Après la quarantaine, tout changement est un symbole détestable du temps qui passe [...].
J'ai toujours imaginé que le paradis serait une sorte de bibliothèque.
........pour s’affranchir d’une erreur, il est bon de l’avoir professée.
( La Quête d’Avarroés p.126)
Être immortel est insignifiant; à part l'homme, il n'est rien qui ne le soit, puisque tout ignore la mort. Le divin, le terrible, l'incompréhensible, c'est de se savoir immortel. J'ai noté que malgré les religions, pareille conviction est extrêmement rare. Juifs, chrétiens, musulmans confessent l'immortalité, mais la vénération qu'ils portent au premier âge prouve qu'ils n'ont fois qu'en lui, puisqu'ils destinent tous les autres, en nombre infini, à le récompenser ou à le punir. J'estime plus raisonnable la roue de certaines religions de l'Inde, qui n'a ni commencement ni fin, chaque vie est la conséquence d'une vie antérieure et elle engendre la suivante, sans qu'aucune ne détermine l'ensemble...
À Alexandrie, il fut avancé que seul est incapable d'une faute, qui déjà l'a commise et déjà s'en est repenti. Ajoutons que, pour s'affranchir d'une erreur, il est bon de l'avoir professée.
Ajoutons que, pour s'affranchir d'une erreur, il est bon de l'avoir professée.
Ne pouvant dormir, possédé, presque heureux, je me disais qu'il n'y a rien de moins matériel que l'argent, puisque toute monnaie (disons par exemple une pièce de vingt centimes) est, rigoureusement, un répertoire des futures possibilités. L'argent est abstrait, répétais-je, l'argent est du temps à venir. Ce peut être un après-midi dans la banlieue, ce peut être de la musique de Brahms, des cartes, un jeu d'échecs, du café, les paroles d'Epictète qui enseignent le mépris de l'or; c'est un Protée plus versatile que celui de l'île de Pharos. C'est du temps imprévisible, temps de Bergson, non temps dur de l'Islam ou du Portique. Les déterministes nient qu'il y ait au monde un seul fait possible, id est un fait qui a pu se produire; une pièce de monnaie symbolise notre libre arbitre.
J'ai toujours imaginé que le paradis serait une sorte de bibliothèque.
Ô la joie de comprendre, plus grande que celle d'imaginer ou de sentir !
On dit que tous les hommes naissent aristotéliciens ou platoniciens. Cela revient à dire qu'il n'y a point de débat d'un caractère abstrait qui ne soit un moment de la polémique d'Aristote ou de Platon ; à travers les siècles et les latitudes, les noms, les dialectes, les visages changent, mais non les éternels antagonismes.