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sur 173 notes
Olivier Bordaçarre avait déjà démontré dans "La France tranquille" son talent pour dynamiter un environnement provincial paisible, et ainsi dénoncer l'aliénation et la corruption latente de notre société.

Avec "Dernier Désir", l'histoire a l'air de se nouer à l'improviste, au hasard d'une rencontre avec un nouveau voisin.
Vladimir Martin vient se présenter à Mina et Jonathan, car il est donc ce nouveau voisin et, de manière amusante, il porte le même nom de famille qu'eux. La ressemblance s'arrête ici, pour le moment. Vladimir est plus riche, beaucoup plus riche, que Mina et Jonathan qui ont plaqué, dix ans auparavant, une vie parisienne remplie de désirs de consommation aussi artificiels que vains pour s'installer loin de tout et retaper une maison isolée sur une écluse, sur les bords du canal du Berry.

"Avant, des années durant, ils s'étaient laissé happer par les sollicitations incessantes de la ville et l'hystérie qui caractérise les rythmes des métropoles. Dans un Paris saturé, ils s'étaient immergés dans l'amoncellement des produits à vendre, avec l'illusion d'en être comblés, comme deux enfants des favelas picorant les déchets soldés d'une montagne en perdition."

Homme plutôt avenant, aux élans chaleureux mais toujours sous contrôle, sauf durant de longues nuits d'insomnie solitaires, ce nouveau voisin qui porte le même prénom que le conte Dracula, qui ne boit pas, qui ne transpire pas malgré la chaleur écrasante de l'été, et qui jamais ne dévoile jamais rien de lui, suscite tour à tour l'attirance et le malaise. L'ombre de ce malaise s'étend alors que son mimétisme et sa générosité envers ses voisins envahissent leur vie. Qui est-il ? Que veut-il ?

"Vladimir Martin était assis sur une chaise de sa cuisine, face à la fenêtre, volets fermés. Pieds nus sur le carrelage tiède, ses grandes mains posées bien à plat sur ses cuisses, le dos collé au dossier, le regard fixe et perçant. Respiration lente de l'homme détendu, serein. Esprit large, étale, une ligne d'horizon sur une mer d'huile. Simple, logique, cohérent."

Dévoilant la fragilité des valeurs face aux désirs corrompus par le venin de l'argent, le roman avance, envoûtant le lecteur, dans une tension parfaitement maîtrisée jusqu'aux dernières pages car, pour citer Bram Stoker, "la nature humaine a d'extraordinaires facultés de rebondissement".

"Il me faut admirer aussi le pouvoir de l'argent. Que ne peut-il réaliser lorsqu'il est bien employé ? Et quel mal il peut faire dans le cas opposé !" (Bram Stoker, Dracula)
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Une vraie addiction ce livre!!
Quelle tension, savamment instillée, développée tranquillement au cours des pages, allant crescendo, puis une fin explosive, puissante.
Ce Vladimir est d'un irritant ... Une vraie nuisance, une calamité, une malédiction perpétuelle en quelque sorte.
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Ce roman m'avait été vivement conseillé et j'avoue avoir été quelque peu déçu. le pitch de départ est assez simple : Jonathan et Mina ont quitté il y a des années leur vie parisienne, pour se retrouver dans une vie plus simple en Berry au bord d'un canal. Lui est apiculteur et à ses temps perdus fabrique quelques meubles ; elle est guide conférencière dans un château voisin. Ils ont un petit gars mignon, ils ont retapé leur maison d'écluse, la vie s'écoule paisiblement sans gros besoins pécuniaires. Voilà qu'apparaît un nouveau voisin dans cet univers peu peuplé : Vladimir Martin. Et eux qui s'appellent aussi Martin, quel hasard...
Vladimir semble charmant, le voisin idéal. Assez riche en plus ; il se permet des cadeaux de valeur. Rapidement il se met à copier leur mode de vie : même voiture, même décoration intérieure, même goûts musicaux que Jonathan, dont il adopte en plus la coupe de cheveux.
Une telle situation va forcément conduire à un fort suspense se dit le lecteur naïf. Il y a derrière ce comportement quelque raison importante. Mouais, mouais... On avance comme cela pendant des pages. le copieur copie de plus en plus. Il étale de plus en plus son argent.
Plus le récit avance, dans un style plutôt quelconque d'ailleurs, plus l'intérêt faiblit. le lecteur compatit aux villainies que Vladimir fait à Jonathan et au désarroi de plus en plus marqué de ce dernier qui semble être le seul de la famille à percevoir le comportement de prédateur de son voisin.
Après avoir bien brodé autour du thème de la copie, en mieux, en plus riche, en plus sûr de lui, Bordaçarre achève son livre, et le lecteur, par un final inévitable et un tour de passe passe ultime, histoire de donner quelque logique au comportement de son diabolique personnage.
Reste une intrigue linéaire, pas extraordinaire, quelques considérations de ci de là sur la vie à la campagne, l'ennui dans le couple, le désir perpétuel d'un ailleurs où l'herbe est plus verte, et pas grand chose d'autre. le tout s'accompagne à chaque chapitre de quelques lignes sur la sexualité des différents acteurs. J'avoue m'être par moments bien ennuyé...
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Magnifique recréation du mythe du vampire, sous le signe de la marchandise triomphante.

