mais de ne pas pouvoir la décrire.
Ce fut une époque où le vent courait en longues risées chargées de papillons. Il y avait là les débuts des civilisations où l’on passe de la communauté à la bourgade, de la bourgade au village, et du village à la ville. Tout naissait comme un bouton de progrès.
Ensemble dans cette ivresse, tous deux s'y noyaient à leur manière. L'un remplissait son imagination, l'autre dépeuplait son vide.
Octavio prit goût à cette vie sans fardeau. Derrière la cabane, un vieux potager abandonné avait autrefois donné des récoltes. Comme le sol était ameubli, retourné par le soc , enrichi de poudres végétales , la terre était fertile . Il se proposa de reprendre les labourages pour cultiver du sésame, du tamarin et de la grenadille. Les boyaux servaient d'engrais et il put obtenir des litchis , des anones des pommes de lait. Il y eut même , au milieu du potager, du compost qu'il entassa dans une fosse, et un figuier aux feuilles lourdes qui assit son tronc comme un trône.
Personne n'apprend à dire qu'il ne sait ni lire ni écrire. Cela ne s'apprend pas. Cela se tient dans une profondeur qui n'a pas de structure, pas de jour. c'est une religion qui n'exige pas d'aveu.
Le Venezuela n'a été historiquement qu'un pays de passage pour les empires.
Ce n’est pas de vivre dans la misère qui rend misérable, mais de ne pas pouvoir la décrire. Pour Octavio, il s’agissait d’une colère qui naissait au fond de son histoire, un héritage.
Personne n’apprend à dire qu’il ne sait ni lire ni écrire. Cela ne s’apprend pas. Cela se tient dans une profondeur qui n’a pas de structure, pas de jour. C’est une religion qui n’exige pas d’aveu.
Ce n'est pas de vivre la misère qui rend misérable, mais de ne pas pouvoir le décrire.