Pierre, photographe de guerre rencontre en 2017, en Syrie, Marie une jeune française qui a choisi l'État Islamique. Cinq ans plus tard, Marie revenue en France et emprisonnée demande à le voir.
Xavier-Marie Bonnot bâtit un roman fort, dur, dans lequel beaucoup de jeunes gens qui se cherchent trouvent leur voie dans des combats qui se déroulent pourtant loin de chez eux. L'on pourrait penser à des conversions menées sans trop de réflexion, à des impulsivités. Marie apparaît beaucoup plus complexe que ce cela.
L'une des forces de ce roman est de ne pas tomber dans le manichéisme, il nous aide à réfléchir à ces situations ; pourquoi des gens s'enrôlent dans cette guerre de religion ? Comment faire lorsqu'ils reviennent en France ? "Une porte de prison va s'ouvrir, une jeune femme attend un photographe. La haïr est facile ; la comprendre, c'est se mettre devant un miroir, y voir les échecs d'une époque, la dérive d'un siècle." (p.98)
Le romancier parle de notre époque, d'un monde qui va mal, de jeunes gens qui se cherchent, qui cherchent un but, un sens. Pierre, qui n'est plus tout jeune se pose aussi beaucoup de questions sur ce qu'il a vu et photographié, sur la transmission : "Le besoin d'écriture tarabuste Pierre, les mots l'obligent, l'oppressent et le prennent à l'âme. […] Mais aucun mot ne vient, pas de sujet, de verbe ni de complément. de l'imprononçable, de l'affreux, de l'impuissant du texte."
C'est un récit dur, qui cite des témoignages réels, qui, très profond, permet d'entrer dans les pensées personnages, de nourrir des sentiments contradictoires et une tendresse assez forte pour eux. Superbement écrit, dense, lent, c'est un roman qui laisse des traces