Publié en janvier 2014, le quatrième roman d'Olivier Bordaçarre est un choc, magnifique, inquiétant, tendu à rompre, subtilement interrogatif, et surprenant jusqu'en ses toutes dernières pages.

Un couple de trentenaires, et leur enfant de dix ans, vivent paisiblement au bord d'un canal berrichon désaffecté, dans une ancienne maison d'éclusier qu'ils ont patiemment retapée depuis leur fuite de la capitale quelques années plus tôt, cherchant à échapper à la frénésie de travail et de consommation tous azimuts qui les y habitait comme tout un chacun. Tout va bien, jusqu'à l'arrivée d'un voisin, venu habiter la maison jumelle de la leur, à quelques centaines de mètres…

Semblable au Harry qui vous veut du bien incarné en 2000 au cinéma par le grand Sergi Lopez, mais beaucoup plus élégant et beaucoup plus riche, le voisin s'appelle Vlad (comme le comte Dracula), et entreprend rapidement de copier au millimètre la vie de Jonathan et de Mina (qui portent en effet les mêmes prénoms que le couple Harker de Bram Stoker), tissant autour d'eux une toile mortifère de généreuse bienveillance apparente. Distillant rapidement les indices au lecteur, Olivier Bordaçarre ne nous laisse très vite guère de doute : les mots ne sont jamais mentionnés, mais le nouveau voisin est bien un vampire –un vampire résolument contemporain qui ne convoite ses cibles ni par ni pour le sang, mais bien par et pour la consommation effrénée, la marchandise fétiche, « dernier désir » triomphant du capitalisme.

Bien que nettement averti de ce qui se trame, le lecteur impuissant, rongé d'angoisse, voit se dérouler sous ses yeux une implacable mécanique, où chaque pion avancé par le méticuleux et calculateur Vlad tombe bien en place et produit soigneusement l'effet recherché… Suspense glaçant, corruption progressive de l'innocence qui s'était crue retrouvée, mise à nu des vulnérabilités de chacun, dissipation des illusions dans un questionnement redoutable de précision… jusqu'aux ultimes rebondissements qui relèvent du très grand art de l'inattendu.

Poursuivant et amplifiant le travail de réécriture de nos mythes déjà à l'oeuvre dans « La France tranquille » (2011), Olivier Bordaçarre nous offre une fable qui effleure le fantastique sans s'y plonger, pour mettre à nu la fragilité de nos combats les plus chers, qui secoue sauvagement nos certitudes pour nous permettre, peut-être, des les retrouver à l'issue de cette lecture, plus solides et plus déterminées. Une rencontre littéraire terriblement nécessaire, en tout cas.
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J'ai aimé l'écriture de Bordaçarre qui narre avec une rare finesse le quotidien et la psychologie de ses personnages. Il se dégage de ce livre une atmosphère dense et malgré la touffeur de l'air, on se surprend à frissonner. La chute finale vient parfaire ce livre pour faire de cette histoire un roman parfaitement abouti.
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Mina et Jonathan ont un fils Romain. Couple sans histoire, ils ont fui Paris et se sont mis au "vert". Jusqu'au jour où un homme vient se présenter comme leur nouveau voisin...
Un début prometteur mais qui se traîne. J'attendais un peu d'action et pour cela il faut pratiquement atteindre les dernières pages. Heureusement, ce roman est court. On sent le climat se détériorer, on devine aisément où l'auteur veut nous emmener. La curiosité étant la plus forte, j'ai été surprise par la fin mais cela n'enlève pas l'ennui ressentit tout au long de la lecture.
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Promis, lors de la prochaine fête des voisins, je m'offre un mini-trip en Patagonie – pour être sûr de rester en bonne santé mentale.

