C'est un beau sujet qu'a choisi
Anne Boquel ; à ma connaissance pas ou peu traité dans un roman : Les ZAD « Zone A Defendre » après avoir été baptisées par l'Etat « Zone à Amenagement Différé » et leurs occupants les « zadistes ».
Elle donne vie à une famille qui vit près de la ZAD en n'y prêtant guère d'intérêt jusqu'à ce que le fils de 17 ans soit touché par un projectile, là-bas, dans cet endroit peuplé de « marginaux » qu'ils ne comprennent pas, et tombe dans le coma.
Depuis quelque temps Yoann partait souvent « emporté par une passion qui lui (à sa mère) demeurait absolument hermétique ».
Après l'accident, les parents veulent comprendre ce qui s'est passé et entrent en contact avec les zadistes. Aucune réponse claire ne leur est apportée et ils commencent à s'éloigner l'un de l'autre, le père s'arcboutant sur ses certitudes de chauffeur routier droit dans ses bottes, et la mère, Laurence, qui retourne inlassablement à la ZAD malgré la froideur des militants à son égard « la méfiance, pourtant, rôdait, presque intacte(…) Elle cherchait en eux tous une consolation qu'elle ne trouvait pas.»
J'ai aimé les portraits des principaux militants de la ZAD : le Pilote, Sylvain, Rox et
Louise Michel ; l'autrice retrace leur histoire personnelle, ce qui les a amenés à choisir cette vie, si dure, presque sans espoir et comment évoluent leurs relations avec Laurence qui, à force d'être présente finit pas se faire accepter au grand dam de son mari.
Anne Boquel nous fait bien comprendre les contradictions auxquelles est sujette Laurence qui, malgré l'amour que lui porte son mari Loïc, épouse de plus en plus le point de vue des zadistes.
J'ai moins aimé des scènes comme celle du barrage routier et celle de l'attaque finale auxquelles j'ai trouvé une certaine faiblesse narrative.
Mais l'autrice excelle dans la description des sentiments et n'est ce pas cela que l'on attend avant tout d'un roman ?
L'ensemble du roman est tout à fait réussi et n'est pas près de se faire oublier.
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