C'est l'histoire d'un nouveau voisin dans un désert campagnard. Mina et Jonathan Martin habite une maison d'éclusier au bord du Canal du Berry, avec le plus proche voisin à des kilomètres. Lorsqu'un nouveau voisin s'installe à moins de 500 mètres de chez eux, c'est leur vie qui va commencer à changer. Fini le huis-clos habituel.

Il s'appelle aussi Martin, il est riche, charmant, s'occupe de l'enfant, s'accapare le chien. Il commence à imiter Jonathan, achète la même voiture, rénove sa maison à l'identique ou presque, comble l'enfant de cadeaux que les parents ne peuvent payer.

L'ambiance devient maussade : pourquoi ? se demande Jonathan ; pourquoi pas ? réplique Mina, un peu de luxe ou de modernité n'a jamais fait de tort…

Habile suspense et dernier chapitre diabolique de surprises !

Une chouette découverte – je m'en vais acheter un autre livre de l'auteur !
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Mina et Jonathan Martin - un couple issu de la classe moyenne peinant à joindre les deux bouts - décident de quitter la banlieue parisienne pour s'installer avec leur fils unique âgé de dix ans aux bords du canal du Berry. C'est là qu'il font la connaissance d'un voisin, de prime abord fort charmant, qui porte le même nom de famille qu'eux. Toutefois, Vladimir Martin qui a la chance d'être doté d'une immense fortune va s'avérer de plus en plus envahissant en faisant preuve d'une grande prodigalité, dépensant sans compter pour aider (ou manipuler ?) ses voisins... L'argent et les services rendus apparaissent très vite comme un moyen de distiller son poison et de faire éclater la cellule familiale très soudée. Olivier Bordaçarre dans un roman très court (233p.) maitrise parfaitement l'art du suspense et n'hésite guère à faire une critique acerbe de la société de consommation où le matériel comme les gens semblent interchangeables. Peut-on tout acheter avec de l'argent (les individus inclus) ?
Pour aller plus loin, sur la même thématique, on pourra lire "Les catilinaires" d'Amélie Nothomb ou "Le Voisin" de Tatiana de Rosnay. Ce livre m'a également fait un peu penser au film : "Harry, un ami qui vous veut du bien" de Dominik Moll (2000)...
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L'intrigue de départ est des plus banales, de celles qui ont déjà été beaucoup exploitées. Un couple lambda, voit s'installer dans la maison voisine longtemps inoccupée, un inconnu. Assez liant bien qu'un peu froid, il va petit à petit gagner l'amitié du couple.
Malgré ce début pas vraiment original, Olivier Bordaçarre arrive à nous happer. le nouveau voisin est empreint de mystère, assez séduisant. Il installe de plus une certaine sensualité due à la chaleur étouffante qui anéantit les corps et l'esprit. Mais il introduit un élément plus subtil, ce voisin a de l'argent, beaucoup d'argent et il va petit à petit l'utiliser pour déstabiliser ce couple qui avait choisi une vie plutôt portée sur la déconsommation.
Ca se lit comme un polar, un thriller psychologique ... et c'est peut être son grand défaut... car c'est intense jusqu'au bout avec une fin qui laisse sur sa faim. J'ai peut être mal lu ou me suis laissé emporter par cette intrigue un peu policière alors que l'auteur a voulu écrire une fable...mais ça je m'en suis aperçu une fois le livre terminé... Je n'ai pas su voir les indices disséminés au fil des chapitres, tellement j'ai tourné les pages avec avidité. Et forcément, le final, m'a déçu. Mais le livre continue de s'insinuer en nous une fois refermé. Et apparaît alors ce formidable récit de l'argent encore et toujours plus fort que les plus idéaux, l'argent qui corrompt tout mais qui n'apporte pas le bonheur, loin de là.
Un tout petit peu plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Jonathan et Mina Martin ont choisi de quitter la région parisienne il y a 10 ans de cela pour vivre à la campagne. Au bord du canal de Berry, le couple restaure patiemment depuis plusieurs années une maison d'éclusier. Avec leur jeune fils Romain, ils ont fini par se construire une vie qui ressemble à l'idéal anti-consumériste et écolo auquel ils adhèrent. Mina est guide touristique dans un petit château du coin, Jonathan bricole, mi-apiculteur, mi-menuisier ébéniste, et Romain mène sa vie d'écolier. En apparence, tout va bien, même si l'argent manque un peu. Jusqu'au jour où s'installe juste en face, dans une autre maison d'éclusier, le sieur Vladimir Martin (oui, il porte le même patronyme que la famille).
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